lundi 27 novembre 2023


Musicaline
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

« En 1975, Steven Spielberg rame avec la mise en scène des Dents de la Mer, faute de moyens financiers et techniques » Ainsi commence la chronique de Musicaline consacrée à John Williams, vendredi dernier sur France Inter.

Tout est dit sur la perception française du cinéma. Un pauvre réalisateur, Steven Spielberg, face à un criant manque de moyens, même aux États-Unis ! Un simple détour sur Internet vous apprend que le budget de Jaws s’élevait à 7 M$, ce qui est énorme à l’époque…*

Comment peut-on se fourvoyer encore à ce point ? Comment peut-on ne pas vérifier ce qu’on dit ? Le Professore Ludovico, qui n’est pas journaliste et fait ce magnifique site à temps perdu, jette toujours un œil sur Wikipédia, sur IMDb…

En réalité, les préjugés sont plus forts que tout. Aline Afanoukoe est convaincue que le cinéma, c’est le combat éternel du pauvre créateur contre le méchant producteur. Rien n’est plus faux, il suffit de lire Easy Riders Raging Bulls. Au contraire, Universal lui a confié ce film parce qu’ils avaient été très impressionnés par Duel. Hollywood vit par le fric, mais sait ce qu’est le talent.

Lui ne se paye pas de mots…

* La même année, La Kermesse des Aigles coûte 5 millions, Rollerball, 6 millions, Barry Lyndon, film en costume de trois heures, 11 millions. Pour l’anecdote, les pages françaises Wikipédia n’ont pas le budget des films, et celle en langue anglaise les ont.




mercredi 22 novembre 2023


As Bestas
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Un chef-d’œuvre cinématographique, c’est facile à détecter… Ça se voit dès les premières images, magnifiques, ce ralenti sur des paysans empoignant un cheval pour le dompter, pour le maîtriser… Mais ça se juge surtout à la fin, quand on espère secrètement, dans son fauteuil UGC, dans son canapé, que le film se termine là, maintenant ! C’est le cas d’As Bestas. Rodrigo Sorogoyen, son metteur en scène, fait ici fait preuve une telle maestria cinématographique, d’une telle maîtrise que c’est à en pleurer. Le sujet, l’ambiance, ont déjà été traités mille fois : des citadins débarquent à la campagne, font tout pour s’intégrer, et sont mal accueillis. Histoire éternelle… Ici, un couple de français a tout quitté pour monter une ferme dans un village perdu de Galice. En face, leurs voisins espagnols qui vivent là depuis des siècles les envient, les jalousent, les méprisent…  Le drame va se nouer, mais très lentement, sans jamais utiliser le moindre cliché. Même les grands films en utilisent, pour caractériser un personnage ou pour faire avancer l’action. Il y un chien ? Il va se faire tuer… La fille du patron arrive ? Elle va se faire agresser…

Rodrigo Sorogoyen ne saisira aucune de ces perches,  filmera son intrigue dans une grande économie de moyens. Ses plans sont sublimes, et tout sera au service de son cinéma. On n’est pas prêt, par exemple, d’oublier le très léger travelling sur une partie de dominos, qui fait monter la tension comme jamais, tout en haussant au même rythme lancinant la colère des personnages. Pour cela, il faut de très grands acteurs : inoubliable Marina Foïs, très grand Denis Ménochet, mais surtout excellent Luis Zahera, l’acteur espagnol qui interprète le terrifiant voisin, sans le réduire à son cliché.

Recommandé à la fois par les Services Secrets hongrois (Karl Ferenc) et la Section République de l’Amicale Parisienne du Stade Toulousain (Notre Dame de Nazareth), AS Bestas est la révélation CineFast du mois.




mercredi 15 novembre 2023


Country Music, L’Amérique face à l’Holocauste, et Rétrospective Ozu
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Documentaire -Les films ]

Bon ça n’a pas grand-chose à voir, mais trois bonnes nouvelles à la fois, ça ne fait pas de mal en ce moment…

Deux Ken Burns pour le prix d’un : le tout nouveau, et toujours passionnant L’Amérique face à l’Holocauste mais aussi la reprise de Country Music Une Histoire Populaire des États-Unis, un documentaire éclairant sur cette musique méconnue (et donc méprisée), qui vient pourtant du métissage européano-africain qui a fait l’Amérique. Loin du cliché du cowboy qui chante son camion en panne, en tout cas…

Et si l’envie vous prend d’attaquer un porte-avions américain, il reste toujours la possibilité de choisir dans les dix films de Yasujirō Ozu. Le Professore Ludovico n’en a vu que trois, mais vous pouvez toujours vous adresser au Framekeeper !

Bonjour
Voyage à Tokyo
Fin d’automne
Printemps tardif
Fleurs d’équinoxe
Été précoce
Crépuscule à Tokyo
Le goût du saké
Printemps précoce
Le goût du riz au thé vert

Tout cela est sur Arte est c’est gratuit !




vendredi 10 novembre 2023


Killers of the Flower Moon
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

« Des hommes on peut dire ceci, qu’ils sont ingrats, changeants, simulateurs et dissimulateurs, fuyards devant les périls, et avides de gains…»

On ne sait pas si Martin Scorsese a lu Nicolas Machiavel mais ces Tueurs de la Lune aux Fleurs ne raconte que ça :  comment l’humanité ne change pas, comment l’humanité ne changera jamais…

Quand on va voir un Scorsese, on sait qu’il y a un style Scorsesien : montage virevoltant, violence débridée (mais non dénuée de morale), et Gimme Shelter à un moment ou à un autre…

Mais ici, on va de surprise en surprise : Martin Scorsese semble avoir pris son temps pour raconter cette histoire d’indiennes Osages épousées, puis assassinées méthodiquement, afin de s’emparer de leurs terres…

Non seulement le film est long (3h30), mais le rythme aussi. Pourtant on ne s’ennuiera pas une seconde. La violence, cantonnée à sa clinique description, n’en sera que plus atroce, et plus surprenante à chaque fois. C’est comme si Martin avait littéralement laissé tomber son costume de Scorsese. Sans aucune affectation stylistique, se cantonnant à de simples champs-contrechamps, à des plans fixes, rien ne viendra contrarier la description, lente mais implacable, de l’avidité et de la bêtise*.

C’est un Leonardo DiCaprio des grands jours qui arrive, la mâchoire serrée, à Fairfax, Oklahoma. Ernest, vétéran de la Guerre 14, a l’air bête à manger du foin, mais son oncle King Hale (De Niro) est intelligent pour deux ; il l’accueille et le conseille sur son intégration dans cette communauté si particulière, où les Indiens sont ultra riches et les blancs, pauvres, travaillent pour eux…

Scorsese va alors lentement déployer son complot criminel. La bêtise d’Ernest devient tragique. L’avidité de King Hale, cachée derrière une apparente bienveillance, se révèle, et l’on est pris par surprise, comme Mollie, l’épouse Osage d’Ernest, et nous nous mettons à vivre dans la peur…

Or le cinéma, c’est justement vivre ce que les personnages ressentent. Rarement Scorsese aura atteint ce niveau d’empathie. Il le tiendra jusqu’à la fin, et révèlera, en clin d’œil, à quel point il est tombé amoureux de son sujet…*

Un de ses plus grands films, assurément.

* Soulignée par la très belle musique – omniprésente mais discrète – de son ami de toujours, feu Robbie Robertson, ex-leader de The Band

** Qui est pour moi un des rares ratés du film, car il fait sortir le spectateur du film…  




mercredi 8 novembre 2023


Army of the Dead
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Zack Snyder est un indécrottable adolescent, même quand il fait un film pour les enfants de douze ans. Son Army of the Dead a tout pourtant pour séduire le CineFaster. Scénario débile à souhait (20 000 000 de dollars à aller chercher dans un coffre-fort, dans un Las Vegas infesté de zombies), une bande de casseurs bien stéréotypée, la fille du héros qui vient mettre le binz dans le plan bien huilé, et le traître de service.

Mais Zach Snyder n’a pas dait de bon film depuis dix ans… Sucker Punch (et on est gentils…)

Là où sur le même canevas, Michael Bay tisse The Rock ou Simon West Con Air, Zack Snyder arrive à tout foirer. Il n’a même pas l’air de savoir que son film est une comédie, puisqu’il termine ça en tragédie parfaitement ridicule.

Une fois de plus, Netflix gâche son argent en donnant carte blanche à des cinéastes… qui mériteraient d’avoir un vrai producteur à leurs côtés…  




mercredi 8 novembre 2023


Seuls les Anges ont des Ailes… sur Arte
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Le chef-d’œuvre de de Howard Hawks passe sur Arte, ne le manquez pas !

Arte
Prochaine diffusion : 27 novembre à 13h30