jeudi 30 juin 2005


Lost
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Ainsi donc, nous voilà Lost… Perdus sur une île déserte, puisque c’est le bon vouloir de TF1. La 1ère chaîne s’est résignée à abandonner pour une fois Dolmen, Julie Lescaut et autre Zodiaque, pour acheter la plus grosse série américaine du moment.

Ca vaut le coup de s’y pencher, par passion sériesque d’abord, et puis dans une optique cinéma, car Lost invoque les mânes des grands anciens.

Pitchons : Des rescapés d’un accident d’avion se retrouvent perdus sur une île déserte. Il s’organisent pour survivre et chercher du secours. En explorant la jungle environnante, ils découvrent soudain de surprenantes créatures… Que s’est-il passé sur cette île ?

Ca commence comme Seul Au Monde, ça tourne à Jurassic Park, pour finir à la X-Files. Rien qu’avec ça, on vous offre des millions à Hollywood ! Voilà en tout cas qui donne envie d’y jeter un coup d’œil.

Néanmoins, le premier résultat est mitigé, et c’est l’objet de cette chronique : qu’est ce qui fait la différence entre un grand film, et un film moyen ? Alors que les sujets sont les mêmes ? Qu’il n’ya pas différence de moyens ? Qu’est-ce qui nous attire dans Lost, et qu’est-ce que qui nous repousse ? Comparons…

L’accident
Point de passage obligé du film catastrophe, il est traité foncièrement différemment dans Lost et dans son modèle supposé. Si ça ressemble à Seul au Monde, ce n’est pas Seul au Monde ! Là où Zemeckis met en place une formidable scène de crash au cœur de la nuit, à la limite du cinéma expérimental, avec une bonne minute d’écran noir traversé de bruits divers, Lost contourne l’accident sous forme de flash-backs, vécus différemment par chacun des protagonistes. Dans le traitement ça reste très soft : pas de cadavres gore, pas de sang, pas de membres découpés à droite à à gauche : on est clairement dans une fiction grand public, pour une heure de grande écoute.

Les personnages
On ne fait pas dans la dentelle et c’est très typé : le docteur « bonne conscience », le rocker « drôle mais attachant », l’héroïne « avec-un-passé-trouble », l’électronicien « irakien-mais-sympa-quand-même ».

Le casting
Il est à l’avenant : orientés top model, le héros est beau, l’héroïne est belle, et même après une chute de 20 000 pieds, une explosion, et une nuit dans la jungle, rien ne vient entamer le rouge à lèvres l’Oreal.

A contrario, c’est typiquement là où le génie des Spielberg-Zemeckis peut s’exercer. Sur la même situation, mais avec de formidables acteurs passe-murailles comme Tom Hanks, il y a ce supplément d’âme qui manque à Lost. Le héros de Seul au Monde est bien sûr un cliché. Mais Tom Hanks va créer une distance, une évolution du personnage, qui le grave dans nos mémoires. Dans Jurassic Park, Spielberg, a l’intelligence de confronter un couple falot (Sam Neill/Laura Dern) avec un sidekick de luxe en la personne de Jeff Goldblum*

Le scénario
C’est le point fort de Lost, et des séries en général. Tout d’abord, un enjeu formidable est posé : où sont-ils ? Vont-ils s’en tirer ? Quel spectateur de Cinefast peut résister à la tentation d’avoir une réponse à ces questions ?

Ensuite, les 48 personnages (héros, personnages secondaires, figurants) sont une mine d’intrigues secondaires : l’électronicien irakien-mais-sympa va-t-il s’entendre avec l’obèse dont le frère a fait la Guerre du Golfe ? Le jeune veuf noir va-t-il sauver la jeune japonaise soumise des griffes de son mari ? Qui est le mystérieux miraculé qui joue au backgammon ? etc. etc.

Outre le plaisir un peu régressif de déguster Lost comme une énième redif’ de Jurassic Park en avalant du pop corn, on peut donc de continuer de regarder… en attendant la suite.

* avec notamment sa fameuse réplique de Jurassic Park II, quand son ex. s’extasie devant les gentils dinosaures : « Oooh! Ahhh! That’s how it always starts. Then later there’s running, and screaming… »




mardi 28 juin 2005


Peter Jackson : le retour du ROI
posté par snake dans [ Les gens ]

Peter Jackson a porté plainte contre New Line Cinema, qui l’aurait escroqué de 100 millions de dollars. Sur un montant total de 4 milliards de dollars générés par la trilogie de l’Anneau, Jackson n’a touché que 200 millions de dollars. Or, il est censé toucher 20 % des revenus bruts, moins les taxes. C’est marrant comme ça ne me fait ni chaud ni froid…




jeudi 23 juin 2005


The Schisme
posté par FrameKeeper dans [ Les gens ]

Autant vous dire la vérité et agir dans la transparence… La Rédaction de CinéFirst est divisée, déchirée par des courants souterrains, quatre au moins, qui se disputent le leadership:

1- Tendance « Kubric-patient anglais » auto-écartelée entre Niestzsche et Jésus
2- Mouvement « Woddy Allen-Carpenter » désespéré depuis sa rupture avec le situationnisme
3- Club « Irmavep – Michel Vaillant » englué dans ses contradictions marxisto-freudiennes
4- Secte « Ozu-Fincher » enfermée dans ses certitudes girardiennes.

Ne vous étonnez pas donc des violents débats fratricides générés par chacune de nos prises de position successives, car jusqu’à présent chaque congrès trimestriel a permis de reconstituer l’Union Sacrée.. Tant que Libé-Rama et autre MGP (Masque-Goudron-Plume) seront diffusés, nous serons solidaires. Ciné First et vive la Critique Libre.. Never Give up, Never Surrender…

En attendant, quelques coups de griffe au Professeur Ludovico…

1) Jeunet est un chic type: c’est mal de se moquer de lui… d’accord ses voix off posent problème, son système narratif est archi-stylisé, ses personnages instrumentalisés… et alors ? Au moins il fait du cinéma.. du vrai, avec des images… des émotions… des trucs de ouf comme un dirigeable en feu dans un hôpital, un ricochet dans l’eau qui n’en finit pas, un nain de jardin interlope et cosmopolite, un panier de basket marqué à l’envers par une fille … et ce gant rouge, c’est une trouvaille ce gant rouge.. un peu Grand Meaulnes.. ouais des trucs de gosses… mais sans trucs de gosse.. que serait le cinéma…. ? Une immense dissertation toujours inachevée sur la difficulté de vivre en couple sans tromper sa femme ou être trompé par elle ? Un long plaidoyer pour les gens qui n’ont pas d’emploi ou qui ont perdu un enfant ? A Dieu ne plaise..
Donc j’ai infiniment plus de respect pour un Jeunet qui va passer une semaine minimum à régler un plan de 14 secondes sur un improbable champ de blé à la Van Goght, même si c’est bâteau et si ça fait fête foraine, que pour un constipé labellisé FEMIS qui va se torturer et torturer son chef-op nuits et jours pour trouver un moyen pour que bordel ça fasse crade un peu sur l’écran Chié Merde, on n’est pas chez Besson putain… Qu’il se rassure, a priori ça fera crade quoiqu’il fasse et ça lui permettra toujours de finir sa carrière chez Hamster Production..
Jeunet c’est bien, Jeunet c’est la France qui gagne, avec les Jaouaac, les Clavier et les Besson, on n’en a pas suffisamment pour en dire du mal.. Merde quoi..!
PS: un bémol toutefois M. Jeunet. Vous direz à votre scénariste qu’en 1914, jamais un Corse n’aurait dit qu’il n’était pas français et les statistiques de mortalité, très supérieures à la moyenne nationale, le prouvent sans possibilité de démenti. Sans rancune…

2) J’attends ta démonstration sur la première trilogie de Lucas de pied ferme… les épisodes 4 à 6 sont inattaquables, même celui avec les bisounours… c’est le seul cas dans l’histoire d’Hollywood, avec se7en, qui permette d’affirmer raisonnablement qu’un scénariste américain au moins a lu les annexes de la Bible.. ouais, tu sais, les évangiles…

3) D’accord Ridley Scott a un genoux à terre, Mac Tiernan n’est pas très vaillant, Beinex a été enlevé par des extra-terrestres, Annaud capturé par le Cirque Pinder… mais bon quand tu as fait Alien, Blade runner, Predator, Diva et la Guerre du feu, t’as quand même le droit d’aller te coucher sans recevoir des pierres.. D’ailleurs y’en a un qu’a bien pigé le truc et qui ne fait plus rien, c’est l’ami Cameron.. Je sais bien qu’il dirige activement l’association des film’s Director anti Petrol Hann mais bon .. it’s not a full time job…
Ceci dit tu as tout de même raison: un gros succès t’amène une carte blanche sur le projet suivant et avec une carte blanche, tout le monde se plante.. même Clavier.. même Serreau..
Bon quand est-ce qu’on écrit un hit, pour voir si on pourrait faire mieux après ?

Biz




jeudi 23 juin 2005


Jeunet : Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens -Pour en finir avec ... ]

Ce qui est bien avec Jeunet, c’est comme chez Mc Do, on sait à l’avance ce qu’on va manger. Au menu, des personnages sympas, style BD : le méchant boucher, les enfants perdus, le jeune amoureux transi, etc. Des belles images, avec plein de couleurs dedans… Des fantastiques mouvements de caméra (et tout ça sans payer plus cher qu’un film ouzbek en Super8 !). Jusque là, cette méthode a relativement bien collé au propos ludique de Jeunet : la farce cannibale (Delicatessen), le conte enfantin steampunk ( La Cité Des Enfants Perdus), la belle histoire d’amour (Amélie Poulain).

Mais voilà, Jean-Pierre vieillit, il pense avoir mûri et décide de se colleter aux Grands Sujets : avec Un Long Dimanche de Fiançailles, c’est la Grande Guerre. Sujet casse-gueule, car déjà filmé, et pas par des stagiaires de l’IDHEC : Les Sentiers de la Gloire, Les Croix De Bois. C’est aussi un sujet de littérature abondante, et un sujet très documenté.

Mais Jean-Pierre, il s’en fiche, lui il est contre la guerre (position courageuse) et puis il sait tout ça, les mutineries de 17, Pétain, les pauv’ gars envoyés à l’abattoir, etc. Il a lu un très beau livre là-dessus, signé Japrisot, et c’est parti mon kiki. En plus, ce livre, c’est un peu « Amélie Poulain Fait Le Chemin Des Dames », puisque l’équivalent littéraire du style de Jean-Pierre.

Alors on se lance, fort de son bon droit. Car Jean-Pierre, les années 10-20, il connaît ! Dans sa cave, il collectionne plein de vieux téléphones bizarres, des costumes d’époques, des trains électriques, sans parler d’une collection de cartes postales défiant toute concurrence. Alors autant que ça serve ! Car comme Ridley Scott, Jean-Pierre est un formidable décorateur. Il sait filmer les objets, leur texture : le vieux bois… la boue de la tranchée… le sang qui gicle… la belle mousse verte sur le calvaire breton… l’étron de l’âne corse… Tout fait vrai, tout sonne juste, sauf les sentiments…

A force de filmer des objets et de reconstituer le palais du Trocadéro en 3D, Jean-Pierre a oublié qu’il y a avait un truc, là, au premier plan, qu’on appelle des personnages. Aussi se contente-t-il de filmer des faciès, des expressions : la Colère, l’Indignation, le Désespoir, la Tristesse, illustrant ainsi l’évolution de son héroïne, et espérant retrouver ces émotions chez le spectateur.

Tout ça a peu d’importance puisque de toutes façons, ces « personnages » ne sont là que pour permettre à l’histoire d’avancer, et cette histoire, elle est déjà torpillée dès le début : Mathilde doit retrouver l’amour de sa vie. Pourtant, le jeune Manech est officiellement mort. (Pas d’inquiétude, cher spectateur, on ne craint pas une seconde : a) qu’elle ne le retrouve pas, b) qu’il soit mort).

La question donc se pose ainsi : Pourquoi l’amoureux de Mathilde ne serait pas mort ? La réponse étant : « ON S’EN FOUT ! » Une réponse qui n’est pas de moi, mais d’Alfred Hitchcock, un obscur cinéaste londonien. Lequel ayant théorisé en son temps (dans les années 20, justement), que le spectateur se fout du pourquoi, mais qu’il préfère s’identifier aux personnages, même dans des situations rocambolesques. « la question, disait-il en substance, n’est pas de savoir pourquoi bon dieu ces gens ne vont pas prévenir la police ? ? ? Mais plutôt, comment faire pour le spectateur soit avec Jimmy Stewart, qu’il vibre avec lui, qu’il s’inquiète pour lui ? »

Mathilde va-t-elle réussir à la retrouver ? On s’en fiche pour deux raisons. D’abord parce qu’il est difficile de vibrer avec un faciès. Audrey Tautou est belle, mignonne, attendrissante. Mais on ne sait rien d’elle. Il faudrait un vrai personnage, pour qu’on s’identifie un peu. Ensuite, on n’est pas très inquiet, parce qu’elle n’a pas beaucoup d’opposition, la Mathilde ! Elle reçoit des courriers, en envoie, prend le train, visite les halles, visite l’Opéra, etc. Mais aucune force du Destin, aucun opposant ne risque d’empêcher la vérité d’éclater…

Bon vous me direz, c’est pas Usual Suspects non plus. Mais dans le mélo, il y a aussi besoin d’opposition : le sens moral de Meryl Streep dans La Route de Madison par exemple, ou la pression sociale sur Richard Gere dans Pretty Woman.

C’est peut-être un film de guerre, après tout ? C’est là que sa se gâte. Ca aurait pu être un film de guerre. Ou un film contre la guerre. Tout occupé qu’il est à sa reconstitution (pas un bouton de guêtre, pas une tache de boue qui manque), Jean-Pierre fait de l’histoire avec un petit h et des stéréotypes à majuscule partout : les Généraux Incompétents, les Courageux Soldats Insoumis, le Boche Qu’est Comme Nous, etc. De sa collection, Jean-Pierre nous ressort un vieux livre des années 30 : « La Grande Guerre Expliquée aux Enfants » : il était une fois, un guerre voulue par de méchants généraux, faite par de pauvres bougres qui n’aspiraient qu’à boire de la bière et courir la gueuse ou faire partie du mouvement ouvrier, et qu’on a envoyé, comme ça, lâchement, à l’abattoir. Sur place, ne voyant pas d’issue, ils décident de se mutiler pour éviter les tranchées, mais de méchants généraux (je vous aide, ça commence par un P.) les condamnent odieusement au peloton d’exécution.

Je me permets de fournir quelques fiches de lecture pour le petit Jean-Pierre, afin de l’aider à approfondir la question :

  • « Si c’était si chiant à faire, la guerre, on trouverait pas autant de mecs pour la faire. » (Francis Ford Coppola). Relire à ce sujet Orages D’acier, Voyage Au Bout De La Nuit, Les Croix De Bois, La Peur, Ceux de 14… Plein de gens sont partis avec l’envie de tuer du boche, avec un réel sentiment nationaliste, et le plaisir animal de se battre.
  • « On ne fait pas la guerre (ni du cinéma) avec de bons sentiments » : Pétain a condamné pour l’exemple des mutins, souvent innocents. Mais en même temps, il a amélioré l’ordinaire du soldat, organisé les relèves automatiques sur le front, et très probablement gagné la guerre.
  • « La guerre est une chose trop sérieuse pour être confié à des réalisateurs de clip » (Clémenceau, de mémoire)

Car le problème fondamental de Jeunet est là, il est dans tous ses films et il est particulièrement criant sur un sujet sérieux. La guerre a beau le dégoûter le Jean-Pierre, il aime quand même drôlement bien la filmer. Y’a pas à dire, une explosion ; c’est beau, ça fait un beau son THX. Les tranchées, c’est idéal pour faire des travellings arrières et de zolis effets de Louma.

Mais une fois de plus, à quoi ça sert ? Avoir des moyens et les utiliser, ce n’est pas la même chose ! Un cinéaste, c’est un œil qui regarde, qui décide, parce qu’avant tout un cinéaste c’est un conteur : il maîtrise ses effets. JP Jeunet, c’est un chef-op. Il faut que le conteur lui dise où filmer, sinon il filme tout ce qui lui plait. Et comme il a un super jouet dans les mains (la Warner, le plus gros budget de l’histoire du cinéma français), il s’en sert : travellings, Louma, 3D, tout y passe, même si ça n’apporte rien à son histoire.

Deux exemples comparatifs :

  1. le plan séquence : dans tous les cas de figure un plan-séquence est très dur et coûteux à réaliser : c’est une performance. Dans Un Long Dimanche, JPJ en réalise un très beau dans les Halles de Paris. Pour quoi faire ? à la fin, Audrey Tautou rencontre Jodie Foster. Qu’a-t-on appris qu’on n’aurait pas appris d’un banal gros plan ? Rien. Aux Halles, en 1920, y’a de la viande et des choux fleurs.

    Dans Les Affranchis, un plan séquence suit Ray Liotta à l’intérieur d’une boîte de nuit. Il évite la file d’attente, et sans payer, se retrouve au premier rang, ce qui lui permet d’éblouir Lorraine Bracco. En un plan, on a compris : Ray Liotta connaît du monde, il connaît tout le monde, et on ne peut plus rien lui refuser. Ce plan clôture la première partie : il est devenu un wise guy.

  2. Plans aériens. Dans le film de Jeunet, toutes les 30 secondes, la caméra survole les tranchées, virevolte entre les crucifix et les cadavres. Le premier est superbe : on découvre en un plan l’horreur de 14, la boue, le sang, la mort. Mais au troisième on a compris et ça commence à fatiguer.

    Dans Titanic, Cameron fait la même chose : il filme de manière virtuose le bateau, la caméra tourne autour de cet indestructible oiseau des mers. Au milieu du film, au contraire, c’est un plan fixe, filmé de très loin, qui vient rappeler la fragilité du Titanic au milieu de l’immensité glacée. Et une fois coulé, la caméra de Cameron ne virevolte plus. Elle est fixe, dans l’eau, au milieu des naufragés : nous sommes avec eux. Pas de fioritures : ces gens sont en train de mourir. Le héros nous dit adieu. Cameron a les moyens de faire mieux, de faire plus. Il décide de ne pas le faire. Car il sait, parce que c’est un grand conteur, qu’il doit ménager ses effets.

A ce moment-là, Monsieur Jeunet, derrière l’extrême économie de moyens, il n’y a plus que l’émotion.




jeudi 23 juin 2005


La Valse à Trois Temps
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Vous faites (probablement) partie comme moi des quelques lecteurs de Libération, journal dont le tirage est inférieur au Télégramme de Brest, mais, pour ce qui nous occupe, bien plus influent que son collègue breton. Vous lisez, avec un plaisir certain, la critique cinéma dudit quotidien, dont vous avez parfois du mal à suivre la politique rédactionnelle. Ca tombe bien : cette chronique est faite pour vous.

Rappelons le contexte : le lecteur de Libé :

  • lit Le Parisien en cachette (c’est simple à lire, et souvent instructif)
  • n’a pas le Droit Moral de lire Le Figaro
  • n’a pas besoin de lire Le Monde (pas assez branché et, dans le fond, trop long à lire et écrit trop petit de toutes façons)
  • achète Télérama (le journal des gens qui disent qu’ils ne regardent pas la télé)

Conscient des attentes de la cible, les critiques de Libé appliquent, peut-être à leur insu, une politique maison vieille comme la veste à velours côtelée de Serge July. Nom de code : la Valse à Trois Temps. Cette politique est basée sur un constat marketing simple. Le lecteur de Libé veut se distinguer. Il achète Libé pour se donner un genre, pour dire les choses simplement. En conséquence, la critique cinéma de Libé doit refléter cette vision décalée du monde, et propose des chroniques souvent rigolotes mais au goût extrêmement changeant. Le but n’est pas d’avoir un avis, mais bien d’être à l’avant-garde du troupeau. C’est là qu’intervient la Valse à Trois Temps.

1er Temps : Etre A L’avant-Garde
Facile. L’Officiel des Spectacles regorge de chefs d’œuvre improbables, de provenances exotiques. Suffit de piocher. Plus le nom du pays est imprononçable, meilleur est le film : Libé nous déniche donc, avec une rare régularité, des Ozu iraniens, des Kubrick ouzbeks, et des Woody Allen finlandais. Un film américain ou espagnol équivalent ne recueillerait que du mépris. Peu importe, cela permet une posture avantageuse : « Je vous ai découvert une petite merveille au Festival d’Amiens ». Par définition, aucun cinéphile moyen n’a la possibilité d’en faire autant.
Autre source intarissable : le cinéma américain indépendant. Exemple type : Hal Hartley*. Si Libé le découvre en premier, ce garçon a toutes les chances d’avoir une double page dans l’édition de mercredi.**

2ème temps : La Confirmation
Difficile. Le public, docile, va voir la petite merveille. Contrit, il se dit que décidément, s’il y a un deuxième film, ça doit être bon. Il s’y rend donc comme un seul homme. Exercice casse-gueule pour le Critique-de-Libé. En dire du bien, ce n’est plus être à l’avant garde (puisque Le Figaro doit en dire du bien, logiquement). En dire du mal est risqué… Le Critique-de-Libé fait souvent dans l’autosatisfaction lors du 2ème Temps de la Valse : « ON VOUS L’AVAIT BIEN DIT : Hal Hartley Abbas Kiarostami Aki Kaurismaki (rayez la mention inutile) est bien le Woody Allen de sa génération… »

3ème temps : Le Reniement
Assez facile. Avec un peu de chance, notre poète finlandais est devenu célèbre, il a peut-être gagné une Palme dans les Alpes-Maritimes, ou une page dans Le Monde. Il est temps pour le Critique-de-Libé de passer en DefCon One. L’heure du massacre a sonné : le poète finlandais s’est fourvoyé, le talent a disparu, le cinéma iranien est « surfait », etc. Dans ces moments-là, le ridicule ne tue pas. A titre d’exemple, Libé avait consacré trois pages au chef-d’œuvre « Susie et les Baker Boys » à sa sortie. Trois ans plus tard, lors de son passage sur les chaînes hertziennes, le critique écrivait sans rire : « à l’époque, nous ne nous étions pas gênés pour dire les faiblesses de ce petit film sympathique ».

Un conclusion s’impose : au lieu de transformer votre quotidien favori en litière pour chat, je ne saurais trop vous conseiller d’archiver soigneusement la critique cinéma. Je vous garantis, rétrospectivement, quelques moments de franche rigolade…

*que j’aime beaucoup, par ailleurs

** dans le même souci de snobisme, Télérama et le Canard Enchaîné, sont très bien placés. Quelques exemples, tirés de ma collection personnelle :
– Le Canard conseillait d’aller voir Rocky IV (et avait démoli Les Aventuriers de l’Arche Perdue)
– Le même Canard a démoli Vanilla Sky, « un film bavard, délayé » lui préférant le « rigoureux (sic)» Ouvre les yeux. Le film américain était peut être une copie éhontée, il améliorait le scénario lourdingue de son modèle espagnol.
– Télérama, qui grâce à sa fabuleuse politique centriste du « Pour-Contre », a botté depuis longtemps le débat en touche




jeudi 23 juin 2005


Ridley Scott, ou le Cinéma de Décorateur
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens -Pour en finir avec ... ]

Ô amours défuntes ! Ô doux oiseaux de jeunesse ! Il fut un temps, pré-matrixien, où l’on ne pouvait vivre sans Ridley Scott. Un temps où les films de SF se comptait sur les doigts d’une main… Ridley fut notre seul prophète, notre espoir, le temps de deux films … Il joua si bien son coup que l’hypothèque, chez les quadras de ma génération, ne se lève que maintenant, après une bonne dizaine de déceptions.

Je ne vais pas vous la faire : pour moi, l’affaire était entendue depuis longtemps. Depuis 1987, pour être précis, le jour où notre barbu quitta la Kubrick League pour rejoindre la 2ème Division John Badham, celle des gentils faiseurs d’Hollywood. Ce jour-là s’appelle Someone to Watch Over Me, un polar poussif qui révéla au grand jour l’incompétence crasse de Ridley, et sa spécialisation désormais certaine dans ce que j’appellerai le film de Décorateur.

Qu’est-ce qu’un film de décorateur ? Il y a des films de réalisateur (c’est à dire qu’on s’y préoccupe surtout de travelling et de cadrage) et les films de décorateur, où, en plus, on s’occupe de faire beau : beau travelling, beau cadrage, mais aussi beau décor et beau costume. Comme par hasard, ça vient souvent de la pub : Russel Mulcahy, Jean-Jacques Beineix, Tony Scott.

Ridley Scott est un ancien publicitaire ; il sait l’importance du réalisme dans le décor, dans les costumes. Ce réalisme permet au spectateur une plus grande identification à l’univers du produit. Mais Ridley ignore l’importance d’un bon scénario, d’une bonne direction d’acteur et surtout, d’une véritable histoire à raconter. Il est d’ailleurs intéressant de comparer la carrières des frères Scott. Tous deux publicitaires, tout deux réalisateurs « décorateurs »… Pourtant, Tony a fini par surpasser Ridley. Car Ridley s’y croit, quand Tony admet n’être que l’employé de producteurs talentueux (Simpson/Bruckheimer, pour ne pas les nommer).

C’est là que le bât blesse. Ridley a la grosse tête. Brillamment entouré au début de sa carrière, piloté par des scénaristes/producteurs sérieux, c’est bien ce qui manque aujourd’hui. Mais reprenons depuis le début…

Ce fut le temps de deux chefs d’œuvre, évidemment : Alien et Blade Runner. (Les magnanimes ajouteront Duellistes). Deux œuvres séminales et fondatrices. Alien fut pour tous un choc, la traduction de visions entrevues dans la littérature SF : nos cauchemars d’un futur sordide et mercantile se concrétisaient enfin. Quelqu’un voyait comme nous !

A l’époque, le cinéma n’offrait que du space opera ridicule, en jupettes de cuir, tuniques blanches et sabres laser (je ferais un jour un sort à la prétendue « œuvre » de Georges Lucas). Il y avait aussi quelques films sombres (L’Age de Cristal, La Planète des Singes…), mais la déco faisait tellement défaut (et coûtait tellement cher) que ces films, à la revoyure, font encore rire aujourd’hui…

Quand Alien vint, on sut que plus rien ne serait pareil. L’espace n’était plus un lieu d’aventures extraordinaires dans des vaisseaux rutilants mais bien le reflet punk de notre époque. Les cargo spatiaux étaient sales, pleins de cambouis. Le motivations : sordides et mercantiles. La sexualité : refoulée et triste*.

Blade Runner fut une suite logique au formidable succès commercial d’Alien. Ridley Scott adapta dans son univers le roman de Philip K. Dick, transformant une Californie désertifiée en Los Angeles sous une pluie éternelle, en dé-castant Harrison Ford en anti-héros mature, et surtout en créant cet univers urbain encore pillé, vingt ans après, par la plus minable des séries B de M6. Personne, dans le milieu du cinéma, n’est sorti intact de Blade Runner, malgré son échec commercial**.

Legend annonça le déclin du cinéma scottien. Les images étaient toujours aussi belles (peut-être les plus belles qu’il ait tournées). Mais il n’y avait plus de scénario, plus de producteur, derrière les enluminures.

Pas une seconde, Ridley Scott ne se préoccupe de son histoire, tellement basique qu’elle en devient ridicule. Il passe visiblement peu de temps avec ses acteurs, et leurs personnages sont vides. Par contre, on l’imagine en studio, en train de reconstituer cette forêt magnifique, de choisir avec amour chaque pierre, chaque fougère… imitant en cela un certain… Stanley Kubrick. A Hollywood tout le monde respecte, envie et veut devenir Kubrick. Sa filmographie exceptionnelle, sa capacité unique à obtenir le final cut, le réalisme de ses productions : décors, costumes, accessoires… Je sens un frémissement dans l’assistance… Kubrick ferait-il partie de cette infâme caste des « décorateurs » ? Erreur, cher public, mais rassurez vous, vous n’êtes pas seuls…

Ils sont nombreux à avoir compris de travers les enseignements de Maître Stanley. Kubrick était mégalo, frustré, maniaco-dépressif : il se préoccupait de tout ! Bien sûr, il voulait savoir quel type de brosse à dent pouvait utiliser Barry Lindon, ou connaître le nombre exact de millimètres carrés des pubs pour Full Metal Jacket dans la presse thaïlandaise… Il voulait tout contrôler, et c’est pour ça qu’il a fait peu de films. Mais tout contrôler, c’est aussi polir pendant des années son scénario, ou tourner pendant un an avec Cruise/ Kidman pour Eyes Wide Shut. Et recommencer tant que ce n’est pas bon… Le scénario, les acteurs, ce ne sont pas des détails…

Après Legend, le cas Ridley ne fit que décliner. De succès en échec, rien n’y change : films de décorateur à succès, comme Gladiator, ou des films de décorateur à échec, comme Legend ou 1492. A chaque fois perce pourtant son unique motivation : l’envie de reconstituer, avec un talent certain, un univers qui le fascine : les appartements yuppies new-yorkais de Someone to Watch Over Me, le japon yakusa de Black Rain, l’Espagne de 1492, la Rome antique de Gladiator, et ce, jusqu’à la dernière fibule de centurion romain.

A chaque fois, ses projets sont très excitants sur le papier, il propose de véritables challenges au spectateur. On l’imagine aussi excellent pitcher à Hollywood, capable de vendre un projet clefs en mains : Depardieu en Colomb, Demi Moore rasée, etc. Des films qu’on a instantanément envie de voir. Mais une fois dans la salle, c’est une autre affaire…

Il reste le plus bel enlumineur du cinéma américain. C’est là sa constance, c’est là son honneur… Il fait partie de la longue liste des réalisateurs en qui nous avons espéré, le temps d’un ou plusieurs films. Tels des étoiles filantes, ils nous abasourdissent de leur chef d’œuvre instantané. Epoustouflé par tant de génie, nous ne savons pas entrevoir derrière eux le producteur discret ou le scénariste talentueux. Puis un jour, ce complice disparaît, et notre jeune espoir révèle sa vrai nature de tâcheron de seconde zone : j’aimerais citer Bryan Singer, George Lucas, Jean-Jacques Annaud, Ang Lee, Jean-Jacques Beineix***…

A l’instar de Ridley Scott, ils offrent souvent du régal pour les yeux, mais nos cœurs affamés d’un peu d’humanité restent sec…

P.S. J’ai volontairement laissé de côté Thelma et Louise, un film tellement stupide, abject et démago, qu’il mérite une critique à part entière.


*Alien, le plus grand porno de l’histoire du cinéma, transpercé -si j’ose dire- de pénétrations en tout genre, fellations, viols et orgasmes divers

**Avec, 10 ans après, le plus beau Director’s cut de l’histoire du cinéma : Comment, en UN SEUL PLAN, changer l’intégralité d’un film ? Je rappelle le principe. La version 1982 était ambiguë, on ne savait pas si Deckard était un flic ou un répliquant … Un plan inexpliqué montre un flic laisser un origami de licorne dans la chambre de Deckard. Dans son Director’s cut de 1992, Ridley Scott rajoute un rêve de Deckard : une licorne qui gambade dans la forêt. La boucle est bouclée : si le flic connaît les rêves de Deckard, c’est donc un répliquant. CQFD.)

***Message personnel à l’attention du Frame Keeper : j’ai longtemps intégré David Fincher à cette liste peu recommandable. Puis un soir de 2003, vers 3 heures du matin, lors d’un comité Cinefast, la lumière vint. David F. était bien un cinéaste chrétien, et ses films avait du sens. Une œuvre était en cours… To be continued.




jeudi 23 juin 2005


Armageddon, ou le goût de l’Amérique
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

En guise d’apéritif, je vous propose un film que j’ai détesté, et qui pourtant me fascine à plus d’un titre : Armageddon, de Michael Bay, produit par Jerry Bruckheimer*

Rappelons, l’argument – très classique – d’Armageddon. Un météore menace la terre. Une équipe d’ouvriers américains est désignée comme doublons des astronautes de la NASA pour planter sur sa surface une bombe atomique, qui, en explosant, sauvera la planète. Outre le titre biblique, et la fascination américaine pour l’ancien Testament. (NDLR : Le Frame Keeper devrait nous proposer une chronique sur le sujet, c’est dans son domaine de compétence), Armageddon est un véritable condensé de la psyché Américaine.

Tout d’abord, par l’intention. Dans l’excellent ouvrage consacré à Don Simpson, High Concept, Jerry Bruckheimer affirme que « le sujet de ses films doit tenir sur le dos d’une pochette d’allumettes », et qu’il ne fait pas de film pour la critique ou le spectateur new-yorkais, mais bien « pour les gars de l’Oklahoma » On y reviendra.

Commençons par les héros du film, véritables Village People d’une l’Amérique telle qu’elle se fantasme… Bruce Willis est foreur sur une plate forme pétrolière. Un chef, certes, mais avant tout un ouvrier autodidacte. Resté fidèle à des valeurs pragmatiques et efficaces, il met la main à la pâte… et ses réactions sont basiques : il protége la virginité de sa fille au fusil de chasse, à tirer sur des militants de Greenpeace à coup de balles de golf, et dit tout haut ce que le peuple pense de la NASA et du gouvernement. Il y aussi un lonesome cow boy, joué par Will Patton, poursuivi symboliquement par des voitures gyropharées tandis qu’il s’enfuit à cheval dans le soleil couchant… Il y a la touche transgressive et paillarde : Steve Buscemi, qui est moche et qui aime baiser… ce qu’est l’américain moyen, non ? Et il y a Liv Tyler, la beauté du Sud, pure et authentique, qui attend son Ben Affleck au cœur pur qui veut l’épouser dans les formes, malgré son Bruce Willis de père…

Nos héros s’opposent à l’Empire du Mal. Ce n’est pas Ben Laden, ce ne sont pas les russes, (on y reviendra, encore)… c’est la Tentaculaire Administration Américaine, représenté par la NASA. Dans la mentalité US, l’Etat a tout faux. L’Etat coûte, et ne sert à rien. L’Etat complote contre nous (X-Files), l’Etat est un incapable. Tout cela se retrouve dans Armageddon, symbolisé par les astronautes officiels : des ingénieurs sans âme, sans couilles, volontairement sous-castés par Bruckheimer. Pas la moindre tête connue : ça n’a pas d’importance, ces types-là sont des nuls… Sauf leur chef, Billy Bob Thornton, une gueule, comme par hasard, qui comprend nos héros, et serait bien à leur place s’il pouvait. Un accident l’a laissé boiteux, mais il est avec eux, avec le cœur, tout au moins. D’ailleurs, que demandent ces outcasts, ces real McCoy**, comme récompense ? Des femmes ? De l’alcool ? De l’argent ? Que nenni. Leur seul souhait : ne plus jamais payer d’impôts, ne plus jamais rien devoir à cette Washington honnie…

Armageddon, leçon de géographie simplifiée
Le film est aussi une formidable synthèse de la vision du monde vu, encore une fois, de l’Oklahoma ; un petit traité de géopolitique à lui tout seul. Dans le film on ne verra que des skylines*** reconnaissables de tous. Aux Etats-Unis, trois paysages sont représenté : Los Angeles, New York et un village du cœur de l’Amérique, du Heartland originel, l’Oklahoma, encore.

Los Angeles et San Francisco sont détruites. Ainsi va le sort de Sodome et Gomorrhe… Pour le cœur de l’Amérique, la Californie, c’est l’empire du vice, de l’homosexualité , de la drogue, de la confusion sociale.

New York, symbolisé par un jeune coursier noir qui fait la folle, ne va guère mieux. Normal , c’est une ville de pédés, de mixité raciale, d’exubérance trash. Les météores tombent partout, détruisent les buildings, mais pas sur notre coursier… on ne tue pas le bouffon, on lui fait peur. (au passage, les météores détruisent aussi la concurrence, sous la forme d’une poupée Godzilla).

New York fait partie aussi d’une phobie, qui méritera probablement aussi une autre chronique. Cette phobie, c’est l’Est du pays. L’Est, c’est ce pays étrange où se prennent les décisions, le plus souvent contre l’Amérique d’En Bas… Le pays des avocats, des politicards de Washington, de Wall Street ; leur Bruxelles à eux. En plus, l’Est représente le passé honni de l’Amérique : l’Angleterre, la culture du vieux monde. Boston, Philadelphie peuvent être détruites. Aucun météore ne tombera dans le Heartland paradisiaque du film, filmé au ralenti entre vieilles voitures nostalgiques des années 50, entourées de gamins portant des drapeaux américains…

Il en va de même pour le reste du monde. Que connaît notre Oklahomien ? La France, bien sûr ! Paris ! La capitale est à moitié détruite dans Armageddon, mais le pays, courageux, patriote, se relève : tout le monde a un béret, porte une baguette et des drapeaux, roule en 2 CV, et on voit le Mont Saint-Michel, au loin…

L’Oklahomien sait aussi que l’Asie existe, et c’est un continent mystérieux : on le représentera de nuit, car là-bas, il fait toujours nuit. Bientôt, ce peuple s’éveillera, mais pour le moment il vit sur des jonques, dans une baie indéterminée : Hong Kong ? Shanghai ? Autour d’une misérable bougie, il écoute religieusement le discours du président américain… Comme dans Independance Day, où il faisait jour dans le monde entier, quand le président prononçait son discours…

Et puis il y a la Russie … Depuis la Chute du Mur, les américains ne peuvent taire plus longtemps leur authentique amour des russes. Car dans le fond, qu’est ce qui ressemble plus à un russe qu’un américain ? Même culture pionnière, même mythologie de conquête et de valorisation du territoire, même esprit fermier. Comme par évidence, il y a un véritable héros russe dans Armageddon. Joué par le suédois Stellan Skarsgard, l’astronaute russe est sympathique. Rien à voir avec les gars de la NASA ! C’est d’ailleurs le négatif (ou plutôt le positif) des astronautes. Il n’a pas d’argent, ils en ont trop. Il se débrouille, ils sont incompétents. Il est solidaire de nos héros, la NASA les bat froid. Une anecdote révélatrice éclairera mon propos : malgré les milliards de dollars dépensés, les astronautes de la NASA sont incapable de réparer l’électronique de bord. Le russe palliera à l’insuffisance américaine, avec le pragmatisme typique du film d’action : un bon coup de pied dans le bordel ! Il aura cette phrase définitive : « American components ? Russian components ? All made in Taiwan ! »
Taiwan… Voilà donc où étaient nos pagodes…

Un final biblique
Une fois sur l’astéroïde nos héros vont passer d’épreuves en épreuves, comme les 7 Cercles de l’Enfer de la Divine Comédie. On croit que Ben affleck est mort, mais non, il fait du Monster Truck sur l’astéroïde. Les trépans cassent, la NASA trahit les siens en voulant déclencher à distance la bombe atomique, des gens meurent, et surtout on invoque Dieu à chaque ligne de dialogue : « Que Dieu le prennent avec lui » ? « Amen ! » « Que Dieu me file un coup de main – ça tombe bien, tu es près de chez lui ! »

Derrière ce déluge d’épreuves vient le véritable sacrifice, œdipien celui-là. Bruce Willis se sacrifie pour que Ben Affleck vive et le remplace auprès de sa fille. Non pas pour la baiser, l’aimer ou lui faire des enfants, mais pour « s’occuper d’elle ».

Après la destruction de l’astéroïde et le retour des gentils, la morale sera sauve, se concluant par un navrant étalage de valeurs positives : le mariage, la réconciliation du couple de Will Patton, et le retour sur le droit chemin de Steve Buscemi, qui passe de baiseur de putes à futur père de famille « je veux avoir des enfants ».

* Vous l’apprendrez à vos dépens : pour le Professor Ludovico, l’auteur d’un film américain, c’est le Producteur.
** les vrais de vrais
*** la silhouette reconnaissable d’une ville américaine, au soleil couchant.




jeudi 23 juin 2005


Who is the best living film’s Director ?
posté par FrameKeeper dans [ Les gens ]

Réponse évidente: David FINCHER

Palmarès :  » Alien 3, Seven, The Game, Fight club + Panic Room » 5 films = 5 chefs- d’œuvres ?

Mais au fait, comment peut-on avoir réalisé 5 films apparemment de pure commande, sauf peut-être Fight Club, et néanmoins être ainsi titulaire d’une œuvre (appelons un tigre un tigre) dont la cohérence donne littéralement le vertige ?

A ce stade de l’exposé quand il est oral, généralement un de vos amis vous interrompt et vous dit

a) Ouais mais non pas The Game, la fin est vraiment trop catho ,
b) Ouais mais non, la fin de fight club, c’est vraiment débile, on n’y croit pas une seconde
c) Ouais mais non, Se7en c’est vraiment trop complaisant
d) Heu Alien 3, t’es sur que c’est de lui ?
e) Panic room, je l’ai revu l’autre jour à la télé, aucun intérêt,

Ok Guys, on se fixe un RV chez moi, je loue tout ça, on se les passe en boucle et on discute….

CinéFirst ne reculant devant aucun sacrifice a tenté l’expérience et dans mon souvenir, mais je suis partial, après trois films et quelques extraits, certes tout le monde était crevé mais plus personne ne mouftait… et la proposition « FINCHER est un génie » sans nécessairement provoquer une adhésion immédiate n’amènait plus ce sourire amusé et interrogateur si souvent affiché sur le visage des mes interlocuteurs.

Alors je repose la question : quel autre candidat au titre envié et enviable de « Best living film Director ? »

En attendant la réponse et d’éventuels contradicteurs … un petit jeu à vous proposer..

Prenez le DVD de Se7en, calez-vous sur la scène quasi-finale de la voiture pie où Morgan et Bratt emmènent John Doo vers le lieu du dénouement … Pour les besoins de la cause, imaginez un instant qu’ils ne discutent pas des crimes commis mais du film Se7en et des critiques suscitées..

Vous y êtes…. ? Alors ? Amazing isn’t it ?

Biz




jeudi 23 juin 2005


Actu au 23 juin 2005
posté par FrameKeeper dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Choses vues:

Sahara: vous n’êtes pas obligé d’y aller. C’est gentil tout plein avec des acteurs et actrices sympas comme tout mais c’est vraiment faible… remarquez ça permet de prendre conscience que « Benjamin Gates et le Trésor de Templiers » était réellement très réussi

Sin City: c’est vraiment bien, bon c’est un peu un film à sketch et celui de Tarantino n’est pas le meilleur mais c’est plus que sympa à regarder. Au surplus c’est une vraie rédemption pour Mickey et une belle reconversion pour Bruce..

L’interprète: Sydney a perdu la main.. je sais les 3 jours du CONDOR c’était bien.. mais là c’est beaucoup moins bien.. Sean Penn est très beau, Nicole est très liftée ou très jeune, l’ONU c’est beau et c’est vachement utile.. L’Afrique, c’est vraiment pas facile.. à part ça, les flic New-yorkais font encore des filatures et des planques…. Pas très rassurant pour la Sky Line.

BatMan Begins: le meilleur de la série, tant pis pour Tim mais Christian Bale est The interprète of Bat Man, de loin et les scénaristes ont vraiment bien bossé sur l’origine de ses pouvoirs, qui pour moi a toujours été le point faible de Bat Wayne. Non sincèrement « the American really did a good job.. » et puis bon avec Rutger HAUER, Michaël CAINE et Morgan FREEMAN, difficile de se planter… quoique .. ça c’est déjà vu.. (the Score par exemple)

Voilà Bonne fête du Cinéma

Biz..




mercredi 22 juin 2005


Pourquoi ?
posté par snake dans [ Les gens ]

© Warner Bros. France

  • Pourquoi Christian Clavier s’est-il ramassé avec L’Antidote ?
  • Pourquoi Christian Clavier ne jouera-t-il pas dans le prochain Astérix ?
  • Pourquoi Christian Clavier est-il plus drôle que Napoléon mais moins drôle que Jean Reno ?
  • Pourquoi Christian Clavier ?

Y aurait-il une association des gens que Christian Clavier ne fait ni rire, ni pleurer ?