[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



vendredi 3 août 2012


The Rocky Horror Picture Show (a love story)
posté par Professor Ludovico

Récemment, j’ai fait quelque chose que je m’étais interdit de faire : j’ai emmené ma fille voir The Rocky Horror Picture Show. RHPS, ce n’est pas un film. Le RHPS, ce n’est pas quelque chose qu’on peut posséder, et a fortiori, donner. Aucune VHS, aucun DVD, aucun Blu-ray ne peut donner une idée juste du Rocky, car c’est un rite initiatique. Une franc-maçonnerie. « On en est », ou « on n’en n’est pas » !

Quand on entre dans LA salle (eh oui, le film ne passe que dans une salle en France depuis 30 ans), l’impétrant doit d’ailleurs répondre à la question rituelle : « Y’a-t-il des vierges dans la salle ? » En clair, des gens (les pauvres !) qui viennent au Rocky pour la première fois. Et le choc peut être rude. Il faut être prêt à entendre (authentique) des gens hurler pendant le film, chanter, danser sur la scène (sic), jeter du riz (véridique) ou de l’eau, et plus souvent qu’à son tour… bref, c’est une performance.

De quoi parle le Rocky ? Au fond, cela a peu d’importance, c’est le destin même du film qui est passionnant. Mais pitchons quand même ! Un couple d’étudiants coincés (Brad et Janet), décident, au mariage de leurs amis, de se fiancer, car Janet a attrapé le bouquet de la mariée. Puis ils rendent visite à leur Professeur et ami le Dr Scott, mais sur la route, crèvent un pneu. Sous une pluie battante, les voilà contraints à trouver un endroit pour téléphoner (nous sommes en 1973, pas de portable !) Mais qui sont ces gens dans cette étrange bâtisse, et qui semblent attendre un incroyable événement ? A l’issue d’une nuit initiatique (à tous points de vue) Brad et Janet se réveilleront le lendemain matin plus tout à fait les mêmes.

On le voit, l’histoire est plutôt abracadabrante, le film étant avant tout une parodie/hommage des films de la Hammer (Frankestein, Dracula…), aux serials des années trente (King Kong, Flash Gordon), aux films de SF des fifties (Tarantula, Le Jour où la Terre s’Arrêta, etc.)

C’est aussi le prétexte à chansons et danses, car le Rocky est d’abord une comédie musicale, créée en 1973. L’œuvre de Richard O’Brien parodiait ces films cultes en rajoutant transsexuels, drogue, et Rock’ n’ Roll. Comédie musicale à succès, à Londres, puis à New York : Hollywood s’empare immédiatement du sujet et monte un film avec une partie du cast. On y ajoute une jeune star montante (Susan Sarandon), mais le tournage en Grande Bretagne est épouvantable, les acteurs frôlant la pneumonie dans le château glacial qui sert de lieu de tournage.

Le film sort néanmoins en 1975, et, à la surprise générale, est un bide intégral. Il va quitter le réseau des salles quand un petit malin du marketing de la 20th Century Fox a le réflexe d’étudier attentivement les chiffres. Certes, le film ne marche pas, mais certaines salles ont un taux de remplissage maximum. Pourquoi ? Creusant les maigres données en sa possession, la Fox découvre que le film marche très fort en double feature, les projections façon « Dernière Séance » où l’on peut voir deux films pour le prix d’un. Et plus particulièrement dans les salles des grandes villes (NY, LA, Chicago…) proches des campus.

En assistant à une séance, il découvre l’embryon de ce que va devenir le RHPS : certains spectateurs se sont passionnés, au premier ou au second degré, pour le film, ont appris les chansons et les répliques par cœur, en ont inventé de nouvelles, souvent salaces et parodiques ; certains viennent même déguisés comme les personnages ! Le film est devenu un barnum interactif qui attire chaque jour plus de monde…

La Fox revoit alors sa distribution : une salle par grande ville, une seule séance le samedi soir, et une exclusivité 50km autour. Le phénomène s’amplifie, débarque en Europe et s’installe de la même manière : ainsi, le Studio Galande a l’exclusivité du Rocky pour Paris et sa Banlieue. S’il est projeté dans cette zone, c’est ce cinéma qui s’en occupe et récupère les sous. Et ce sont ces deux seules séances hebdomadaires du RHPS qui font vivre, au milieu d’une quinzaine d’autres films, ce cinéma Art et Essai depuis 30 ans.

Pour sa part, le Professore a découvert le Rocky dans une convention de SF à Rambouillet, précédé d’un étrange avertissement : « merci de ne jeter ni riz, ni farine, ni eau pendant la projection ». Évidemment, sa seule envie fut d’en savoir immédiatement plus. Un coup d’œil sur L’Officiel des Spectacles (l’Internet des années 80) permit d’identifier l’unique salle qui diffusait le Rocky : le fameux Studio Galande. Dans son écrin du Quartier Latin, nous fîmes – avec le camarade AG Beresford – la découverte de Frank, étudiant gay irlandais qui nous initia… aux subtilités du Rocky.

Car le film est vivant et repose entièrement sur la tradition orale transmise par le « Cast », la troupe d’amateur qui l’anime pendant deux ou trois ans avant de partir ailleurs, c’est à dire fonder une entreprise de semi-conducteurs ou une famille en Ardèche. Les blagues sont donc ultra-générationnelles : le discours de Nixon dans la voiture situe l’action en 1973, mais nos blagues, en 1986, tournaient autour du slogan du PS « Au secours, la Droite revient ! », hurlé en chœur quand la Créature est poursuivie par une meute de chiens… Aujourd’hui, les blagues tournent autour de Ségolène Royal (la salle vide du discours final de Frank’n’Furter)… c’est la permanence du Rocky, c’est sa force, au-delà des blagues de cul potaches…

Mais assister au Rocky, c’est avant tout un Rite Initiatique, il y a un avant et un après Rocky. Une sorte de service militaire cinéphilique…

Le Rocky, c’est une phase de la vie, entre l’adolescence et la vie de couple, à l’image des héros du film, déniaisés par des adultes (certes un peu au-delà de la moyenne). D’un côté le narrateur, vieux casse-burnes tradi, de l’autres une bande de transsexuels de la planète Transsexual, Transylvania : choisis ton camp, camarade ! Mais c’est surtout pour le spectateur, le vrai, pas celui qui vient une fois au Rocky pour voir, mais bien celui QUI Y RETOURNE… une fois que l’on fait partie du truc, c’est une famille, une bande… L’idée de participer à quelque chose d’excitant et de transgressif, et de partager ça… Mais aussi, une sorte d’arbre généalogique de la cinéphilie : Sarandon, elle a fait quoi après ? Ah bon, Barry Bostwick, c’est le maire de NY dans Spin City ? Et Tim Curry, l’officier russe dans Octobre Rouge ?? Et c’est quoi cette histoire d’empeachment de Nixon… ???

Au Rocky, on rencontre toujours des gens cultivés et cinéphiles… Avouez qu’il y a pire voisinage…




samedi 28 juillet 2012


Alien, le 8ème visionnage
posté par Professor Ludovico

Dans la cadre de notre programme « Transmission des Savoirs et des Compétences », nous avons montré Alien, le chef d’œuvre de Ridley Scott, à la Professorinette. D’abord pour éviter qu’elle ne le voit n’importe comment avec Kevin ou Klara, en mangeant des Chupa Chups tout en zappant sur Secret Story. Ensuite pour qu’elle voie la bonne version, c’est à dire pas l’horrible Director’s cut où Ridley Scott cru bon d’ajouter en 2003 tout ce qu’il avait bataillé pour enlever en 1979*.

Verdict de la Professorinette : « C’est bien, mais ça fait pas peur… »

Avant de hurler sur les ados blasés, incultes, drogués aux jeux vidéos et incapable de séparer le bon grain (les conneries des années 80) de l’ivraie (les conneries des années 2010), tentons d’analyser le phénomène. Et laissons parler l’adolescente.

« Je n’ai pas eu peur, » confie-t-elle à CineFast, « contrairement à Shining, qui lui, fait vraiment peur (brave petite !) Et l’Alien, tu m’avais dit qu’on ne le voyait pas du tout, pourtant on le voit plusieurs fois ! Et en plus, j’avais déjà vu la créature : dans Martin Mystère, il y a un type qui se déguise en alien. Et la scène des œufs, elle est aussi dans un dessin animé que j’ai vu petite. »

Voilà, tout est dit : Alien est tellement important qu’il a déjà laissé son empreinte dans la culture populaire, même enfantine. On ne peut avoir peur de quelque chose qui est déjà présent partout, on ne peut avoir peur de quelque chose que l’on découvre dans le confort du canapé**, et pas pas dans le noir absolu de l’espace… d’une salle de cinéma.


* pour l’anecdote, j’avais interdit à ma sœur de le voir sur une télé, lui promettant de l’emmener au cinéma dès qu’il ressortirait. Finalement, nous l’avons vu en 2003, dans cette maudite version.

** Moi qui le connaît par cœur, j’ai sursauté deux fois. Quand Ripley fait tomber une boite à l’infirmerie, et quand le chat s’échappe !




lundi 23 juillet 2012


Le Joker, le retour du Refoulé
posté par Professor Ludovico

It’s the same old song, chanteraient les Four Tops. Batman, Aurora, James Holmes, et la machine médiatique repart à fond la caisse, comme une batmobile folle dans les rues de Gotham, sans pilote à son bord, si ce n’est la Bonne Conscience Populaire, déguisée en Justicier Masqué.

Haro donc sur les jeux de rôles, les jeux vidéo, le cinéma, et ces grands enfants américains, incapable de se débarrasser de leurs armes à feu.

Commençons par là, grande incompréhension française. A juste titre d’ailleurs, car le bilan est édifiant : 100 000 blessés par an et 35 000 morts. Rappelons pour un peu de modestie qu’il n’y a pas si longtemps (en 1981) la France, et ses cinquante millions d’habitants (5 fois moins, donc) tuait 12 000 personnes par an avec uniquement sa passion irraisonnée des voitures.

Mais revenons à des questions plus cinéfastiques, c’est à dire l’effet déplorable que produit Graine de violence (1955), Orange Mécanique (1971), The Dark Knight Rises (2012) sur les pauvres cerveaux influençables de notre jeunesse. Or cette question, mille fois posée, mille fois questionnée après chaque tuerie, après chaque évènement incompréhensible au monde occidental, restera tragiquement sans réponse ; les voies de la nature humaine sont impénétrables. Oui, on peut tuer brusquement 12 personnes dans un cinéma même si l’on est blanc, fils de bourgeois, et apparemment sans problème. Oui on trouvera toujours un film, un jeu vidéo, une bande dessinée « qui explique le geste ». Comme s’il était explicable de se teindre les chevaux en vert et tirer à l’arme automatique dans un cinéma…

La vraie question, derrière tout cela, c’est pourquoi un petit blanc américain commet un tel crime en se prenant pour le Joker, plutôt que d’invoquer quelque chose de supérieur : Dieu, le Diable, ou tous les saints ? C’est bien de la déchristianisation du monde occidental dont il s’agit. Quand un acte terroriste est accompli au Moyen Orient, il l’est souvent au nom de Dieu. Ici, au cœur du grand Ouest américain, c’est d’un personnage de BD qu’il s’agit. Quelle ironie !

Qu’est-ce que le Joker, si ce n’est la mauvaise conscience de l’Amérique ? Le Joker est tout ce que l’américain moyen n’est pas : un être sexué, grivois, obscène, qui dit des gros mots et crache sur le sacro-saint système américain (il bat les femmes, brûle de l’argent, menace des petits enfants blonds, et détruit la famille). Le Joker, c’est le Refoulé de l’Amérique puritaine.

Il fait ce que chacun rêve de faire, c’est à dire de s’affranchir de tout, de dire tout ce qui passe par la tête, et de montrer du doigt toutes les saloperies du système. Au travers du Joker, l’américain peut réaliser tout ce que l’Amérique interdit. Car la société US est à la fois très libre dans ses règles, mais très corsetée dans ses mœurs.

La question n’est donc pas de savoir si l’œuvre d’art influe sur les mœurs (car dans ce cas, décrochons tout de suite du Louvre toutes ces œuvres obscènes, sanglantes, qui font l’apologie de la violence et de la luxure). L’art reflète l’époque, un point c’est tout. Les jeux vidéos sont violents parce que l’époque l’est ; les jeux de rôles parlent de fées et de dragons parce que le merveilleux religieux a disparu en occident.

Quant au couple Batman/Joker, il n’est que l’imagerie naïve de notre rapport bizarre à la justice et à la vengeance.




lundi 16 juillet 2012


Petite leçon de dramaturgie cycliste
posté par Professor Ludovico

Constat.

On se moque du Tour du France, mais il suffit que notre regard croise un téléviseur pour rester collés toute l’après-midi… D’où vient cette magie ? De la dramaturgie spécifique au cyclisme et particulièrement du Tour de France.

D’abord, les décors : quel plus bel écrin que la France rurale qui sert de support à cet événement planétaire ? Aucun Stade de France n’égalera jamais les pentes du Galibier, les plaines jaunes de la Beauce, ou les côtes déchiquetées du Finistère…

Ensuite, les acteurs : ils ne payent pas de mine, ont rarement un physique de Tom Cruise, leurs dialogues sont souvent pitoyables « Ma victoire prouve qu’un Tour propre est possible« , ça sonne faux à l’arrivée. Mais le reste du temps, quel génie ! Attaque, contre attaque, coups de vache en série (Froome, cette semaine, voulant abandonner son leader dans la dernière côte) : le Tour, c’est Dallas tous les jours.

Et puis cette dramaturgie parfaite : une étape, contrairement à une Palme d’Or, c’est de plus en plus intéressant. Ennuyeux au début (train de sénateur, ravitaillement, etc.) Mais peu à peu, ça s’anime, et le final est toujours explosif.

Dépêchez vous, le Tour de France ne reste plus qu’une semaine en salles.




mercredi 4 juillet 2012


Un Village Français vs Lost : duel de previously
posté par Professor Ludovico

Poursuivons notre exploration de deux séries antinomiques : la fiction de prestige, qualité française, contre le divertissement décérébré US, l’amateurisme frenchy contre le professionnalisme ricain.

Disséquons par exemple les deux séquences de résumé qui introduisent désormais toutes les séries : « Précédemment dans Un Village Français » contre « Previously on Lost* ». La comparaison est intéressante parce que justement, la série de France3 lorgne désespérément vers ce modèle US : série chorale, multitude de personnages et de rebondissements, et comme son modèle, ajoute désormais à la fin de l’épisode, un résumé… de la semaine prochaine (une idée détestable, soit dit en passant).

Dans Previously on Lost*, on résume, dans un montage très cut, l’intrigue des précédents épisodes. Un visage, un sourire de Sawyer, le visage désespéré de Kate, peut signifier très simplement l’enjeu de l’épisode qui va suivre : Jack sauvera-t-il Kate ? Sawyer avouera-t-il son vol ? Etc.

C’est ce qu’essaie de faire Un Village Français. Elle utilise effectivement les images de l’épisode précédent, mais elle y ajoute bêtement une voix off. Et cet ajout dit tout de l’impuissance française, de son athéisme cinématographique : on ne croit pas, ici, au miracle du cinéma. Pays littéraire, la France vénère ses scénaristes, et ne les considère pas comme de simples techniciens. Même si Un Village Français a opté – une nouveauté au pays de Flaubert – pour l’atelier scénaristique, c’est-à-dire une équipe qui écrit les scénarios, elle en n’a pas su en tirer cette jouissance américaine à produire de l’émotion en collant seulement deux plans côte à côte.

Non, nous sommes au royaume de l’écrit ; les images, c’est pour les enfants. Donc, au cas où on n’aurait pas compris, la voix égrène les événements de la semaine dernière : « L’inspecteur Marchetti protège Rita, sa compagne juive. Le sous-préfet Servier est sorti rasséréner du discours du Maréchal, tandis que madame Larcher prépare son exposition de peinture… » On se met à rêver de ce que ferait les producteurs de Lost d’un tel matériau : un regard inquiet de Marchetti, un sourire de Servier, un plan large de l’exposition, tout serait dit en images…

Tout ceci ne serait que détail, si ce n’était le reflet de la médiocrité cinématographique de cette quatrième saison : rebondissements ridicules, personnages aux motivations chaotiques, intrigues inutiles ne servant qu’à alimenter artificiellement d’autres intrigues…

Mais le propos de la série (le dessillement de notre génération sur les fantasmes liés à l’occupation) reste génial et sauve la série : Un Village Français reste un passionnant OVNI.


* dont l’histoire étonnante de la voix off qui prononce ces trois mots est narrée ici




vendredi 29 juin 2012


Respect, dignité, et primes de matches
posté par Professor Ludovico

Un débat, avec un tout petit d, enflamme depuis peu l’Hexagone au sujet de son équipe nationale, qui aurait jeté le pays dans un opprobre mondial. Rappelons qu’il ne s’agit que de football, et de deux joueurs en particulier, que personne n’est mort, que l’équipe est allée en quart de finale, et a perdu contre l’Espagne, championne d’Europe et du Monde. Une équipe dont par ailleurs aucun joueur ne chante l’hymne national, ce dont personne ne semble s’offusquer.

Rappelons également qu’ils ont prononcé des mots simples, qu’on entend tous les jours dans des engueulades de boulot, ou même entre amis.

Rappelons enfin qu’il est étonnant de revenir sur les termes d’un contrat signé, a fortiori de punir les 21 joueurs restants qui n’ont pourtant pas participé au Crime Contre l’Humanité dont on accuse Nasri et Menez.

Quel rapport avec le cinéma ?

Il s’agit là de constater, une fois de plus, l’étrange relation qui unit un peuple et ses idoles. Prenez Gérard Depardieu. N’a-t-il pas déshonoré le pays, en pissant dans une bouteille Air France, en traitant les français de cons? N’abime-t-il pas l’image de la France à l’étranger ? Lui réclame-t-on pour autant le cachet que lui a donné France3 pour Raspoutine (puisqu’on demande à Nasri de rendre l’argent du peuple, alors qu’il s’agit en fait de l’argent des sponsors) ?

Non, on ne lui demande rien. Parce que la France, pays de l’Art et de la Culture, vénère son cinéma d’auteur, et donc ses comédiens, chargés de décrypter l’actualité internationale tous les soirs au Grand Journal. Et dans le même temps, il exècre son football, et ne s’y intéresse que tous les deux ans, dans l’espoir de revivre un jour ce moment de grandeur nationale que fut le 12 juillet 98.

Mais cracher sur le football, c’est aussi la possibilité de s’élever dans la hiérarchie sociale à peu de frais. Sport populaire, sport des immigrés, le football est facile à détester. On est grandis par l’amour du Tennis (malgré des performances françaises faiblardes), valorisé par les valeurs du rugby (convivialité du bourre pif), mais aimer le football, c’est perdre des points dans l’ascension sociale.

Nous en parlions déjà ici, mais l’histoire se répète.




lundi 25 juin 2012


Petit cours de montage
posté par Professor Ludovico

C’est un fait peu connu, mais le Professore a eu une véritable carrière cinématographique. Essentiellement, avouons-le, dans le Super8. J’entends déjà des rires au fond de la salle, mais le Super8, c’est l’école même du cinéma, un Hollywood miniature. Et les plus grands – pas seulement le Professore – sont passés par là : Spielberg, Coppola, etc.

En dehors d’apprendre la lumière, le cadrage, et – dernière dictature du monde civilisé – la direction d’acteur, le Super8 permet de découvrir le véritable Art du Cinéma, j’ai nommé le montage. Pour avoir passé des soirs entiers à couper une petite bande de celluloïd de 8mm de large, avec mon monteur fétiche (James Malakansar) et ma prof de montage (Dolly Kastenbaum), à poncer puis encoller, pour découvrir ensuite le résultat sur une visionneuse, je peux vous assurer que c’est ce qui vous rapproche le plus de Martin Scorcese et de Thelma Schoonmaker.

Car si la magie du cinéma repose, depuis le XIXème siècle, sur ces vingt-quatre images par secondes, cette cadence qui le rend indétectable à l’œil nu, le montage ne supporte pas l’approximation : couper une image de plus ou de moins fait la différence. Ça se voit. Aujourd’hui, me direz-vous, on monte en numérique, mais le résultat est le même, et les lois du montage s’appliquent toujours.

Deux exemples.

D’abord, on « double » toujours un mouvement. Si Mike Hammer ouvre une porte, on prend ce mouvement en plan large, et on reprend ce mouvement en gros plan. Sinon, l’œil est troublé, et le cerveau s’en rend compte. Cela peut être voulu, pour justement provoquer ce trouble (chez Lynch ou Lars von Trier, par exemple).

Autre loi, on ne coupe un plan que sur une action bien identifiable à l’écran. Par exemple, sur un plan fixe d’un personnage silencieux, on attend qu’il cligne de l’œil, ou qu’il détourne son regard, pour couper.

Deux lois que semblent ignorer les monteurs d’Un Village français. Exemples pris dans un épisode vu hier avec le Professorino.

Avant le prégénérique, une scène très importante résout le cliffhanger de la saison précédente. Gros plan sur la stupéfaction de l’actrice. Paf ! On coupe et on lance le tonitruant générique d’Ein Französisch Dorf, au lieu de laisser au spectateur le temps de goûter à cet effet de stupeur. On aurait pu aisément raccourcir la ridicule intrigue de l’exposition de peinture de Madame Larcher pour nous offrir une ou deux précieuses secondes ici.

Autre exemple, trente minutes plus tard. L’inspecteur Marchetti, qui devient un personnage clef de la série par sa troublante ambiguïté, est en planque sur une place de Villeneuve. Objectif : piéger un jeune résistant grâce à son amoureuse, arrêtée la veille par la police vichyste. Le piège fonctionne et Marchetti croise le regard de la jeune fille au moment où celle-ci trahit le jeune homme. Un pur moment de tragédie, qui répond en chœur aux propres errements de Marchetti, collabo, maréchaliste, mais amoureux d’une juive et assailli par le doute. Evidemment, cet échange doit durer, voire être souligné musicalement. Mais non, on coupe brusquement, à contre temps.

Il ne s’agit pas ici de pinailler, mais bien d’excellence du geste, une question fondamentalement artistique : une fausse note, un mot maladroit, un trait hésitant, le béotien s’en rend souvent plus compte qu’un mauvais montage cinéma…

Pendant ces maladresses, je me suis mis à rêver tout haut à Lost, le contraire absolu d’Un Village Français : une série écervelée, mais exécutée avec tellement de talent.

Il vous suffit d’imaginer ces mêmes scènes avec Kate, Sawyer et Jack pour comprendre le fossé technique qui sépare ces antipodes de la production…




lundi 18 juin 2012


Prometheus, deuxième couche
posté par Professor Ludovico

Je n’ai pas eu le courage mais quelqu’un l’a fait. Sur l’excellent site Sens Critique, Lomig, de sa plus belle plume, s’est amusé à lister 221 lignes d’incohérences scientifiques, psychologiques, scénaristiques, qui parsèment la grosse bouse d’origine extraterrestre Prometheus.

A lire d’urgence, surtout si on a vu le film.




samedi 16 juin 2012


Adieu Thierry…
posté par Professor Ludovico

On parle de temps en temps de sport sur CineFast, mais aussi de stars. L’une d’elle vient de s’éteindre, elle n’a joué dans aucune série à succès, et n’a jamais fait (à notre connaissance*), ses débuts au cinéma. Mais c’est une star.

Il en va ainsi avec le temps, qui efface tout, même les blessures. Ainsi Thierry Roland, vilipendé à longueur d’articles vengeurs, détesté, moqué, parodié, se trouve soudain sanctifié sous le fallacieux prétexte qu’il est mort.

Le Professore ne vaut pas mieux que les autres : il a craché dans la soupe Rolandaise, jusqu’à ce merveilleux soir de juin 1998 : « Maintenant on peut mourir… Enfin, le plus tard possible ! »
Comme si on découvrait, comme dans le Tandem de Patrice Leconte, un autre Thierry Roland : celui qui, depuis 50 ans, couchait dans des hôtels de seconde zone, se tapait des matches merdiques à 0-0 dans des pays aussi riants que les Iles Faeroe, tout ça pour une seule obsession, la nôtre : un petit ballon rond, vingt-deux types en short, et un autre encore plus ridicule, habillé en noir…

Des milliers de matches, des millions de passes, des milliards de tirs, dont une grande partie non cadrés.
Mais la France était Championne du Monde, et Thierry pouvait partir tranquille, au paradis des chroniqueurs sportifs, tout aussi malade que lui, les Chapatte, Gilardi, Couderc, Zitrone.

Pas forcement des mecs biens, mais des passionnés. Car on pleure plus « nos années Thierry Roland » que le mec lui-même. Il en sera de même pour d’autres stars, comme Delon, Depardieu, ou Adjani. « Je ne l’aimais plus trop, mais ça m’a fait quelque chose ».

Adieu Thierry, on t’aimait bien (finalement) !

* Assertion partiellement fausse : http://www.imdb.com/name/nm0738089/




jeudi 14 juin 2012


Je biche…
posté par Professor Ludovico

Le Professore n’est pas à une contradiction près. Après avoir voué, pas plus tard que la semaine dernière, les SMSeurs de cinema aux gémonies, il en fait aujourd’hui l’apologie.

Enfin, que je m’explique, pas n’importe quel écrivain de SMS, non, Mademoiselle Alexandra Alexandroïskava, notre Agent au Kremlin.

Mademoiselle A. avait été envoyée en infiltration en territoire ennemi (maquillage kaki, treillis, et fusil à lunettes FrF1), pour sniper les frères Dardenne lors d’une projection inopinée du Gamin au Vélo au Festival du Film de Festival (FFF) de Kharkhov.

Mais là, elle s’ennuya tellement dans son trou de combat qu’elle fini par sortir son Blackberry honni pour… Lire la critique CineFast du chef d’œuvre Dardennois.
Il lui sera beaucoup pardonné.




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