[ Les films ]



dimanche 14 janvier 2018


El Presidente
posté par Professor Ludovico

Quand on cherche à démontrer ce que le cinéma doit être, il y a El Presidente (La Cordillera en argentin). Une pure merveille de cinéma, caché dans un film argentin, coincé dans les profondeurs du programme du MK2, entre Coco, Paddington2 et Pitch Perfect3.

On n’y serait pas allé si le Prince d’Avalon ne nous y avait fortement invité, avec une prestation all-inclusive VTC-ciné-resto : on vient vous chercher, on vous emmène au restaurant et on vous redépose après. Avec une telle proposition, on aurait volontiers accepté La Promesse de l’Aube.

Mais peu importe, s’il s’agit de cinéma. Le cinéma, un art qui semble s’être perdu au début du XXIe siècle, qui collait côte à côte des plans et demandait aux spectateurs de réfléchir à que ça pouvait bien vouloir dire.

Dans El Presidente, l’intrigue est épaisse : on part sur une histoire de plombier, et ensuite on passe au bureau du président argentin Hernán Blanco (le chouchou Ricardo Darín). Au spectateur de se débrouiller avec ça. Et puis nous voilà au Chili, au sommet de la cordillère, pour… un sommet des pays d’Amérique du Sud. Et puis une fille du presidente qui ne va pas bien.

Évidemment le cerveau du cinéphile, complotiste comme chacun sait, cherche à relier les fils : la fille ? L’ex-gendre ? La conseillère ? La fille dans la chambre ? Et les Américains dans tout ça ? Et le plombier ? Pendant deux heures, le cerveau fonctionne à plein régime ; on ne peut pas dire ce soit le cas des films qu’on va voir ce moment. Et comme tout est sans couture apparente (jeu des acteurs, mise en scène, cadrages, musique, toute la technique reste invisible), Santiago Mitre, le réalisateur, a tout loisir de jouer avec nos nerfs. Le président est au bord d’une falaise : il va se faire pousser dans le vide ? Au bord d’une fenêtre ? Les Américains vont le tirer comme un lapin, comme à Dallas ? À chaque fois, Mitre s’avance. Profite de tous ces films qu’on a vus et qui propose des solutions au mystère. Et il s’arrête, pile au moment où ça pourrait devenir plus sérieux. Et met les spectateurs en tension jusqu’à la conclusion finale.

Jouer avec le cerveau du spectateur, ça s’appelle simplement le cinéma…




lundi 1 janvier 2018


Topten 2017
posté par Professor Ludovico

Cette année est tragique. Comment faire l’habituel Topten alors qu’on a vu 20 films cette année? Et que dans ces vingt films, on a revu deux films (Orange Mécanique, Mulholland Drive), vu un chef d’œuvre de… 1940 (La Dame du Vendredi) ? Que dans ces 20 films, on en a détesté cordialement 6 (Nocturnal Animals, Tombé du Ciel, Hhhh, Blade Runner 2049, Les Derniers Jedi, Alien:Covenant) ?

La conclusion est simple : le Professore Ludovico n’aime plus le cinéma. En tout cas, le cinéma qui sort en salles en ce moment…

C’est tout simplement cette franchise fatigue décrite par les médias américains, le ras-le-bol de ce cinéma en collants nylon, en dessin animés moralisateurs, en franchises interminables, dont toute originalité est bannie (normal, quand on y investit deux cent millions).

De fait, il est plus simple de fournir la liste des films vus en 2017 :

1 Manchester by the Sea
2 Orange mecanique
3 La La land
4 Nocturnal animals
5 David lynch the art life
6 Certaines femmes
7 Tombé du ciel
8 Mulholland Drive
9 Get out
10 Hhhh
11 Dunkerque
12 Les Fantômes d’Ismaël
13 Le Caire Confidential
14 Que Dieu nous pardonne
15 Une vie violente
16 Blade Runner 2049
17 La Dame du Vendredi
18 Borg McEnroe
19 Star Wars les derniers Jedi
20 Alien Covenant

S’il fallait faire ressortir quelques bons films, il n’y a pas à chercher loin : Manchester by the Sea, Get Out, Dunkerque, Certaines Femmes, La La Land.

Mais en réalité j’ai plutôt regardé du cinéma… à la télévision :

1 The War Room
2 It Follows
3 Le Dernier Samaritain
4 Chaine Conjugales
5 La 317eme Section
6 Les Cavaliers
7 10, Cloverfield Lane
8 Wyatt Earp
9 The Bling Ring
10 That Thing You Do
11 La Rivière Rouge
12 Phase IV
13 Que La Fête Commence
14 The Neon Demon
15 Pulp A Film About Life
16 Full Metal Jacket
17 Heat
18 Vietnam Un Adroit Mensonge
19 Joan Didion : Le Centre Ne Tiendra Pas
20 Cuirasse Potemkine
21 Usual Suspects
22 Alamo
23 Touchez Pas Au Grisbi
24 Brick
25 Terre Des Pharaons
26 All About Eve

C’est là que j’ai vu les meilleurs films cette année (j’enlève les classiques) : It Follows et Brick

Mais c’est surtout des séries que j’ai regardées ; pas moins de 37 saisons, soit près de 400 heures de programme, l’équivalent de 200 films ! CQFD. Les voici :

1 Narcos
2 The Walking Dead saison 2
3 Show Me a Hero
4 Rocky Horror Picture Show – Lets Do The Time Warp Again
5 22.11.63
6 House Of Cards
7 Les Borgias
8 Legion
9 Stranger Things
10 Twin Peaks
11 Westworld
12 The Promise
13 The Night Of
14 Girls
15 The Leftovers
16 Missions
17 The Walking Dead Saison 3
18 The Walking Dead Saison 4
19 The Handmaid’s Tale
20 Game Of Thrones
21 Casual S3
22 Wolf Hall
23 The Wire saison 1
24 The State
25 Halt And Catch Fire
26 The Deuce
27 Vietnam
28 Curb You Enthusiasm saison 1
29 Corpus Christi
30 Stranger Things Saison 2
31 Cosmos S01
32 Curb You Enthusiasm Saison 2
33 The Wire Saison 2
34 Un Village Francais
35 Top Of The Lake
36 The Expanse
37 The Unbreakable Kimmy Schmidt

Tout n’est pas bon, mais il y a eu beaucoup de grands moments : l’évènement Westworld, les chefs d’œuvre The Night Of et Handmaid’s Tale, la dernière ligne droite Game of Thrones et Un Village Français, la fin émouvante de Halt&Catch Fire, et des surprises tardives comme Top of the Lake ou Wolf Hall

C’est ici désormais que se passe la fiction adulte, intéressante, avec des thématiques fortes, intelligentes, des personnages solides et émouvants, des intrigues passionnantes : bref l’émotion est là, sur le petit écran, accessible au bout de la télécommande, de la souris, n’importe où, n’importe quand, et n’importe comment…

C’est une guerre. Une guerre que le cinéma ne peut plus gagner.




dimanche 31 décembre 2017


Le Tigre du Bengale
posté par Professor Ludovico

Le syndrome du cinéphile est bien connu : c’est la manie du completiste. Je veux avoir vu tous les Hitchcock. Tous les Clouzot. Tous les Fritz Lang. Et c’est ça qui amène à regarder Le Tigre du Bengale (et d’autres fadaises), malgré les notes peu encourageantes de la Bible (Les Films de A à Z, de Jean Tulard)…

Ce Tigre est une curiosité : l’un des derniers films de Fritz Lang, tourné en 1959 en décors naturels (et ça donne envie d’aller en Inde !) mais avec des acteurs occidentaux pour jouer des Indiens… En allemand ! C’est tout simplement énorme.

Comme le scénario, un peu à l’eau de rose : un architecte allemand tombe amoureux d’une danseuse indienne convoitée par son maharadjah de commanditaire. Seetha va-t-elle s’enfuir avec lui ? Ou rester avec Chandrah ? On s’ennuie ferme à ce roman photo tout droit sorti de Femmes d’Aujourd’hui. Et en plus, il faut regarder Le Tombeau Hindou, pour connaitre la fin de ces trépidantes aventures.

Sauf à vrai dire pendant la danse traditionnelle (plutôt du modern jazz) interprétée par ladite Seetha. Debra Paget en collant chair, on ne s’en est pas remis.




dimanche 31 décembre 2017


Brick
posté par Professor Ludovico

Rien de tel pour reprendre goût au cinéma après 2h30 de Star Wars, que de retourner à la source du cinéma : Brick, le premier film de… Rian Johnson, le réalisateur des Derniers Jedi. L’éternel itinéraire du maverick, qui après un ou deux films, part à Hollywood gâcher son talent dans de grosses productions. Tout le monde est passé par là, avec des réussites diverses, de Kubrick à Soderbergh, de JP. Jeunet à Jean Renoir.

Rian Johnson a réalisé 3 films : Brick, Une Arnaque presque Parfaite, et Looper. Depuis, il est parti réaliser Star Wars, avec le succès (artistique) que l’on sait.

Brick, son premier film, est lui tout à fait étonnant : un polar à l’ancienne, hardboiled, avec détective à la ramasse, beautés fatales, trafic de drogue, et règlement de comptes. Mais avec une différence de taille : les protagonistes sont tous des teenagers. Le Faucon Maltais meet The Breakfast Club.

Le film est donc totalement irréaliste, mais parfait. Brendan, le héros (Joseph Gordon-Levitt) part à la recherche de sa petite amie disparue. Rusé comme Philippe Marlowe, résistant aux coups comme Bogart. Les gangsters sont des archétypes. Le décor, une ville de banlieue indéterminée, semble vidée de tout habitant. Tout ça ne devrait pas marcher mais pourtant ça marche.

Totalement, complètement, parfaitement cinématographique, Brick se fiche que l’intrigue soit compliquée à suivre, tout simplement parce que le spectateur est bien plus intelligent que ça. Rian Johnson croit en ses jeunes acteurs ; le film, magnifique, annonce déjà le génie de Looper.

Il a coûté 450 000$. Les Derniers Jedi, 200 000 000$.




vendredi 29 décembre 2017


Star Wars Les Derniers Jedi
posté par Professor Ludovico

Que dire du nouveau Star Wars ? Ce genre de films défie l’analyse. On y va, sachant très bien qu’on ne sera pas satisfait. Comme si on continuait à acheter des yaourts au citron alors qu’on n’aime pas les yaourts au citron.

Star Wars, ce n’est pas un produit, c’est une drogue, comme Marvel, comme toutes les franchises. Et Disney, qui a inventé le concept de la dose annuelle de mièvrerie animée, le sait parfaitement bien. Le drogué revient toujours chercher la sensation originelle. Une sensation qu’il ne retrouvera jamais, car depuis, la drogue est coupée au bicarbonate de soude.

Disney fait exactement ça avec Les Derniers Jedi : à un scénario sans saveur, il ajoute colorants, exhausteurs de goût et édulcorant de synthèse pour que ça ressemble à du Star Wars. On aura donc un peu de conflit familial, une bataille au sol et des batailles dans l’espace, des attaques en rase-motte et un canon laser à détruire, une poursuite avec le Faucon Millénaire dans un tunnel souterrain, la Force, l’Espoir, la Rébellion et le Côté Obscur. Il y a tout Star Wars dans Les Derniers Jedis, c’est-à-dire rien du tout.

Hormis quelques acteurs – les seuls vrais acteurs du casting* – qui sont capables de générer un peu ambiguïté et donc d’émotion, tout le reste est insignifiant : c’est mal joué, mal dialogué, mal monté et beaucoup trop long**. Ce n’est pas grave : on ira voir le neuvième.

* C’est à dire ceux qui ont des rôles ailleurs que dans Star Wars : Oscar Isaac, Adam Driver et Benicio del Toro…
** Ce qui amène le Professore à relativiser : La première trilogie, à cette aune, était vraiment bien faite.




dimanche 24 décembre 2017


Alamo
posté par Professor Ludovico

Alamo, c’est le rêve fou du Duke, John Wayne, un cri d’amour à la république du Texas. C’est aussi une catastrophe de cinéma, un précurseur malheureux des BOATS : based on the true story of the battle of Alamo. Et son succès en salle n’empêcha pas John Wayne de perdre sa mise…

Rappelons pour les non-texans, qu’à cette époque (1836) le Lone Star State était mexicain, et qu’il faisait sécession pour rejoindre les Etats-Unis (il y parviendra, dix ans plus tard). La tragédie d’Alamo, et le massacre de la garnison de cette petite mission du sud du Texas (aujourd’hui à San Antonio), émut les Texians (les texans américains) qui battirent ensuite l’armée mexicaine à San Jacinto, ce qui mit fin à la Révolution Texane.

C’est à Alamo que se couvrirent de gloire, et périrent, le Colonel Bowie (inventeur du couteau du même nom et donc du chanteur du même nom), et Davy Crockett, trappeur et sénateur du Tennessee.

Mais John Wayne, qui joue Crockett, n’est pas cinéaste, et ça se voit : il a beau copier le stampede de La Rivière Rouge plan pour plan, le film reste un long enfilage d’anecdotes, parsemé de quelques leçons de morale bien senties, comme on n’en fait plus.

Bref on s’ennuie ferme, malgré l’importante reconstitution de la bataille (des milliers de mexicains visiblement peu motivés et qui tombent à la pelle). Même Deguello, « l’appel à l’égorgement » joué au clairon en permanence par Santa Anna pour démoraliser les défenseurs d’Alamo, est beaucoup moins bien que dans Rio Bravo.

Ce n’est pas facile d’être Howard Hawks…




vendredi 22 décembre 2017


Touchez pas au Grisbi
posté par Professor Ludovico

Quand au bout de cinq minutes, Jeanne Moreau sniffe de la cocaïne dans une Aronde avec Jean Gabin, on comprend qu’on n’est pas dans le cinéma « qualité française » honni de la Nouvelle Vague. Jacques Becker est aux commandes, l’homme de Casque d’Or et du Trou, et le scénariste n’est autre qu’Albert Simonin, le roi de l’argot du milieu, qui donnera aussi bien Mélodie en Sous-Sol que les Tontons Flingueurs et son terminus des prétentieux. Mais ici, c’est la veine sérieuse de Simonin.

Touchez pas au Grisbi, c’est une sorte de drame antique, un Heat avant la lettre, c’est à dire le code du Bushido appliqué au Milieu. Un film sur l’amitié, sur l’âge qui passe, sur un certain sens de l’honneur et de la fidélité. L’intrigue est simplissime, ce n’est pas toujours très bien joué ni très bien filmé. Gabin, qui a l’âge du rôle (50 ans) entre dans sa phase de cabotinage dont il ne sortira plus…

Mais pourtant, Touchez pas au Grisbi, c’est admirable. Après un casse censé les mettre à l’abri (le fameux « dernier coup »), Max (Gabin) et Riton (René Dary) ont caché les lingots dérobés à Orly. Ils s’apprêtent à les refourguer et partir en retraite, quand ils sont balancés par la belle Josy (la débutante Jeanne Moreau) à Angelo, son nouveau protecteur (Lino Ventura, autre débutant du film). Angelo prend Riton en otage et exige qu’on lui livre l’or. Max, le plus solide des deux voyous, ne peut pourtant se résoudre à abandonner son ami Riton. Il s’engage à livrer le pactole.

Mais tout finira mal, évidemment, car l’amitié ne fait pas bon ménage avec les affaires. Pour un film des années 50, le film est assez étonnant : drogue, violence, nudité. Tout se passe dans le Milieu, comme le remarque Jean Tulard*, et le reste du monde (les flics, les caves) fait seulement décor. C’est à la fois la fin du Milieu mais aussi la fin d’un certain cinéma, pour le meilleur (la Nouvelle Vague) et le pire (la critique issue de la Nouvelle Vague, qui castrera le cinéma français jusqu’à Luc Besson) …

* Guide des Films de A à Z, de Jean Tulard

NB le film repasse sur Arte ce soir




vendredi 15 décembre 2017


Neutralité du net
posté par Professor Ludovico

On fait rarement de politique ici, ou alors pas directement. Mais là on est obligé. Bien sûr, la neutralité du net, ce n’est pas la faim dans le monde, le massacre des rohingyas, ou un accident routier de plus.

Pourtant, c’est un problème très important. Important pour vous, qui êtes en train de lire cette chronique.

En gros, les États-Unis viennent d’abolir un principe qui veut que tout contenu, quel qu’il soit, doit être acheminé de la même manière par les fournisseurs d’accès internet. La photo de votre grand-mère ou une pub Dior, la vidéo de votre témoin de mariage ou celle de Macron…

En supprimant cette neutralité, on instaure un internet à deux vitesses qui ne profite qu’aux riches. Pas aux utilisateurs riches (ça, ça existe déjà, entre la fibre et la mauvaise 3G) ; non, aux fournisseurs d’accès. Les FAI vont pouvoir commercialiser un internet qui va vite (et qu’ils vendront aux plus offrants (Dior et Macron)) et un internet qui va lentement (qu’ils vendront à votre grand-mère et votre témoin de mariage)…

Tout ça n’a pas l’air très grave. Pourtant, c’est une terrible atteinte à la liberté d’expression et la liberté d’entreprendre : tout simplement, à la démocratie. Ce qu’Internet a permis, c’est qu’un clampin comme le Professore Ludovico puisse donner son avis – comme un Michel Ciment moyen – sur le cinéma américain. Et qu’il soit lu partout dans le monde, par des milliers de lecteurs, lui qui, avant, n’avait qu’une demi-douzaine de copains pour auditoire.

Cette chronique, aujourd’hui, vous pouvez y accéder aussi rapidement qu’un article de lemonde.fr. Demain, Free, qui possède le journal Le Monde, pourra vous offrir (et il le fera, soyez-en sûrs !) un accès rapide à son site et un accès lent à CineFast et à tous les sites qui ne pourront pas payer le péage de l’autoroute à grande vitesse.

Il en va de même pour l’innovation. La garantie d’un internet neutre, c’est aussi la possibilité à trois guignols de la Silicon Valley de bâtir Google, parce que petite start-up, ils ont quand même eu accès à l’ensemble du web, avec immédiatement un potentiel de milliards de clients pour pouvoir se développer.

C’est pourquoi des mastodontes comme Google, Netflix, Apple, sont farouchement opposés à ce recul, et on ne peut pas dire que ce soit pas des philanthropes de la liberté d’expression.

C’est en fait la mort programmée de l’internet tel que nous le connaissons : un immense espace de liberté d’expression qui permet à tout un chacun de donner sa voix. Ce bouleversement civilisationnel, on a encore du mal à appréhender ; le renversement, en un mot, de la pyramide du savoir. La transition d’un monde élitiste où quelques sachants étaient seuls autorisés à transmettre la bonne parole, à une démocratie d’en bas (avec ses dérives, évidemment).

Aucun secteur n’y échappe : l’éducation (Wikipédia), le cinéma (IMdB), la médecine (Doctissimo), mais surtout l’entreprise, les medias, les gouvernements… l’élite est obligé de réviser son discours, d’être plus humble dans la connaissance, plus transparent, plus à l’écoute du public… en un mot, plus démocrate.

C’est pourquoi la neutralité du net est si importante.




jeudi 7 décembre 2017


Johnny Halliday, toute la musique que je n’aime pas…
posté par Professor Ludovico

On l’a déjà dit ici : il n’y a que deux sortes de légitimité artistique : la vôtre, et celle de la masse.

En gros, ce petit film islandais que vous avez tant aimé (mais que personne ne connait), et Bienvenue chez les Ch’tis. Votre panthéon personnel ou le box office + les rediffusions télé. Le reste ne vaut rien. Ni les récompenses de festival, ni les 1001 films qu’il faut avoir vu dans sa vie, ni les Topten, pourtant amusants, de l’ami Philippe of Avalon.

Je n’aimais pas Johnny Hallyday. Je pourrai passer ici quelques heures à vous démontrer qu’il n’a rien apporté à la musique française, écrit aucun texte qui se tienne, composé aucune musique au-delà du blues en 12 mesures. Il n’a fait que chanter, et la plupart du temps, des textes ridicules. Pour dire les choses, ce n’est pas Brel et ce n’est même pas Montand, qui, simple interprète, a su donner du sens à son œuvre. Ce ne sera jamais Lavilliers, Higelin, ou Téléphone.

Mais peu importe. Johnny Hallyday représentait indubitablement quelque chose pour une grande majorité de Français. Et ça, ça veut dire beaucoup. Il fait partie, qu’on le veuille ou non, de l’âme de la nation.

Le Professore n’y peut rien. Et vous non plus.




vendredi 1 décembre 2017


Alan Moore et les super héros
posté par Professor Ludovico

Alan Moore, le génie britannique de la BD (From Hell, V for Vendetta, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires) sort en ce moment un roman monumental, Jerusalem. Interviewé dans Libération, il en profite pour tailler un short à Hollywood, dont il a toujours désapprouvé l’adaptation de ses oeuvres, mais surtout, il s’attaque à notre passion pour les hommes musculeux en lycra :

« Le fait que des centaines de millions de soi-disant adultes se rendent au cinéma tous les six mois pour aller voir Batman m’inquiète beaucoup. On dit de moi que je suis rancunier, que je déteste les super-héros, mais ça n’a rien à voir. On parle de gens de 30, 50 ou 70 ans qui se délectent des aventures de personnages créés pour distraire des adolescents de 12 ans il y a cinquante ans. On me dit que les comics sont pour les adultes désormais, qu’il n’y a pas de mal à s’amuser. Je remarque pourtant que l’année où Donald Trump a été élu et une majorité du peuple britannique a voté pour le Brexit, les six premiers films au box-office mondial étaient des films de super-héros. »

Et l’auteur de Watchmen, grue de démolition du mythe de l’homme providentiel (« Qui garde les gardiens ?»), d’en remettre une couche :

« Ces masques ont un usage bien précis : les Américains veulent pouvoir agir sans assumer les conséquences de leurs actes. Pendant les tea parties de Boston, en 1773, on se déguisait en Indiens. Il y a quelque chose de très lâche là-dedans. »




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