[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



lundi 2 juin 2025


Les larmes de Marquinhos
posté par Professor Ludovico

Le sport se nourrit de larmes. Les larmes de la tragédie, évidemment ; celles du perdant et celles du gagnant, qui disent qu’au bout de la souffrance il y a la victoire. Le drame alimente le sport depuis l’antiquité. Une tragédie de 9 secondes 58 sur 100m, ou de trois semaines sur le Tour de France.

Hier les larmes sont arrivées à la 89ème minute. Marquinhos, capitaine du Paris-Saint Germain, savait qu’il n’était plus nécessaire d’attendre le coup de sifflet final pour relâcher douze ans de pression. 5-0, la messe était dite, et Paris vaut bien une messe.

Marquinhos pleurait sa souffrance, ses humiliations, ses doutes. Arrivé à 19 ans, « Marqui » n’avait jamais quitté le club, malgré les alléchantes propositions, malgré les quolibets.

A la fin du match, il s’est jeté dans les bras de Kimpembe, un joueur mis opportunément sur la feuille de match par Luis Enrique, contre toute logique sportive. Kimpembe, blessé, n’a en effet pas joué une seule seconde de cette Ligue des Champions. Mais il fait partie de l’histoire, et ça, Enrique, le coach/réalisateur de ce blockbuster le sait.

Kimpembe/Marquinhos, deux losers en larmes, parce qu’ils savent qu’ils viennent des tréfonds de la défaite : une main stupide et Kimpembe offre le penalty à Manchester United (2019) ; les erreurs défensives de Marqui contre Madrid (2022), et le triplé de Benzema : remontada du Real.

3 ans, 6 ans, c’est une éternité, mais le sport, c’est avant tout une histoire, des histoires. Nous pleurions avec ces deux-là samedi. Pas tant pour une victoire jouée d’avance contre une équipe épuisée, offerte en sacrifice expiatoire à une bande de tueurs au meilleur de leur forme : 5-0 n’était que le résultat obligatoire de l’équation.

Non, nous pleurions comme tous les supporters du PSG, parce que nous avions souffert comme eux pendant toutes ces années de disette. Pleuré devant les injustices, les calomnies des footeux et la connerie des footix, pleuré devant les déceptions aussi. Mais supporter un club, c’est le supporter dans tous les sens du terme, dans la défaite comme dans la victoire. Car la seule chose qui compte véritablement, c’est de ressentir ; le sport, le cinéma, sont faits pour ça.

Comme une histoire d’amour, qui ne finira jamais.




mercredi 28 mai 2025


Roland-Garros – France 2 : la rechute
posté par Professor Ludovico

Évidemment, on était allé trop vite. Si France 2 n’avait pas raté l’hommage de Rafael Nadal, il retombait dans ses errements deux jours plus tard.

Certes, nous ne sommes que la première semaine, et il y a des matchs partout à Roland. Mais là, il n’y en avait que deux : un Simple Homme opposait le 73ème mondial, Corentin Moutet, à un autre français, Clément Tabur (280ème). En même temps, Loïs Boisson pour son premier Roland-Garros (218ème) était opposée en Simple Femme à la Tête de Série belge Elise Mertens (24ème). Chez les gars, on était à la balle de set ; chez les filles, balle de match. Devinez ce qui arriva ? France télé diffusa les mecs.

Le sexisme habituel, celui qui dit qu’il « ne reste plus de français dans le Tournoi » alors qu’il y a encore des filles, ou qui affirme que Noah est le seul à avoir gagné un Grand Chelem, oubliant les 5 victoires de Bartoli, Pierce, et Mauresmo, à Paris, Wimbledon et Sydney…  

Certes, Mottet est plus connu que Buisson, mais c’est qui qu’a fait la perf ?




lundi 26 mai 2025


Rafael Nadal, hommage
posté par Professor Ludovico

Un sportif qui s’arrête, c’est un homme qui meurt.

Pour une fois, France 2 n’a pas raté les funérailles de Rafael Nadal. Elle a su filmer comme il fallait l’incroyable hommage que Roland-Garros a rendu hier à son plus grand champion*.

Là où d’habitude la télé coupe la fin d’un match**, elle n’a pas raté Rafael, l’homme, qui s’inclinait devant la dépouille du champion Nadal. Invités à la cérémonie, tout le public du Central, sobrement relooké terre de sienne, était en pleurs.

S’il y eut quelques ratés (un trophée en plexiglass et des longueurs), les caméras n’ont rien perdu de l’émoi qui planait en ces lieux. L’émotion de Nadal, matador sans pitié sur le court, qui se métamorphosait en Rafi, ado timide d’après match. La télé a su filmer ses larmes, capter les hésitations de son discours, faire le fondu enchainé qu’il fallait sur le public. Personne ne fut oublié, ni ses victimes (Djokovic, Federer, Murray), ni le petit personnel de Roland, chauffeurs et ramasseurs de balles…

Nadal, comme après chaque victoire, n’en revenait pas d’être là. Il eut d’ailleurs les mots justes : « Je sais que je ne jouerais plus ici, mais un bout de mon cœur sera toujours là, avec ce lieu et avec son peuple ».

* 14 victoires en vingt ans
** Voire une balle de match…




mercredi 7 mai 2025


Ben Mendelsohn, un simple haussement de sourcils
posté par Professor Ludovico

Voilà dix minutes que Le Roi, la saga historico-shakespearienne de David Michôd a débuté. Ben Mendelsohn, l’acteur qui interprète Henri d’Angleterre se fait insulter par Hotspur, un de ses vassaux, qui quitte la salle.

Et là, Ben Mendelsohn hausse les sourcils. Et le temps s’arrête.

C’est tout le talent, toute la nuance qui manque aux mauvais films, et aux mauvais acteurs. A côté de ce Roi, les autres films hurlent leurs dialogues.

Ici, Henri, diminué, malade, hirsute, crie son indifférence… d’un simple haussement de sourcils. Une indifférence coupable, qui va précipiter l’Angleterre dans la ruine : voilà ce que signifie ces trois secondes d’acting.

Et c’est Ben Mendelsohn qui s’y colle. Le très grand acteur australien, souvent abonné aux seconds rôles (Bloodline et une tripotée de chef-d ‘œuvres*) n’a jamais cessé de nous impressionner.

En contrepoint, il y a une autre scène plus loin dans Le Roi, une scène intéressante. Un assassin français est arrêté. Henri V (Tim Chalamet himself) l’interroge. Interprété par un acteur français (Tom Lacroix), il joue mal. Ce n’est pas de sa faute. Chalamet, qui l’interroge en français,  joue mal aussi. Pourquoi ? C’est le grand défaut du cinéma américain. Quand on fait jouer des acteurs étrangers, Hollywood ne prend visiblement pas la peine de se faire aider par quelqu’un « qui a l’oreille », comme le recommandait Hitchcock. Un réalisateur qui pourrait diriger l’acteur, le corriger. Hollywood n’a pas le temps et en plus, Hollywood s’en fout**.

Mais dites-donc ? Une petite visite dans le moteur de recherche de CineFast et on réalise – ô Horreur – qu’on n’a pas chroniqué Le Roi !

Ça vient, ça vient !

*Le Nouveau Monde, The Dark Knight Rises, Cogan: Killing Them Softly, The Place Beyond the Pines, Lost River, Rogue One, et à la télé : Girls, The Outsider, Andor…

** Comme Tomer Capone, acteur israélien qui joue plutôt bien Frenchie dans The Boys, mais devient ridicule dès qu’il parle français.




lundi 28 avril 2025


The show must go on
posté par Professor Ludovico

À l’issue de Stade Français-Stade Toulousain, défaite 21-27, Jean-Bouin a fait retentir les accords mineurs de la chanson de Queen, The show must go on.

Dans un match que le Stade Français ne pouvait pas (et ne devait jamais se permettre) de perdre, a fortiori contre l’équipe Z de Toulouse, on indiquait au supporter parisien ce qu’il devait en penser : une défaite triste, oui, mais le spectacle continue…

Voilà que le sport est devenu : un show comme les autres. Ce qu’il n’est pas, évidemment. Son idiosyncrasie, c’est de rester imprévisible, insaisissable, et non scripté. Personne ne pouvait prévoir, la même semaine à Old Trafford, l’incroyable 2-4 devenu 5-4 en douze minutes pour Manchester United contre l’Olympique Lyonnais. Si l’on mettait autant de rebondissements dans un film ou dans une pièce, cela serait particulièrement ridicule, mais ici, That’s football, le spectacle capable des plus incroyables rebondissements de dernière minute.

Aussi, prendre les codes du spectacle, de l’Entertainment, pour les appliquer au sport est une erreur tragique. Le sport vit de cette imprévisibilité, qui n’a nul besoin d’être souligné par quelconque feu d’artifice, jingle, ou Pompom girls. Le public réagit, et cela suffit.

C’est malheureusement aussi une tendance dans le cinéma. Spielberg dit qu’un bon film pourrait se comprendre muet, sans dialogue ni musique. Un film comme Dune indiquera pourtant, avec force accents Zimmeriens, ce qu’il faut ressentir : la Peur, le Mystère, l’Amour. C’est aussi le cas des dialogues, qui surexpliquent l’intrigue. Un article récent signalait d’ailleurs l’explosion des sous-titres aux Etats-Unis, le pays où ils n’existaient tout simplement pas, faute de VO. Sur leur plateforme de streaming préféré, les spectateurs américains affichent désormais les sous-titres, pour mieux comprendre l’action.

Il devient d’autant plus simple de distinguer les grands films, les grandes séries, à ce qu’elles laissent une part, volontairement incompréhensible, à la sagacité du spectateur. Fargo, Succession et leurs dialogues qui ne veulent rien dire, sauf à montrer l’imbécillité des personnages et leur vacuité. Ou au contraire l’absence de dialogues, qui laisse le cerveau tirer lui-même ses conclusions, comme dans la scène finale de Lincoln, ou celles d’Adolescence.

Adolescence ? Justement, on y vient…




mercredi 12 mars 2025


Anora, tristesse et paillettes
posté par Professor Ludovico

Les producteurs d’Anora ont révélé avoir dépensé 18M$ pour leur campagne des Oscars. Campagne fructueuse,  puisque le film de Sean Baker a remporté 5 trophées dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice.

Pour remettre l’église au centre du village, 18M$, c’est la somme qu’a rapporté le film aux USA (38M$ à l’étranger). Mais c’est surtout trois fois le budget du film (un petit 6M$)… Sublime ironie d’un film dénonçant les excès des ultrariches…

C’est pourtant un investissement calculé, qui met le studio de production en évidence (FilmNation Entertainment), et rend éminemment bankable l’actrice et le réalisateur pour de futurs projets. C’était la stratégie, en son temps, d’un certain Harvey Weinstein, qui attirait les talents en leur promettant une statuette.

Mais c’est aussi la folie insensée de ce business, qui préfère mettre 18M$ dans cette campagne, plutôt que de faire trois films avec…




jeudi 20 février 2025


Guignol’s Band
posté par Professor Ludovico

C’est l’œuvre d’une vie : le démontage, pierre par pierre, des soi-disant Temples du Bon Goût, appelés aussi Palme d’Or, Lion d’Or, Césars, Oscars, BAFTA, Grammys, Emmys, Tonys… En réalité, cérémonies professionnelles où l’on s’autocongratule et où l’on assure la promotion des films en cours ou des prochains…

Nouvelle pierre démontée de l’édifice, et non des moindres, le Goncourt, le livre que votre belle-mère vous offre chaque année. En 1932, belle-maman vous aurait probablement offert Les Loups, de Guy Mazeline, Goncourt de l’année où paraissait un petit livre appelé… Voyage au Bout de la Nuit !

* Anecdote tirée de l’excellent livre de Jérôme Garcin sur les écrivains pendant l’Occupation, Des Mots et des Actes  




lundi 10 février 2025


Twickenham, le retour du refoulé
posté par Professor Ludovico

Ce week-end, la France du rugby s’est ridiculisée à Twickenham. Ce n’est pas la première fois, ni la dernière… Twickenham, c’est la chapelle du Rugby, les Anglais ont inventé ce sport, et ils le font savoir à chaque fois que c’est possible. C’est l’antre de la Bête, que chacun rêve de terrasser.

Mais samedi, les bookmakers anglais avait prédit une défaite du XV de la Rose. Ces petits anglais en pleine reconstruction n’avaient brillé qu’une mi-temps en Irlande. Et c’est peut-être la meilleure équipe de France qu’ils allaient affronter, depuis de très très nombreuses années. Avec un génie du jeu, Antoine Dupont, mais aussi des génies dans la plupart des postes. La France devait gagner ce match, même face à une Angleterre qui a beaucoup à prouver.

Mais voilà, accumuler inexplicablement les fautes de mains, et laisser – de façon totalement inadmissible – les Anglais relever la tête dans la dernière ligne droite, leur a autorisé une courte victoire d’un point.

Quel rapport avec CineFast ? Il n’y en a pas. Le Professore Ludovico, qui tient également une Chaire de Psychanalyse à l’Università Cesare Borgia de Florence, y voit autre chose : le retour du refoulé.

La Fédération Française de Rugby avait pourtant très bien géré les affaires Jegou/Auradou (présomption de viol), immédiatement mis au rencard en attendant que justice soit faite. Les deux jeunes joueurs étant innocentés par la justice argentine, ils pouvaient potentiellement réintégrer l’Equipe de France.

En termes d’efficacité, probablement oui. En terme moraux, absolument pas ! Comme à l’école, quelques mois au coin n’auraient pas fait de mal.

C’était compter sans Fabien Galthié, qui se croit depuis trop longtemps sur le toit de monde. Le sélectionneur a réintégré les deux bagnards sans se poser de question.

Le Professore pense, pour sa part, que le reste du XV de France s’est posé ces questions pendant quatre-vingt minutes, sur la verte pelouse de Twickenham.




vendredi 7 février 2025


Les Enfants du Paradis en salle
posté par Professor Ludovico

Oyé Oyé, peuple parisien de CineFast : Les Enfants du Paradis, l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma est disponible en salle, et c’est une rareté…

Ce qui est rare est cher. Donc précipitez-vous dans le cinquième arrondissement, éternel refuge de la cinéphilie, pour suivre les aventures de Garance sur le Boulevard du Crime, car « Paris est tout petit, pour ceux qui s’aiment comme nous d’un aussi grand amour. »

Filmothèque du Quartier Latin,
9, rue Champollion

mais aussi à Asnières-sur-Seine, à L’Alcazar
1, rue de la Station




samedi 1 février 2025


Denis Villeneuve le cinéphile
posté par Professor Ludovico

Nous avons dit beaucoup de mal de Denis Villeneuve récemment, le qualifiant d’Idiot de Cinéma. Et du bien, aussi. En tout cas, nous avions signalé aussi que c’était un frère de cinéphilie. Et voilà que Konbini, dans cette amusante séquence de la vidéothèque, invite le réalisateur des bientôt 3 Dune.

Eh bien oui, c’est un frère. Car voilà un garçon qui aime exactement tout ce que nous aimons : Apocalypse Now, mais pas les versions Redux « On ne devrait jamais refaire un film, parce dès qu’il est fini, il appartient aux spectateurs, et j’aimerais le dire à Coppola », Persona, Blade Runner, 2001, etc.

Bref, le Professore, qui est aussi mathématicien à ses heures, est bien obligé d’arriver à la conclusion suivante.

Si Ludovico = Villeneuve, et que :

Villeneuve = mauvais cinéaste,

alors cela veut dire que Ludovico aurait fait un très mauvais cinéaste.

CQFD.




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