Le sport se nourrit de larmes. Les larmes de la tragédie, évidemment ; celles du perdant et celles du gagnant, qui disent qu’au bout de la souffrance il y a la victoire. Le drame alimente le sport depuis l’antiquité. Une tragédie de 9 secondes 58 sur 100m, ou de trois semaines sur le Tour de France.
Hier les larmes sont arrivées à la 89ème minute. Marquinhos, capitaine du Paris-Saint Germain, savait qu’il n’était plus nécessaire d’attendre le coup de sifflet final pour relâcher douze ans de pression. 5-0, la messe était dite, et Paris vaut bien une messe.
Marquinhos pleurait sa souffrance, ses humiliations, ses doutes. Arrivé à 19 ans, « Marqui » n’avait jamais quitté le club, malgré les alléchantes propositions, malgré les quolibets.
A la fin du match, il s’est jeté dans les bras de Kimpembe, un joueur mis opportunément sur la feuille de match par Luis Enrique, contre toute logique sportive. Kimpembe, blessé, n’a en effet pas joué une seule seconde de cette Ligue des Champions. Mais il fait partie de l’histoire, et ça, Enrique, le coach/réalisateur de ce blockbuster le sait.
Kimpembe/Marquinhos, deux losers en larmes, parce qu’ils savent qu’ils viennent des tréfonds de la défaite : une main stupide et Kimpembe offre le penalty à Manchester United (2019) ; les erreurs défensives de Marqui contre Madrid (2022), et le triplé de Benzema : remontada du Real.
3 ans, 6 ans, c’est une éternité, mais le sport, c’est avant tout une histoire, des histoires. Nous pleurions avec ces deux-là samedi. Pas tant pour une victoire jouée d’avance contre une équipe épuisée, offerte en sacrifice expiatoire à une bande de tueurs au meilleur de leur forme : 5-0 n’était que le résultat obligatoire de l’équation.
Non, nous pleurions comme tous les supporters du PSG, parce que nous avions souffert comme eux pendant toutes ces années de disette. Pleuré devant les injustices, les calomnies des footeux et la connerie des footix, pleuré devant les déceptions aussi. Mais supporter un club, c’est le supporter dans tous les sens du terme, dans la défaite comme dans la victoire. Car la seule chose qui compte véritablement, c’est de ressentir ; le sport, le cinéma, sont faits pour ça.
Comme une histoire d’amour, qui ne finira jamais.