lundi 13 septembre 2021


Serre-moi fort
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

À la fin, c’est toujours pareil avec Mathieu Amalric : il gagne. L’éternel Paul Dédalus d’Arnaud Desplechin, dont on est  tombé amoureux en 1996 (avec Comment Je Me Suis Disputé… (Ma Vie Sexuelle)), nous a rendu addict à sa voix narquoise, à son sourire de Quasimodo, et sa capacité inimitable à débiter des vacheries sur un ton égal.*

Devenu sur le tard cinéaste, les deux films que nous avons vus (Tournée et La Chambre Bleue) nous avaient déjà enthousiasmé.

Mais ici, le charme n’opère pas. Le sujet est intéressant (une femme disparaît, sa famille cherche à survivre), les acteurs, excellents (Vicky Krieps, Arieh Worthalter) et la forme est inventive.

Mais on reste derrière, en admiration devant la virtuosité de la mise en scène qui passe de personnage en personnage, et cette façon fantastique, presque quantique – où est-on, quand est-on – de raconter cette histoire.

Mais on n’arrive pas à être ému, malgré la tragédie évidente. Et à la dernière seconde, en quelques scènes de conclusion, Amalric nous cueille d’un bon coup de poing (cinématographique) dans la gueule. Et nous laisse là, évanouis, devant le générique.

 Trop fort.

*On va même le voir dans un James Bond, c’est dire.




mardi 7 septembre 2021


Ode à Michael K. Williams
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens ]

Il y a des gens qui n’ont jamais de chance. C’est le cas de Michael K. Williams, qui a eu la mauvaise idée de mourir le même jour que Jean-Paul Belmondo, notre patrimoine national. On n’entendra donc pas beaucoup parler de Michael K. Williams dans les journaux français aujourd’hui, ni demain d’ailleurs. Pourtant, c’est vers lui que se tourne aujourd’hui notre tristesse, immense, à la hauteur des émotions prodiguées par son rôle-phare, Omar Little.

Car Michael K. Williams a eu de la chance, finalement, en se voyant offrir ce rôle dans The Wire – peut-être le plus grand rôle de la télévision américaine. Robin des Bois de Baltimore, gangster, homosexuel et drogué, consacré meilleur personnage de fiction par Barack Obama. Oui, l’Amérique avait changé. Oui, l’Amérique pouvait changer.

Ce n’est pourtant pas le seul rôle de Michael K. Williams. Il a interprété d’autres gangsters, sans jamais refaire Omar : stylé comme Chalky  White de Boardwalk Empire, dangereux comme Freddy dans The Night Of. Il a trainé son sourire, à la fois triste et carnassier, dans pléthore de rôles au cinéma et à la télévision, avant et après Sur Ecoute : Lovecraft Country, Dans leur Regard, SOS Fantômes, Assassin’s Creed, Inherent Vice, Gone Baby Gone, Twelve Years a Slave…

Mais c’était trop tard. Nous avions découvert ce diamant dans la trentaine. Il ne serait jamais jeune premier. Michael K. Williams avait débuté comme danseur chez Madonna et Missy Elliot. Une carrière artistique qui, comme il le disait, l’avait sauvé de ses pires tourments*.

Mais on n’y échappe jamais réellement, à l’instar de son emblématique cicatrice au visage, qu’il portait comme une bannière de sa jeunesse agitée. Ces tourments l’ont rattrapé dans l’appartement de Flatbush, Brooklyn, la ville qu’il n’avait jamais quitté : retour à la case départ.

C’est aujourd’hui avec tout l’égoïsme du spectateur que l’on souhaite que Michael K. Williams repose en paix. Non pas dans la réalité, près de ses proches, mais dans son univers de fiction. Qu’il retrouve au paradis des gangsters Brandon, Dante et Renaldo, ses amants, Butchie, son mentor, et tous les autres incroyables personnages dont la mort fictive nous a ému dans la magnifique cité de Baltimore.

Car comme il est dit dans la Nuit des Rois, « Je suis un acteur : je suis ce que je joue. »

* « Les arts m’ont donné quelque chose qu’aucune somme d’argent, aucune statue ne pouvait me donner – une vie, une voix, un but. » Vanity Fair, 2017




lundi 6 septembre 2021


Jean-Paul Belmondo
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

– « Quelle est votre ambition dans la vie ?
– Devenir immortel et mourir. »

A Bout de Souffle