mercredi 29 octobre 2008


La Faille
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD ]

Très bon petit film que cette « Fracture » de Gregory Hoblit. Dans deux genre où les américains excellent (le film de procès, le thriller), La Faille ne dépare pas au milieu des A Double Tranchant, Peur Primale et autres Suspect.

Pourtant, l’intrigue est mince (où est l’arme du crime ?), mais le film tient par l’intrigue annexe (le jeune procureur deviendra-t-il un grand avocat dans le privé ?), et surtout aux deux immenses comédiens : Anthony Hopkins (on le savait déjà), et Ryan Gosling (très bon aussi dans Half Nelson).

Le petit gars ira loin, s’il ne brûle pas ses ailes de cire sous le chaud soleil de la Californie…




mardi 28 octobre 2008


Fanny
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

J’adore Marcel Pagnol. Sans me vanter, je pense que j’ai tout lu… Mais je n’aime pas Pagnol cinéaste, et à part peut être La Fille du Puisatier et La Femme du Boulanger.

Moi qui adore la Trilogie Marseillaise, eh bien, je n’ai jamais pu dépasser les dix premières minutes, ce qui tendrait à prouver que le théâtre et le cinéma ne font pas bon ménage.

Entre nous, c’est ce que je pense depuis longtemps, car, comme le dit Coppola, le cinéma a bouffé l’opéra, qui lui-même avait bouffé le théâtre. Le cinéma, c’est un peu tous les arts en un seul : de la comédie, de la sculpture, de la peinture (aussi appelée « photographie »), de la musique… Le seul art original du cinéma, c’est le montage.

C’est ainsi : les passerelles cinéma-théâtre sont dangereuses et mal fréquentées, un peu comme l’échelle de corde d’Indiana Jones et le Temple Maudit. Les comédiens de théâtre sont très souvent catastrophiques au cinéma (Torreton, pour n’en nommer qu’un), et ne dit-on pas, un brin narquois « c’est du théâtre filmé ».

Tout ça pour dire que Fanny, au théâtre, mérite d’être vu (en ce moment au Théâtre du Petit Colombier). La comédienne est très bonne, et malgré l’âge de la pièce (70 ans au compteur, et le thème un peu dépassé des filles-mères), elle reste d’actualité.

Car Pagnol, sans avoir l’air d’y toucher – et sous l’alibi de comédie – touche à l’essentiel. Il reste aussi un de nos plus grands dialoguistes :

– « Cet enfant il pesait quatre kilos quand il est né, aujourd’hui, il en pèse sept. Tu sais ce que c’est, ces 3 kilos ? C’est de l’amour. Et pourtant, c’est pas lourd l’amour ! Il en faut beaucoup pour faire un kilo ! Alors, c’est sa mère bien sur, mais c’est surtout Panisse qui lui en a donné ! Et toi, Marius, combien tu lui en a donné, à ce petit ? »

CQFD.

Fanny
Jusqu’au 31 octobre, Théâtre du Vieux-Colombier, 21, rue du Vieux-Colombier, 75006 Paris. Mais surtout, c’est sur France 2, samedi 1er novembre, à 20h50.




dimanche 19 octobre 2008


La Playlist du mois
posté par Professor Ludovico dans [ Playlist ]

Musique : Johnny Cash, American recordings, La Pompe Moderne (The Brassens)
Série : The Wire, Saison 3, The West Wing, Saison 5
Livre : Rock’n’Roll, un portrait de Led Zeppelin, par François Bon, La Meilleure Part des Hommes, par Tristan Garcia




dimanche 19 octobre 2008


Harcelés
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Bonne nouvelle : Neil Labute est vivant ! On l’avait laissé mourant avec The Wicker Man. Il revient, même si c’est encore au travers d’un film de genre, avec sa subtilité et son anticonformisme habituel.

L’histoire est classique : un jeune couple s’installe dans une banlieue angeleno, et se retrouve harcelé par un flic vindicatif. C’est déjà l’argument de plusieurs films dont Obsession Fatale avec Ray Liotta.

Mais ici, Labute introduit un grain de poivre : le conflit racial, et surtout, il en inverse les clichés : le harceleur est flic et noir, le harcelé est blanc, la harcelée est noire. Un triangle de tensions explosif, qui révèle toutes les contradictions de la société américaine. Si je me plains d’un flic, c’est que je suis démocrate, si je me plains d’un noir, c’est parce que je suis blanc, etc.

Le personnage du harceleur est porté avec toute la subtilité nécessaire par Samuel L. Jackson. Flic, noir, religieux, républicain, veuf éploré, père de famille autoritaire, Abel* semble n’être qu’un bloc. Pas tant que ça pourtant. Le decent american cop expose sa négritude partout, mais il a tout fait pour s’installer dans un quartier blanc, et réprimande sa fille au moindre écart de langage trop black. Et fait comprendre au petit blanc que malgré sa femme noire, et sa passion pour le rap, il ne sera jamais assez noir.

En face, le mari compose, compense, porte le fardeau de l’homme blanc : le racisme, principe consubstantiel du Maître blanc ? Il s’énerve contre son voisin noir ? « Comme avec mon père, chéri ! » lui répond son épouse. Aucune échappatoire possible.

Soutenu par son producteur Will Smith (noir), Labute (blanc) se régale, dans ces situations politiquement incorrectes où il excelle. Et si le thriller reste très classique, malgré la métaphore de L.A. en flammes, ce harcèlement vaut le détour.

*Labute n’a pas oublié son passage à l’église mormone : son méchant s’appelle Abel (un autre brother, plutôt victime), et son martyr… Chris.




dimanche 19 octobre 2008


Mensonges et Trahisons… Et Plus Si Affinités
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Ca date, mais je viens de le voir… Petit film sympathique, sans plus, sur un aquoiboniste, procrastinateur de première (Edouard Baer). Autant Baer est drôle à la télé quand il improvise, autant il peine à jouer. Surtout qu’en face, l’immense Cornillac, les excellentes Marie-José Croze et Alice Taglioni n’ont pas de mal à lui voler ses scènes, pourtant visiblement écrites pour lui. Ce qui donne des moments parfois excellents et drôles, parfois des scènes plus faiblardes. On aurait pu, comme d’habitude, aller plus loin, plus fort.




dimanche 19 octobre 2008


La Famille Suricate
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Erreur sur la marchandise, ce n’est pas un conte disneyien, c’est un documentaire produit par les frères Weinstein. Ne vous emballez pas, pas de gros gun ici, c’est de la BBC pur jus.

Bon. Malgré Guillaume Canet qui, à la voix off, s’ennuie à cent sous de l’heure (et nous avec), malgré le commentaire lénifiant (« Kolo a peur »… « La famille est en danger ») pontifiant (le méchant serpent contre le gentil suricate, comme s’ils ne partageaient pas la même sauvagerie), les éternels lieux communs (le réchauffement de la planète, l’Afrique où il ne pleut jamais), la musique pourrie (je croyais qu’il était mort, Johnny Clegg) eh bien les images sont splendides… Donc, emmenez vos enfants et votre iPod, mettez Berlioz ou Motörhead à fond, et regardez…




mardi 14 octobre 2008


Halte au marketing, on veut des scénarios !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Pour en finir avec ... -Séries TV ]

Ma copine Alex me disait hier qu’elle était passée devant l’affiche de La Loi et l’Ordre, avait hésité dix secondes, et passé son chemin. « Je savais à l’avance que c’était mauvais », conclut-elle. Venant de quelqu’un qui abandonnerait sans hésiter ses enfants si le Grand Al le lui demandait, cette remarque n’est pas innocente. Elle a du voir tous les De Niro et tous les Pacino, et l’idée de les voir à nouveau ensemble, je ne vous en parle même pas ! Pourquoi ne pas y aller, alors ? Tout simplement, parce que ce film pue le marketing ! Quel est le projet ? Où est le scénario ? N’a-t-on rien de mieux à proposer à ces deux montagnes qu’une énième cop story, peu crédible de surcroît, quand on connaît l’âge des capitaines ?

Non, le cinéma actuel meurt de cela : malade en fin de vie de la photocopieuse Pixar, des projets bodybuildés sans âme (Voyage au Centre de la Terre, Pirates des Caraïbes II et III, Star Wars I, II, III), des auteurs qui se répètent (Les Promesses de l’Ombre (Cronenberg), Noces Funèbres (Burton), des films prétentieux et pourtant intellectuellement peu épais (L’Illusionniste, La Nuit Nous Appartient, Gomorra)…

Quoi de commun à tous ces films ? Absence de scénario, absence d’écriture, absence de style…

Certes, nous sommes vieux, notre coeur est sec, nous avons vu trop de films, nous avons perdu notre âme d’enfant, nous avons la nostalgie mal placée… Mais pourtant ! Il y en a, du talent, à la télé ou même dans le jeu vidéo…

Lâchez les commandes, amis tâcherons d’Hollywood et d’ailleurs! Laissez travailler les professionnels, les vrais conteurs d’histoire ! Laissez Aaron Sorkin, David Simon, Marc Cherry faire les films qu’ils méritent et que nous méritons…

PS : Un ami commun, Guillaume, avait des places pour l’avant-première avec les deux géants. Tous les deux, sans s’être concertés, et pourtant fans transis, avions mieux à faire. Lassitude, snobisme ? Sûrement pas. Nous aimons trop ces deux-là derrière l’écran pour prendre le risque d’être déçu devant.




lundi 13 octobre 2008


The Wicker Man
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Neil Labute est un excellent dramaturge (Bash, The Mercy Seat, au théâtre), et un de ces cinéastes américains qui justifie la théorie, CineFastienne, d’un cinéma US proteiforme et non reductible aux seuls disneyeries.

Neil Labute est aussi un grand misogyne et ça donne souvent des chefs-d’oeuvre (Nurse Betty, Entre Amis et Voisins). Mais ca peut aussi donner des nanars, comme ce terrifiant Wicker Man, avec le pauvre Nicolas Cage, dont on se demande où pourra-t-il tomber plus bas.

The Wicker Man est un thriller, pas vraiment le genre de beauté de Monsieur Labute. Nick Cage est un flic, qui, suite à un accident qui le met en disponibilité, part enquêter sur la disparition de la fille de son ex. Celle-ci fait désormais partie d’une secte recluse sur une íle, entièrement féminine, et dédiée au culte de la fertilité (vu la moumoute Cagienne, on la comprend). Mais sur cette íle bien mystérieuse, rien n’est vraiment ce qu’il paraît être.

Honnêtement, la fin est pas mal, et dans les mains d’un technicien (Jon Avnet, Jon Turteltaub), c’aurait été un excellent film de genre. Mais là, on voit bien que tout le monde cachetonne, réalisateur compris.

On peut donc s’interroger sur l’intransigeant Neil Labute, qui sort également un thriller sur les écrans (Harcelés, avec Samuel L. Jackson) : vérification le week end prochain.




dimanche 12 octobre 2008


Le Premier Jour du Reste de ta Vie
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Ah, saloperie de mélo ! On se prépare pendant deux heures une critique CineFast aux petits oignons, sur les facilités scénaristiques du cinéma français, et ce petit salopard de Bezançon, dans les dix dernières minutes, il te choppe par les couilles, et il les lâche plus. Enfin, dans le mélo, on dit « Il te prend par les sentiments », mais c’est pareil, non ?

Le petit con a du lire John Ford, ou alors, il a eu le même prof de français que moi en 5° : « Ce qu’il ne faut pas rater dans un film (une dissertation), c’est l’introduction, et surtout la conclusion. C’est là que je mets tout mon pognon ». Il a bien fait, le petit Bezançon, d’écouter son prof de français, parce que le reste vaut juste la moyenne : tout est un peu lourdingue, démonstratif, utilitaire, bref : pubeux, dans Le Premier Jour du Reste de ta Vie.

Si un type se drogue, ben forcément il a des dreadlocks. Si on fume, ben on attrape le cancer, etc. Tout ça est un peu téléphoné, et il ne faut pas être grand devin pour prédire l’issue de chaque arc scénaristique. On voudrait pourtant un peu de surprise, et quand il y en a (l’accident), ben en fait non, ce n’est pas surprenant…

Mais là où le gars est fortiche, c’est dans le mélo. Bien sûr, le film est drôle, aussi, mais c’est dans le drame qu’il s’impose.

Et ça tombe bien, le mélo, le Professore est client : qu’on lui passe Le Patient Anglais, La Couleur Pourpre , ou Six Feet Under, le Professore chiale comme une madeleine. Alors si un film, c’est la vie qui passe, l’enfance, les parents, avoir des enfants, les voir grandir, c’est succès assuré et gros budget kleenex. Et c’est dans ces scènes-là, notamment à la fin, que le film prend son envol (un peu tardivement), mais qu’il se met à fonctionner.

Un film peut être un peu trop consensuel, mais à voir absolument.




jeudi 9 octobre 2008


Bobby
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

L’enfer est pavé de bonnes intentions, et Bobby en est la démonstration.

Bobby, c’est d’abord la réunion de tous les acteurs hystériquement démocrates d’Hollywood : Sharon Stone, Demi Moore, Martin Sheen, et Emilio Estevez, le fils de Martin Sheen, qui réalise. Objectif (louable) : réaliser un film choral sur ce 5 juin 68 où le Bob se fit descendre. « Où étiez vous ce jour-là ? » semble demander le film. Et d’aligner numéros d’acteurs sur numéros d’acteurs, ce qui fait le sel du film : Sharon Stone en coiffeuse trompée, Demi Moore en starlette alcoolique, Shia Lebeouf en drogué débutant, le tout étant censé fournir une fresque représentative des sixties.

Mais le film, justement, pêche par là ; trop lourdement démonstratif, trop appuyé, pas assez subtil sur le racisme, la libération sexuelle, le consumérisme.

Et aussi, a-t-on a rarement vu film aussi hagiographique sur son sujet, démontrant par là-même, l’espoir fantastique qu’avait suscité sa candidature, et la fascination tenace des américains pour la famille Kennedy, même 40 ans après. « Notre Famille Royale », disait fort justement Jamais Ellroy. Rien dans Bobby sur le côté obscur des Kennedy : les liens avec la mafia, le père nazi, les deux frères queutards, non, rien de rien : Saint Bobby meurt dans les bras de son épouse, comme le précise le très respectueux générique de fin, illustré de photos de la Sainte Famille. S’il n’était pas mort, il aurait évité le Vietnam, résolu les conflits raciaux et amélioré la situation économique, rien de moins…

Malheureusement, comme disait Kubrick, « la vie n’est pas comme dans les films de Frank Capra »…