jeudi 30 avril 2009


Ca c’est une bonne question !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Pascal Thomas, que – c’est le moins qu’on puisse dire – ne boxe pas dans la même catégorie que Kubrick, Spielberg, ou Ozu, a fait néanmoins des déclarations fracassantes dans Le Devoir, un journal québécois.

Il y fustige le cinéma français, toujours à la course aux subventions (« Depuis dix ou quinze ans, le cinéma français décline. Avec des gens couchés dans l’attente de la subvention » : 1 point), incapable de peaufiner ses films (« Aujourd’hui, les films soignés se cherchent » : 2 points) et s’interroge sur le Festival des Alpes Maritimes (« Primer trois fois les films des frères Dardenne, c’est pas normal ! » : partie gratuite + Extra-balle)

On se pose les mêmes questions, mon cher Pascal.




jeudi 30 avril 2009


Le Seigneur des Anneaux
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -Pour en finir avec ... ]

Il y a un âge pour tout, et 7 ans, c’est l’âge pour mon fils de voir Le Seigneur des Anneaux.

Est-ce bien nécessaire, après tout ? C’est la question des pères quadra, qui ont lu le livre, attendu le film pendant vingt ans, et qui voient leurs enfants inondés de culture fantasy sans en avoir lu une ligne.

Mon fils joue déjà à des jeux de société Seigneur des Anneaux, il sait ce qu’est un orque, qu’il y existe deux Gandalf, le Gris et le Blanc, et qu’il suffit d’un anneau pour les gouverner tous. Qu’est-ce que je peux lui apprendre encore ?

Plein de choses en fait, puisqu’après avoir vu le Seigneur des Anneaux, mon fils dit préférer Tolkien à Lucas : « Dans Star Wars, y’a quand même moins de trucs ! » Brave petit !

L’occasion était donc belle de revoir, en version longue, le Peter Jackson (pour la troisième fois), le temps faisant son œuvre.

La première impression, c’est d’abord le renforcement des premières impressions : si on doit reconnaître à Peter Jackson la beauté de l’effort (il a réussi là où beaucoup avaient échoué),
Le Seigneur des Anneaux
n’est pas le plus grand film de tous les temps. Certains personnages sont massacrés (Legolas, Gimli, Elrond) et frôlent le ridicule. Certains passages se révèlent kitschissime (les elfes, la plupart de la musique…) L’intrigue, revue et corrigé pour des besoins compréhensibles de dramaturgie, va parfois jusqu’à changer le sens du livre ; on y reviendra plus longuement dans Le Retour du Roi. Et puis il y a cette orgie de combats, parfaitement ineptes, pour satisfaire les besoins des ados Donjons & Dragons ciblée par le marketing. Moralité : ces combats sont mal filmés, (caméra à l’épaule, je pourrais faire aussi bien) et rendent, par exemple, la mort de Boromir Monty Pythonesque.

Je n’ai rien contre la violence au cinéma, mais elle doit servir l’intrigue, pas l’inverse. Ici, on dénature l’esprit de Tolkien – dont on sait que l’influence principale fut son expérience des tranchés -, très éloigné de cette perpétuelle violence. C’est ce qui manque le plus dans la version Peter Jackson. Le livre était une ode à la marche, à la nature ; il ne reste que des fonds d’écrans, splendides au demeurant, mais simple faire-valoir d’aventures trépidantes… A tel point qu’un ami, (Vincent), croyait que le film se déroulait sur sept jours, alors qu’il s’étend sur cinq mois…

Et puis il y a les scènes d’exposition, qui frisent le ridicule en permanence, notamment lors du Conseil d’Elrond, avec l’effet « Blake et Mortimer » : action à l’image, plus description de l’action ! Un exemple : la Compagnie de l’Anneau quitte Fondcombe. Réplique d’Elrond : « La Compagnie quitte Fondcombe. » Puis plans sur le nain, l’elfe, le hobbit. Elrond, toujours : « Quant à vous, les espoirs des nains (plan du nain), des elfes (plan de l’elfe), et des humains»… vous avez compris.

Des détails ? Sûrement pas ! Ces péripéties à répétition : combat, scène d’exposition, combat, ne laissent pas de place à l’émotion, le silence, la réflexion. Et c’est dommage, car ces moments-là sont formidables : la sortie de la Moria, en larmes, est l’un des plus beau plans du film.

Il y a d’autres motifs de satisfaction : la déco est impeccable et très respectueuse de l’ambiance des livres (on se demande qui aurait pu faire mieux), Elijah Wood en Frodon est formidable de bout en bout, tout comme Viggo Mortensen. L’humour ajouté par Jackson ne fait pas de mal non plus…

A suivre, donc :

Les Deux Tours
Le Retour du Roi




jeudi 30 avril 2009


OSS 117 Rio ne Répond Plus
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines ]

La foudre ne frappe jamais au même endroit ; la magie n’opère pas à nouveau. Même très biens, Retour vers le Futur 2 et 3 ne seront jamais la claque du premier.

C’était donc le destin attendu de Rio ne Répond Plus, mais on peut dire que c’est pire que prévu. On s’ennuie pendant le film, et pour une ou deux bonnes blagues, la recette est trop photocopiée pour passer la barre.

Il y a de l’envie, de l’énergie, du talent, mais pas suffisamment pour permettre au poussif 707 de décoller de la piste. Dommage.




samedi 25 avril 2009


Ponyo sur la Falaise
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines ]

La vérité sort de la bouche des enfants : « un film c’est d’abord raconter une histoire », selon le Professorino, 7 ans : bon sang ne saurait mentir.

Mais Ponyo pose problème ; celui de la magie Miyasaki. Après une virée familiale (13 personnes, 9 enfants, 4 adultes, de 5 à 44 ans), un constat s’impose : c’est bien mais on n’a rien compris. Le vieux sage japonais sucre les fraises, mélange ses thématiques habituelles (La Sorcière, la Pollution, la Petite Fille, la Mère Nature), mais on ne comprend rien, sans parler du paquet d’invraisemblances (des histoires de niveaux d’inondation dont on vous évitera le détail).

Mais à la fin, on est quand même conquis. C’est beau à en pleurer (même si c’est très en dessous des standards habituels), et une seul plan suffit à vous remuer la moelle épinière (le chalut qui racle le fond de la mer, les bateaux la nuit sur la ligne d’horizon…)

Miyasaki, l’homme qui fait le plus pour le développement durable et la promotion du tourisme au Japon…




samedi 25 avril 2009


Le théorème de l’extension
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Séries TV ]

Les BD Y : Last man on Earth etWalking Dead, subissent, comme l’éternelle loi des séries, l’usure due à l’allongement déraisonnable des saisons et des épisodes.

Partant de concept très forts (le dernier homme sur terre, les USA envahi par les zombies), ils sont condamnés (c’est la loi numéro un de la dramaturgie) à faire toujours plus, plus haut, plus loin, plus fort.

C’est ce qui guette Lost, c’est ce qui a tué Alias ou les X-Files, et, dans une moindre mesure, explique les coups de mous de Six Feet Under ou des Sopranos.

La raison est simple : ce qui gouverne la production US, c’est évidemment l’argent, pas l’art. Ce qui est positif ailleurs (des films bien faits, bien écrits), fait le malheur des séries, en les usant jusqu’à la corde.

Au départ, le créateur vend un concept : « Nice chick kicks ass » (Alias), mais ce concept doit à tout prix être le plus ouvert possible : si ça marche, on doit pouvoir délayer la sauce autant que faire se peut. D’où les monstruosités scénaristiques désolantes que le spectateur – qui, lui, a toujours foi à 100% dans le concept – doit subir, parfois dès la deuxième saison. Les extraterrestres dans Twin Peaks, le virage « clean » de Nate dans Six Feet Under, le complot dans le complot du complot (Alias, X-Files, bientôt Lost)… C’est la que les séries « sautent le requin »*

C’est dommage, mais c’est aussi la limite du cinéma US : pour quelques auteurs qui arrivent à maîtriser leurs œuvres (Seinfeld, David Chase des Sopranos, David Simon et Ed Burns de The Wire), le reste doit se plier aux contraintes du business…

*un petit mot pour dire que l’excellent site Jumptheshark n’est plus, gobé par TVguide, le Télé 7 jours US. Pourquoi, on ne sait…




mercredi 8 avril 2009


Loin de la Terre Brûlée
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Ne perdez pas une seule seconde pour voir ce film, qui disparaît peu à peu des écrans, car, franchement, ça ne le fera pas sur votre petite télé, même Full HD, même 106 cm. Les vagues du Pacifique ne feront pas pleurer Charlize Theron de la même manière, et le désert nouveau mexicain ne mettra pas autant en émoi Kim Basinger.

Car c’est bien du sort de deux femmes dont il s’agit, aux antipodes climatiques, mais qui partagent, on s’en doute très vite, un point commun.

Le film de Guillermo Arriaga*, produit par Miss Theron elle-même, est un chef d’oeuvre de subtilité, et pour une fois que ça a un sens, une véritable tragédie grecque. Quoi de commun pourtant entre cette trentenaire désespéré qui enchaîne les partenaires sexuels, et cette desperate housewive white trash, au cœur du Nouveau Mexique ? Nous ne le révélerons pas ici, mais il faut aller voir ce film, qui, s’il n’est pas le chef d’oeuvre de l’année, n’en est pas loin du tout.

* scénariste d’Amours Chiennes, Trois Enterrements, Babel, 21 grammes. Au bowling, on appelle ça un strike.




mercredi 8 avril 2009


Oba(morganfreeman)mania
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Les fans de 24 me gonflent, surtout lorsque je les asticote sur le républicanisme réac de leur série culte, alors qu’ils pretendent voter à gauche depuis 1936. Il m’opposent alors le seul argument progressiste de la série : « Ouais, y’a de la torture dans 24, mais c’est la première série où le président il est noir… »

Eh ben non : dans Deep Impact, le Prez il est noir, même que c’est Morgan « fucking » Freeman.

Et toc.




mercredi 8 avril 2009


Deep Impact
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

On l’a un peu oublié aujourd’hui, mais Deep Impact, en 1998, c’était la petite soeur intello d’Armageddon, ou plutôt, dans l’esprit de ses géniteurs, un vaporware, c’est à dire un produit fait pour tuer la concurrence.

Combat il y eu, longtemps sans victoire, mais finalement la brute Armageddon l’emporta (201M$) sur le mélo Deep Impact (140M$).

A l’époque, on vouait Armageddon aux gémonies, malgré les avertissements ironiques de l’ami Olivier, et on vénérait Deep Impact, criant à la terrible injustice du box office.

Malheureusement, selon le théorème du Professore Ludovico, le temps a fait son oeuvre : Armageddon est régulièrement rediffusé, signe du classico en voie de maturation, mais Deep Impact ne passe quasiment jamais à la télé.

Il est repassé ce week-end, l’occasion de réexaminer l’engin et de comprendre pourquoi.

D’abord, le principal intérêt du match Armageddon-Deep Impact, c’est de voir ce que l’on peut faire en partant d’une même histoire. Dans les deux cas, il s’agit d’un film catastrophe (la terre menacée par un météore), dans les deux cas, une bande de courageux astronautes ricains (aidé à chaque fois d’un russe sympa, d’un noir courageux, et même d’une femme pas idiote) vont aller sauver le monde.

Mais les ressemblances s’arrêtent là. Armageddon est un film d’action hardcore, Deep Impact est un film catastrophe mélo. Et c’est dans l’action que Deep Impact coule à pic, et dans le mélo qu’il performe. Les scènes avec la navette, avec Robert Duvall et Jon Favreau, font pâle figure face à la pyrotechnie Bruckheimerienne ; les scènes ont irrémédiablement vieilli, dix ans après, ce qui n’est pas le cas d’Armageddon.

Mais là où Deep Impact est fort, c’est dans sa capacité de prendre cette histoire au sérieux. Que se passerait-il, si un météore arrivait ? Que ferait le Président des Etats-Unis ? Comment le peuple réagirait ? Là où Arnageddon est caricatural (mais intéressant), Deep Impact est formidable de réalisme. Oui, le président est obligé de mentir, oui, les états sélectionnent ceux qui méritent de vivre et ceux qui vont mourir, et oui, il y a de la place pour la lâcheté, mais aussi pour l’héroïsme… Le final donne lieu à des scènes sublimes, et notamment la réconciliation entre l’héroïne (Tea Leoni) et son père, un monument du mélo US.

Même vieilli, le Deep Impact mérite donc la (re)voyure, si vous avez la chance de tomber dessus…




samedi 4 avril 2009


Des conditions idéales pour voir un film
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Après « Pourquoi Aller au Cinéma », CineFast explore pour vous le « Comment ».

Car le cinéma, c’est, comme la messe, avant tout un rituel. Les horaires par exemple : pour ma part, je ne vais au cinéma qu’à 9h ou 22h. Quand j’y suis obligé, y aller à des heures normales est un vrai supplice : faire la queue ? Être assis à côté de quelqu’un ? Entendre le bruit du pop-corn ? No way !

Donc, voici les 6 commandements du parfait CineFaster

1) Silence
Se taire pendant le film, c’est une évidence, mais ce n’est pas toujours le cas. Rien de pire que le gars qui téléphone à ses copains pendant le film (vu), ou le papy qui raconte Barry Lyndon pendant tout le film (vu aussi)

2) Baisser la tête
Les gens grandissent, ou quoi ? Y’ a toujours un hurluberlu qui s’assoit devant vous, ou qui a adopté une coupe Sengoku. Très important de baisser la tête, et de s’installer bien confortablement au fond du fauteuil…

3) Être au milieu
C’est une évidence : il faut être installé dans l’axe, pour éviter les déformations latérales de l’écran, et de bénéficier au mieux de la stéréo. Il est important d’être pas trop loin de l’écran, pour que tout votre espace visuel soit absorbé. Pas trop près, quand même : si il y a une école « Collé à l’écran », je n’en fais pas partie…

4) Voir les bandes-annonces
Indispensable. Et on ne parle pas pendant les bandes-annonces… C’est ça qu’on va aller voir dans les semaines qui suivent… Alors, un peu de professionnalisme, SVP !

6) Regarder le film jusqu’au bout
Ca aussi, c’est le professionnalisme cinefasteur : on ne peut pas juger un film dont on n’a pas vu le début et/ou la fin. Sans parler de lire le générique, notre base de travail, ou encore les petites séquences postérieures…




samedi 4 avril 2009


La Première Étoile / Panique à Hollywood
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, voilà coup sur coup deux films qui illustrent les paradoxes franco-américains. D’un côté Panique à Hollywood, le travail de qualité made in Sunset Boulevard : casting d’enfer, comédiens magnifiques, musique splendide, et montage aux petits oignons, pour un résultat finalement décevant. En face, La Première Étoile, le prototype du film franchouillard, écrit, mais pas suffisamment réécrit, mal joué, mal casté, mal filmé, mais dont on ressort le sourire aux lèvres, ne serait-ce parce qu’il a, lui, quelque chose à offrir.

Hollywood qui parle d’Hollywood, ça fait toujours des étincelles : Sunset Boulevard, The Player, Swiming with Sharks, Get Shorty : ça marche à tous les coups. Ici, quand on aligne en plus Bob de Niro en producteur trouillard (sic !), Sean Penn en acteur de blockbuster (re-sic), John Turturro en agent procrastinateur, Bruce Willis qui refuse de se raser la barbe, et la toujours splendide Catherine Keener en directrice de studio implacable, aucun risque de s’ennuyer… Mais à part ça… c’est tout ! Intrigue faiblarde, fin queue de poisson, ça se laisse regarder, mais c’est tout. Et uniquement sur Canal+, puisque Hollywood n’a pas daigné le sortir en France, c’est dire…

La Première Étoile, c’est tout le contraire : un histoire touchante d’Antillais pauvres qui veulent aller au ski… La comedie sociale à la française. Et même si ce n’est pas très bien fait, ça marche : c’est gentil, c’est drôle, c’est pas fin mais pas caricatural non plus, bref c’est à voir…