jeudi 30 décembre 2010


Skyline
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Il est des films qui laissent sans voix ; c’est le cas de Skyline, incroyable GCA que nous propose Hollywood en conclusion de cette année 2010. Les frères Strause – pourtant auteurs d’unAlien vs Predator Requiem de bonne facture – atteignent là un sommet qui ne sera jamais surpassé…

Le Professore se sent obligé de préciser qu’il s’agit bien d’un sommet de nullité, jusque-là jamais atteint. Skyline fait pourtant partie d’une chaîne montagneuse déjà très élevée : les grands 8 000 de la GCA, Independance Day, Invasion USA, et consorts ; en clair, Los Angeles est envahi par les aliens, une bande de pauvres clampins tente de survivre… Mais à côté de Skyline, Invasion USA c’est Citizen Kane, et Independance Day, c’est 2001, l’odyssée de l’Espace. Car Skyline est incroyablement con, mal écrit, mal joué, mal réalisé, bref c’est un film ridicule. S’il ne faisait qu’aligner les poncifs : « Everything’s gonna be alright » « Come on, let’s move » et autres « What the hell is going on!!?? », on serait dans la GCA.

Mais là, on est en dessous, très en dessous. Et l’idée qu’il y ait quelque chose en dessous de la GCA est une révélation très troublante pour le Professore, qui croyait que la GCA était la base de toute chose.

Dans Skyline, pas de second degré (on serait plutôt même légèrement en-dessous du premier degré, 0,7 ou 0,8 selon les estimations de James Malakansar), pas d’exercice artistique (La Guerre des Mondes), pas de background politique, à lire entre les lignes (à la Armageddon), pas de mélo sous-jacent (façon 2012 ou Deep Impact), pas d’action hard-boiled (Transformers) ou de sidekick rigolo (Independance Day)… Non, rien de rien, seulement la fin du monde… Mais pas La Route, non plus. Le monde est terminé, mais a) on part en petite jupette dans la Ferrari en oubliant de prendre des vivres et une couverture (venez pas vous plaindre quand il neige !) et b) il faut pas fumer parce que Madame est enceinte…

Tout ça se terminera à coups de poing dans la gueule de l’alien (qui fait pourtant 3m de large et vient de pêter une Mercedes), et… par l’Amour, toujours l’Amour !

Avec Skyline, c’est en fait un voyage dans le temps auquel on assiste, car c’est un film digne des débuts du cinéma : une lune en carton, des comédiennes déguisées en extraterrestres, et des pétards pour les explosions… Il est assez fascinant de voir Skyline juste après avoir vu Monsters, un film qui, lui, a assimilé toutes les leçons de la GCA, Cloverfield compris…on peut continuer de faire rêver les gens, mais il faut a minima intégrer notre héritage cinématographique…




jeudi 23 décembre 2010


Moon
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

« Check ignition… Put your helmet on, tell my wife I love her very much, she knows »: bon sang ne saurait mentir. En écrivant ces paroles en 1967, David Jones sait-il que quarante ans plus tard, son rejeton Duncan va réaliser Moon ? Sûrement pas. Mais voilà, la filiation est trop étonnante pour ne pas être notée. Si le fils d’un certain David Bowie nous relate lui aussi les aventures d’un astronaute, seul dans sa station lunaire, et un peu barré (Sam Rockwell, bon comme d’habitude), il y a comme des similitudes. Elles s’arrêtent là : David Bowie a révolutionné le rock, Duncan Jones fait un cinéma plutôt sage. Ce qui n’empêche pas son Moon d’être intéressant.

Le pitch : sur la Lune, on récolte un minerai miracle grâce à quatre moissonneuses automatiques baptisées (ironiquement ?) John, Luke, Paul et Matthew. Pour surveiller ce travail, Sam (Sam Rockwell) est seul, floating in a tin can, embauché pour trois ans. Ça tombe bien, il arrive en bout de contrat, il va retrouver femme et enfant, dès qu’une navette le ramènera sur Terre. C’est en tout cas ce que lui assure son robot à tout faire, GERTY. Max devrait se méfier, car son HAL 9000 à lui a la voix de Kevin Spacey… Et justement, les embrouilles commencent. Sam a des visions : une fille, puis son propre sosie envahissent la station. Que se passe-t-il ?

C’est à cette question que le film va répondre, en une petite heure et demie. Ne cherchez pas le chef d’œuvre, il n’y en a pas, sauf peut-être la performance époustouflante de Sam Rockwell. Moon, c’est juste un petit film de SF bien foutu, et avouons-le, ça ne court pas les rues.




jeudi 23 décembre 2010


Frost/Nixon, l’Heure de Vérité
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Ça commence pas mal, et le final est un peu plus faible ; mais vous pouvez regardez Frost/Nixon, l’Heure de Vérité !

Ron Howard est un grand cinéaste, le genre de type qui peut filmer trente minutes deux types assis dans des fauteuils (l’interviewer, l’interviewé) sans vous ennuyer. Ici, il ne s’agit pas de n’importe qui, puisque c’est l’interview de Nixon par David Frost en 1977. Historique ! Vous ne le saviez pas ? Moi non plus. Destitué en 74, Nixon devient l’homme le plus détesté des États-Unis, à cause du Vietnam, mais aussi du Watergate, l’immeuble où il fit espionner des démocrates.

Autre problème, Nixon ne voulut jamais reconnaître la moindre faute. C’est justement ce qui motive David Frost, une sorte d’Arthur seventies, un beau gosse anglais, animateur de jeux télévisés et de talk-shows en Grande-Bretagne, en Australie, et aux États-Unis. Il se met en tête d’interviewer Nixon, et de lui faire cracher sa Valda. Sauf qu’il ne sait pas sur qui il est tombé. Voilà le pitch de Frost/Nixon, l’Heure de Vérité.

Le film est passionnant de bout en bout, mais chute sur une trop petite fin. Oui, Frost arrive enfin à faire tomber Nixon, mais c’est tellement subtil que Ron Howard est obligé d’appuyer ses effets, par un commentaire d’un des journalistes de l’équipe. Probablement aussi, que cette histoire est beaucoup plus référentielle pour l’américain moyen que pour tout autre citoyen de la planète.

On retiendra néanmoins deux performances exceptionnelles Michael Sheen (Frost), déjà excellent Tony Blair dans The Queen ou The Deal, et Frank Langella en Nixon, qui ne cherche pas la ressemblance ou l’imitation : Langella est Nixon, tout simplement…




vendredi 17 décembre 2010


Michael Clayton
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

On devrait toujours écouter ses amis. Quand mon Phiphi à moi m’a dit « Michael Clayton, ouais, c’est pas mal. Ca te plairait ! » J’aurais dû l’écouter. Et y aller. Right away. Peut-être qu’il aurait du être plus dithyrambique, le Phiphi, à la façon des ados, ou donner une note sur dix à la façon des critiques de cinéma télé, mais, en fait, il a raison, on a passé l’âge.

Au final, je n’y suis pas allé ; trop de Djjjoordge, trop de bogossitude cool mâtinée de conscience sociale, trop de What else ?

Mais l’idée a fait son chemin, et quand Michael Clayton est passé sur la chaîne avec un +, je l’ai enregistré. Il traînait donc sur mon disque dur quand je suis passé à l’attaque avant-hier soir…

Eh bien, c’est très bien ! C’est une sorte d’Erin Brockovich à l’envers (décidément Soderbergh – qui produit – a un problème avec les multinationales !)

Ça commence donc par une grosse boite agrochimique qui a empoisonné des agriculteurs avec ses engrais, et qui fait face à une class action qu’elle est sûre de perdre. Un cabinet d’avocat, dirigé par le toujours génial Sidney Pollack (pourquoi n’a-t-il pas fait l’acteur dans plus de films !) essaie de leur sauver la mise. Mais un des avocats, et l’un des meilleurs, pète les plombs et se retourne contre ses employeurs, et son client.

C’est là qu’intervient Michael Clayton (George, bien sur !) : ancien flic, avocat freelance, qui intervient dans la zone grise pour gérer les mauvais coups. Le voilà chargé de ramener son collègue et ami à la raison.

Cette histoire, somme toute classique, Tony Gilroy* a le talent de la cacher dans une trame scénaristique complexe. Un scénario qui commence par la fin ; des images mystérieuses, un puzzle que le spectateur essaie de recomposer : Clayton jouant au poker, une femme en sueur dans les toilettes, un prêteur sur gages… Petit à petit, les pièces s’imbriquent, le sens prend forme, jusqu’à une conclusion qui reste classique, mais, de par ce traitement, se révèle brusque et inattendue.

Acteurs excellent, musique et cinématographie parfaite : on est sous le charme – doublement – de Michael Clayton. Et on peut reconnaît un bon réalisateur à son courage : celui, par exemple, de tout miser sur un plan séquence final, dans un taxi : sur le sourire énigmatique de George Clooney.

*Encore un monsieur qui a travaillé sur Armageddon (Adaptation du scénario)




vendredi 17 décembre 2010


Un Village Français, pour le pire et le meilleur
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

On a déjà dit ici, et répété, tout le bien que l’on pense de Un Village Français, le « Plus Belle La Vie chez les nazis ». Point de vue historique impeccable, histoires intéressantes, et tutti quanti.

Mais voilà, même les plus grands peuvent chuter. Rien de grave, vous pouvez rester à Villeneuve jusqu’à la fin de 1941, pas besoin de s’enfuir en zone libre, mais il faut le dire, quand ça ne va pas. Sur le banc des accusés : certains personnages, et une brusque montée, inexplicable même si elle est expliquée, de la dramaturgie.

Côté personnages, si certains se bonifient de saison en saison (Marcel, le militant communiste, Daniel, son frère le maire, Heinrich, le nazi terrifiant, qui l’espace d’un dîner, bascule dans l’émotion), il faut avouer que d’autres sombrent dans le ridicule. En premier lieu, Hortense, la femme du maire. Si on est ravi de découvrir la plastique irréprochable de la rouquine (Audrey Fleurot), on a du mal à accepter son soudain basculement en chaudasse qui couche avec les nazis. On aurait aimé un peu plus de subtilité, de tiraillements, qui font par ailleurs le sel de Un Village Français. Idem pour l’institutrice (Marie Kremer), dont l’amourette avec un soldat allemand tourne au grand guignol, avec une scène ridicule, ce qui nous amène au second point : l’augmentation brusque de la dramaturgie. Voulant conquérir un public plus jeune (sic Frédéric Krivine dans Télérama), la prod’ a rajouté des cliffhangers de ci, de là, oubliant parfois qu’un cliffhanger se place… à la fin !

De même, comme cette scène lors de la fête des Catherinettes, la série oublie parfois son réalisme foncier. Ici, le directeur de l’école accuse la directrice de la scierie, Madame Schwartz admiratrice du Maréchal, d’envoyer des lettres de dénonciation aux allemands. Pourquoi pas ? Mais le gag, c’est qu’il le fait en public, en criant très fort (« Voudriez-vous, madame, que tout le monde sache… ») : bon ben voilà, c’est fait…

Cette scène aurait été parfaite dans le huis clos d’un bureau, et encore plus intense et terrifiante, vu la réponse de ladite Madame Schwartz.

Enfin, ce n’est pas nouveau, mais la prod’ ne sait pas bien investir ses moyens là où il le faut. Par exemple, un très beau travelling arrière sur un groupe de résistants dans la forêt, et nous voilà tout tourneboulés ; y’a-t-il des allemands pas loin ? Non, rien. Ce plan étonnant, couteux, ne sert à rien. Par contre, à la fin du même épisode, quand résonne La Java Bleue, et que, prenant son courage à deux mains, l’institutrice invite son amant allemand à danser, la caméra aurait pu décoller là, figeant dans un même momentum les personnages face à leur destin, si opportunément réunis ; le préfet sombrant dans la collaboration, le mari volage au bord du gouffre, le directeur transi d’amour, et la chanteuse juive, dont la présence n’est plus la bienvenue, funeste présage de ce qui va suivre….

A la place, Un Village Français a opté pour un cliffhanger, qu’elle s’est empressée de détruire (façon Lost), dans la séquence générique, en révélant la suite : « La semaine prochaine, dans Un Village Français… »




lundi 13 décembre 2010


Monsters
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Je devais être dans un bon jour. Oui, un bon jour, parce que sur le papier, Monsters a tout pour m’énerver : scénario simpliste dans un emballage musical et cinématographique parfait.

Pire, Monsters fait partie des offres qu’on ne peut pas refuser, comme dirait Don Corleone. Qu’on en juge sur le pitch : des formes de vie extraterrestres ont été ramenées accidentellement sur Terre, par une sonde US qui s’est écrasée au Mexique. Depuis, des créatures ont envahi le nord du territoire, créant une zone infectée entre les deux pays. Un couple Hawksien (un photographe divorcé, une riche héritière) doivent traverser la zone pour rejoindre le pays du coca-cola. Un must-have pour CineFaster, mais aussi un risque exponentiel de se prendre une grosse claque sur ledit site.

Mais voilà, sur cette base ultra-simpliste (couple mal appareillé, grosses bestioles, touristes ricains chez les basanés…), Gareth Edwards (pas le plus grand rugbyman gallois de tous les temps, mais bien le réalisateur de Monsters) Gareth Edwards disais-je, brode une petite musique plus subtile qu’il n’y paraît. Le gnangnan rode, mais il est tenu à distance par l’excellence des comédiens (Whitney Able et Scoot McNairy, vrai couple à la ville).

De fait, on y croit, on est avec eux, et on est prêt à lire entre les lignes. A savoir : à quoi sert ce Mur (métaphore !) qui empêche les aliens (métaphoooore !) de rentrer chez les mangeurs de McDo ? Ces bombardements, ces armes de destruction massive (métaphooooore !!!!!!²), sont-elles obligatoires ? Le mal n’est-il pas déjà à l’intérieur ? Et Au final, qui sont vraiment les monstres ?

L’Invasion de la Guerre des Mondes des Profanateurs Cloverfield de Sépultures est un film à message : fallait oser.




lundi 6 décembre 2010


Morse
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

J’avais zappé Morse jusqu’à ce qu’une bonne âme ne m’éclaire sur son sujet ; ce que je ne ferais pas ici, de peur de vous gâter le plaisir. Sachez simplement qu’il s’agit d’un serial killer qui rode, pas loin d’une école, et notamment auprès d’un petit blondinet, tête de turc de sa classe.

Morse réussit la gageure de réunir intrigue simple (on pourrait même dire simpliste, voire amerloque si on est grossier), traitement complexe, et perfection stylistique.

Car si l’intrigue est effectivement basique, on ne s’en rend compte qu’à la fin. Entre-temps, on aura apprécié avancer de découverte en découverte, Tomas Alfredson, le réalisateur suédois, jouant avec nos nerfs (et nos réflexes cinéphilique) pour faire avancer l’histoire.

Et, cela ne gâche rien, Morse est beau, très beau : chaque plan, chaque mouvement semble étudié, épuré comme une photo. La musique est parfaite, les acteurs aussi. Que demande le peuple ?