lundi 30 novembre 2009


Some Kind of Monster
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Si vous aimez Metallica, il faut voir Some Kind of Monster. Si vous ne connaissez pas Metallica (c’est mon cas), ou si vous n’aimez pas Metallica, il faut aussi voir Some Kind of Monster.

Il faut l’avouer, j’aime les documentaires sur les musiciens au travail : Don’t Look Back, sur Dylan, de D. A. Pennebaker, 101, du même sur Depeche Mode, Gimme Shelter ou One+One sur les Stones, mais aussi le film de Clouzot sur Karajan… Je me rappelle même avoir réévalué Mlle Dion à la hausse après l’avoir vu au travail avec J.J. Goldman…

Aussi, quand l’ami Fulci m’a proposé Some Kind of Monster, j’ai cru qu’il me ressortait un classique du ciné italien d’horreur des années soixante dix.

Non. Some Kind of Monster, c’est un documentaire de 2004 sur Metallica, le supergroupe de Heavy Metal des années 80.

Le pitch : en 2001, le groupe est au bord de la crise de nerfs, et dans les conflits d’ego. Leur bassiste vient de les quitter et le groupe peine à enregistrer son nouvel album, sur fond de désintox’ et de rivalités entre les deux têtes pensantes du groupe (James Hetfield, chanteur, et Lars Ulrich, le batteur)

Au lieu de régler ça à la régulière, split (Lennon/Mc Cartney), cadavre dans la piscine (Jagger/Richards et l’encombrant Mr Jones), revolver (Jerry Lee Lewis, Phil Spector), Metallica choisit la manière moderne : un coach. Un gars, Phil, la cinquantaine, qui ne connaît rien au hard rock mais qui se coltine les équipes de foot américain, qui ont leurs problèmes d’ego, elles aussi…

Et cherry on the cake : on filme tout ça, ce qui donne Some Kind of Monster, deux heures de déballage ahurissantes, émouvantes, sincères, caractérielles, frimeuses, manipulatrices, beaufs, modernes, psys, comme on voudra.

Qui a joué cinq minutes de la guitare dans un groupe comprendra ce que je veux dire : ce n’est pas facile tous les jours. Voir ces types, avec leurs cent millions d’albums vendus, qui ont les problèmes de monsieur tout le monde, c’est rassurant. Voir Dave Mustaine, leur premier guitariste, viré pour alcoolisme, se considérer comme un raté alors qu’il a fondé Megadeth et vendu à lui seul vingt-cinq millions d’album, en fera réfléchir plus d’un sur l’incroyable abîme de la psyché artistique.

Après sept cents jours d’engueulade et de thérapie de groupe, le film est terminé : en 2003, Metallica sort St Anger, un album vite classé numéro un et entame une tournée triomphale.

Sous le charme, mais sans être dupe, il reste à démêler dans tout cela l’exercice d’autopromotion. Si c’était l’intention, c’est raté : les héros sont des beaufs, fans de Harley. Ils mangent des fruits frais et vont au cours de danse classique kitsch de leur gamine. Rien de très bon pour l’imagerie rock…

Non, Some Kind of Monster ressemble plutôt à un journal intime, avec ce qu’il peut y avoir de pathétique et de sublime dans l’exercice…

Comme dans In Bed with Madonna, l’exercice de com’ finit par dépasser son commanditaire en accouchant d’une créature indéterminée, à mi-chemin entre l’hagiographie et le reportage : some kind of monster, but a beautiful one.




samedi 28 novembre 2009


Braquo (finale)
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Même problème pour Braquo que pour Into the Loop : quand c’est trop, c’est trop. Trop de malheurs pour nos amis ripoux, trop de rapiéçage, trop de coutures mal faites qui se voient.

On prépare la saison 2, alors on lance subitement dans le bain un nouveau personnage, Marceau (Samuel Le Bihan), sorti de nul part. On remet en selle l’IGS et sa sublime fausse blonde (Laëtitia Lacroix), alors qu’ils avaient disparu dans les épisodes récents. On crée une nouvelle intrigue islamiste, qu’on résout immédiatement (???), et on balance le cliffhanger de rigueur.

Résultat, comme dans 24 ou The Shield : on décroche, le mieux étant l’ennemi du bien.

Pas sûr qu’on regardera la saison 2 de nos flics habillés de noir, qui sont tellement désespérés, qui ont tellement la haine, qu’ils ont tellement pas le temps de nettoyer le sang séché des bastons précédentes qui ornent leurs tempes !




samedi 28 novembre 2009


Into the Loop
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -Séries TV ]

Jamais croire la pub, c’est un pro qui vous le dit ! Le spin, le buzz, la hype était excellente : une page entière dans Télérama vantait le travail du doubleur (Harold Manning, avec raison, d’ailleurs…) :

« On rit tout le temps ! »

Il devait y avoir quelque chose de spécial, aujourd’hui aux Halles, car la salle était pleine, et ne riait pas. Peut-être qu’elle n’était pas « Into the Loop » (dans la confidence)…

Une bonne idée, au départ ; décrire comment une bourde d’un sous-ministre britannique aide le camp des faucons américains à lancer une guerre contre un obscur pays du Moyen Orient, toute ressemblance avec des événements existants ou ayant existé étant purement fortuite… Deuxième bonne idée : la caméra portée, le ton « reportage » du film. Troisième bonne idée, les dialogues, injurieux et plutôt rigolos. Quatrième bonne idée, de bons acteurs anglo-américains comme James « Tony Soprano » Gandolfini.

Ce qui ne marche pas dans le « Loop », c’est seulement la grosseur du trait. Les ficelles sont trop grosses, les situations trop caricaturales, les personnages trop cons pour qu’on y croie. On peut mépriser les politiciens pour beaucoup de raisons, mais les portraiturer tous comme des incompétents carriéristes, formidablement idiots, ne marche pas. C’est tout le problème entre réalisme et crédibilité, déjà évoqué ici.
Une formidable série, K Street, malheureusement morte-née, avant tenté l’expérience en 2003 : un vrai lobbyiste à Washington (James Caville), filmé avec de vrais politiciens, mais dans une fiction tourné comme un reportage. C’était très drôle, avec une petite couche de thriller politique en plus.

La production Clooney-Soderbergh ne dura malheureusement qu’une année, dix malheureux épisodes…




mercredi 25 novembre 2009


2012
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Avec 2012, Roland Emmerich signe l’impossible retour de la Grosse Connerie Américaine. Retour car c’est bien le come-back d’un genre englouti (hélicos, explosions, immeubles qui s’écroulent), mais impossible retour, car le monde a changé de puis l’Age d’Or de la GCA…

Car, même si on peut le regretter, le film catastrophe américain, la GCA (Independence Day, Armageddon, Volcano, Le Pic de Dante) a complètement disparu des écrans. Un coupable ? Oussama Ben Laden, qui offrit un jour de septembre, en direct et en vrai, la destruction de New York et du Pentagone, deux figures de style incontournable de la GCA. Une réalité qui a semble-t-il vacciné pendant dix ans le public US contre la fiction, ses explosions, ses tours qui s’écroulent, et sa Maison Blanche en flammes.

Un autre phénomène, artistique lui, est passé par là : le blockbuster intelligent. Après Titanic, et ses personnages creusés, après Deep Impact, et son génial mélange mélo-filial et astéroïdes dans la gueule, il n’est plus possible de faire aujourd’hui un film comme 2012. Eh bien Roland Emmerich l’a fait, en réalisant un film parfaitement distrayant, mais d’une connerie abyssale.

On passera rapidement sur l’aspect distraction, puisqu’il est quasi acquis que vous irez le voir, sinon vous auriez déjà été chroniquer ailleurs : oui, les images sont parfaites (malgré beaucoup de séquences en vidéo HD. Eh oui, c’est comme ça, maintenant, ma ptite dame !), les effets spéciaux sont bluffants (la jolie vague, la jolie lave, les beaux navions), même si on n’est plus guère bluffés par les effets spéciaux aujourd’hui…

Non, ce qui est consternant dans 2012, c’est la bêtise du scénario. Et c’est un type qui vénère Armageddon qui vous dit ça…

Tous les poncifs y passent. Le père, divorcé (John Cusack), la femme, remariée à … Un chirurgien esthétique. Le jeune noir idéaliste. Le président noir idéaliste. Veuf. Le conseiller blanc du Président, corrompu (il s’appelle Hadès). Le méchant magnat russe et ses deux enfants obèses. La maîtresse blonde (et donc fofolle) du magnat russe. Etc, etc.

Comme dans Le Pic de Dante, ceux qui ont péché sont condamnés : les gros, les russes, les chirurgiens esthétiques… Les gentils sont sauvés : le divorcé, les enfants, la femme, et comme l’a théorisé Michael Haneke dans Funny Games, le chien*…Et puis toujours, cette incroyable contradiction américaine : les riches ont toujours le mauvais rôle dans un pays qui vénère l’argent.

Le problème de 2012, c’est, encore une fois, de rater son genre. Si Roland Emmerich veut faire une tragédie, il doit lorgner du coté de Deep Impact ou Titanic. S’il cherche le divertissement, il doit assumer le fun d’Armageddon, le délire Fast & Furious, la démesure Transformers, l’humour Pirates des Caraïbes

Quelques exemples :

Les scènes tragiques ne fonctionnent pas dans 2012. On rit à gorges déployée, et évidemment ce n’est pas voulu. Pourquoi !? Les personnages n’ont aucune épaisseur psychologique, et sont joués par des comédiens sans âme, et surtout, sans personnage.

Au contraire, Tea Leoni, dans Deep Impact a un vrai personnage : jeune journaliste, belle, carriériste, douée, appréciée de ses chefs, mais en conflit avec son père. Ces éléments, lentement amenés dans le film, éclairent superbement ses choix à la fin du film : l’émotion est là.

Dans Titanic, les seconds rôles ont une histoire, même minime. Le couple de retraités qui se couchent paisiblement dans leur cabine envahi par l’eau, la mère qui endort ses enfants avec un conte de fées, ces scènes seraient ridicules, si ces personnages n’avaient pas été « posées » avant par Cameron.

Roland Emmerich aurait pu choisir l’autre option, fun, républicaine, mauvais esprit, Simpson-Bruckheimer, mais il est trop prétentieux pour cela. Il agite pourtant les mêmes thèmes : « Washington vient d’être balayée ! » « Bonne nouvelle ! Depuis le temps qu’il fallait nettoyer ce bazar ! »… Le porte-avion Kennedy qui écrase la Maison Blanche (attention, symbole !), et toujours cette vision simplificatrice du monde (les tibétains, sages, les chinois, ouvriers, les indiens, scientifiques, les italiens, cathos, les français, en DS…) Mais il manque par trop d’humour, pour que la sauce prenne. Le film veut être pris au sérieux : il l’est.

Finalement, Emmerich est comme toujours le cul entre deux chaises : pas vraiment américain (il est allemand), il a le syndrome de l’immigré**, et fait tout pour être américain, en s’emparant de la mythologie US : The Patriot, Independance Day… Mais il n’y est jamais vraiment, et ne peut s’empêcher à chaque fois de détruire l’Amérique : dans Le Jour d’Après, les yankees demandent l’asile (sublime ironie !) aux mexicains !!!
Dans 2012, l’Amérique est engloutie et c’est l’Afrique qui survit…

Dans Deep Impact, Armageddon, Transformers, et même La Guerre des Mondes, la Mère Patrie est toujours sauvée à la fin…

Allez, Roland, encore un effort pour être américain…

* Qui s’empressa d’en tuer un dès la première scène de sa terrifiante critique du cinéma américain.

** Thèse défendue par A.G. Beresford. (Cette chronique n’aurait pu être possible sans le concours, dans la salle puis au pub, de deux docteurs honoris causa de la GCA, James Malakansar et A.G., qui comptent plusieurs dizaines de GCA à leur actif. Qu’ils en soient publiquement remerciés ici.)




mardi 24 novembre 2009


Le ralenti, le Parcours du Héros, deux techniques narratives au service du football
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Dans la grande distraction de masse qu’est le football, le cinéma, son concurrent, a apporté un soutien inattendu : le ralenti. Cette figure de style, qui ne s’est vraiment imposé au cinéma que dans les années soixante, est vite devenue indispensable aux retransmissions sportives.

Nous l’avons déjà dit : les figures de style ont une raison d’être et, partant, une signification. Un zoom focalise l’attention, un travelling arrière fait l’inverse. Un ralenti intensifie la beauté du geste, et dramatise une scène.

Ces raisons esthétiques ont magnifié le sport, mais, on le sait depuis Leni Riefenstahl, les images sont dangereuses*.

La semaine dernière, le cinéma a rendu un bien mauvais service à Thierry Henry. Si, comme par le passé, nous n’avions pas de ralenti, le doute aurait subsisté. Pourtant, dans le stade, tout le monde a vu cette main. Mais cela reste un souvenir fugace, incertain, qui se sera transmis par une tradition orale, par définition peu fiable.

Avec le cinéma – TF1 en l’occurrence -, la double Main de Dieu au ralenti est gravée pour toujours en Haute Définition. Une des pages de la grande Geste du Sport, et celle, en particulier du capitaine de l’équipe de France.

Car Henry est un héros médiéval : le Jeune Prince, le dernier Chevalier de la Table Ronde 98, devenu le capitaine d’une équipe désespérée de l’ère de Domenech le Félon, qui peine à triompher des « Géants » roumains et irlandais.

Dans le Parcours du Héros (une méthode d’analyse des contes et des épopées) il y a 12 épreuves. Celle de Thierry Henry s’appelle la Route des Epreuves, celle où le Héros rencontre ses premières épreuves, et se fait ses premiers ennemis. Gendre idéal, érudit du foot, bon copain, père modèle, bon capitaine, Henry et sa main tricheuse connaît sa première épreuve…

Qu’est-ce donc, si ce n’est un sacrifice ? Se sacrifier soi-même pour qualifier l’équipe de France, au bord du gouffre.

Désormais, tel Siegfried, une tache salit le blason étincelant du chevalier.

De héros, Thierry Henry est devenu humain.

* pour éviter les débordements, les ralentis ne sont jamais diffusés dans les stades.




jeudi 19 novembre 2009


500 : This is CineFast !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Et voilà… On bosse, on bosse… Et on oublie de fêter la 500ème chronique, comme prévu… (Ceci est la chronique n°518)

Pas la peine d’en faire des tonnes, genre les Oscars, merci maman, merci papa…

Non : merci aux lecteurs, aux (rares) commentateurs : allez-y, lancez vous ! Vous avez bien un avis sur 2012, non ?

Merci au cinéma américain, à la télé, à l’inventeur du magnétoscope, à monsieur Free et madame Numericable, à Canal+ et à tous ces gentils tuyaux vendeurs de contenu, sans qui les amateurs d’histoires que nous sommes devraient retourner au coin du feu, près de la cheminée, écouter la merveilleuse histoire de la Belle au Bois Dormant…

« Alors, il était une fois, (les mayas l’avaient prédit) des méchants, qui s’étaient emparés d’une bombe atomique, et leur hélicoptère s’était écrasé sur une île, et là, soudain… »




lundi 16 novembre 2009


2012 : les toilettes sont alignées
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

On sait qu’on devient vieux quand c’est votre propre fille, la Professorinette, qui vous conseille d’aller voir une GCA, 2012 pour ne pas la nommer. « Il faut que tu le vois Papa, c’est trop bien… Y’a des immeubles qui s’écroulent, et en plus les mayas l’avaient prédit ! » : deux raisons parfaitement cinefasteuses d’aller au cinéma pop-corn que nous défendons ici.

Après, viennent les grandes questions : « Pourquoi ils détruisent le grand bâtiment, à Rome, avec le Pape ? Pourquoi, maintenant, le pole sud, il est dans le Wisconsin ? » Il faut alors expliquer l’obsession du catholic bashing, le positionnement mental du dairy state dans l’imaginaire yankee (le Wisconsin étant leur équivalent de la Creuse)

Il resta néanmoins une interrogation à laquelle même le Professore ne put répondre : « Mais, Papa, pendant tout le film, il disent que la catastrophe, que les mayas avaient prédit, c’est parce qu’en 2012, les toilettes sont alignées ? Pourquoi il faut que les toilettes soient alignées ? »

Il faut que j’aille voir le film, ma chérie…




vendredi 13 novembre 2009


Avatar, enjeux cachés
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Je n’ai pas encore vu Avatar, et je n’ai pas été invité à une avant-première au Mann Chinese Theater, pourtant, j’ai déjà un avis sur Avatar.

C’est l’objet de cette chronique : une illusion couramment répandue veut nous faire croire que les films sont des purs objets, neutres comme des nouveaux-nés. En fait c’est une illusion… Pourtant, la sagesse populaire commande à une prétendue juste neutralité : « Comment peux-tu juger ce film, si tu ne l’as pas vu ?! » Comme si un amateur de vin n’était pas capable de déceler une piquette d’un grand cru, rien qu’en lisant l’étiquette !

Non, Avatar ne naît pas de l’onde, n’est pas une parthénogenèse issue de nulle part. Avatar a déjà un passé. Et un papa.

Car ce qui pèse sur Avatar, c’est Titanic, ses records d’entrées, son succès public et critique. Ce qui pèse aussi sur Avatar, c’est la mégalomanie de James Cameron, qui vise clairement plus haut, plus loin, plus fort, plutôt que de prendre le contre-pied de Titanic, et chercher à faire un petit film sans enjeu… C’est un homme de paris, et donc, forcément, plus dure sera la chute.
Bien sûr, Avatar ne vise pas la même cible consensuelle, c’est un film de SF, un film d’action… On pensera néanmoins à Titanic pendant tout le film.

Avatar part donc avec des handicaps : faire un bon score au box office, séduire un peu la critique, plaire aux fans hardcore de Cameron, et peut être séduire au-delà…

Vaste tâche pour un film de SF avec des schtroumpfs…




lundi 9 novembre 2009


Clones
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Si le cinéma est une recette, y’a un problème dans le potage Clones. Trop de farine, trop de bouillon, trop de poireau, on ne sait.

On ne sait pas si Clones est une GCA* rigolote, ou un film de SF sérieuse. Dans les deux cas, c’est raté.

Pourtant, il y a tous les ingrédients pour que ça marche : de bons acteurs, un réalisateur pêchu, des moyens (80M$, tout de même), et une histoire un peu au-dessus de la moyenne. Dans un futur proche, les humains ne sortent plus de chez eux et envoient à leur place des clones (surrogates) qui les remplacent avantageusement : plus beaux, plus jeunes, plus forts.

Mais ce qui ne marche pas dans Clones, c’est le traitement ; Mostow n’assume jamais vraiment son film d’action avec le Bruce Willis pourtant en pleine forme. Mais en même temps, il n’ose pas faire le Blade Runner du XXIème siècle. Pas d’humour, et une histoire tarabiscotée à souhait qui finit d’achever le spectateur, qui a renonce depuis longtemps à comprendre qui voulait tuer qui et pourquoi.

Clones est un film vieux, en fait.

Une seule scène, digne de Shyamalan, montre ce que Clones aurait pu être : des clones déconnectés s’écroulent, et leurs propriétaires sortent de leur domicile, hagards, en short/T-Shirt, mal rasés, pas maquillés, et gras du bide. Une merveilleuse métaphore de l’Amérique, qui se veut toujours belle, forte, et en pleine forme, alors quelle n’est plus qu’une nation de nantis obèses, qui délègue au monde entier le travail manuel, et passe son temps devant les séries et les jeux vidéos…

*Grosse Connerie Américaine, un concept inventé par le Professore pour tout ce qui nous occupe ici.




samedi 7 novembre 2009


La Nuit des Rois
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Quatre cent ans après, le plus génial scénariste Hollywoodien bande encore : il s’appelle William Shakespeare. Rien n’a vieilli dans La Nuit des Rois, relookée Années 30 par Nicolas Briançon, au théâtre Comedia*

Une histoire invraisemblable : une jeune fille, Viola (Sara Giaudeau) se déguise en homme pour servir le duc Orsino. Mais elle tombe amoureuse de lui. Pas de chance : lui est amoureux de la comtesse Olivia, qui, évidemment, ne l’aime pas mais qui tombe amoureuse de Viola, qu’elle prend évidemment pour un homme.

L’amour, toujours l’amour : être aimé de ceux qu’on aime pas, et ne pas aimer assez ceux qui nous aiment**…

Et puis le théâtre, la pièce dans la pièce :

– Are you a comedian ?
– I’m not what I play…

Shakespeare vaut toujours le coup qu’on se déplace, et ici, comme c’est bien joué, qu’attend-on ? Car le théâtre possédera toujours cet avantage face au cinéma : il n’y pas ce quatrième mur (l’écran) entre nous, et eux, les comédiens…

*l’ancien théâtre Eldorado, salle rock mythiquee des années 80

**Entre-temps, la Professorinette est venue me voir avec une photo de Sara Giraudeau, me disant qu’elle avait vu aussi dans un film une fille comme Sara, déguisée en homme elle aussi. C’était évidemment une adaptation de La Nuit des Rois, dans un collège US, version teen-movie : She’s the Man.