[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



mercredi 31 octobre 2007


99F (le livre)
posté par Professor Ludovico

Cette chronique pourrait se poser comme l’exact opposé de la précédente ; elle en est pourtant le complément absolu. Refusant de voir le film, j’ai accepté finalement de lire le livre. Dans le fond, j’aime bien Beigbeder. Outre qu’il a exactement mon âge et que je me sens donc en affinité générationnelle avec lui, c’est un véritable amoureux de la littérature (et de la bonne). Il n’a donc pas trop fallu d’efforts (5 ans, tout de même) à mes collègues et amis pour m’amener à lire cet opuscule. Vous me direz que c’était facile, puisqu’écrit comme du roman français : gros et court. Une bonne semaine dans le RER fut quand même nécessaire, car lire Beigbeder est une épreuve. Les amoureux de la littérature ne font pas forcement de bons écrivains.

Beigbeder n’écrit pas, il parle. Il ne fait pas de phrase, il pond des slogans. Il s’écoute écrire. Il croit faire des révélations sur la pub (Pepsi aurait acheté la couleur bleue, Nestlé déposé le mot Bonheur), alors que c’est dans les journaux. Il croit dénoncer les turpitudes de notre monde, alors qu’il en est l’un des principaux acteurs (comme Jan Kounen).

Après avoir lu aussi Windows of the World, je crois pouvoir maintenant démonter le système Beigbeder :

Etape 1 : je fais quelque chose de mal (je prends le coke, j’abandonne ma femme, je bosse dans la pub). Etape 2 : je me dédouane en le confessant (c’est horrible, je suis qu’une merde). Etape 3 : je me dédouane de me dédouaner en confessant que je me dédouane (c’est pas bien ce que je fais, de vous raconter tout ça !). Bref, à la fin, le système Beigbeder est inattaquable. Que peut-on lui reprocher ? Il a déjà fait lui-même son autocritique ! Lui dire que son histoire ne tient pas debout ? Il peut vous assurer que tout cela lui est arrivé, ou qu’il connaît des gens (qui connaissent des gens) à qui c’est arrivé !

Mais l’autofiction n’est pas la fiction. Et pour moi, la fiction a une plus grande valeur : Les Corrections de Jonathan Franzen valent 100 fois Bouche Cousue de Mazarine Pingeot.

Pour revenir à Beigbeder, il faudrait une histoire un peu plus accrocheuse que celle d’un publicitaire meurtrier en lutte contre le capitalisme mondial. Il est assez pénible d’entendre les lamentations d’un petit garçon riche sur 200 pages, même écrit gros. Lisez donc No Logo si vous voulez apprendre quelque chose sur la publicité et le marketing dans le monde d’aujourd’hui. Et si vous voulez lire un roman, lisez Franzen, Zadie Smith, ou Haruki Murakami…




mercredi 31 octobre 2007


99F (le film)
posté par Professor Ludovico

Je n’irais pas voir le film de Jan Kounen. Pourtant, je peux d’ores et déjà vous dire qu’il est nul et qu’il ne faut pas y aller ! En paraphrasant une célèbre chronique de Charlie Hebdo*, je n’ai pas vu 99F, mais n’y allez pas non plus ! Car sans avoir vu aucun film de Jan Kounen, j’ai une idée du genre de film qu’il réalise : inutilement violents, complaisants, très clip, très pubeux.

Mauvaise foi ? Pas vraiment. Si je vous conseille un groupe punk, The Exploited (au hasard), et que vous n’aimez pas le punk, vous aurez exactement la même réaction : pourquoi écouter un disque dont le genre vous répugne ? Je pourrais bien sûr laisser une chance à Jan Kounen, tenter de voir un de ses films. Non. Je sais que je n’aime pas les films de Jan Kounen. Alors où est la mauvaise foi ? Dans le critique de Libération qui va voir le film sachant à l’avance qu’il va le démolir, ou dans l’acceptation de cette subjectivité ?

Cette chronique ne parle pas aujourd’hui d’un film, mais bien de la nécessaire subjectivité qui préside à tout travail critique. Je veux lever ici l’illusion d’une prétendue neutralité bienveillante, du devoir d’objectivité face aux films, qui serait censé fonder théoriquement la critique de cinéma.

La critique n’est pas une science. Il n’y a pas de vrai, il n’y a pas de faux. Nous avons tous des goûts, forgé par une culture cinématographique depuis notre plus tendre enfance et qui construit aussi nos préjugés. Nous avons vu des films, nous savons ce que nous aimons et ce que nous n’aimons pas. (Si vous êtes ici, par exemple, c’est que nous n’êtes pas foncièrement opposés au cinéma américain.)

Pour être tout à fait honnête, j’apporte ma propre contradiction. J’avais classé David Fincher dans la poubelle « Jan Kounen/Jean-Pierre Jeunet/Ridley Scott » (la poubelle des gens qui n’ont rien à dire, mais beaucoup à montrer). Mais j’ai changé d’avis sur le bonhomme à la suite d’une mémorable soirée CineFast, soirée qui posa d’ailleurs la première pierre de cette œuvre de bienfaisance cinématographique. Sans révéler de secret initiatique, elle forgea aussi le principe des « conseils d’administration » CineFast : une soirée entre hommes, où un CineFaster inflige aux autres son film, à ses risques et périls. J’ai ainsi découvert Ozu et Fincher, mais pas changé d’avis sur le Assaut de Carpenter.

Faut-il donc combattre ses préjugés ? Sûrement un peu. Mais les combattre totalement est illusoire.

*en 1971, Charlie Hebdo chroniquait ainsi Orange Mécanique : « On l’a pas vu, mais c’est génial, courez-y ! »




samedi 13 octobre 2007


Le silence des Annaud
posté par Professor Ludovico

Après avoir subi une semaine de promotion de Sa Majesté Minor, c’en est trop, je craque. Autant d’outrecuidance, de mensonge, de fatuité, concentré sur une seule personne, c’est plus que je ne puis en supporter.

Extraits : « Je suis un rebelle, je voulais faire un film en dehors des sentiers battus » 30 M€ de budget, le film rebelle ? Sans parler des effets numériques et du casting de jeunes acteurs inconnus (Garcia, Brasseur, Cassel, Rufus !!) « J’ai voulu faire un film païen, dans le bon sens du terme… Le christianisme culpabilise la sexualité. Le paganisme la glorifie. » Monsieur n’a pas Canal+ ? Il ne se rend jamais dans sa librairie, ne loue jamais de porn au video-club ?

Non, trop c’est trop. Mais il semble, comme disent les suédois « Parfois, Dieu punit tout de suite !». Il semblerait que Sa Majesté Minor se soit joyeusement planté, et ne dépasse pas les 300 000 entrées.




mercredi 19 septembre 2007


Le Nouvel Hollywood / Sexe, Mensonges et Hollywood
posté par Professor Ludovico

Connaissez vous Peter Biskind ? Ancien rédacteur en chef de Premiere USA, il est l’auteur de deux livres tout à fait passionnants sur le cinéma US : Easy Riders, Raging Bulls (Le Nouvel Hollywood), et Down and Dirty Pictures (Sexe, Mensonges et Hollywood)*. J’ai lu le premier, je suis entrain de finir le deuxième. Le premier, comme son nom l’indique, raconte la prise du pouvoir à Hollywood par Scorcese, Coppola, Spielberg et Lucas dans les années 70 ; c’est très certainement le meilleur, car très orienté sur les réalisateurs et les tournages. Toute la magie du cinéma y est. On y apprend, entres autres, que la Paramount ne voulait pas d’acteurs italiens dans le Parrain, que George Lucas est malheureux comme une pierre depuis le succès de Star Wars (il aurait voulu faire « autre chose »), que Steven Spielberg est le seul sa génération à s’en être sorti à peu près indemne (en écrasant gentiment tout le monde)…

Down and Dirty Pictures narre pour sa part la naissance et la chute du cinéma indépendant, au travers, tout particulièrement de Miramax et du festival Sundance. On y découvre plutôt les coulisses business du cinéma : acquisitions de films, post-production, doublage, montage, contrats, distribution. Mais c’est tout aussi passionnant : On y découvre ainsi Harvey Weinstein en Tony Soprano du cinéma indépendant menaçant de mort à peu près tout le monde, Redford en star de la procrastination, refusant de déléguer quoique ce soit à Sundance, mais jamais là pour prendre une décision, Steven Soderbergh triste de recevoir une Palme d’Or, et le jeune Quentin T., qui passe instantanément du vidéo-club aux neiges éternelles d’Hollywood. Et on y découvre surtout l’incroyable paradoxe Miramax, produisant à la fois Scream et Sexe mensonges et Video, Kids de Larry Clak et Scary Movie, Shakespeare in Love et Clerks… Une maison qui attire les cinéastes en leur offrant le final cut mais en« améliorant » sans vergogne les films à la post-production, une maison passionnée de cinéma, amoureuse des artistes mais refusant à les payer, même après 100 M$ de recettes…

Le génie tout américain de Biskind est de faire des livres à la fois sérieux et pas chiants. Sérieux parce qu’il analyse, avec force détail, citations et chiffres à l’appui, l’évolution d’une industrie. Pas chiant parce que c’est raconté avec style, mêlant analyse, anecdotes et portraits.

Une plongée en enfer à lire deux fois avant d’intégrer le « merveilleux métier de la scène et du spectacle…  »

si vous êtes fluent in english, je ne saurais trop vous conseiller de les lire en VO. En effet, First amendment oblige, Biskind n’a pas été censuré contrairement à la France. Il peut ainsi écrire des phrases du type « Jack Nicholson se shootait toute la journée », sans risquer un procès…




lundi 3 septembre 2007


Armageddon, part II
posté par Professor Ludovico

Ce blockbuster, vous le savez, fut à l’origine d’un papier séminal du Professor. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Mais à la revoyure récente dudit film, on peut suggérer quelques compléments d’analyse que nous vous livrons ici, en bloc.

Armageddon, ou la lutte contre la Tyrannie
Je vous rassure, Armageddon n’est pas marxiste. Mais il appelle pourtant, sournoisement, à la rébellion. Rébellion contre qui ? Contre la tyrannie. Vous croyiez que Bruce Willis et ses working class heroes combattaient le météorite censé détruire la terre ? Il n’en est rien. Ils combattent un ennemi beaucoup plus sournois, souterrain : l’ennemi intérieur, la technocratie, la bureaucratie, Washington et la NASA. En un mot, la Tyrannie.

Au mitan du film, le président des USA, qu’on voit toujours à la Maison Blanche, dans l’ombre (la Conspiration !), suit les conseils de son général en chef, qui n’a plus confiance dans Bruce Willis pour sauver le monde. Plus confiance dans Bruce Willis ??? Mais il est fou, celui-là ! Il n’a pas vu Piège De Cristal ???

Le Président ordonne donc de passer au Plan B. Immédiatement, des militaires des Forces Spéciales investissent la NASA et en prennent le contrôle. La scène est filmée comme un coup d’état. Et c’en est un… Leur objectif : faire sauter directement la bombe à la surface du météore, puisque Bruce Willis n’y arrive pas ! Mais en agissant ainsi, ils condamnent l’humanité, puisqu’il faudrait normalement déposer cette bombe à 250 m de profondeur, sinon le météore ne sera pas détourné de sa trajectoire meurtrière…

Cela n’arrête pas le Président, incompétent, mal conseillé, bref… Tyrannique !

Cette scène fait écho à d’autres productions Simpson/Bruckheimer : USS Alabama, par exemple, suit le même modus operandi. Denzel Washington lutte contre un autre Tyran, Gene Hackmann. Celui-ci est prêt à tout (risquer la vie de ses hommes, déclencher le feu nucléaire) dans le seul but d’appliquer les consignes. Phrase culte : « Nous sommes ici pour défendre la démocratie, pas pour l’appliquer !»… A la fin, nos deux personnages sont réconciliés, et jugés tous les deux fautifs par le tribunal militaire, mais… pardonnés : les deux personnages ne sont rien d’autre que les deux faces de cette même nation, l’Amérique, capable d’être la plus grande des démocraties comme de sombrer dans la plus noire des tyrannies.

Cette tension, on le retrouve aussi dans un face à face récent signé toujours Bruckheimer : Déjà vu, opposant le terroriste d’extrême droite au flic intègre (Denzel Washington, toujours).

Armageddon ou la lutte des classes
Armageddon, c’est aussi l’histoire de lutte des classes. Quelles sont ses forces en présence ? D’un côté, les héros, qui sont, sans exception des « damnés de la terre » : un obèse mangeur de donuts (Ken Hudson Campbell), un père abandonneur de famille (Will Patton), un cowboy paumé (Owen Wilson), un biker noir (Michael Clarke Duncan), un obsédé sexuel (Steve Buscemi). Le type même des losers white trash rejettés par Uncle Sam. Sans parler du monde entier : pauvres chinois dans leurs jonques, foules en extase religieuses devant le Taj mahal, français mangeurs de baguettes… et astronaute russe sans le sou, dérivant en orbite géostationnaire !

Dans le camp d’en face, les prototypes de la technocratie bien pensante, mangeurs de yaourt au bifidus, au profil tout aussi viril qu’indifférencié : ingénieurs à la NASA, dépenseurs d’impôts du contribuable, militaires obtus, ingénieurs loin des réalités du peuple. Heureusement, les working class heroes, aidé du seul mec bien de la NASA (Billy Bob Thornton, moche et handicapé) sauveront le monde de ces technocrates. Pour seul paiement, que réclament-ils ? De l’argent ? Des honneurs ? De la reconnaissance ? Non. Ils veulent des demandes simples, comme seul le peuple a la liberté de la faire : « Je veux que mes contraventions soient effacées, je veux savoir qui a tué Kennedy et surtout, ne plus payer d’impôts !!»

Armageddon ou la Guerre des Sexes
Armageddon est aussi un film sexuel, voire freudien : Bruce Willis veut mettre sa foreuse bien profond, au cœur du météore, tout en sauvegardant la virginité de sa fille (on est au XXI° siècle, Bruce, réveille-toi !), virginité sous la menace par des appétits sexuels de son meilleur foreur (Ben Affleck), qu’il considère pourtant – ou justement – comme son fils. « Occupe toi de de ma fille ! » Tel est le dernier message adressé par le Père au Fils. On ne fait pas dans la finesse, mais n’est-ce pas le charme des productions Simpson/Bruckheimer ?




dimanche 1 juillet 2007


Midway
posté par Professor Ludovico

Toujours passionné de seconde guerre mondiale maritime, je me suis attelé à Midway, avec Charlton Heston et Robert Mitchum. Bon, c’est mauvais, mais ce n’est pas grave. En fait, c’est un film très pédagogique, probablement tourné en 1976 pour remonter le moral des américains sortant du Vietnam, et exhorter les valeurs patriotiques de cette improbable victoire. Le film est donc scolaire (on se croirait sur History Channel), il n’y pas d’histoire, et on nous débite le nom des commandants et du nombre d’appareils qui reviennent se poser.

Le seul intérêt, c’est de lever une grave question historico-cinématographique : pourquoi les combats maritimes ne passent pas au cinéma ? Ca devrait être visuel, mais ce ne l’est pas. On ne comprend rien à la bataille, ça tire dans tous les coins, les avions mitraillent, mais on s’ennuie ferme. A côté, le cinéma de sous-marin prospère, chefs d’oeuvre décennaux à l’appui. Pourquoi ? On ne voit rien dans un sous marin, encore moins la bataille. L’action ne peut se dérouler que dans un huis-clos angoissant, à coup de « Immersion périscopique ! » et autres « Torpilles 3 et 4, feu ! »

Mais peut-être qu’être enfermé dans un sous-marin ou dans une salle de cinéma, c’est la même chose, non ?




mercredi 20 juin 2007


Une polémique, une !
posté par Professor Ludovico

Un lecteur nous écrit, et il n’est pas content ! Comme cet avis est enterré au fin fond d’une vieille chronique de 2006, nous la republions ici, agrémenté de la réponse du Snake et du Professore Ludovico.

Voici ce que nous écrit Decker :

Mes pauvres petits, il vous faudrait des siècles pour assimiler un film tel que “Le Nouveau Monde?? ne vais pas me rabaisser à vous dire que j’ai aimé (c’est un euphémisme) ce film. Non, je vais vous répondre que vos petites existences (c’est aussi un euphémisme) sont bien moindres en comparaison du bonzomme qu’est T.Malick. J’ai beaucoup de peine quand je lis vos critiques car elles reposent sur le vide intergalactique de vos vies. Avez-seulement conscience de la portée de vos mots ? Avez-vous seulement conscience que vous êtes, la plupart condamnés à rester passifs et à critiquer tout ce qui passe à votre portée ? Jamais de votre vie, vous ne prendrez d’engagement aussi semblable que celui de s’engager dans la voie ultra-risquée de l’Art. Jamais vous ne direz : “Personne ne m’a cru capable de réussir à devenir acteur, cinéaste, scénariste; et j’ai réussi. J’ai brisé toutes les barrières !??r critiquer n’importe quel domaine; il FAUT FAIRE. C’est ce que vos petits esprits ne pourront jamais comprendre. Laissez les Magiciens FAIRE. Arrêtez de DISPOSER. Celui qui vous écrit est précisément un “acteur??sens propre comme au figuré. Il respecte les gens humbles de tous bords, pas les coloques de beaux-parleurs qui passent leur temps à tergiverser sur “la manière de??us allez me dire que les artistes dépendent de Nous, simples individus ? Vous avez raison. Mais ne les prenez pas en otage, car EUX, ont pris TOUS les risques pour Eclater au grand jour. EUX, ont pris des décisions viscérales et sacrificielles pour arriver à leur fin; décisions dont vous n’aurez jamais conscience. EUX, sont dans la lumière; pas Vous. Vous en serez toujours au même point dans les siècles à venir et disposerez toujours des mêmes formules ultra-galvaudées que vous aurez auparavant maintes fois entendus et les répèterez inlassablement. La différence majeure entre Vous et EUX; c’est qu’ils savent QUI ils sont, et ce pourquoi ils sont faits.

C’est précisément Là tout le secret.

La réponse du Snake :

Oh là là ! Un moment, j’ai cru que Dexter nous avait repéré.

Celle du Professore Ludovico :

Tout d’abord, bienvenue, cher Decker ; enfin un contradicteur, enfin une polémique ! Comme disait Cerdic, le saxon du Roi Arthur « enfin un adversaire à ma taille ! »

Je vais d’abord répondre à ta QUESTION, Homme-Aux-Majuscules : oui, nous sommes des intermittents du spectacle frustrés, oui, nous avons des projets de scénario sous le bras, oui, nous avons été refusés par des grandes chaînes de télévision, oui, nous rêvions d’être Spielberg ou Ozu ! Evidemment ! Bien sûr ! Quand on aime le cinéma à ce point là, on finit par avoir envie d’en faire, non ?

Mais nous n’en avons point fait. Il y a donc probablement une dose de frustration dans nos critiques.

Mais ton analyse, développée par d’autres signatures prestigieuses (Patrice Leconte, pour ne pas le nommer), est au fond extrêmement pernicieuse. Parce qu’au final, qu’est-ce que cela veut dire ? Si on n’a pas de talent, on n’a pas le droit de parler d’un film ? Pas de compétence pour avoir un avis de spectateur ? Pas le droit d’avoir un goût ? D’aimer ceci et de détester cela ?

Toi-même, cher Decker, ne fais-tu pas la différence entre Terrence Malick et Max Pecas ? Pourtant, à ma connaissance, ta carrière me semble mois prestigieuse que celle de l’immortel auteur de On se Calme et on Boit Frais à Saint-Tropez. Est-ce à dire que tu n’aurais pas le droit de critiquer sa brillante et nombreuse filmographie ? Ne fais-tu pas la différence entre le Ridley Scott d’Alien et celui de GI Jane ? Entre le Malick des Moissons du Ciel et celui du Nouveau Monde ?

Pour ma part, j’ai adoré La Ligne Rouge et Badlands ; J’ai trouvé le Nouveau Monde faiblard. N’ai-je pas le droit de le dire ? Avec mon style, ma mauvaise foi ? Ne peut on dire que du bien des artistes ?

CineFast, c’est une bande de types qui ont chacun leur goût, chacun leur marotte, mais qui partagent un certain idéal, celui du cinéma américain bien fait.

Et qui continueront à défendre leur droit de dire du mal de ce qui ne leur plait pas.

Never give up, never surrender.




vendredi 6 avril 2007


Petit traité Théorique (part 2) Aujourd’hui : l’Enjeu
posté par Professor Ludovico

Qu’est-ce qu’un enjeu ? Pourquoi est-ce important de poser « l’enjeu », puis de le « résoudre » ? Un enjeu, c’est ce qu’on pourrait simplement résumer par une question que se pose le spectateur durant le film, et surtout, auquel il souhaite voir apporter une réponse. Dans Titanic, par exemple, l’un des principaux enjeux, c’est « Jack le Pauvre » va-t-il séduire « Rose la Riche » ? C’est d’ailleurs le coup de génie du film : avoir mis au premier plan la love story sur fond de catastrophe archiconnue, plutôt que l’inverse, cliché classique du film catastrophe : love story annexe sur fond d’intrigue catastrophe.

Cet enjeu est posé très vite, dès la première partie du film, et ne va cesser d’être confronté à des antagonisme, indispensables à la progression du film. Barrières sociales, psychologiques, physiques (les classes du bateau) vont empêcher l’enjeu – provisoirement – de se réaliser, jusqu’au moment où le héros triomphe, enfin, de tous ces obstacles.

Titanic, qu’on aime le film ou pas, est un excellent exemple de la magie du cinéma, cette incroyable « contrat tacite » qui lie le cinéaste à son spectateur. Car dans Titanic, le spectateur sait 1) que le bateau va couler 2) que Jack va mourir 3) que l’histoire d’amour va se nouer quoiqu’il arrive. Pourtant, il accepte de faire comme s’il ne savait pas, pour jouir tranquillement du spectacle. Il finit par oublier ces événements pour se laisser glisser dans l’intrigue.

C’est que James Cameron a bien fait son travail, en posant clairement les enjeux de ses personnages, en aidant le spectateur à se poser rapidement ses questions, et en y apportant régulièrement des réponses excitantes….




vendredi 6 avril 2007


Petit Traité Théorique (Part 1)
posté par Professor Ludovico

A force d’agiter un peu les mêmes idées sur le cinéma américain, il a paru important au Pr Ludovico -qui, on le sait, dirige une chaire de « cinéma de divertissement comparé » à l’université de Burbank (Californie) – de poser quelques concepts qui fondent, somme toute, l’unité des Cinefasteurs, de Colombes à Houilles en passant par Paris XVIII°.

Qu’est ce qu’un film ? Pourquoi les genres sont-ils importants ? Pourquoi nous bassiner avec ces histoires d’enjeux, de personnages, de chutes desquelles on se contrefout ?

C’est à ces quelques questions que nous souhaitons répondre.

Aujourd’hui : qu’est-ce qu’un film ?

Un film c’est d’abord une forme : comédie, drame, comédie-dramatique, tragi-comédie, etc. Ces formes, héritées du théâtre classique, sont encore pertinentes aujourd’hui, n’en déplaise à une critique jeunetophile, tendance Ridleyscottienne.

Une comédie, ça se finit bien (Retour vers le Futur). Un drame, ça se finit mal (Titanic). Une comédie dramatique est rigolote, mais se finit mal (Les Copains D’abord). Une tragi-comédie se finit bien, même si c’est un peu triste. (Le Cid).

La forme n’est pas une fin en soi, et on peut même dire que le jeu subtil avec la forme est un critère pour juger un film. C’est en effet en jouant avec ses contraintes qu’une œuvre peut devenir grandiose, ou commune. Michel Ange sculptant son David ne fait que s’inscrire dans une tradition éprouvée de la sculpture gréco-latine, qui magnifie le réalisme, et la proportion. Mais en sculptant cette main de David légèrement disproportionné, il joue avec les limites de son art.

Au cinéma, c’est pareil, un film est défini par un genre : western, film d’horreur, péplum, film noir, etc. Là aussi, on distingue les bons des mauvais : Alien est le croisement génial du film d’horreur avec le film de SF. Blade Runner est le fils caché du film noir et de la SF. Alien devient un chef d’œuvre parce qu’il dépasse sa forme initiale, le film d’horreur. Comment ? Par exemple en imposant au spectateur d’incroyables décalages de tempo : quand Ripley cherche le chat dans la soute du vaisseau : le spectateur sait alors que la bête n’est pas loin (un classique du film d’horreur). C’est pourtant à contretemps qu’Alien surgira. A l’opposé, un ratage, c’est souvent l’utilisation éhontée des ficelles du genre (Dans Un Long Dimanche de Fiançailles*, Jeunet tire tellement la ficelle des films antimilitaristes, qu’elle finit par casser : « le méchant sergent », « la Bretagne battue par le vent », « la tranchée pleine de boue » « l’ouvrier anarchiste qui ne voulait pas aller à la guerre », etc. On peut utiliser des stéréotypes, mais on ne peut pas les utiliser tous. Un bon exemple de cela, c’est Full Metal Jacket. On a vu beaucoup de film sur le Vietnam (la jungle, la boue, la pluie), et Kubrick n’hésiate pas à utiliser certains des clichés du film de guerre : « l’officier qui ne sait pas se faire obéir », « la section qui venge la mort du chef », mais c’est pour mieux les détourner. Et Full Metal Jacket est le seul film sur le Vietnam qui se déroule…… en ville)

*titre édité aux bons soins de James Malakansar : j’avais écris « Amélie Poulain » : lapsus révélateur !




lundi 19 février 2007


Amy Winehouse
posté par Professor Ludovico

Ce n’est pas vraiment du cinéma, mais bon ! J’ai découvert cette jeune fille vendredi, et je suis déjà amoureux. 24 ans, toutes ses dents, c’est comme si Diana Ross (période Supremes) et PJ Harvey (période Dry)avaient eu une fille ensemble, de quelques amours contre-nature. Une voix rauque, des mélodies soul puisées directement Motown, mais avec l’énergie et la méchanceté d’aujourd’hui.

Nouvel Album, « Back to Black »




décembre 2025
L M M J V S D
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293031