mercredi 31 octobre 2007


99F (le livre)
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Cette chronique pourrait se poser comme l’exact opposé de la précédente ; elle en est pourtant le complément absolu. Refusant de voir le film, j’ai accepté finalement de lire le livre. Dans le fond, j’aime bien Beigbeder. Outre qu’il a exactement mon âge et que je me sens donc en affinité générationnelle avec lui, c’est un véritable amoureux de la littérature (et de la bonne). Il n’a donc pas trop fallu d’efforts (5 ans, tout de même) à mes collègues et amis pour m’amener à lire cet opuscule. Vous me direz que c’était facile, puisqu’écrit comme du roman français : gros et court. Une bonne semaine dans le RER fut quand même nécessaire, car lire Beigbeder est une épreuve. Les amoureux de la littérature ne font pas forcement de bons écrivains.

Beigbeder n’écrit pas, il parle. Il ne fait pas de phrase, il pond des slogans. Il s’écoute écrire. Il croit faire des révélations sur la pub (Pepsi aurait acheté la couleur bleue, Nestlé déposé le mot Bonheur), alors que c’est dans les journaux. Il croit dénoncer les turpitudes de notre monde, alors qu’il en est l’un des principaux acteurs (comme Jan Kounen).

Après avoir lu aussi Windows of the World, je crois pouvoir maintenant démonter le système Beigbeder :

Etape 1 : je fais quelque chose de mal (je prends le coke, j’abandonne ma femme, je bosse dans la pub). Etape 2 : je me dédouane en le confessant (c’est horrible, je suis qu’une merde). Etape 3 : je me dédouane de me dédouaner en confessant que je me dédouane (c’est pas bien ce que je fais, de vous raconter tout ça !). Bref, à la fin, le système Beigbeder est inattaquable. Que peut-on lui reprocher ? Il a déjà fait lui-même son autocritique ! Lui dire que son histoire ne tient pas debout ? Il peut vous assurer que tout cela lui est arrivé, ou qu’il connaît des gens (qui connaissent des gens) à qui c’est arrivé !

Mais l’autofiction n’est pas la fiction. Et pour moi, la fiction a une plus grande valeur : Les Corrections de Jonathan Franzen valent 100 fois Bouche Cousue de Mazarine Pingeot.

Pour revenir à Beigbeder, il faudrait une histoire un peu plus accrocheuse que celle d’un publicitaire meurtrier en lutte contre le capitalisme mondial. Il est assez pénible d’entendre les lamentations d’un petit garçon riche sur 200 pages, même écrit gros. Lisez donc No Logo si vous voulez apprendre quelque chose sur la publicité et le marketing dans le monde d’aujourd’hui. Et si vous voulez lire un roman, lisez Franzen, Zadie Smith, ou Haruki Murakami…


2 commentaires à “99F (le livre)”

  1. Giovanni Drogo écrit :

    Pas lu le bouquin, pas vu le film … mais ça sent le pompage édulcoré d’American Psycho à plein nez … Mais bon j’irai peut-être le voir car depuis OSS 117, Dujardin a un crédit illimité à mes yeux … tout comme je pardonne les pires nanars à C. Lambert … pour le seul « Max et Jérémie » …

  2. Professor Ludovico écrit :

    Le livre est très pompée sur Bret Easton Ellis, « la » référence des cérivaisn de cette génération.

    Quant au film, je ne sais pas, le film « American Psycho » étant déjà très mauvais !

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