[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



vendredi 3 janvier 2025


Apocalypse, Now, 14ème 
posté par Professor Ludovico

Quel meilleur film de Noël qu’Apocalypse Now ? Même si ce n’est pas notre premier voyage au Vietnam, c’est l’occasion de le montrer à d’autres, et de revisiter le temple Khmer de Coppola. Car nous sommes en possession d’une rareté : le coffret Blu-Ray avec la version d’origine, sans générique ni bombardement final. Bref, un morceau de la Vraie Croix.

Rien de nouveau sous le soleil de plomb du delta, mais l’opportunité – toujours – de découvrir de nouvelles choses…

Ainsi, nous n’avions pas remarqué ces motifs qui se répètent au début et à la fin. Si le Parcours du Héros est parfaitement documenté, the Rise and Fall du Capitaine Benjamin L. Willard, cette symétrie ne nous avait pas frappé. Or, que constate-t-on ? D’abord, l’un des premiers plans est aussi le plan de fin, cet admirable fondu enchaîné sur le visage de Willard / les statues de rois khmers. Symboles de la répétition de l’histoire, et de sa violence éternelle.

Il y en a d’autres. Au début, dans un accès de delirium tremens, Willard se barbouille de sang. Dans la scène finale, il est aussi barbouillé du sang, celui de son ennemi / son double, le Colonel Kurtz. D’ailleurs, il s’est fait un masque camouflage identique à celui de Kurtz, quelques scènes plus tôt.

On continue. Dans la première scène, des soldats viennent chercher Willard pour lui confier sa mission, ils montent des marches (Rise). Dans la dernière, sa mission accomplie, c’est lui qui descend des marches une fois sa mission accomplie (Fall). Comme il est dit, « Je voulais une mission, et pour mes péchés ils m’en donnèrent une* » et, à la fin, « Ils allaient me nommer Major pour ça, alors que je ne faisais plus partie de leur putain d’armée ** ».

Le chemin est accompli : Willard n’est plus un soldat des Forces Spéciales, mais il ne s’est pas transformé en Kurtz (comme les autres, ou comme il le craignait lui-même). Il n’est pas devenu ce Dieu du Chaos prêt à bombarder ses propres indigènes*** (comme dans le fameux happy end absent de la version originelle). Non, Willard est devenu le Roi. Le peuple de Kurtz ne s’y trompe pas ; ils rendent les armes et s’inclinent devant leur nouveau souverain. Willard descend les marches. Roi magnanime, il a dans les mains une épée (le Guerrier, la Justice) et un livre (les souvenirs de Kurtz) : la Loi.

This is The End : La musique des Doors, présente au début et lors du meurtre de Kurtz, s’est arrêtée : seul subsiste le calme de la pluie… La boucle est bouclée ; y’a-t-il un début, une fin à cette histoire ?

Ou simplement, éternellement : the horror, the horror…

*”Everyone gets everything he wants. I wanted a mission, and for my sins, they gave me one. Brought it up to me like room service. It was a real choice mission, and when it was over, I never wanted another.”

** “They were gonna make me a Major for this, and I wasn’t even in their fuckin’ army anymore.”

*** EXTERMINATE THEM ALL, écrit en rouge dans le récit de Kurtz




dimanche 15 décembre 2024


Le Successeur
posté par Professor Ludovico

Le cinéma, c’est compliqué. Avec Le Successeur, on se dit pourtant que c’est dans la poche, vu qui est aux commandes : Xavier Legrand, le très bon réalisateur de la duologie sur les violences familiales Avant que de Tout Perdre / Jusqu’à la Garde, où Legrand avait démontré un sens inné du thriller.

Paradoxalement c’est ce qui pêche ici. Le Successeur est un film-cerveau, extrêmement bien structuré, où la construction des enjeux semble planifiée par un tableur Excel. Mais il manque un tout petit détail, un simple réglage qui va faire tomber l’échafaudage.

Rappelons le pitch. Au début du film, Ellias (Marc-André Grondin*), vient de réussir sa première collection de haute couture, et va devenir directeur artistique d’une grande maison parisienne. Mais le voilà obligé de retourner au Québec pour organiser les funérailles de son père qu’il n’a pas vu depuis 25 ans, et visiblement, qu’il déteste. Ce n’est pas l’avis du voisinage, qui aimait cet homme bon et généreux. En fouillant la maison paternelle, Ellias fait une découverte qui bouleverse son existence.

Ce qui cloche alors, c’est l’attitude avec laquelle réagit notre protagoniste. Pour dire les choses simplement, Ellias est présenté de manière plutôt positive. C’est ce qu’on appelle en dramaturgie un « héros » ; on est avec lui. Mais il fait alors quelque chose, dramatiquement parlant, d’« antihéroïque ». Ce geste qu’il entreprend dans le second acte du film n’a aucun sens, par rapport au personnage présenté jusque-là.

Si Legrand avait montré ce personnage sous un angle un tout petit peu plus négatif (odieux, carriériste, égocentrique…), cette chronique n’aurait pas lieu d’être. Le réalisateur a bien laissé quelques indices dans le premier acte, mais ces signaux sont trop faibles pour être perçus par le spectateur. C’est comme si le volume « odieux connard » était réglé trop bas…

A partir de là, on va s’interroger sur cette incohérence (gars sympa/parfaite saloperie**) et quitter mentalement le film. Film qui construit pourtant un parfait échafaudage de montées en pression propres au thriller (voisins, maison de couture, pompes funèbres…)

Problème : notre héros est devenu quelqu’un dont n’a plus rien à foutre…

*Peut-être une erreur de casting, parce qu’il est immédiatement sympathique

** Pour ceux qui ont vu le film, l’autre solution aurait pu être de partir de l’accident de l’escalier, qui rendait son attitude plus réaliste…  




mercredi 30 octobre 2024


Le Cercle des Neiges
posté par Professor Ludovico

Depuis deux mille ans, la chrétienté éduque la populace à l’aide d’une imagerie singulière, basée sur le supplice de son prophète. Quelle autre religion a réussi à imposer l’image d’un instrument de torture dans votre chambre, autour du cou de vos enfants, ou plaqué sur votre tombe ?

Le christianisme disparait, comment éduquer le peuple ? Par le Biopic. Qu’est-ce que le Nouveau Testament, si c’est n’est le premier biopic de l’histoire ? Les épreuves variées qui jalonnent le Parcours du Héros, jusqu’au succès de Jésus from Nazareth ?

Quand on y pense, les biopics sont dans cette veine judéo-chrétienne : une avalanche d’images doloristes autour du parcours sacrificiel du héros, quelle que soit l’étendue de ses souffrances. De Charles Aznavour, qui ne gagne pas assez d’argent, aux survivants des Andes, qui passent deux mois à s’entredévorer.

L’histoire incroyable des Old Christians de Montevideo a inspiré des documentaires, des livres, et un très bon film, Les Survivants, signé Frank Marshall. Le Cercle des Neiges n’est pas du tout de cet acabit. Il valide l’opinion – désormais vérifiée – que Netflix produit de bonnes séries mais de mauvais films.

Dans Le Cercle des Neiges, aucun personnage ne sera créé. Aucun enjeu non plus. Mais on subira pendant 2h24 tous leurs supplices. Gros plans sur les yeux exorbités, cheveux artistiquement souillés de sueur et de poussière, maquillages blessures prêts pour l’Oscar, et visages émaciés à tous les étages : le film convoque, comme beaucoup de films hollywoodiens, tout l’attirail de la pornographie de la souffrance. Avec évidemment une voix off qui explique tout*.

On s’ennuie autant que les survivants, c’est dire… Ce n’est pas un film, c’est un chemin de croix.

*Avec, concédons-le, un petit twist final




samedi 19 octobre 2024


The Making of The Guns of Navarone
posté par Professor Ludovico

Ce n’est pas un très bon livre. Nous l’achetons, nous le lisons, parce qu’à notre connaissance il n’y a pas d’autres livres sur la question, c’est-à-dire sur Les Canons de Navarone, un des films du panthéon du Professore Ludovico. C’est plutôt un livre d’amateur, genre autoédité. Brian Hannan se passionne pour le Box-Office, combien de dollars ont fait les films des différents acteurs, ou des Billings, c’est-à-dire leur position sur l’affiche*.

On apprend quand même des choses dans ce Making of, et notamment la principale : Hollywood ne change pas, Hollywood ne changera jamais :

•      Le producteur est le vrai fabricant du film. Carl Foreman, réalisateur frustré, exilé en Angleterre pour cause de Maccarthysme, remonte la pente grâce aux Canons de Navarone. Il s’occupe de tout : scénario, casting, recherche de sites. Il impose même l’idée qu’il n’y aura pas de deuxième équipe, puisque la première équipe, c’est déjà lui qui la dirige ! Il finira par y renoncer, sous la pression de son réalisateur (J. Lee Thompson, finalement assisté de Peter Yates, futur réalisateur de Bullitt, La Guerre de Murphy, Krull…)

•      Le casting est l’art principal du cinéma, avec le montage. Foreman choisit de modifier le livre d’Alistair McLean pour des raisons de narratologie et de marketing. Tous les personnages sont masculins : impossible de faire un film sans femme, ce qui équivaut à se priver de la moitié du public. Foreman crée alors deux pseudo-histoires d’amour (Gia Scala et Gregory Peck, Anthony Quinn et Irène Papas)**. Il faut aussi des grecs, pour aider à la production (Quinn et Papas), des jeunes (James Darren***, Gia Scala) pour toucher un public teenager

•      L’adaptation est une trahison. Foreman aménage l’œuvre pour intégrer ce casting marketing, mais aussi pour transformer un livre en objet filmique. Le livre d’Alistair McLean est passionnant, mais descriptif. les personnages se parlent peu. C’est un commando qui agit en silence. un film, lui, a besoin d’interactions entre les différents personnages, et c’est Foreman qui les crée.

•      Les choix des uns et des autres sont dictés par des contingences bien matérielles : Gregory Peck accepte le rôle parce que sa carrière est financièrement à la ramasse. Cary Grant, un moment envisagé, trouve le personnage trop noir et refuse. Tant mieux, il aurait fait un horrible Mallory… Gregory Peck accepte, car le tournage en Angleterre est très intéressant fiscalement.

Le film sera un gros succès au Box-office, 2ème de l’année aux états unis, derrière West Side Story. Il inspirera une mauvaise suite, L’Ouragan vient de Navarone, avec… Harrison Ford.

The Making of The Guns of Navarone, Brian Hannan
Baroliant Press

* Ce qui, justement, donne une idée exacte de leur position au box-office.

** A ce propos, Foreman est très en avance : il propose un partenariat avec Olympic Airways, la compagnie aérienne grecque. Les apprenties starlettes se verront offrir un billet d’avion pour les emmener à Londres faire leur audition. Elles seront cantonnées dans un dortoir, et filmées en permanence par un circuit de télévision. Bizarrement, la production refuse…

*** Futur héros de notre série sixties Au Cœur du Temps




dimanche 22 septembre 2024


Succès artistique, succès commercial…
posté par Professor Ludovico

C’est la phrase du jour : « Le succès artistique est délibéré, le succès commercial est accidentel ». Attribué à Herbert Ross, bon faiseur de Hollywood mais surtout réalisateur du très bon Potins de Femmes (Steel Magnolias), qui l’aurait fait broder sur un coussin.

Quoi de mieux pour résumer l’industrie du prototype qu’est Hollywood ? Pour être un artiste, il faut le vouloir. Vouloir se battre pour ses idées, lutter contre le système qui veut appliquer des formules pour obtenir un succès à tout prix, et qui coûte le moins cher possible. Si vous arrivez à survivre dans cette fosse aux requins, vous réussirez artistiquement, quitte à ce que le film soit un bide…

Mais obtenir un succès commercial à tous les coups, c’est très difficile. On le voit avec les franchises, capables d’échouer alors que toutes les chances ont été mises de leur côté : budget, artistes, techniciens, et licence solide…

Une anecdote, parmi mille autres, pioché dans l’excellent « Il y a bien longtemps, dans une salle de montage lointaine, très lointaine », le livre de souvenirs de Paul Hirsch, prêté par le Professeur Pichard. Paul Hirsch, le monteur attitré de Brian de Palma mais aussi de La Guerre des Etoiles, La Folle Journée de Ferris Buller et de Mission Impossible




samedi 13 juillet 2024


Alors, Euro ?
posté par Professor Ludovico

La France a perdu en demi-finale de l’Euro 2024. L’Equipe de France de football, emplie de stars, s’est inclinée devant l’Espagne et pour la première fois, le Professore Ludovico s’en fout. Et il s’interroge.

Qu’est-ce qui a changé, deux ans après cette finale incroyable contre l’Argentine ? Evidemment, il y a des raisons exogènes. Les péripéties politiques de notre beau pays ont quelque part monopolisé notre attention. Un plus grand événement arrive, les J.O. Le Professore, pourtant, n’a que mépris pour cet assemblage quadri annuel de sports de pauvres, qui n’intéressent personne le reste du temps. Et, oui, l’Equipe de de France est décevante. Pas de but, et plein de tirs pas cadrés. Mais elle est en demi-finale, ce qui, pour quelqu’un de ma génération, rend le bilan de Deschamps irréprochable. Alors qu’est-ce qui cloche ? Et qu’est-ce que ça vient foutre dans CineFast ?

Peut-être que tout simplement cette saison 2024 de House of Kylian manque de spectacle. Malgré tous les raisonnements sportifs que l’on peut faire (meilleure défense du tournoi, l’important c’est de gagner, etc.) le sport a besoin de spectacle.

Ici, pas de but, pas de score, donc pas d’enjeu. Une histoire n’est intéressante que si existe la peur que quelque chose arrive au héros. Dans cet Euro, on ne craignait pas que les Français prennent un but (défense de fer) et en plus, ils ne marquaient pas : pas de spectacle, pas d’enjeu. Le spectacle était ailleurs : est-ce que les autres seraient aussi mauvais, aligneraient les défaites, et nous permettraient de nous qualifier ? Ce qui arriva.

On ajoutera que le protagoniste principal, Kylian Mbappé, a beaucoup déçu cette saison. Sportivement, et humainement. Un journaliste de L’Equipe TV faisait remarquer qu’en sept saisons au PSG, il nous avait ébloui de son talent mais n’avait jamais vraiment réussi à se faire aimer, contrairement à Pauleta, Cavani, et consorts… En sport comme au cinéma, il faut aimer le héros.




vendredi 12 juillet 2024


Shelley Duvall
posté par Professor Ludovico

Shelley Duvall n’est plus. Elle restera, bien sûr, pour l’éternité, la Wendy de Shining. Petite biche apeurée devant la folie übermensch de Jack Torrance, métamorphosée en Petit Chaperon Rouge et Mère Courage, sauvant son fils du labyrinthe. Comme bien d’autres ouvriers de l’Usine à Rêves, ce rôle iconique – à la fois accomplissement et malédiction – la détruira. Kubrick le manipulateur fut très dur avec elle pour obtenir ce qu’il voulait… Il l’inscrivit au panthéon d’Hollywood et, en même temps, la brisa.

Car Shelley Duvall n’était pas que cela. C’était déjà une grande actrice avant de rencontrer l’ermite de Childwickbury. Egérie de Robert Altman, elle enchaina avec lui les (grands) films : Brewster McCloud, John McCabe, Nashville, Trois Femmes, et Popeye

Dans ces films, qu’il faut voir, elle montre sa grande beauté et un tout autre répertoire que chez Kubrick.




mardi 9 juillet 2024


Nouvelle Vague, Roman             
posté par Professor Ludovico

La fainéantise est toujours punie. Le Professore ne voulait pas se cogner les 224 pages du livre d’Antoine de Baecque*. Moralité, il souffre 432 pages sur Nouvelle Vague, Roman de Patrick Roegiers.

La proposition de lire quelque chose de léger, sur un mouvement qui intéresse peu le Ludovico, semblait alléchante. Mais on aurait dû réécouter le Masque et la Plume, qui disait pis que pendre de l’opus en question.

Mais voilà, le Professore est feignant. Il a l’Euro à voir (et ses innombrables buts de Mbappé), le Tour de France, Band of Brothers et Tokyo Vice. On ne peut pas tout faire et nobody’s perfect… Au final, le voilà bien puni, le Ludovico, à se coltiner la purge de Monsieur Roegiers.

Que dire en effet d’un livre – anecdotique dans tous les sens du terme – qui se contente de raconter des historiettes sur Godard, Truffaut, et consorts ?

On apprend ainsi que Agnes Varda est Scorpion, qu’elle fait 1,54 m, qu’Arditi est plus petit qu’André Dussollier, qui lui-même est Taureau, etc.** Et puis il y a l’incroyable égocentrisme du monsieur. Roegiers s’inclut dans le récit, comme s’il faisait partie de cette histoire. Il ne les pas interviewés, ni même rencontrés… Non, il a vu Sami Frey sur le trottoir d’en face, aperçu Lino Ventura aux Puces de Saint-Ouen, croisé Godard qui tourne à Montparnasse. Incroyable vacuité du cameo, incapable par ailleurs d’apporter une once de réflexion sur ce que la Nouvelle Vague a apporté au cinéma français, ni le mal qu’elle y fit. Rien sur Hitchcock/Truffaut, pas grand-chose sur Godard, deux lignes sur Rivette, rien sur Eustache, et des pages hors sujets à foison : Sautet, Resnais, recopiant des pages entières d’On Connait la Chanson. Roegiers est juste un fanboy qui publie chez Grasset.

Quant au style, parlons-en. Il empreinte les douteux canons de la Nouvelle Vague, à base de jeu de mots faciles, façon Godard. Ludovico ne peut résister à l’idée d’en citer quelques-uns :

« Chacun sa vie, chacun sa voix »

« C’est en lisant qu’on lit, c’est en filmant qu’on filme »

« Cléo aime la vie, la vie aime Cléo »

« Le temps est flou. Le temps efface tout. Le temps est partout »

« Les contrôleurs contrôlent.
Les traîtres trahissent.
Les assassins assassinent… »
(14 lignes idem)

« La vie s’écoule. Le monde change. Le temps passe. La journée s’avance »

« La page se tourne. On tourne la page »

Et bien sûr : « Le cinéma c’est la vie »

Mais en creux, ce tas de papier misérable dit quelque chose de la Nouvelle Vague. En empruntant sa forme, il en montre la vacuité ontologique. Dans le fond, il n’y a pas grand propos dans les films de la Nouvelle Vague. Avant tout une destruction des formes anciennes (le fameux « cinéma de papa » (Carné/Autant Lara/Grangier) et son remplacement par un bricolage qui l’affranchissait des lourdeurs des studios (son direct, tournage dans la rue, improvisation…) , déstructuration du scénario, et la nécessaire modernisation des sujets (on filme enfin la jeunesse, les baby-boomers, et plus l’éternel Gabin en vieux paternaliste de service)…  

Coup de balai révolutionnaire tout autant qu’indispensable, cela – on le sait – a fini par mener au vide. Soixante ans après, la révolution est finie, et on est revenu au cinéma « Qualité Française » vilipendé par ces jeunes turcs.

Le grand mérite du livre est d’en montrer les deniers soubresauts …

*Antoine de Baecque, La Nouvelle Vague

** J’avoue, cher CineFaster, que je n’ai pas eu le courage de vérifier ces données.




vendredi 5 juillet 2024


La meilleure définition du cinéma qui soit…
posté par Professor Ludovico

…Tirée de l’excellent Celluloid Closet (actuellement en replay sur France Télévisions et chroniqué ici). Stewart Stern, le scénariste de La Fureur de Vivre, raconte l’anecdote suivante :

« On m’a demandé si la relation entre Jim (James Dean) et Plato (Sal Mineo) était de nature homosexuelle. En fait, ce n’était pas du tout notre intention. Mais un film est toujours l’expression de son auteur, et une proposition, faite au public, de créer son propre film*. »

Comme dans un voyage, chacun vient projeter dans l’obscurité d’une salle de cinéma ses propres fantasmes, ses joies et ses chagrins. Il ne subit pas l’œuvre, il la vit.

*“People talk about whether that was a homosexual relationship, the intention wasn’t that. But a film is at the same time the expression of a writer and it is an offering to an audience to create their own film.”




vendredi 28 juin 2024


Band of Brothers, troisième
posté par Professor Ludovico

On devrait toujours revoir les œuvres. Le snobisme naturel du Professore avait boudé Frères d’Armes à sa sortie : trop américain, trop do-gooder. Revu un peu à l’arrache il y a quelques années, on y consacre cette fois-ci – pour de sombres raisons rôlistiques – plus d’attention.

Eh bien la bête tient non seulement le choc, mais révèle la face sombre que tout le monde avait vu, sauf le Ludovico…

Band of Brothers c’est noir, en effet. On y voit, comme dans le Soldat Ryan, des Américains tuer de sang-froid des prisonniers allemands (dont la fameuse scène des cigarettes). Mais aussi la connerie autoritaire du capitaine instructeur Sobel (formidable David Schwimmer), la lâcheté du Lieutenant Dike (Peter O’Meara), ou la fraternité relative. Dans l’épisode « La Dernière Patrouille » (s01e08), le soldat Webster (Eion Bailey), qui a sauté sur Sainte-Mère Eglise et fait Market Garden, est battu froid par ses frères d’armes parce qu’il revient de trois mois d’hôpital. Trois mois, c’est une éternité pour les gars qui ont fait Bastogne ; il faut avoir au moins perdu une jambe pour compter dans la Easy company.

Et si les effets spéciaux ont pris un coup de vieux, la réalisation est toujours formidable, totalement adaptée au propos : camera au point pour les scènes d’actions, long travelling quand il faut de l’émotion, etc.

Band of Brothers n’a pas vieilli d’un pouce.




janvier 2025
L M M J V S D
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728293031