lundi 30 novembre 2020


Titanic, plongée n°9
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Titanic passe sur TF1. On se dit qu’on va regarder les vingt premières minutes, exemple parfait d’installation des enjeux et de préparation paiement. Et évidemment on se retrouve à 0h24 à pleurer tranquillement devant le générique.

My heart will go on.

Et comme dans tout grand film, on découvre toujours de nouvelles choses. Aujourd’hui, les mains. On en voit beaucoup dans le film de James Cameron : des mains qui se tiennent, des mains qui se frôlent, des mains qui se lâchent ; métaphore de l’idylle progressive entre Jack et Rose.

Florilège : une première main se tend, pour sauver Rose du suicide… Des mains dessinées par Jack… Des mains qui se caressent, à l’avant du bateau, avant de faire « voler » Rose… Des mains que Rose doit « bien placer » quand Jack la dessine… Une trace de main sur la buée, symbolisant l’extase… Des mains qui la sauvent à plusieurs reprises pendant le naufrage… Des mains qu’il faut « bien positionner » sur la hache pour libérer… des mains menottées, celles de Jack !

A la poupe, quand le Titanic sombre enfin, Jack exhorte Rose de ne pas lâcher sa main, tandis que les tonnes d’acier aspirent vers le fond les pauvres survivants. Évidemment, ces mains se lâchent et ces mains se retrouvent… Puis ces mains se tiennent, amoureusement, sur le radeau glacé en attendant les secours… jusqu’au moment où il faut, une fois pour toutes, accepter la mort de Jack en desserrant ses mains gelées pour le laisser rejoindre les abysses.

Il reste encore une main dans Titanic. Celle de Rose, veinée et vieille, qui s’agrippe une nouvelle fois au bastingage, dans un reflet exact de la première scène de suicide. Mais le cadrage est inversé. Dans la scène du suicide, on est a gauche de Rose, et le Titanic va donc vers la droite, c’est à dire le futur, l’espoir. Dans celle-ci, le Keldysh va vers la gauche : le passé, les souvenirs.

Car cette fois-ci, Rose n’est pas là pour se jeter elle-même, mais pour jeter le Cœur de l’Océan.

Ou plutôt, son cœur dans l’océan.




mercredi 25 novembre 2020


Mathieu Kassovitz, ou pourquoi le cinéma ne fait plus rêver
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens -Pour en finir avec ... ]

Qu’est-ce qui pourrait sortir le Professore Ludovico de sa retraite confinée ? Mathieu Kassovitz, qui donne une interview à Konbini. C’est ici, car contrairement à Apocalypse Now, il faut regarder la version longue.

Comme disait Desproges à propose de Marguerite Duras, Kassovitz a dit beaucoup de conneries, il en a aussi filmé. Mais on ne peut lui retirer ni sa sincérité (qui lui a souvent causé du tort), ni son talent, en tant que réalisateur (La Haine, Les Rivières Pourpres) ou acteur : Regarde les hommes tomber, Un héros très discret, Munich, Le Bureau des Légendes, ni son véritable amour du cinéma…

Et là, en quarante minutes, il explique pourquoi le cinéma ne fait plus rêver. Et comme vous n’avez pas quarante minutes, le Professore vous fait la synthèse.

Gratos.

  1. Avant, aller au cinéma était un événement ; il n’y avait dans l’année qu’un Star Wars, qu’un Superman… on l’attendait plein de désir, car il n’y en avait pas d’autres. Aujourd’hui, il n’y a que des Star Wars…
  2. Les effets spéciaux numériques ont tué la magie du cinéma. Dans Mad Max 1, on frémissait pour les acteurs/cascadeurs en se demandant « comment ils avaient fait ça » … Dans Mad Max 4, on est convaincus que tout est en CGI*. On a plus peur pour personne. On ne ressent plus rien.
  3. On ne sait pas exactement ce qu’on voit. « Dans 1917, il y a des explosions. Sont-elles vraies, sont-elles rajoutées ? On ne plus rêver… »
  4. Au contraire, les frères/sœurs Wachowki ont tout compris ; avec Matrix ils ont inventé quelque chose de nouveau pour dire quelque chose de nouveau. La technique au service du message…  
  5. C’est le contraire dans le cinéma français : les réalisateurs ne s’intéressent pas assez à la technique. Dans les films de Spielberg, chaque plan a une raison d’être. Dans un film français, le réalisateur ne sait pas pourquoi ce plan est filmé comme ça… c’est le boulot du chef op’, du monteur…
  6. Les scénarios sont devenus inutilement compliqués : Tenet, Ad Astra, Interstellar… au bout de dix minutes, on est perdus, et on ne se rappelle plus de rien en sortant de la salle…
  7. Fight Club a été la fin du commencement et le commencement de la fin ; la fin d’une certain type de société et aussi d’un certain type de cinéma.
  8. Ce sont les contraintes qui font l’art : le requin animatronique des Dents de la Mer qui ne marche pas, le costume d’Alien qui est ridicule en plein jour, ou Besson sans le sou pour le Dernier Combat, voilà qui obligent les metteurs en scène à inventer. Cacher le requin le plus longtemps possible, filmer Alien dans le noir, filmer dans des friches industrielles sans le son avec des vieilles cameras : c’est de ces contraintes que sont faits les films… or ces contraintes n’existent plus…  
  9. « Dès que j’ai vu l’oreille coupée avec la musique dessus, je me suis dit qu’il y avait un problème » : Kassovitz règle son compte à Tarantino et à sa trop nombreuse cohorte de fans en transe. Avant Tarantino, la violence c’était mal. Montrer de la violence au cinéma, c’était politique. Après Tarantino, la violence est devenue rigolote, funky.
  10. Tarantino, deuxième couche : « refaire pour 100 M$ des films Z qui ont coûté 100 000$, tout le monde peut le faire… »  
  11. Les réalisateurs ne font plus que 30% d’un film : tout est déjà prévu en pré-production, storyboardé, pré-animé, pré-monté : une fois arrivé sur le tournage, il n’y a plus qu’à faire de la politique : éviter les conflits sur le plateau, arbitrer avec le studio, etc.
  12.  « Marcel Carné, si vous n’avez pas vu ça… on ne peut plus faire grand-chose pour vous ! »

Que dire de plus ?




samedi 7 novembre 2020


Ding-Dong! The Witch Is Dead…
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Once there was a wicked witch in the lovely land of Oz
And a wickeder, wickeder, wickeder witch there never, never was
She filled the folks in Munchkin land with terror and with dread
‘Till one fine day from Kansas way a cyclone caught a house
That brought the wicked, wicked witch her doom
As she was flying on her broom
For the house fell on her head and the coroner pronounced her dead
And thru the town the joyous news was spread


Ding-dong, the witch is dead! Which old witch? The wicked witch
Ding-dong, the wicked witch is dead
Wake up, you sleepy head, rub your eyes, get out of bed
Wake up, the wicked witch is dead!


She’s gone where the goblins go below, below, below, yo ho
Let’s open up and sing, and ring the bells out
Ding-dong! the merry-o sing it high, sing it low
Let them know the wicked witch is dead


Ding-dong, the witch is dead! Which old witch? The wicked witch
Ding-dong, the wicked witch is dead
Wake up, you sleepy head, rub your eyes, get out of bed
Wake up, the wicked witch is dead!


She’s gone where the goblins go below, below, below, yo ho
Let’s open up and sing, and ring the bells out
Ding-dong! the merry-o sing it high, sing it low
Let them know the wicked witch is dead

Le Magicien d’Oz, Victor Fleming