dimanche 30 décembre 2018


La Bûche
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

On apprécie ici beaucoup Danièle Thompson, son sens de l’intrigue bien menée, des dialogues ciselés et ses personnages bien campés. Il manquait La Bûche à notre répertoire, mais elle a pris un petit coup de vieux.

Ne subsiste que la prestation rigolote de Sabine Azéma en chanteuse russe et le grand Claude Rich. Le fiston (Christopher Thompson) joue déjà comme cochon face à une Charlotte Gainsbourg déjà très douée. Par ailleurs les intrigues amoureuses, les révélations, semblent aujourd’hui très évidentes aux spectateurs habitués.

Mais bon, avec ce film, le système Thompson se mettait en place…




jeudi 20 décembre 2018


Les Veuves
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Quand il ne restera plus sur terre qu’un seul cinéaste sérieux, Steve McQueen sera celui-là. Après un film quasi expérimental sur l’IRA (Hunger), un film sur l’addiction sexuelle (Shame), un film-chef d’œuvre sur l’esclavage (12 Years a Slave), McQueen tente le polar de genre. Mais pas n’importe quel polar, et pas n’importe quel genre. Les Veuves est un polar féministe, afro-américain, qui aurait pour modèle Heat, Usual Suspects, The Town, et qui aurait condensé Sur Ecoute en deux heures. Comme David Simon, Steve McQueen découpe la ville de Chicago en tranches : les politicards, les églises, les riches et les pauvres, les blancs et les noirs. Les hommes et les femmes. Et les gangsters.

Après avoir fait l’artiste, McQueen fait l’auteur. Le propos, l’intention, sont plus importants que l’intrigue. L’argument est assez faible : des veuves de gangsters qui n’y connaissent rien sont obligées de monter un braquage. Mais là n’est pas le propos. Les Veuves est une variation sur le #metoo et #blacklivesmatter, mais une variation subtile, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Les bons ne sont pas très gentils, et les méchants sont partout. Même les femmes, même les noirs.

Steve McQueen filme tout cela au même niveau, le suspense musclé et la critique sociale longitudinale. Il est aidé, c’est vrai, d’un casting aux petits oignions sorti de la cuisse de la meilleure télévision (Orange is the New Black, The Wire, A la maison Blanche, True Detective). Et le toujours génial Robert Duvall.

Avec ça, difficile d’échouer.




vendredi 14 décembre 2018


Retour vers le Futur
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

 
Plus qu’une pépite nostalgique, Retour vers le Futur est un chef-d’œuvre du cinéma, à la manière des films de Hawks. Mais en revisitant les chouchous de la cinéphilie, il y a toujours un petit pincement au cœur ; le film aurait-il vieilli ? Nous étions-nous fourvoyés ?*
 
Bien sûr que Retour vers le Futur a vieilli. La comédie est le genre le plus exigeant, le plus référentiel, et donc le plus difficile à maintenir dans le temps**. Cette fabuleuse mécanique est un peu trop mécanique justement, elle souligne un peu trop les gags. On a parfois l’impression que les scénaristes (Robert Zemeckis et Bob Gale***) flèchent l’histoire pour le spectateur. Ainsi, quand Doc demande à Marty ce que faisait ses parents pour s’amuser quand ils étaient jeunes (ce qui est un gag en soi), on voit apparaître l’affiche d’Enchantment under the sea. Cela suffirait aujourd’hui, mais Zemeckis montre l’affiche et Marty la commente. 

Hormis ces péchés véniels, Retour vers le Futur reste un authentique chef-d’œuvre. La construction des enjeux vue comme une mécanique de précision, qui s’accumule minute après minute pour exploser dans un tonnerre final, à l’écran et dans le cœur du spectateur. 

Mais derrière la comédie screwball, deux sous-textes (au moins) viennent écailler le vernis fifties. Le racisme, le sexisme, la violence larvée de cette période prétendument dorée fait l’objet de nombreux gags doux-amers. Le sommet culminant avec le gag Chuck Berry, un paradoxe temporel à double tranchant où les petits blancs comme Zemeckis payent leurs dettes à la musique noire, tout en sous-entendant qu’elle vient du futur, et donc des blancs. 
 
Et puis l’incroyable sous-texte freudien ? Quand on aura dit que Marty doit éviter de coucher avec sa mère pour pouvoir naître, on aura dit beaucoup. Que le père, adolescent, était un voyeur frustré qui volait des petites culottes, et que la mère était une alcoolo un peu chaudasse, on aura tout dit. La morale de l’histoire, ce sont les fils qui rendent les pères virils. Et que le salut de la vieillesse viendra – comme toujours – de la jeunesse.
 
En revanche, ce qui n’a pas vieilli, c’est l’extraordinaire performance des acteurs ; le Doc (Christopher Lloyd), Marty (Michael J. Fox), mais surtout George McFly, le père de Marty, interprété par l’incroyable Crispin Glover. Être crédible à ce point dans un ado de 15 ans et un père de 50, le coinçouille des fifties et le raté des eighties, puis l’écrivain à succès dans ce futur alternatif, peu de comédiens sont capables de faire ça. 

* En tout cas, moins que la presse de l’époque
** Les blagues sur Ronald Reagan ne fonctionnent plus avec le Professorino, par exemple.
*** Qui ont dans leur contrat l’interdiction de produire une suite de leur vivant, sans leur accord.

 




samedi 8 décembre 2018


Deux heures de perdues
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

J’ai oublié de vous parler de ce podcast très drôle qui consiste à démonter les films que nous aimons, en particulier sur CineFast.

C’est fait par une bande de trentenaires passionnés, fondus de radio. On a donc affaire à un podcast quasi professionnel, c’est-à-dire structuré, où chacun a la parole, et évite de se couper. Ce n’est pas que le podcast amateur n’ait pas de charme, mais c’est reposant de voir quelque chose qui tient bien la route, comme une bonne émission de radio.

Deux heures de perdues fonctionne toujours sur le même principe : chacun donne d’abord son avis sur le film, puis en suivant le fil chronologique, les intervenants racontent le film en commentant ses invraisemblances. C’est évidemment beaucoup plus drôle avec les séries B type The Rock que les chefs d’œuvre type Shining. Ça se termine invariablement par des chroniques internet tirées d’Allociné, exercice assez cruel qui démonte tout autant l’internaute qui aime que celui qui déteste.

Ils se produsient aussi en live, une ou deux fois l’an. A découvrir.




jeudi 6 décembre 2018


The Expanse, saison 3
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Comment une série comme The Expanse peut-elle survivre dans le contexte du PAM (Paysage Audiovisuel Mondial) actuel ? Aussi peu de talents réunis en quarante minutes ? Aussi peu de scénario ? Autant d’acteurs pitoyables, à commencer par le terrible acteur principal, Steven Strait ?* Autant de bons acteurs à la ramasse qui viennent cachetonner ?** Autant de décors et d’effets spéciaux minables ? Et des intrigues minuscules (comme ces deux personnages coincés pendant 40mn par un caterpilar !)

Non, il n’y a pas d’explication, à part une fanbase totalement fanatisée des livres de James S. A. Corey. Ou, encore une fois, le Théorème de Rabillon, qui veut que l’on regarde forcément une série qui traite d’une passion rarement traitée cinématographiquement.

Et comme les séries qui se passe dans le système solaire, ça ne court pas la Ceinture de Kuiper …

* Qui possède deux jeux d’acteurs en tout et pour tout : yeux ouverts (situation normale), ou yeux plissés (stress, douleur, tristesse, conviction profonde …)
** comme la terrible Juliet (Elizabeth Campbell), fantasme SM du Professore depuis Lost, transformée en ménagère bigotte lesbienne de plus cinquante ans, ou le génial David Strathairn, acteur fétiche de John Sayles, et du ciné indépendant US (Passion Fish, Good Night and Good Luck, Memphis belle…)




samedi 1 décembre 2018


L’Origine du Christianisme
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Documentaire ]

Plus compliqué, mais tout aussi passionnant, L’Origine du Christianisme poursuivent l’œuvre entamée par Corpus Christi : comment, après la mort de Jésus, le christianisme est né à partir de l’an 50. Un débat, non pas contradictoire, mais en revanche bourré d’incertitudes, dans lequelles Jérôme Prieur et Gérard Mordillat tentent de mettre de l’ordre. Comment Saint-Paul, celui qui ne croyait pas, est devenu le plus grand prosélyte ? Comment une religion, issue de Judée, et dont les principaux prophètes étaient juifs, a accusé les juifs de tous les maux pour mieux convertir les romains ? Comment une religion naissante, en interdisant aux non-juifs du prêcher à Jérusalem, leur a paradoxalement offert l’opportunité de prêcher dans l’ensemble du pourtour méditerranéen ? Comment l’exclusion des premières hérésies, a permis à la religion de se définir ?

Tout cela en dix heures ardues, mais toujours passionnantes.