[ Brèves de bobines ]

Petites réactions et conseils de sortie de salle



vendredi 7 avril 2023


In the Mood for Love
posté par Professor Ludovico

Une pièce. Puis une autre, une chambre, un bureau plein de robes, des costumes, des cravates : In the Mood for Love tient à cela : des bouts de décor, des robes qui changent à chaque scène. On pourrait croire, à lire ce début de critique, que le Ludovico va se lancer dans une de ses diatribes dont il a le secret, contre l’esthétisme qui tient lieu de cinéma.

In the Mood for Love fait la démonstration inverse. Mettre l’esthétisme au service de l’histoire ; si ces costumes changent, c’est qu’ils ont un sens dans l’intrigue*. Ces décors petits mais magnifiques qui soulignent la promiscuité géographique et sociale du Hong Kong des années 50, qui ressemble à une prison plus qu’à autre chose.

Faut-il encore pitcher le sujet ? Vous avez dejà vu ItMfL, contrairement à ce snob de Professore, non ? Un homme et une femme emménagent en même temps. Pas ensemble, ils sont en couple chacun de leur côté. Mais on ne verra jamais le mari de Madame ou la chérie de Monsieur. Est-ce pour cela qu’ils vont tomber amoureux ? C’est que ce que suggère la musique-fatum qui ponctue le film et ramène le spectateur à chaque fois sur le chemin de la destinée.

Il y aura aussi un panoramique vertical sur une fumée de cigarette, des faux ralentis**. Au service d’un film court, qui semble aller très vite alors qu’il va très lentement.  

Du cinéma à tous les étages, vous dis-je.

* Qui vont par exemple déterminer qui trompe qui.
** L’image ralentit, mais pas le son
.




mardi 6 décembre 2022


Magnum
posté par Professor Ludovico

Voilà… Trente ans après, je sais enfin la fin de Magnum. Et la vérité sur le mystérieux Robin Masters ! Occasion aussi de constater ce que trois décennies font à la cinéphilie…  

Magnum était dans les années 80 une série moderne, rapide et comique. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Le charme des acteurs est toujours là, en particulier Magnum/Higgins et leurs doubleurs français… L’action a pris un énorme coup de vieux, puisque l’on est habitué à des chorégraphies pyrotechnique bien plus spectaculaires. Mais surtout, la série semble aujourd’hui pesamment moralisatrice. Les intrigues ne tiennent pas très bien la route et les rebondissements sont un peu forcés (mais ne serait-ce pas le lot des séries mainstream façon The Closer/NCIS ?)

Pourquoi est-il plus facile de regarder un film des années 50 ? Probablement justement, grâce à la qualité de l’écriture, qui seule, peut survivre au temps.




dimanche 18 septembre 2022


Rashomon
posté par Professor Ludovico

On pourrait expliquer les raisons passionnantes qui nous ont poussé à regarder America Latina plutôt que Rashomon, mais le lendemain, le travail est toujours là, et il y a une chronique à faire.

Nous voilà donc au MK2 Odéon devant le chef-d’œuvre d’Akira Kurosawa : Rashomon, le film qui a créé le concept de narration à plusieurs points de vue. Aujourd’hui, le chef-d’œuvre est tout de même lourd à digérer. Si l’on sait – et que l’on accepte – les contraintes du cinéma japonais (les hommes hurlent, les filles gémissent), le rythme de Rashomon reste dur à avaler.

Chaque scène est très longue, sachant qu’on raconte trois versions de la même histoire. Le brigand commence : il a bien désiré la femme de ce seigneur, les a suivis, l’a ligoté et violé sa femme. Et voilà la version de la femme, différente, et celui du mort (c’est le fantôme qui raconte). A la fin, le film aura démontré que la vérité réside dans l’œil de celui qui regarde. CQFD.

Auquel s’ajoute une morale sur l’horreur du monde, et la difficulté d’y vivre, joliment métaphorisé par le bébé abandonné et la pluie, qui maintenant cesse de tomber.

Il est temps d’aller de l’avant.




mardi 6 septembre 2022


Les Magnétiques sont sur Canal+
posté par Professor Ludovico

Le meilleur film français de l’année dernière est disponible sur Canal, qu’est-ce que vous attendez ? Le parcours de deux frères au début des années 80, entre Service Militaire et radio libre, mais une seule fille…

Comédie française, puis tragédie grecque, avec comme musique de fond le meilleur du post-punk… Il ne passera jamais sur TF1, dépêchez-vous…




dimanche 4 septembre 2022


Key Largo
posté par Professor Ludovico

Dès les premières minutes de Key Largo, on sait qu’on est dans la production hollywoodienne, qualité Triple A. Noir et blanc marmoréen, couple mythique Bogart/Bacall, John Huston et la Warner. La Warner, peut-être le seul studio hollywoodien qui ait tenu une forme de ligne éditoriale tout au long de sa longue existence (99 ans au compteur) : des films méchants, mauvais esprit, immoraux, de William Wellman aux sœurs Wachowski en passant par Kubrick…

Key Largo, c’est la ville au début des Keys, cet archipel magnifique au sud de la Floride relié malheureusement par une horrible highway lardée de supermarchés. Il faut chercher la beauté derrière l’anarchie immobilière, ou revoir Bloodline. Mais là, on est en 1948, les Keys sont encore sauvages, et c’est l’hiver, l’ouragan gronde. Bogart débarque dans un hôtel ; il est venu dire au propriétaire quel héros son fils était pendant la guerre. Mais traine dans l’hôtel une bande patibulaire, en fait le gang d’un mafieux revenu en Floride, le terrible Johnny Rocco (Edward G. Robinson) qui va rapidement prendre tout le monde en otage.

Première audace, le bad guy n’apparait qu’au bout d’une demi-heure. Ce qui laisse le huis clos s’installer, les personnages (ambigus) se découvrir, et la tension monter jusqu’à l’explosion finale. En 1h40, Huston extrait l’essence même du film noir : des conflits moraux (qu’est-ce que le courage ?), le désespoir moral de l’après-guerre qui voit les profiteurs revenir sur le devant de la scène, et bien sûr, l’amour impossible. Voir Bacall qui regarde Bogart (ils sont en couple depuis quatre ans) suffit à donner des frissons dans le dos…




mercredi 8 juin 2022


Tueur à gages
posté par Professor Ludovico

Ah c’est ça une bonne idée de faire une rétrospective Veronica Lake. Constance Frances Marie Ockelman va exploser dans les années 40, en quelques films : Les Voyages de Sullivan, Tueur à gages, La Clé de verre, Ma Femme est une Sorcière, Le Dahlia Bleu…

Mystérieusement belle, intelligente, pointue, Veronica Lake enchaine les rôles de femme fatale mais tombe vite dans l’oubli. Peu importe, son visage étrange, sa mèche blonde qui cache son œil droit, lui donne pour toujours de l’avance sur ses voisines de plateau, qui s’évertuent à jouer les nunuches, decent american women. Lake imprime la pellicule et nos souvenirs pour toujours.

On commence donc par Tueur à gages, pas le meilleur tirage. Une histoire bourrée de rebondissements abracadabrantesques, qui tient surtout par l’actrice et le couple maudit qu’elle forme avec le tueur à gages du film, le débutant Alan Ladd avec qui elle va faire d’autres films, avec de vrai scenarios : La Clé de verre, et Le Dahlia Bleu

Beaucoup mieux, on y reviendra…

Rétrospective Veronica Lake
OCS




lundi 21 février 2022


River of Grass
posté par Professor Ludovico

River of Grass est un peu l’équivalent, pour Kelly Reichardt, du Peur et Désir de Kubrick. C’est-à-dire un film de débutant, un peu raté, avec plein de maladresses, mais qui pose d’emblée les futures thématiques de la cinéaste de Old Joy, Wendy et Lucy, ou First Cow. La figure de style du road movie, de la fuite à deux ; mais aussi l’errance immobile, le poids du lieu qui détermine socialement les personnages, et la volonté de s’en extirper…  

River of Grass, c’est aussi le premier et le dernier film de Reichardt en Floride, dans son Dade County natal. Un comté qui a particularité d’abriter une mégalopole urbaine (Miami) et un désert terrifiant (le marais des Everglades).

Il est symptomatique que notre couple maudit, Cozy et Lee, essaient pendant tout le film d’en sortir et n’y arrivent jamais. Kelly Reichardt, elle, s’enfuira au fin fond de l’Oregon, l’opposé absolu de la Floride : un état quasi désertique, pluvieux, progressiste, et qui inspirera ses plus beaux films.




samedi 8 juin 2019


Love, Death and Robots
posté par Professor Ludovico

L’amour à mort avec les robots. Cette petite série d’animation est à la fois anecdotique et intéressante. Anecdotique car il s’agit de (très) courts-métrages plus ou moins réussis. Intéressant parce qu’il y a des perles narrative ou graphique à découvrir…




jeudi 21 mars 2019


De l’Or pour les Braves
posté par Professor Ludovico

Inexplicablement, De l’Or pour les Braves manquait à ma collection des années 70, l’anthologie paternelle des films sur la Seconde Guerre mondiale : des Canons de Navaronne à L’ouragan vient de Navaronne (avec Harrison Ford !), du
Pont de la Rivière Kwai au Pont trop Loin . Pas que des chefs d’œuvre, donc.

Mais celui-ci est très original ; on croit commencer par un film sur Telly Savalas, mais si on lit bien le titre original, on s’aperçoit que ça s’appelle Kelly’s Heroes, que Kelly c’est Clint Eastwood, et que de héros, il n’y en a point. Kelly est un ancien lieutenant dégradé qui réunit une bande de loufiats armés jusqu’aux dents (et jusqu’au Sherman) pour aller libérer, un peu en avance, un petit village de l’est de la France. Enfin, surtout libérer sa banque de 16 millions de dollars en lingots d’or.

Le film de Brian G. Hutton* est un curieux mélange de classique action-movie 60’s avec son cast de dur-à-cuir, mais contient aussi les amorces du mouvement hippie (le film est sorti en 1970), avec une section de Sherman déjantée pilotée par Donald Sutherland qui a l’air de fumer du shit en permanence.

La morale de l’histoire est également très étonnante, mais on vous laissera la découvrir…

* Qui nous donna aussi Quand les Aigles Attaquent




dimanche 30 décembre 2018


La Bûche
posté par Professor Ludovico

On apprécie ici beaucoup Danièle Thompson, son sens de l’intrigue bien menée, des dialogues ciselés et ses personnages bien campés. Il manquait La Bûche à notre répertoire, mais elle a pris un petit coup de vieux.

Ne subsiste que la prestation rigolote de Sabine Azéma en chanteuse russe et le grand Claude Rich. Le fiston (Christopher Thompson) joue déjà comme cochon face à une Charlotte Gainsbourg déjà très douée. Par ailleurs les intrigues amoureuses, les révélations, semblent aujourd’hui très évidentes aux spectateurs habitués.

Mais bon, avec ce film, le système Thompson se mettait en place…




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