[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



mercredi 29 janvier 2014


Actualité d’Apocalypse Now!
posté par Professor Ludovico

Chose promise ici, chose due : depuis je me suis acheté un lecteur Blu-ray et que j’ai trouvé un jeune vierge en la personne de Magic Arno (un gars qui bosse dans le cinéma depuis vingt ans avec les plus grands réalisateurs français et qui n’a jamais vu Apocalypse Now! Si c’est possible.)

Après avoir fébrilement ôté l’enveloppe plastique, le moment tant attendu est arrivé, non sans angoisse : Coppola n’a-t-il pas salopé le boulot ? Après 10 ans d’infamie redux, voilà enfin le retour la vraie version d’Apocalypse Now! 2h17 de perfection cinématographique, sans plantation française, sans Willard voleur de surf, sans Brando en pyjama. Et une première immense satisfaction : l’édition est splendide, magnifiquement remasterisée, dans peut-être la meilleure version – malgré 10 visionnages – que le Professore ait jamais vue. Les dix fois précédentes, dont la première, émoliente, en 1980, dans un petit cinéma du Quartier Latin, étant toutes entachés par un petit défaut technique. Mauvais format. Son crachotant. Rayures sur la bobine… Mais là, par la magie du numérique, tout est parfait. Une version qui rend grâce à la cathédrale de Chartres de Vittorio Storaro : chaque plan est un tableau parfait dans la composition, dans la lumière, comme une veduta de Canaletto (les jonques sur le delta), un autoportrait de Bacon (le visage camouflé de Willard) ou un paysage de Turner (les couchers de soleil sur la rivière Nung).

Après, le chef d’œuvre n’a pas changé d’un pouce : perfection esthétique bien sûr, mais aussi perfection scénaristique, perfection du montage, de la musique, des acteurs. Et quoiqu’on en dise, le final de Brando, certes long, est la clef de voûte du film, sa conclusion morale. Et c’est bien sûr ce que voulait Coppola : pas le film de guerre de plus, mais une réflexion philosophique sur l’humanité, comme il est dit au début par le Colonel Corman « Because there’s a conflict in every human heart, between the rational and irrational, between good and evil. » Prenant pour prétexte le livre de Conrad, Au Cœur des Ténèbres, et l’adaptant au Viêt Nam, Coppola déroule sa thèse. D’un côté l’occident chrétien, sûr de son bon droit, de l’autre le Viêt Minh, qui n’a jamais laissé un occupant chinois, français, ou américain l’envahir trop longtemps. Face à la détermination morale, les dollars ne servent à rien.

A la fin, dans une image sublime, le guerrier Nietzschéen Willard, mi bouddha, mi guerrier, a remplacé Kurtz qu’il vient de tuer. Dans la main droite, une faux, dans la main gauche, les mémoires de Kurtz. L’Arme et le Livre. L’Ordre et la Loi. Willard lâche l’arme. Son combat est fini. Il ne reste que la mémoire. Car la guerre est finie.




vendredi 24 janvier 2014


Pyramide du Louvre et Sanisette Decaux
posté par Professor Ludovico

Pour une fois, on est d’accord avec Jean Pierre Jeunet. Eh oui, tout est possible sur CineFast.

Sur 20minutes.fr, l’auteur du multichromatique L’extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S Pivet déverse sa bile sur le cinéma français, un reproche qu’on fait souvent au vieux Ludovico. En deux mots, Jeunet fustige la faible qualité des films français « moches, mal montés, mal filmés, mal joués, mal sonorisés, mal écrits… plus c’est moche, plus c’est de l’art ! » Et de jouer, non sans raison*, à l’historien du cinéma : « C’est encore la tradition de la nouvelle Nouvelle Vague qui nous pourrit la vie. »

Et voilà l’auteur immortel d’Un Long Dimanche de Fiançailles qui part sur cette magnifique métaphore, dite Syndrome de la Pyramide du Louvre : « Le long-métrage français, c’est quand même à 90% l’apothéose de la laideur et ça ne dérange personne. J’appelle ça le syndrome de la Pyramide du Louvre et des chiottes Decaux. La pyramide du Louvre, en verre, ça ne peut pas être plus beau et ça avait fait tout un scandale. Les chiottes Decaux, c’était des horreurs, mais je n’ai jamais lu une critique négative. La laideur ne dérange personne et la beauté choque, et ça c’est très français. »

La formule est rigolote et en plus, on est d’accord avec toi Jean-Pierre ! Même si l’excès inverse – dont tu te fais le champion – qui préfère l’esthétisme à tout crin aux dépens de vrais personnages et d’une histoire qui tienne debout n’est pas forcément la solution.

* La Nouvelle Vague fustigea dans les années cinquante la « Qualité Française » des René Clair et autres Claude Autant-Lara, héritier d’un certain cinéma de qualité, mais conformiste et éloigné de la réalité. Tandis qu’eux s’emparaient des toutes nouvelles cameras 16mm et filmaient dans la rue… technique dont allait s’approprier Dennis Hopper pour Easy Rider, et ses suiveurs du Nouvel Hollywood.




lundi 20 janvier 2014


And then, booooom!
posté par Professor Ludovico

Sacrés français.

Comme chacun sait, regarder un film dans un avion s’apparente à une épreuve pour le cinéphile*. Remontés, coupés, hachés, au grand mixeur de la censure. Pas plus de 2h. Pas de film catastrophe. Pas de violence. Pas un bout de nichon ou de fesse.

C’était oublier la France, les français… et Air France.

Cette histoire est arrivée à Joan (the most francophile girl on the Puget Sound), de retour d’Inde pour un passage éclair à Paris sur notre compagnie nationale. Francophile as ever, Joan en profite pour regarder un film français. Blue is the Warmest Color, autrement dit La Vie d’Adèle. À sa droite, son mari, Barry, la septantaine passée, à sa gauche, un hindou célibataire. Au début, Joan est plutôt sensible à l’analyse marxisto-kechichienne…

And then, booooom!

Elle sent soudain les deux regards mâles qui convergent sur l’écran central. Nous venons d’entrer dans la partie porno lesbien de La Vie d’Adèle.

Choquée, Joan décide d’arrêter le film et tente de dormir malgré la vision dantesque de Lea Seydoux et Adèle en plein scissors. Elle enfile son cache-yeux logotypé Air France. Mais quelques minutes plus tard, elle se réveille : le film qu’elle avait mis sur pause est reparti. Tout seul. Mystère de l’informatique… A sa droite et à sa gauche, on nie. On dénègue. Elle se rendort. Le film repart à nouveau. Magie de l’écran tactile.

Bref… soyons sérieux une minute. Sans être particulièrement père-la-pudeur, (ce n’est pas particulièrement le genre de la maison, qui préfère le porno façon Don Jon aux amourettes façon Jane Austen), c’est quand même fort de café de programmer La Vie d’Adèle dans un avion, non ?

*A tel point que le Seigneur d’Avalon refuse de tenir compte des films visionnés en avion pour l’attribution des points au Topten**

** A venir prochainement dans ces colonnes




mardi 31 décembre 2013


Virtuosité
posté par Professor Ludovico

Il y a quelque chose de mystérieux dans le rock, si on n’essaie pas d’analyser cette musique populaire. Pourquoi les virtuoses n’y percent pas ? Joe Satriani ? Jeff Beck ? Jimi Hendrix, dans une moindre mesure ? Pourquoi des mauvais réussissent ? Keith Richards ? les Sex Pistols ?

Pour revenir à notre règle du « TTC », Talent – Travail – Chance, peut-être que les premiers manquent de chance, mais c’est surtout le mot talent qu’il faudrait redéfinir. Le talent, ce n’est pas juste jouer de la guitare dans son dos, ou d’aligner 125 notes par minute. Non, le talent, c’est cette chose magique que possèdent les « mauvais » susnommés… il suffit parfois de quelques notes très espacées (celle de la Sonate au Clair de Lune, par exemple) pour susciter une incroyable émotion.

Ce débat, en fait, irrigue l’art : les peintres pompiers sont d’excellents techniciens, mais inspirent-ils autant d’émotions qu’un Van Gogh ? Et dans le cinéma, c’est la même chose. Il ne suffit pas du plan parfait pour emporter l’adhésion du spectateur. Spécificité du cinéma, il faut déjà agréger plusieurs talents dans la même image : acteur, photo, musique, dialogue, déco… Mais surtout, il faut se garder d’en faire trop : l’acteur qui surjoue, l’image trop léchée, la musique trop bonne qui enterre le film*, le bon mot de trop, le décor trop luxueux… n’est-ce pas Mr Hitchcock ?

Une fois qu’on a réussi tout ça, il faut encore que la scène soit au service du film, et pas l’inverse.

Les virtuoses au cinéma courent souvent le même risque que les guitaristes de heavy metal : en faire trop dans le solo nuit au morceau. Fincher dans ses premiers films, Ridley Scott ou Coppola, le Scorsese de Hugo Cabret… Mais aussi les jeunes loups d’aujourd’hui comme Zack Snyder (Man of Steel), Michel Gondry, Paul Thomas Anderson (The Master), Christopher Nolan (Les Batman, Inception), James Gray (La Nuit Nous Appartient) qui tuent leurs films sous une forme de perfection graphique

Evidemment quand ça marche, on n’est jamais loin du chef d’œuvre : Wes Anderson (Moonrise Kingdom), Steve McQueen (Shame, Hunger), Nicolas Winding Refn (Drive), Lars von Trier (Melancholia)…

La différence, c’est que la virtuosité de ces films-là n’est que le résultat d’un véritable geste artistique, pas une fin en soi.

*Demandez à Barbet Schroeder, obligé de couper dans les compositions du Pink Floyd pour More : « la musique était trop bonne, elle mangeait le film ! » Pas rancunier, il les rengagea pour La Vallée.




mardi 24 décembre 2013


L’intelligence du spectateur
posté par Professor Ludovico

On dit parfois d’un film ou d’une série qu’elle parle à l’intelligence du spectateur. Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? C’est simple : le scénariste pense (ou sait) que le spectateur va remplir les blancs entre deux scènes. Le meilleur exemple de ce phénomène est sûrement Mad Men. L’équipe de scénaristes réunie autour de Matthew Weiner ne s’embarrasse pas d’explications superflues : Machine passe du temps avec Truc, un bébé naît : Truc est donc le père. Aucune ligne de dialogue ne viendra confirmer cela, aucune scène lourde de sens ne viendra certifier cela. De même, on attaque souvent les scènes in media res, c’est à dire au milieu de l’action, car le spectateur de Mad Men sait que le dialogue a peu d’importance dans la série ; nos pubeux sont sûrement en train de parler de la dernière campagne Sunkist, et de toutes façons, on va sauter du coq à l’âne dans quelques secondes, car c’est bien dans le style Mad Men.

A l’opposé, un cop show façon Esprits Criminels ne joue pas sur l’intelligence du spectateur ; il lui prémâche tout, de manière à ne jamais perdre personne en route. Le méchant est évidement méchant-arrogant-procédurier. Et le dialogue va venir expliciter le développement de l’intrigue, et surtout son dénouement.

Ne nous méprenons pas : il ne s’agit pas de mépris du spectateur mais bien de marketing. Mad Men, Game of Thrones, Sur Ecoute sont des produits de luxe qui servent des objectifs marketing précis ; ainsi The West Wing fut conservé dans les dernières saisons par ABC malgré des scores décevants parce que le show était très apprécié des CSP+. Nos politiciens de la Maison Blanche tiraient la chaîne vers le haut, et c’est aussi important qu’un bon rating. C’est toute l’histoire d’une émission comme C’est Pas Sorcier. Les scores ont souvent été mauvais, mais le show pédagogique de Jamy Gourmaud était inamovible car garant d’une certaine image « service public » pour France 3.

En restant abscons, Mad Men flatte l’intello qui sommeille en nous ; on n’a pas tout compris mais on est fiers de faire partie de ces spectateurs haut de gamme. A contrario, Esprits Criminels est un produit basique de la télévision ; il doit fournir la part de marché qu’il s’est engagé à délivrer. Donc pas question de faire dans le subtil. On ne doit perdre aucun spectateur en route, fut-ce au prix d’une intense simplification des intrigues et des situations. C’est ainsi que les plots et sub plots sont quasi standardisées, avec révélation d’indice programmée toutes les dix minutes, avant les pubs. Et que nos inspecteurs favoris expliquent à la fin de l’épisode – via un dialogue convenu – ce qu’il fallait comprendre.

Ce peut aussi être un plaisir régressif, non ?




dimanche 22 décembre 2013


La Grande Scène
posté par Professor Ludovico

Comme il n’y a pas de grand groupe sans grand slow (Stairway to Heaven pour Led Zeppelin, Angie pour les Rolling Stones, Don’t Look Back in Anger pour Oasis …), il n’y a pas de grande série sans La Grande Scène.

C’est quoi La Grande Scène ? C’est une scène dans un épisode quelconque ; à un moment quelconque de la saison, dans n’importe quelle saison. Car la Grande Scène, on ne peut pas l’écrire ; elle émerge par hasard, c’est le coup de génie, par définition imprévu. Une scène qui, soudain, définit la série et dont on se souvient encore vingt après, des larmes dans les yeux et des frissons dans le dos. C’est le moment où l’on tombe amoureux de la série.

Pourquoi ? Parce qu’à partir de cette Grande Scène, qu’on va raconter et re-raconter à tous les collègues à la cafet’, on peut définir toute la philosophie de la série :

La Grande Scène du Caroussel, qui teinte pour toujours Mad Men de cette nostalgie douce-amère, celle d’un passé secret (celui de Dan Draper) ou celle, évidente, du monde doré des fifties en voie de disparaitre)…

La Grande Scène des échecs, dans Sur Ecoute où un damier de 64 cases devient la métaphore de la guerre de la drogue…

La Grande Scène du steak frites dans Un Village Français, qui illustre pour toujours la dualité de la France mi collabo, mi résistante (et qui n’arrive qu’à à la cinquième saison, 1943, évidemment)…

La Grande Scène de Game of Thrones, il y en a tant, mais disons, celle du cerf, ou Tywin Lannister, le père, fait la leçon à son fils Tyrion…

Et vous quelle est votre Grande Scène favorite ?




samedi 7 décembre 2013


Mad Men saison 6, y’a quand même un défaut…
posté par Professor Ludovico

Ben oui. Un seul. Il faut bien en trouver un dans la Cathédrale de Chartres de Matthew Weiner ; un petit bug très franco-français.

Si vous suivez la série, vous savez que Don est désormais marié à son ex-secrétaire, la délicieuse canadienne Megan. (Si vous ne suivez pas la série, tant pis pour vous. Votre identifiant et votre mot de passe CineFast ont été effacés automatiquement).

Bref. Megan a des parents bien frappés, un père prof et communiste, qui se paie le luxe de se faire ridiculiser par cette petite merde de Kartheiser, et une mère nymphomane, Marie, qui se tape n’importe qui, dès qu’elle a un verre dans le nez.

Fidèle à son positionnement haut de gamme, Mad Men se paie le luxe de faire parler ses personnages en français. Fait rare, comme on sait, dans les films US. C’est là que le bât blesse : Megan est jouée par Jessica Paré, qui propose un accent québécois parfait. Sa mère, censée être française, est jouée par l’excellente Julia Ormond. Problème, elle est anglaise, et, si elle parle un très bon français, elle ne peut faire illusion.

Petite faute de goût, qui sera aisément pardonnée.




dimanche 24 novembre 2013


13 channels of shit on the TV to choose from…
posté par Professor Ludovico

Incroyable Bob Dylan.

A 70 ans, il surprend encore. Pour lancer son coffret intégral, le voilà qui propose un clip de sa chanson-phare, Like a Rolling Stone, un clip tout simplement extraordinaire…

Ça se présente sous la forme d’une télé dont vous pilotez la télécommande. Sur la première chaîne, Dylan lui-même, dans sa période sublime, c’est à dire 1966, Blonde on Blonde, la tournée en Grande-Bretagne, le Royal Albert Hall, Don’t Look Back

Mais si vous zappez sur la chaîne suivante, vous tombez sur une chaîne de télé-achat. O surprise, la blondasse qui vend un aspirateur de table chante aussi Like a Rolling Stone ! Enfin, en play back, c’est toujours Dylan qui chante… mais en désignant l’aspirateur de son doigt manucuré : « How does it feel … », en passant l’aspirateur : « To be on your own … »

Zappez sur la 3 et la comédie dramatique fait de même « Like a complete unknown… » Et ainsi de suite, sur le match de tennis (Diotvesky-Plotnivich), l’émission de Télé Réalité, Le Juste Prix, etc.

L’effet est tout bonnement extraordinaire : la juxtaposition du texte de Dylan sur des images à chaque fois différentes les charge d’un sens nouveau.

Coup de génie aussi : comment mieux démontrer l’universalité de cette chanson, déjà considéré comme l’une des plus importantes de l’histoire du rock ?




mercredi 20 novembre 2013


Un Football Français, season finale
posté par Professor Ludovico

Il est fort ce Deschamps. Après nous avoir endormis pendant toute la saison avec une intrigue secondaire (Evra-Menes-Lizarazu), il sort deux épisodes de folie pour la fin de la saison de Un Football Francais, Direction Le Brésil.

Avant-dernier épisode, les méchants Ukrainiens plantent deux buts à nos héros. Enjeu maximum : comment réaliser l’impossible, puisque jamais une équipe n’a remonté deux buts en éliminatoire ? Mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Deschamps a relu Corneille et surtout Hitchcock/Truffaut à Clairefontaine pendant la causerie d’avant match.

Surprise is not Suspense : Didier filme en gros plan un joli chronomètre calé sur 90. Dans quatre-vingt dix minutes, la bombe va exploser à la tête de l’Equipe de France, si nos vaillants héros n’arrivent pas à la désamorcer.

On commence par un but de Sakho (le sidekick, le p’tit gars de Paris dont le Qatar ne veut plus) à la 22°minute, puis deux du Tom Cruise du Football français, Karim B., dont un refusé –(ça fait monter le suspens). Fin du premier acte.

Et là, 70ème, gag final Sakho : troisème but. La France est qualifiée. Et hop ! Didier Hitchcock déclenche un deuxième chrono, calé sur les vingt dernières minutes. Vingt minutes d’angoisse, à ne pas se trouer sur un corner, prendre un péno ou un coup franc…

Mais voilà, c’est fini, l’arbitre a sifflé, Giroud chante la Marseillaise, comme à la fin de Casablanca.

C’est simple, le football.




mercredi 20 novembre 2013


The Gospel According to Saint Alfred#6 : Surprise is not Suspense
posté par Professor Ludovico

Imaginez une table. Deux personnes discutent et quelqu’un (pas Hitchcock) filme ça. Qu’est-ce qu’ils racontent ? Bof, on s’en fout un peu, on n’écoute pas trop. Soudain, une bombe explose. Sous la table. Surprise. « C’est bien si vous voulez un twist » dit Maître Hitch. Par exemple, quand vous révélez qui est Keyser Söse, traduit le Professore Ludovico. Mais sinon, rien ne vaut le suspense… »

C’est quoi le suspense ? C’est l’essentiel de l’œuvre hitchcockienne : l’ironie dramatique. Le spectateur sait quelque chose que le personnage ne sait pas.

Imaginez une table. Deux personnes discutent et quelqu’un (Hitchcock) filme ça. Sous la table, il filme une bombe qui fait tic-tac. On sait déjà que la bombe explose à treize heures. Et Hitch filme la montre qui indique l’heure : une heure moins le quart. Comme dit le Patron, « Maintenant, au lieu de quinze secondes de surprise, vous avez quinze minutes d’attention du spectateur ! Et ces quinze minutes de dialogue vont devenir beaucoup plus intéressantes ! »

C’est simple le cinéma.




décembre 2025
L M M J V S D
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293031