samedi 31 décembre 2011


A Dangerous Method
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

 

Après deux très mauvais films, A History of Violence et Les Promesses de l’Ombre, David Cronenberg réalise son docudrama pour Antenne 2, dans notre série « Les Grands Personnages de l’Histoire » Aujourd’hui, Carl Jung, Sigmund Freud et leur patiente, Sabina Spielrein. Notre candide, ce soir, sera Jean Ferrat, chanteur, poète, ami de Jacques Lacan … mais bon, je m’égare.

Heureusement qu’il y a des pointures devant la caméra (Michael Fassbender, Viggo Mortensen, Keira Knightley) : on ne s’ennuie pas trop dans ce décor glacé. Performances d’acteur à droite et à gauche, mais au service d’une longuette explication pédagogique du combat de Titans qui opposa les inventeurs de la psychanalyse : Carl Jung, le jeune padawan de Sigmund Freud, se rebelle contre son ancien Maître Jedi (Sigmund F.) tandis que sa patiente, Sabina Spielrein, invente la pulsion de mort entre deux fessées.

One ne voit pas très bien où l’auteur visionnaire de Videodrome, Faux-Semblants et Crash veut en venir, sinon filmer des cafés viennois, des automobiles et des voiliers rutilants.




vendredi 30 décembre 2011


Jérôme Commandeur
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Le one man show n’a a priori rien à faire sur CineFast, mais il s’agit ici des espoirs qu’on peut mettre dans le comédien Jérôme Commandeur, ou, au delà de ça, de la différence entre un bon acteur et un mauvais texte.

Car Jérôme Commandeur, le spectacle est pas mal, sans plus. Mais on y décèle, et c’est toujours assez rare, un incroyable potentiel. Commandeur est un comédien-né, capable de se transformer sans accessoire aucun, sinon une paire de lunette, en camionneur ou en pimbeche de conseil général. La transformation est totale, et il en joue ; enlevant un moment ses binocles, pour nous rappeler qu’il y a un acteur sous l’espagnole alter mondialiste fan d’Hélène Segarra…

Côté texte, c’est plus faible. La dénonciation habituelle des feignasses de la fonction publique, les absurdités psychothérapeutiques, ou les engagements politiques à la Florent Pagny. La critique est facile, et un peu grossière. On est loin de Gaspard Proust ou Jerry Seinfeld.

Mais pour avoir découvert Commandeur sur Europe1 où il faisait justement du Seinfeld le vendredi matin, à débusquer en entomologiste nos petits tracas du quotidien (le camping, l’apéritif, les visites chez mémé), le Professore sait qu’il en reste sous la pédale. Comme dans Les Tuche, où il ne sauvait pas le film, mais nous distrayait de la médiocrité ambiante en patron de club de gym obséquieux.

Longue vie au Commandeur.




jeudi 29 décembre 2011


Tron Legacy
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]

Quel gâchis ! Assembler autant de talents : Jeff Bridges, Michael Sheen, Tron v.1.0, Daft Punk, des graphistes, des animateurs … Pour aboutir à une bouse pareille…

Incompréhensible scénario. Personnages inconsistants. Décalque, juste lifté, des éléments du décor 1.0.
Ne subsiste que des images splendides, des combats magnifiquement chorégraphiés, et l’excellente musique de nos deux Dafteurs, qui font même une apparition casquée…

Il y avait tellement à faire avec Tron, tellement à faire avec l’évolution des technologies, et du videogaming !

Disney avait raté Tron, elle se paye le luxe de rater le reboot.

Petit P.S. ironique et symbolique du déclin d’Hollywood : le jeu vidéo Tron 2.0 est sûrement le meilleur opus de la série. 




dimanche 25 décembre 2011


Shame
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Voilà quelqu’un qui a confiance dans le cinéma.

Steve McQueen, celui de Hunger et de Shame, pas celui de La Grande Evasion, fait un cinéma comme on n’ose plus en rêver aujourd’hui : intelligent sans être pédant, esthétique sans être maniéré, et qui laisse une place immense à ses acteurs.

A l’image de Michael Fassbender, bloc de granit absolu, de Carey Mulligan, dans un tout autre rôle que dans Drive, mais tout aussi convaincante ou de Nicole Beharie, amante d’un soir… à ces trois-là, Steve McQueen offre des plans séquences longilignes, fascinant de justesse et de sincérité : qu’il s’agisse des banalités qu’on échange au restaurant avant d’aller plus loin, ou d’une explication sur canapé entre frère et sœur.

Shame est une démonstration éblouissante de ce que le cinéma peut faire. On lui reprochera peut-être de trop effleurer son sujet, de ne pas le creuser à fond, de ne pas au final être un objet complet, comme La Séparation. Mais Shame fait indubitablement partie des très grands films de l’année.




vendredi 23 décembre 2011


Mission : Impossible – Le Protocole Fantôme
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Fan de la série gamin, je m’étais évidemment rué sur le de Palma à sa sortie, pour réaliser, selon la phrase du Chêne Volant, qu’Hollywood avait décidé de tuer tous nos rêves de gosses, en faisant de Mr Phelps un traître en puissance.*

Sur un coup de faiblesse, j’ai vu le 2 (le John Woo) tellement mauvais qu’hier encore, je l’avais oublié. J’ai fait l’impasse sur le 3, malgré JJ Abrams et Philip Seymour Hoffamnn.

Mais hier soir, moment de faiblesse, échos positifs à droite et à gauche, j’ai craqué. Pas assez de GCA en ce moment, de toutes façons.

Et ben voilà, c’est distrayant, mais c’est tout. C’est drôle, les scènes d’actions sont bien, et l’humour presque british vient sauver le tout. Parce que sinon, le scénario est sixties à pleurer (un méchant s’est emparé des codes nucléaires russes et veut tout faire sauter pour « régénérer » l’humanité (sic))

Le comble, finalement ! Le reboot de James Bond (avec Daniel Craig) a fini par ringardiser Mission : Impossible !

Car dès que l’action (et les vannes) s’arrêtent, Le Protocole Fantôme devient sérieux, et là, ça fait mal aux fesses. Mais bon, c’est très délassant, et rien que ça…

* La thèse du Chêne Volant est simple, mais efficace. Comment peut-on montrer à nos enfants cette série géniale, puisqu’ils savent déjà que Phelps deviendra un traître 20 ans plus tard ?




mercredi 21 décembre 2011


L.A. Takedown
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films -Séries TV ]

Joli cadeau que m’a fait Ludo Fulci en me prêtant L.A. Takedown, téléfilm américain des années 80 que je cherchais en vain depuis longtemps. Rien de moins que la première version de Heat, le chef d’œuvre de Michael Mann. Ecrit et filmé par le même Mann, L.A. Takedown est le clone de son cadet : deux héros, un flic et un voyou, s’affrontent jusqu’à la tragédie. Mais il y a un nanar et un chef d’œuvre. L’exercice est donc passionnant, comme une expérience inédite de cinéphile de laboratoire. Même scénario, même réalisateur, même décor, la flamboyante Los Angeles. Même musique (synthé + guitare planante, reprise des Stones versus reprise de Joy Division)

Qu’est-ce qui cloche alors ? Le temps, l’argent et le talent. Michael Mann, dans le mini making of prévient d’emblée : les deux films de ne sont pas comparables (10 jours de préparation contre et 19 jours de tournage contre 109 jours pour l’affrontement de Niro – Pacino). Les acteurs n’ont pas pu se préparer comme les autres, faire ces « recherches » qu’affectionnent tant les scénaristes et les acteurs US. Les cadres sont systématiquement en gros plan, comme l’exige la télévision, et il n’y a pas de place pour l’architecture, comme le souligne Mann dans le Making of. Mais surtout, il manque de Niro & Pacino, et aussi la flopée de seconds rôles, qui sont tous parfaits dans Heat (Val Kilmer, Tom Sizemore, mais aussi les femmes : Diane Venora, Amy Brenneman, Ashley Judd et Natalie Portman.)

Un véritable exercice d’analyse cinématographique, si vous réussissez à tomber dessus…




dimanche 18 décembre 2011


Le Royaume Enchanté
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

De bruit et de fureur. Voilà ce que propose Le Royaume Enchanté, le livre-événement de James B. Stewart, édité chez Sonatine. Pas étonnant que l’auteur fasse référence au grand Will, car toute l’œuvre shakespearienne peut être convoquée dans cette histoire détaillée de l’entreprise Disney, entre 1984 et 2005. Ces vingt ans c’est tout simplement le règne de Michael Ier, Michael Eisner lui-même. D’abord monarque réformateur, l’ancien président de la Paramount deviendra un Richard III paranoïaque et destructeur, érodant ce qu’il avait précisément contribué à construire.

En 1984, il dépoussière pourtant la vieille maison Disney en quelques coups de cuillère à pot marketing : augmenter le prix des parkings de Disneyland, sortir les classiques Disney en VHS, bâtir des hôtels autour des parcs : en un an, Eisner fait exploser les bénéfices d’une maison endormie. Grâce à son numéro 2, Jeffrey Katzenberg, il renoue Disney avec son glorieux passé, mais oublie de le récompenser au passage. Eisner touche en un an 67M$ de prime, et Katzenberg, zéro. Ce dernier se plaint, mais n’obtient rien. Tout juste lui concède-t-on un petit bonus : 2% sur les profits réalisés sur les films produits par lui, mais uniquement quand il aura quitté la société. Katzenberg fulmine : les films sortent au compte-goutte, et il pourrait très bien ne rien toucher du tout ! Sauf qu’en 5 ans (1989-1994) Katzenberg supervise Qui Veut la Peau de Roger Rabbit ? La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladin et Le Roi Lion. Très vite, Disney lui doit déjà 200M$.*

Le Royaume Enchanté regorge de ces anecdotes qui font la joie du Professore, qui par ailleurs, déteste Disney, n’est jamais allé à Disneyland, et n’a vu aucun dessin animé de l’oncle Walt.

Mais voilà, la meilleure histoire qu’Hollywood ait jamais écrite, c’est elle-même : combats d’egos, millions de dollars, intégrité artistique vs rentabilité marketing, tout y est, et bien plus encore, dans Le Royaume Enchanté. Mieux, on se plaît à se rappeler tout au long de la lecture du livre une partie de nos vies. Car ces événements, même lointains, nous y avons participé : le scandale Eurodisney, la bulle Internet, la fusion Time Warner, le succès surprise de Lost et Desperate Housewives, le départ de Katzenberg pour fonder Dreamworks (Shrek, Nemo, etc…), le succès de Pixar et le clash avec Steve Jobs, vous vous rappellerez sûrement d’un ou plusieurs de ces événements

Car que vous aimiez ou non Disney, il est le plus parfait représentant de cette culture américaine qui se déverse chaque jour dans nos télévisions, PC et iPads.

Une lecture hautement recommandable.

*Un épisode qui en dit long sur la pseudo génie des affaires américain.

Le Royaume Enchanté
James B. Stewart,
Editions Sonatine





samedi 10 décembre 2011


Intouchables : la non-critique
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films -Pour en finir avec ... ]

Voilà, c’est trop tard. Trop de monde me presse d’aller voir le Super Film de l’Année. Vaguement tenté au début, je n’ai plus du tout envie.

Pour comprendre, il faut entrer dans le petit cerveau schizophrène du Professore. Car dans ce cerveau, il y a un gros snob qui sommeille.

Un gros mot, snob. Élitiste, aussi. Des mots interdits dans notre culture démocratique, qui confond « accès pour tous à la culture », et « culture pour tous ». On n’est pas forcé, pas forcé du tout, d’aimer ce que la majorité aime. On n’est pas forcé de detester obligatirement non plus… Mais voilà, je n’aime pas les Chtis. Pas par atavisme social (le Professore vient du fin fond de la Beauce), mais par une trop grande cinéphilie. Si l’on va voir 5 ou 6 films dans l’année (moyenne nationale), les Chtis sont un divertissement comparable à d’autres, et même plutôt favorablement comparable à d’autres. Si on va en voir 5 ou 6 fois plus, on a des chances d’avoir vu des comédies plus drôles, plus fines, plus subtiles. C’est aussi mathématique que cela.
Pour en revenir aux Intouchables, il se trouve que lorsque j’ai vu la bande annonce, j’ai caressé l’idée d’aller voir le film : j’aime Omar, j’aime Cluzet, et l’histoire avait l’air suffisamment originale. Si je l’avais vu à l’époque, il est possible que je l’ai trouvé suffisamment sympa pour écrire une chronique élogieuse. Mais voilà, je n’y suis pas allé. Et son succès m’a dégoûté de le faire. Ce n’est pas bien dire ça, je le sais ce n’est pas très rationnel non plus, même pas subjectif, mais l’idée d’aller aimer le film que tout le monde aimait, c’était un repoussoir suffisant.

Pourquoi ? C’est dur à dire.

Il y a évidemment une volonté de s’extraire de la masse, de ne pas faire partie du Mainstream, qui est une caractéristique dominante chez moi : être de gauche à une table de sympathisants UMP ou vanter les vertus d’une Kalachnikov à la Fête des Voisins de Boboland, downtown Paris 11°. Mais aussi, sûrement, l’idée qu’un tel succès consensuel ne peut être que suspect. On m’opposera Titanic, ou Tintin (la BD) mais dans le fond, un tel succès touche forcément un nœud sensible de la psyché française, et ça me dérange.

Par ailleurs, et c’est formidablement analysé dans un récent article de Libé, le « chantage au vécu » que nous impose Intouchables (« c’est juste parce que c’est vrai, et comme c’est vrai vous devez rire et vous devez pleurer ») est tout simplement insupportable en tant que spectateur. On a le droit de manipuler le spectateur, mais pas celui de le prendre à la gorge pour lui imposer des sentiments…

Intouchable, en effet.




dimanche 4 décembre 2011


Potiche
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Je ne sais pas pourquoi, mais je vais rarement voir les films de François Ozon. Pourtant, j’ai adoré les deux que j’ai vus : Swimming Pool, Sous Le Sable. Et ce soir, Potiche.

Peut-être parce qu’Ozon fait des films de fille (ce que la gent féminine de la famille Professorale cherchait hier), et qu’aucun de ses sujets ne semble assez bankable à mes yeux.

Mais là, 10mn après, je suis séduit, et 100 mn après, je suis conquis. Potiche est un pari dingue : adapter un classique du Boulevard, signé Barillet – Gredy, et le conserver tel quel : décor criard, jeu faux façon Au Théâtre Ce Soir, dialogues surannés. Il faut une grosse paire de cojones pour tenter le coup et des producteurs spécialistes de la chose (Eric et Nicolas Altmeyer (OSS 117, Brice de Nice…))

Il faut aussi des comédiens exceptionnels (Deneuve, qui fait une fin de carrière exemplaire, Gégé, qui signe son premier bon rôle depuis… depuis…, Judith Godrèche, fabuleuse en militante RPR, et Jérémie Renier en designer gay qui s’ignore, Luchini, Viartd, n’en jetez plus, la coupe est pleine ! L’intrigue a peu d’importance : un patron (Luchini) est obligé de laisser la gestion d’entreprise à sa potiche de femme (Deneuve), face au tout-puissant député-maire communiste (Depardieu), qui n’est autre qu’un ancien amant de la demoiselle. Vous l’aurez compris, on n’est pas chez les Dardenne, mais plutôt dans une jolie fable féministe, drôle et …couillue !

C’est promis, je vais voir le prochain Ozon !




vendredi 2 décembre 2011


Ken Russell
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Le réalisateur provoc british est décédé cette semaine à 84 ans, et j’avoue que ça m’a fait de la peine, parce que j’ai adoré tous les films que j’ai vu, même si j’en ai vu peu (le bonhomme en a réalisé 70)

Mon chouchou reste Les Jours et les Nuits de China Blue, probablement irregardable aujourd’hui, mais que j’ai vu plusieurs fois, tout simplement parce que Kathleen Turner était l’actrice la plus hot des années 80. L’histoire de cette prostituée, libérée la nuit et designer coincée le jour est évidemment un conte de fées, mais c’était à l’époque un choc esthétique et moral.

Sinon, il y a Les Diables, film historique destroy sur les possédés de Loudun, et Tommy, la grande fresque sous acide des Who, le seul film qui mérite véritablement le titre d’opéra rock…

Ken Russell était un grand formaliste, un peu défoncé, un peu délirant, osant un cinéma peut-être foutraque, mais un cinéma original et dérangeant qu’on a du mal à imaginer aujourd’hui… Ken Russell meurt sans héritier.