jeudi 1 novembre 2007


Qu’est-ce qu’un chef d’œuvre ?
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Voilà un terme bien galvaudé, que vous retrouvez cent fois par jour dans votre magazine ciné ou votre programme TV. Comment se repérer au milieu de ces milliers de chef d’œuvre décrétés ? C’est très simple : le temps, qui fait son œuvre.

Prenons Heat, par exemple. Un film qui a reçu un bon accueil critique à l’époque, et qui a plutôt bien marché. Catalogué en 1995 comme un très bon film de genre, il est aujourd’hui propulsé comme chef d’ouvre, et – signe qui ne trompe pas -, multidiffusé à la télé, notamment sur TF1 : le chef d’œuvre, par essence, casse le genre, brise les barrières sociales, et s’impose à tous : PDG ou prolo, fan des cahiers ou ménagère de moins de 50 ans.

Dans le même ordre d’idée, au moment où sont rediffusés tous les Kubrick cette semaine sur Arte, rappelons qu’ils ont rarement eu la chance d’un bon accueil critique à leur sortie. Un chroniqueur américain moquait ainsi Barry Lyndon à sa sortie : « M. Kubrick nous montre que le soleil se lève le matin et se couche le soir, ce que nous savions déjà. »

Rappelons également que le Stanley n’a jamais reçu d’Oscar ou de Palme des Alpes Maritimes. La réputation du « maître » s’est plutôt faite peu à peu, comme si le public prenait du recul avec le temps et pouvait apprécier l’œuvre dans son entier*. Mais, même à la fin, pour Eyes Wide Shut, que n’avons nous entendu ? Film plat, un peu raté, à côté de la plaque… 8 ans après, le film s’est imposé, comme tous les autres.

A contrario, qui se souvient aujourd’hui de Porté disparu ? La Ballade de Narayama ? Les Meilleures Intentions ? Le Goût de la Cerise ? L’Eternité et un Jour ? **

*grâce notamment au fabuleux livre de Michel Ciment « Kubrick »
**Palmes d’Or 1982, 1983,1992, 1997,1998


7 commentaires à “Qu’est-ce qu’un chef d’œuvre ?”

  1. Giovanni Drogo écrit :

    Nan, Chuck Norris a topé une Palme d’Or pour son film pro-USA sur le Vietnam ? Comment est-ce possible ? LOL

  2. Giovanni Drogo écrit :

    Je ne suis quand même tout à fait d’accord avec le lien que tu proposes entre chef d’oeuvre et multi-diffusion TV, je le trouve même fallacieux : ce sont quand même les oeuvres les plus populaires, les plus accessibles qui sont privilégiées par les chaînes et pas forcément des chef d’oeuvre. Un chef d’oeuvre peut être exigeant et parfois un nanar ça fait du bien à la tête de la ménagère de moins de 50 ans quand son mari ne regarde pas le foot. Ainsi Le Droit Du Plus Fort, Max et les Ferrailleurs, Le Samourai, El Viaje ou l’Aveu se font rares sur le petit écran alors qu’on ne compte plus les rediffusions de l’intégrale des Gendarmes, des productions Besson ou bien de Séries Thématiques consacrées à Max Pecas, Michel Lang ou au pire de Christian Clavier … Et HEAT n’a pas du faire la même audience que la récente adaptation de Ali Baba avec Doc Jugnot et Gérard Gynéco que je n’ai pas osé regarder de peur de casser la belle image que j’avais du réalisateur d’Une Epoque Formidable …

  3. Professor Ludovico écrit :

    1. il s’agit bien sûr de Missing de Costa Gavras (et donc pas avec C. Norris)

    2. une condition n’exclut pas l’autre. Bien sûr, des nanars passent et repassent à la TV et font de l’audience, mais les vrais films « importants » repassent aussi à la TV.
    Un exemple : Le Faucon Maltais a été adapté 3 fois au cinéma, mais seule la version de John Huston est rediffusée : les autres ne valaient pas tripette…

  4. FrameKeeper écrit :

    Ah voilà un débat intéressant que j’ai raté mais tant pis j’ai pas envie de bosser… En fait c’est le débat de la valeur artistique du succès populaire… mais avec le décalage de la diffusion télé qui permet une cession de rattrapage (concept du film culte qui notamment supporte plusieurs visions ce qui n’est pas le cas de tous les chefs d’oeuvre, certains ne marchent qu’une fois mulholand drive par exemple n’est pas une expérience totalement renouvelable). Mon avis est surtout que sur ce terrain, on peut renvoyer la critique et le public dos à dos… ils ne se plantent pas toujours.. mais ça arrive plus souvent
    que Noël au balcon… Et le chef d’oeuvre doit se situer à une certaine intersection.. soit un succès critique complet avec adhésion d’un public assez large, soit un succès populaire massif avec soutien d’une partie au moins de la critique…. et parfois les deux.. Rio Bravo… Predator.. Matrix… The Party…. Shinning (c’est pas le meilleur hit de Stanley ?) Biz

  5. Professor Ludovico écrit :

    mais si, mais si. Shining est LE hit de Mr K. Sachant que tous ses films ont respecté le budget ET gagné de l’argent…

    mais mon propos était plutôt l’inverse : la valeur populaire des succès artistiques. Un film a priori raté par la critique atteint à mes yeux sa vraie valeur s’il est rediffusé à la TV. je parle évidemment des films artitisques, et pas des films populaires par essence (les Clavier Reno Pierre Richard)…

  6. Giovanni Drogo écrit :

    Merci de pas mettre Pierre Richard, un comédien à part, en marge du système dans le même sac que ces business actors que sont Reno et Clavier : si tu n’as pas apprécié Le Grand Blond et le Retour du Grand Blond … eh bien regarde-les de nouveau … C’est comme Un Eléphant/Nous Irons Tous … des films aux qualités intactes, comme on en fait plus et qu’il faut redécouvrir … Les seuls bons films de Reno sont ceux où il a trois lignes de dialogue et encore (Léon ? Nikita ?)
    Et Clavier a cessé d’être bon après le dyptique Bronzés2/Le Père Noël !

  7. Professor Ludovico écrit :

    OK, dont acte.

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