[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



dimanche 23 décembre 2012


Titanic, le téléfilm
posté par Professor Ludovico

C’est drôle à regarder, mais il ne faut pas y passer une heure : Titanic, le téléfilm, passe sur TMC. Quoi d’amusant là-dedans ? Rien, sinon, que cette série B colle (budget et talent en moins) aux traces de son illustre aîné.

Bien sûr, il est difficile de raconter une autre histoire (quoique !) mais là, c’est le décalque pur et simple. Scène après scène, Titanic le téléfilm pompe le découpage, plan pour plan, de Titanic, le film. La scène de l’arrivée des prolos sur le bateau, ou la fuite de la salle à charbon, ou l’embarquement sur les canots de sauvetage : rien ne manque !

A voir pour rire bêtement sous la couette en bouffant des chamallows…




samedi 22 décembre 2012


C’est les fêtes !
posté par Professor Ludovico

Joyeux noël, bonne année, et tout le toutim ! Mais cette année, surtout, le père noël des cinéphiles est passé, on ne sait par quel miracle, sur vos programmes télé !

Bien sûr il y a Peau d’Ane, comme d’habitude, mais pas que ça, pour une fois. Blade Runner, Le Tigre du Bengale (Fritz Lang, période indienne), Frankenweenie (le court métrage), Ed Wood, un cycle Hitchcock, un cycle James Bond, Treme saison 2, Titanic, et tout ça sur les chaînes hertziennes ! Que demande le peuple ?

Alors oubliez les cadeaux des gosses, le saumon fumé à acheter, les parents à appeler : coupez le téléphone ! Allumez la télé !

C’est noël, vous dis-je !!!




mercredi 21 novembre 2012


Impossible… d’aller voir Impossible
posté par Professor Ludovico

Là, trop c’est trop : on a l’habitude des bandes annonces qui mettent tous les gags du film en 2mn (Les Seigneurs) ou qui racontent l’histoire à l’avance (99% de la GCA).

Ainsi, Twilight part faïve – selon nos dernières informations – se termine très probablement par un affrontement général dans la lande enneigée, les Vampires en Peignoir contre les Vampires en Converse. C’est regrettable, mais pas tragique, car à vrai dire on s’en doutait un peu (et surtout on s’en fout).

La bande annonce d’Impossible fait de même : elle pose l’enjeu (jusque-là, normal) : une famille heureuse qui se trouve plongée dans la tragédie du tsunami de 2004. L’enjeu, dans une telle histoire, c’est évidemment « le héros va-t-il, à force de courage et d’abnégation (et de belles rencontres avec la populace locale) retrouver sa femme et ses enfants ? Et seront-ils toujours en vie à ce moment-là ? »

Malgré les apparences, je ne suis pas en train de me moquer. Aller au cinéma, c’est accepter de se laisser faire, de lâcher prise, et c’est un gars qui vénère Titanic qui vous dit ça.

Mais là, patatras, au bout de 30 secondes, on sait que la famille du petit Ewan McGregor est en vie. Et au bout d’une minute, qu’ils se retrouveront à la fin.

Impossible est la première bande annonce à se spoiler elle-même.

Il faut vraiment être très peu sûr de soi pour vendre son produit ainsi. Ou tout simplement, vouloir absolument rassurer son public : ne vous inquiétez pas les filles, vous n’allez pas voir un drame triste ; la vie est trop dure en ce moment (Triple A, mariage gay, victoire bretonne au Parc). Non, venez sans crainte : tout est bien qui finit bien.

Me voilà rassuré. Mais plus envie d’aller au cinéma.




dimanche 18 novembre 2012


Qui Veut Épouser Mon Fils ?
posté par Professor Ludovico

Ca y est, c’est le retour du freak show de TF1, le moment où même la cinéphilie ne fait plus le poids. On arrête tout, et on regarde le crossover de l’année ; Maupassant vs Spartacus, chroniques paysannes vs marché aux esclaves ; Freaks et Twin Peaks en 6 épisodes… Inratable !

Que vient faire QVEMF dans CineFast ? Il faut maintenant admettre que la téléréalité est scénarisée, castée, filmée, montée, comme une véritable œuvre de fiction. Même si elle repose sur une certaine forme de réalité (les pauvres cobayes qui fournissent la matière première), elle use en fait à la perfection des techniques cinéma : la caractérisation, le cliffhanger, l’ironie dramatique, etc. ou des séries (arc, épisodes…)

La forme
Avouez que c’est remarquablement bien fait : la musique, sirupeuse sur les ralenties, hitchcockienne sur le reste, assénant les coups de théâtre / répliques, n’hésitant pas à pomper les pizzicati de Desperate Housewives quand il s’agit de souligner un mauvais coup qui se prépare… et les décors, incroyable chatoiement de pastels sixties, qui s’accordent aux tenues des biatches que QVEMF appelle pudiquement « prétendantes » : talons aiguilles, body en résille, et maquillage esthéticienne.

Le casting
C’est évidemment là où est tout le travail de TF1 : trouver, comme dans une sitcom, suffisamment de caractères pour plaire à l’audience la plus large : on aura donc l’idiot bogoss (Alexandre), le « chef d’entreprise » (David) et sa Barbie de mère complètement folle (Rachel), le sidekick pompier et sa môman (Fréderic), l’anomalie père fils au lieu de la traditionnelle mama (les deux agents immobiliers autobronzés, Julien, et son père), le freak (le pianiste belge, et sa mère, sortis de, réponse a) un film de Tim Burton, (b), d’un clip de Prince, (c) de Twilight : Annihilation.)

Les Dialogues
De ces personnages naissent évidemment des dialogues tous trouvés, moitié Audiard (« Moi, j’aime le caviar, pas le pâté de foie en boite ! »), moitié Labiche « Oui Manman ! ») Avec de tels dialoguistes, pas besoin d’en faire des tonnes « Pour moi, ta famille c’est un caillou. Et ma famille, c’est un aut’ caillou. Quand on les réunit ensemble, ça fait pas un gros caillou, ça fait un émir ! »

Six épisodes à ce rythme, on va défaillir…




vendredi 2 novembre 2012


Victoire de l’Empire
posté par Professor Ludovico

Depuis 48h, la rédaction de CineFast est assaillie de demandes d’interview exclusive. Du monde entier, du Magyar Nemzet de Karl Ferenc, de l’Osservatore Romano de Ludo Fulci, on souhaite recueillir l’avis du Professore.

Ses assistantes, Magenta et Columbia, prennent les appels, mais ne savent que répondre : le Professore est injoignable. Il travaillerait à un livre-somme sur Starship Troopers ou à une analyse détaillée de l’influence de Kubrick sur l’art de l’origami au Japon.

La vérité oblige à dire qu’il n’en est rien. Le Professore s’en fout.

Comme de son premier pyjama Star Trek, de ses DVD de San-Ku-Kaï, ou de son 45t de Capitaine Flam dédicacé par Richard Simon.

From day one, le Professore n’aime pas George Lucas. Ce petit voleur à la tire de la SF sans talent, qui a construit son œuvre, tel le Facteur Cheval, en accumulant des bouts du travail des autres (Dune, Flash Gordon, les films de guerre aérienne des années quarante, les Chevaliers de la Table Ronde) pour écrire son petit univers minable de gentils et de méchants galactiques qui a, à notre grand désespoir, conquis la planète, tandis que les chefs d’œuvres de la SF croupissent dans les tiroirs d’Hollywood, attendant une adaptation*…

George Lucas est un escroc. Un bon producteur (Star Wars, Indiana Jones), mais un réalisateur lamentable (Star Wars, le film), un scénariste pitoyable (Star Wars 1-2-3). Les meilleurs Star Wars ont été réalisés par d’autres (Irvin Kershner) et scénarises par d’autres (Lawrence Kasdan).

George Lucas n’a rien fait d’autre après. THX 1138 est intéressant, American Graffiti pas mal, mais en dehors de ça ?

Donc, si vous voulez mon avis (et que vous n’êtes pas encore allez vous réfugier sur Oth, comme toute racaille Rebelle qui se respecte), le rachat par Disney est une BONNE nouvelle. Même pour vous, les lucasseux ! Cette franchise de produits dérivés va enfin produire de vrais films, les premiers depuis L’Empire Contre Attaque. Ça sera toujours aussi sirupeux et passionnant que les amourettes galactiques de Luke Skywalker, mais au moins il y aura une début, une fin, trois actes, des comédiens dirigés, des effets spécieux lisibles, et une musique audible.

Bienvenue dans le cinéma professionnel !

* Je fournis une liste personnelle, au cas où Bob Iger jetterait un coup d’œil à CineFast, une fois fini la lecture de Variety : Chroniques Martiennes, Les Monades Urbaines, La Ruche d’Hellstrom, Croisière sans Escale, Babel 17, L’Orbite Déchiquetée, Ubik, La Grande Porte, Demain les Chiens, Martiens go Home, Les Voyages électriques d’Ijon Tichy , La Guerre Eternelle, Radix, et, en heroic fantasy : Terremer, Le Cycle des Épées, Elric le Necromancien, L’Ombre du Bourreau, Les Neuf Prince d’Ambre…




lundi 24 septembre 2012


Rock au cinéma
posté par Professor Ludovico

En zappant, je tombe sur Ray, le biopic doré et clinquant de Taylor Hackford sur Ray Charles : tout ce que je déteste. Mais surtout, sur LA scène type du biopic rock : Le-Moment-Où-La-Star-Elle-Compose-La-Chanson-Qui-Va-La-Rendre-Célèbre. Un moment de bravoure comme il y en toujours deux ou trois dans tout biopic qui ne se respecte pas.

Je vous la fais courte. Ray joue dans une boîte avec ses girls, le patron (pas-sympa-évidemmment) lui demande de rajouter un set, mais Ray Charles n’a plus de chanson. Alors Ray dit à son groupe la Phrase magique: « J’improvise, suivez moi ! »

Toute personne qui a saigné des doigts sur des guitares, ou répété jusqu’à pas d’heure dans des studios crasseux, sait que ce genre d’improvisation n’existe pas. On peut bœufer sur une trame de blues connue, mais pas aligner intro/couplet/refrain, avec les choeurs, et le petit solo qui va bien, et atteindre la perfection en 2’40 » comme dans le film…

Bizarrement, c’est un cliché du film rock. Quasiment aucun film n’y échappe. Ni Ray, ni I Walk The Line (c’est tout le film), ni Great Balls of Fire, ni The Doors. Personne ne veut filmer la difficulté de mettre en place une chanson. Pourtant Hollywood filme très bien ses propres difficultés (Sunset Boulevard, Mulholland Drive, Tournage dans un jardin Anglais)

Mais la musique non, ça doit couler de source… chacun se sent obligé d’aligner sa scène Retour Vers le Futur (mais là, c’est drôle !) Seul Control montre un peu les difficultés, la rudesse du jeu live, quand la musique est sale, mais bonne…

Dommage.




mercredi 19 septembre 2012


Patrick Dewaere, une vie
posté par Professor Ludovico

J’aurais dû m’en douter. Je m’en suis douté, en fait. Gros caractères, petit nombre de pages (245), deux heures de lecture max : Patrick Dewaere, Une Vie, est une bio à la française, c’est à dire mal écrite, peu documentée, et qui ignore le concept de rigueur journalistique. Rien à voir avec ses pendants américains façon Biskind (Easy Rider, Raging Bulls) ou Stewart (Le Royaume Enchanté), ou les ouvrages sommes (le Kubrick de Michel Ciment par exemple).

L’auteur est Christophe Carrière, journaliste à l’Express, « grand reporter au service culture » (sic!) et ça se sent. Il aimait Patrick Dewaere, et il l’écrit. Ça ne suffit pas à une bio. Il trouve que « c’est dégueulasse » que l’acteur de Série Noire n’est jamais été récompensé, et il l’écrit. Bon, mon petit Christophe, comment te dire* ?

Bref, n’achetez surtout pas Patrick Dewaere, Une Vie. Je vous le prêterai bien volontiers. Car le livre a au moins l’avantage de faire revivre le comédien le plus incendiaire des années 70-80, et tout simplement, l’un des plus grands acteurs français.

Et rien ne vous interdit de vous replonger dans son impeccable filmo : Les Valseuses, Adieu Poulet, F comme Fairbanks, Le Juge Fayard Dit Le Shérif, Préparez vos Mouchoirs, Série Noire, Un Mauvais Fils, Coup de Tête, Beau-Père, Paradis pour Tous…

* Bien que ça corrobore notre thèse sur les Oscars/Césars : Patrick Dewaere a perdu contre le Dustin Hoffman de Kramer contre Kramer (arf arf !), le Jack Lemmon du Syndrome Chinois (re-arf arf !) ou le Claude Brasseur de La Guerre des Polices (no comment). Dewaere jouait dans Série Noire ou Un Mauvais fils à l’époque, si vous voulez vous amuser à faire la comparaison.




dimanche 9 septembre 2012


Dune
posté par Professor Ludovico

« Sur Dune, nous avons un dicton : Dieu a créé Arrakis pour éprouver les fidèles. »

Il a créé le film, aussi.

Rappel des faits. 1981. Après des années d’attente, et un projet avorté avec Jodorowski, la nouvelle tombe : David Lynch va adapter Dune.

C’est deux bonnes nouvelles en même temps. David Lynch est un réalisateur de talent, auréolé par le succès freak d’Elephant Man. Après un film atroce et passionnant, (Eraserhead), Mel Brooks lui a confié l’adaptation de la pièce sur John Merrick. Elephant Man est un immense succès public et critique, mélangeant les obsessions très particulières de Lynch avec un mélo d’excellente facture. Un auteur vient de naître.

Quelqu’un d’autre veut accéder à ce graal, c’est Dino de Laurentis. Producteur arty à ses débuts (La Strada, Barrage Contre le Pacifique), il ne produit plus de la GCA dans les années 70 (Un Justicier dans la Ville, King Kong, Flash Gordon) : De Laurentiis veut redorer son blason. La SF s’est mise à cartonner (Star Wars, Alien, Outland, Blade Runner) et Dino de Laurentis veut adapter un chef d’œuvre : ce sera Dune. Pour cela, il adoube sa fille, Rafaella, comme productrice qui sort de Conan le Barbare. Pour cela, il suffit de prendre le réalisateur le plus hot du moment (Lynch), qui a l’avantage de ne pas coûter trop cher. Lynch n’a qu’un inconvénient : il n’a jamais dirigé de superproduction, ni de film en couleurs.

Précurseurs, les De Laurentis décident de tourner au Mexique, où les studios Churubusco proposent à moindre prix techniciens, décors, et figurants. Ces choix, qui semblent frappés au coin du bon sens pour le film le plus cher de tous les temps (à l’époque, 80M$) vont s’avérer catastrophiques.

Car Dune n’est pas un roman ordinaire. Le Professore a « replié l’espace » vers Arrakis à quinze ans, et n’en est jamais revenu. Le sujet est étonnant, et son traitement encore plus. Ecrit en 1965, Dune préfigure en effet les futures crises pétrolières et l’explosion du Proche Orient. Sur la planète Arrakis (ou Dune), de grandes Maisons Nobles s’affrontent pour le contrôle d’une matière première, l’Epice, qui n’est pas du pétrole, mais une drogue qui permet les voyages intersidéraux. Le « héros », Paul Atréides, va mener la population locale (les Fremen) à l’insurrection et au contrôle de l’Epice.

Formidablement écrit, Dune fait plus penser à une pièce de Shakespeare qu’à Fondation. Il n’y a pas les clichés habituels de la SF (épée laser, jeunes princesses en string et batailles intersidérales). Non, il s’agit de politique, de complots, et d’intérêts supérieurs qui engagent des planètes entières. La religion n’est pas une révélation, une épiphanie, mais bien une technique de contrôle des masses. Paul Atreides est un héros authentique, mais surtout un Prince, au sens machiavélien du terme : reprendre ou conserver le pouvoir, écarter les ordres religieux, voilà ses objectifs. L’écologie, fait nouveau dans les années soixante, tient une place centrale dans toute l’œuvre de Frank Herbert, et Dune est son livre-thèse sur ce sujet. La planète Arrakis y est minutieusement décrite, faune et flore incluse, alors qu’il ne s’agit que d’un immense désert.

En s’attaquant à Dune, les De Laurentis n’ont donc pas choisi la facilité. Comme Le Seigneur des Anneaux, Dune possède une base hardcore prête à discuter dans les moindres détails de l’uniforme de Duncan Idaho ou de l’accordage en ré mineur de la balisette de Gurney Halleck. C’est sur cette base, gros comme un iceberg de dix millions de lecteurs, que va se naufrager le film.

Car s’il reçoit un accueil très positif en France (2 millions d’entrées, dont 6 du Professore), c’est un bide partout dans le monde. Les De Laurentis ne s’en remettront pas, mais chevaleresques, n’en voudront pas à David Lynch, et produiront même son film suivant (Blue Velvet), authentique chef d’œuvre qui l’installera directement au panthéon des artistes d’Hollywood.

***

Maintenant, le temps est venu d’initier la jeune génération. Après des essais infructueux auprès de la Professorinette (lui offrir le livre n’a pas suffi), c’est le Professorino qui est demandeur. Et là, catastrophe, le film est pire que dans mon souvenir…

Effets spéciaux pourris
Le grand drame de Dune, c’est d’être le dernier grand film de SF produit avant l’ère numérique (les fameux yeux bleus des fremens sont peints à la main un par un : ça se voit…) Les explosions, vaisseaux spatiaux, vers des sables sur fond bleu… tout ça atrocement mal vieilli, mais avouons que ce n’était déjà pas terrible à l’époque…

Dialogues lamentables
La grande force de Dune, le livre, ce sont ses dialogues, de très haute volée entre les Princes de l’Imperium. Pire, Herbert y superpose plusieurs niveaux de compréhension. Par exemple, Paul discute aimablement avec les notables d’Arrakis, tout en réfléchissant aux implications possibles de cette conversation. En même temps, il échange avec sa mère, par gestes codés, un plan de bataille. Pour Herbert, ses personnages sont des surhommes, dans un univers où la technologie est bannie depuis la « révolte des machines ». Ils doivent penser aussi vite qu’un ordinateur, ou se battre avec un poignard aussi rapidement qu’un robot. Dès la lecture, ce genre de scène pose le problème de l’adaptation cinématographique.

David Lynch n’y apporte qu’une solution ridicule : un personnage parle, et en même temps, échange des signes codés, qui visiblement, veulent dire la même chose ! Il ajoute aussi une horrible voix off, sensée expliciter l’intrigue (« Suis-je l’Elu ? », une thématique qui n’est même pas dans le livre.) Cette voix off casse les ailes de Dune, lui empêchant de décoller réellement.

Un montage catastrophique
C’est la partie du film reniée par Lynch. Celui-ci proposa un premier montage de trois heures, charcuté à deux. Pourtant, le premier scénario signé Frank Herbert faisait à peu près cette longueur, comme le premier traitement, signé d’un certain Ridley Scott.

En coupant dans le tas, le montage final transforme le film en bouts de scène sans queue ni tête, d’une durée excédant rarement quelques secondes, passant d’une planète à l’autre, d’un personnage à l’autre, et alignant les images d’Epinal comme d’autres alignent les perles : les vagues de Caladan ! Le Gom Jabbar ! L’arrivée sur Dune ! Le Chercheur-Tueur !

Seules quelques scènes surnagent : la sortie en ornithoptère, le duel final. Parce qu’enfin, elles durent…

Interprétation catastrophique
Malgré un casting all-star d’acteurs confirmés (Max Von Sydow, Brad Dourif, Sylvana Mangano, Jurgen Prochnow, Dean Stockwell), ou en devenir (Kyle McLachlan, évidemment, mais aussi Sean Young, Patrick Stewart, Virginia Madsen), leur interprétation est catastrophique. Pas un comédien ne s’en tire, tiré vers le bas par le script, qui les oblige à commenter l’action, façon Blake et Mortimer, (« La tempête arrive ! » « Il a pris l’Eau de la Vie ! » Ça se voit à l’écran, pas la peine de me le dire !

Une pédagogie inexistante

Face à ce genre de livre-somme, l’adaptateur est écartelé entre deux directions contraires : simplifier, pour initier le néophyte, ou tout garder, pour plaire au fan. Ce dilemme, deux films l’ont résolu avec talent : Le Seigneur des Anneaux, et Le Trône de Fer. Le Seigneur des Anneaux a donné des gages aux fans, en respectant scrupuleusement l’univers graphique de Tolkien (et en embauchant l’artiste le plus consensuel dans cet univers (Howe). Il ne s’est pas gêné par contre pour trancher (exit Tom Bombadil), pour bousculer la chronologie (les Ents), et pour jouer avec la morale de l’histoire (la fin) pour appuyer son propre propos.

Le Trône de Fer a fait de même, en mélangeant allègrement les époques, pour mieux impliquer le spectateur dans l’intrigue globale, en usant d’une pédagogie constante et subtile pour amener, ici et là, des informations sur l’univers.

Dune rate tout cela, d’abord en rajoutant des choses qui ne servent à rien (les Modules Etranges), en changeant le rôle de la religion (l’Elu), en étant exhaustifs sur l’univers (les Navigateurs mentionnent deux planètes (Ix et Richese), qui ne servent à rien dans Dune et apparaissent dans les suites), et en complexifiant les noms des personnages jusqu’à l’incompréhensible (Paul, Usul, Muad’dib, un détail dans le livre)…

Un manichéisme indigne
C’est sûrement le principal reproche du Professore (qui mit quand même 5 visionnages avant d’admettre que Dune était peut-être « un peu raté »).

Dune est tout, sauf un livre manichéen. Le lecteur est du côté des Atreides, et souhaite la défaite des Harkonnens, mais il comprend leurs motivations profondes. Herbert avait défini son livre comme une critique du héros providentiel, et de notre participation active à ce syndrome. Il fait même dire à son héros (dans Le Messie de Dune) qu’il se sent « pire qu’Hitler ». Non, les Atreides ne sont pas parfaits. Portraiturés par Lynch en héros d’opérette, au brushing impeccable, cela est insupportable au fan, tout comme le diabolisation des Harkonnens (les pustules du baron), ou le rabaissement des Corinno (l’Empereur qui tire à la mitrailleuse dans la scène finale).

***

Mais pourtant…

Malgré ces déceptions, Dune conserve quelques attraits. Listons-les, si l’envie vous prenait de vous plonger encore une fois « within the rocks of this desert »

Une déco splendide
Immense réussite du film, inégalée à ce jour, Dune est un chef d’œuvre de costumes et de décors. Anthony Masters, le décorateur de 2001 et de Papillon, réussit à extraire Dune du moule Star Wars/Galactica, avec ses vaisseaux façon cuirassés et ses costumes en pyjama blancs.

Fidèle à l’univers, il dessine des palais orientaux, médiévaux, steampunk, qui portent à chaque fois l’identité de leurs hôtes. Dans une époque si lointaine (« It is the year 10191 »), toute notion futuriste doit avoir disparu : les costumes aussi. Tenue d’apparat pour les Atreides, cuirs sculptés pour les harkonnens, costumes napoléoniens pour l’empereur et sa fille. Sans parler des distilles, la combinaison de survie des fremen, un vrai succès qui ne respecte pourtant pas les tenues du livre (car déjà piqués par George Lucas pour ses jawas de Star Wars) : une incontestable réussite graphique.

Des images inoubliables
Quelques visions surnagent du montage à la découpe : les plans de désert, les gouttes d’eau du rêve, les deux lunes, tout ce qu’aurait pu être Dune, le film, et ne sera jamais. Ou les fameux Vers des Sables, dont chacune des apparitions, filmée au ralenti, arrache des larmes au fan. Ils correspondent exactement à l’idée que l’on peut s’en faire dans le livre. Tout cela dû à un très grand directeur de la photo, le britannique Freddie Francis (Les Chemin de la Haute Ville, Elephant man, Les Nerfs à Vif…).

Un casting parfait
Il faut bien distinguer les comédiens (qui sont bons) et leurs dialogues (qui sont désastreux). Le casting dunien est remarquable, très cohérent avec l’idée que l’on se fait des personnages du roman. Seul Paul est un peu vieux pour le rôle, mais trouver un excellent acteur de quinze ans n’est pas chose facile. Et la découverte de l’énigmatique Kyle McLachlan vaut bien ce sacrifice (Blue Velvet, Hidden, Twin Peaks, Sex and The City, Desperate Housewives…)

Une musique étonnante
Cela écorche la bouche du Professore – punk dans l’âme – mais la musique composée par Toto est excellente. Oui, Toto, l’auteur de l’immortel Africa, a crée une très belle musique pour Dune. Un thème très fort, un love theme particulièrement réussi, et des musiques additionnelles (dont le très beau Prophecy Theme, signé Brian Eno), loin des standards wagnerio-kitsch habituels, façon John Williams. Le film eut été un succès, nul doute que la carrière de Toto en eut été changée, à Hollywood au moins.

***

Voila, vous l’aurez compris, revoir Dune n’est pas indispensable, sauf pour les fans les plus masochistes d’entre nous. Depuis 1984, le Professore guette, depuis son sietch, l’adaptation qui nous sauvera tous. La série télé de Sci-Fi (2000) n’a réussi qu’a consterner le fan, en réussissant un gros succès télé avec un sous-produit honteux, joué comme un pied, et à la déco ultra kitsch et cheap.

Le dormeur a failli se réveiller avec Peter Berg, une nouvelle qui a enthousiasmé le Professeur, qui tient en haute estime le réalisateur du Royaume et de Hancock. Mais celui-ci a préférer adapter une œuvre autrement plus importante dans l’histoire de l’humanité : La Bataille Navale (Battleship). Le projet Dune est passé à la Paramount avec le français Pierre Morel (Banlieue 13, Taken), pas une très bonne nouvelle en soi, mais le projet semble reparti pour le désert profond.

Non, le véritable espoir réside en trois petites lettres, (Avant Garde Gothic Bold, blanc sur fond noir) : HBO.

Dune mérite HBO, HBO mérite Dune à son catalogue. Les fans de Dune le pensaient déjà à l’époque, alors qu’HBO venait de naître, et que le projet Dune n’existait pas encore dans la tête d’un producteur. Car deux heures ne suffisent pas à peindre la fresque grandiose des Atreides, il faut dix épisodes d’une heure ! Le format de la série (épisodes, saisons…) serait l’écrin parfait des complots, des « plans à l’intérieur des plans », et des différentes époques de Dune*… Il faut les talents conjugués de HBO pour mener un tel projet à bien : l’intelligence historique du Trône de Fer, le chef déco de Rome, les scénaristes de Sur Ecoute ou des Soprano, et les acteurs first class dont la télé dispose désormais pour incarner Paul, Wladimir, Feyd, Jessica, Stilgar, Chani…

Car ils sont là, ces personnages extraordinaires en quête d’auteur ; leur cœur bat silencieusement dans les sables Arrakis, leur âme perdue dans un repli de l’espace ; ils n’attendent qu’un Ver à leur mesure, pour chevaucher enfin jusqu’au grand public.

Le dormeur doit se réveiller.

*Dune était un roman unique au départ, et s’est enrichi de suites et de prequels loin d’être aussi talentueusement écrits que le premier opus :

• Dune est une lecture obligatoire
• Le Messie de Dune, Les Enfants de Dune restent lisibles
• L’Empereur Dieu de Dune devient assez délirant, et se déroule des siècles après les trois premières
• Les Hérétiques de Dune et La Maison des Mères, écrits dans les années 80, sont très mauvais
• Le fils de Frank Herbert a réactivé la licence avec beaucoup moins de talent, mais beaucoup plus prolixe, en 3 cycles :
o Avant Dune, un prequel direct de Dune avec la jeunesse des personnages (La Maison des Atréides, La Maison Harkonnen, La Maison Corrino)
o Dune, la genèse, qui se déroule des siècles avant Dune et explique le background (La Guerre des machines, Le Jihad Butlérien, La Bataille de Corrin)
o Après Dune, une suite de La Maison des Mères (Les Chasseurs de Dune, Le Triomphe de Dune)




jeudi 30 août 2012


Instagram
posté par Professor Ludovico

Toujours au sommet de la hype, technophile as ever, le Professor s’est ouvert un compte Instagram spécifique pour CineFast. Objectif : blogger sur le cinéma sans tweeter, ce qui n’aurait pas de sens, avouons-le… Car qui voudrait lire la chronique du Gamin au Vélo après en avoir lu 140 signes assassins sur Instagram ou Tweeter ?

J’essaierai donc de blogger « graphiquement » autour du cinéma, et plus sur les à-côtés de la passion cinéphilique que sur les films eux-mêmes.

Quelques échantillons sont déjà en ligne, le pont de L’Homme Tranquille de John Ford, perdu au fin fond du Connamara, le dernier mouillage du Titanic, Margin Call ou Cosmopolis

Pour me suivre donc, cherchez professorludovico sur Instagram (il faut installer l’application sur votre portable, évidemment, mais c’est assez rigolo de toutes façons)




dimanche 26 août 2012


Neil Armstrong
posté par Professor Ludovico

The world is such a funny place I laugh every day
My body won’t move and my mind won’t stay
My mind won’t stay

I’m floating out now until my body’s gone
I’m so far away like Neil Armstrong
Like Neil Armstrong Buzz John Yuri Gagarin

There’s time to be free it’s too short to be lonely
Accost someone you like in a lift or a street
Let them burn right through you with their eyes

Because they know you’re spineless and that you would flop under pressure
And you used to have all these ideas about love and waste and the end of the world and how to do things
And to look at you now and feel good that I’m me has to be the best feeling I’ve ever had
The best feeling I’ve ever had the best feeling I’ve ever had

I’m floating out now ’til my body’s gone
I’m so far away like Neil Armstrong
Now I’m in the middle of a hole in the sky
I must be dead ’cause I never used to fly

Babybird : Neil Armstrong




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