vendredi 25 août 2023


Depp v. Heard, ou La Fabrique du Mensonge, une affaire de point de vue
posté par Professor Ludovico dans [ Documentaire -Hollywood Gossip -Les gens ]

C’est l’histoire – classique – d’un Power Couple d’Hollywood qui s’aime puis se déchire. C’est l’histoire, tout aussi classique, d’un divorce douloureux avec avocats et millions de dollars à la clé. C’est l’histoire, moins classique, de cet événement au vingt-et-unième siècle, à l’heure des réseaux sociaux. Un documentaire en 3 épisodes vient de sortir sur Netflix, Depp v. Heard, qui laisse une drôle impression de flou. Pour en savoir plus, on enchaine sur L’Affaire Johnny Depp/Amber Heard – La Justice à l’Epreuve des Réseaux Sociaux, un épisode de la série de France 5, Depp La Fabrique du Mensonge. On sort également sans certitude de ce doc, si tant est qu’il soit possible de démêler le vrai du faux dans l’intimité d’un couple (même vidéos à l’appui).

Pour avoir suivi que de très loin cette affaire, on n’en avait retiré qu’une impression diffuse : Amber Heard, starlette hystérique, s’était fourvoyée en espérant récolter une meilleure place à Hollywood et le maximum de dollars. Mal conseillée, elle avait trop menti pour être honnête, et se révélait bien pire que sa star de mari, Johnny « Jack Sparrow » Depp. Paradoxalement, c’était peut-être lui, la victime.

Mais quand on regarde le documentaire Netflix, il est pourtant difficile de ne pas être ému devant cette femme en larmes racontant les sévices psychologiques et physiques subis. En face, Johnny Depp joue lui aussi une très belle partition : très calme, un peu triste, une vraie victime.  Mais on ne peut oublier non plus que ces deux-là sont acteurs : on ne sait jamais vraiment quelle est la part d’interprétation dans leurs témoignages. On aurait été bien été embêtés d’être jurés en Virginie…

Le documentaire de France 5, lui, est très différent : il est pontifiant mais sa thèse est plus généraliste, plus sérieuse : cette affaire aurait permis aux milieux masculinistes de faire passer leurs idées en profitant des déboires d’un couple. Pour le coup, le reportage est très en faveur d’Amber Heard ; à un seul moment, il est évoqué la possibilité qu’elle ait, elle aussi, pu harceler Depp…

Dans les deux cas, ce qui intéresse le cinéphile, c’est la façon dont sont filmés ces thèses. Chez Netflix on aligne plan par plan les témoignages, une fois Johnny Depp, une fois Amber Heard, ce qui crée évidemment des chocs et des contradictions. Pour un documentaire censé dénoncer les réseaux sociaux, Depp v. Heard utilise beaucoup leurs images, et pas toujours à bon escient… Au contraire le documentaire français s’attache à démontrer l’influence néfaste des réseaux sociaux, des groupes complotistes de l’Alt-Right, laissant largement parler journalistes et sociologues…

Dans les deux cas, on n’aura jamais pu démêler le vrai du faux… Pas de bol, c’est justement ça qui nous intéressait…




mardi 22 août 2023


Meurtres en Pays Cathare
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

De retour de mission pour l’Ahnenerbe à Montségur afin de trouver le Graal et le code Da Vinci, le Professore se devait de regarder Meurtres en Pays Cathare, le passionnant cop show de France 3, oui les gars qui nous ont donné déjà Les Mystères de l’île (à l’Ile d’Aix) et 60 autres meurtres dans toute la France, soit dix saisons au compteur (wikipedia sic).*

Rappelons le pitch : il s’agit de récolter le maximum de subventions de la DRAC Occitanie et du Conseil Général de l’Ariège en assurant la promotion de ladite région avec quelques plans pas mal foutus de paysages idylliques. Comme d’habitude, on se fait avoir, trois jolis plans de drone de la région, le reste en studio, voilà des impôts locaux bien utilisés…

Quant à l’histoire de Meurtres en Pays Cathare**, elle reste cousue du même fil blanc que ses soixante collègues : une jeune fille BLONDE est assassinée dans le château de Puivert***. A ses côtés, un jeune trisomique aux mains ensanglantées. On vous rassure tout de suite, le jeune trisomique – bien qu’accusé à tort – n’est pas le meurtrier****…

Non, ce n’est pas lui qui a tué, on va le découvrir 1h30 plus tard : c’est bien la meilleure amie de la victime, maman BRUNE d’un jeune garçon à tête BLONDE. On nous aura donné quelques indices (7 ou 8 plans sur le gamin avec sa maman qu’a pas les mêmes cheveux que son fils). Entre-temps, on aura suivi la fliquette-bonasse-dont-le-frère-trisomique-est-injustement-accusé, le flic-quadra-pas-mal-fait-de-sa-personne-qu’a-une-TSI*****-avec-sa-collègue-malgré-qui-sont-pas-d’accord-sur-le-coupable, la Fausse Piste 1, la Fausse Piste 2, la Fausse Piste 3, et au bout d’une heure, pour relancer intérêt, la Fausse Piste 4, à savoir la Fliquette qui se trouvait pas loin du crime, dis-donc-comme-de-par-hasard-mais-en-fait-non-c’est-pas-elle******.

Bref Alfred Hitchcock n’a qu’à bien se tenir. Demain, on parle d’une autre petite dramatique sans prétention : Voyage au Bout de l’Enfer.

* Rappelons qu’en 2022 les réalisateurs avaient protesté contre le trop plein de séries policières sur le service public : en 2021, 85 % des fictions télé diffusées par les chaînes du groupe public. Nettement plus que TF1 (11 %), Arte (3 %) ou M6 (1 %).

** Il n’y a qu’un meurtre, mais Ludovico ne va pas chipoter : ça laisse plus de suspens !

*** Oui celui de La Neuvième Porte de Polanski, clin d’œil cinéphile !

**** Le jour où un membre d’une minorité sera le véritable meurtrier, on aura fait un grand pas dans l’égalité et la lutte contre le racisme. 

****** Mulder et Scully, vous avez l’image ?

******* On se moque de la photocopieuse Marvel ou de la Xerox de chez Disney, mais celle de France 3, qui ne fait que du noir et blanc, n’est pas mal du tout.