[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



samedi 28 mai 2016


Le foot, c’est pas un sport de gonzesses (tragédie du penalty)
posté par Professor Ludovico

Le foot, même féminin, ça reste du foot. Et on a beau détester l’OL, Jean-Michel Aulas et compagnie, on regarde cette Finale de Ligue des Champions pour ce qu’elle est : de la dramaturgie à l’état pur.

Entre parenthèses, « on » pourrait la gagner. « On » parce que nous voilà soudain lyonnais quand on est en finale de la LDC, comme on devient fan de hand quand on une chance, nous français, de gagner quelque chose.

Certes, ça joue moins fort, ça court moins vite, ça rate des têtes que Cavani arriverait à mettre. Et si on a du mal à comprendre ces couettes blondes qui flottent au vent, ces maquillages waterproof et ces amortis de la poitrine (mais ça vous fait pas mal, les filles ??), on est pris par la dramaturgie du foot.

Il reste deux minutes et les lionnes résistent aux louves de Wolfsburg. Un à zéro. Mais comme d’habitude dans le football, – et c’est bien ça qui fait que vous êtes en train de regarder cette page -, il reste toujours quelque chose à espérer. Pour les Allemandes, que la goal rate l’interception sur ce centre. Et c’est exactement ce qui arrive : un partout. Et voilà que resurgissent tous les scénarios qui sont gravés dans la tête du supporter, ces milliers de matches déjà gagnés ou perdus dans les mêmes circonstances ; on pense à France-Italie, 2 juillet 2000, Feyenoord Stadion. Les italiens qui rebouchent le champagne, Wiltord et Trézeguet. Elles doivent être sens dessus dessous, nos lyonnaises, et maintenant elles vont perdre.

Elles passent quand même les prolongations et nous voilà aux tirs au but. Et malgré que ce soit globalement décrié dans le monde du foot, c’est ça que je préfère. Le drame, poussé à son paroxysme. La tragédie. 100 % de psychologie, 0 % de technique. Et ça ne rate pas, ou au contraire, ça rate. Les lyonnaises ratent leur premier péno et se mettent dans la pire des situations. Mais c’est Sarah Bouhaddi, la goal, qui sauve deux penalties et Saki Kumagai qui donne la victoire à l’OL. C’est ça le football, depuis toujours et pour toujours. Le foot, c’est pas un sport de gonzesses. Même le foot féminin.




samedi 23 avril 2016


Prince
posté par Professor Ludovico

Nous n’avons vu aucun de ses films. Purple Rain, Under the Cherry Moon, Sign o’ the Times, Graffiti Bridge ne méritent probablement pas d’entrer dans une chronique CineFast. Nous n’avons écouté que cinq de ses cinquante albums (1999, Purple Rain, Around the World in a Day, Parade, Sign o’ the Times). Mais le Petit Prince de Minneapolis nous manque déjà.

Nous l’avons rencontré en même temps que la Duchesse de Suède. Elle était là, avec une amie, à danser en 1988 dans une boîte improbable de Montparnasse sur un autre chanteur mort : INXS. Très probablement Need you tonight. Elle accrocha l’œil expert d’A.G. Beresford, mais – pour son grand malheur – la Duchesse avait déjà un homme dans sa vie. Roger Nelson, de Minneapolis. Et nous, nous étions suffisamment sûrs de notre virilité pour ne pas nous intéresser à ce farfadet pourpre cryptogay ; nous aimions en effet les Rolling Stones, David Bowie, et le Rocky Horror Picture Show. Pas grave, nous dit-elle en substance : vous verrez la lumière, un jour.

Et Sa Parole s’accomplit.

Une compilation sur cassette (l’ancêtre du téléchargement illégal) en est encore le témoin : Raspberry Beret, Purple Rain, Around the World in a Day, Parade, Sign o’ the Times, Controversy, Girls & Boys, America, Little red corvette, Let’s go crazy, Anotherloverholenyohead, Sometimes It Snows In April …

Ce fut une révélation, en effet. Un chanteur noir qui avait réussi le crossover blanc, en intégrant à sa musique les canons du rock*, de la pop, ces musiques essentiellement blanches. Mais sans jamais oublier qu’il était noir : suivez mon regard. Là où Michael J. cherchait désespérément à se faire accepter par l’Amérique, puis par le monde entier, Prince ne se renierai jamais.

Nous avons donc choisi notre camp : le Prince contre l’Usurpateur, autoproclamé King of Pop***. La Rébellion, contre la Mièvrerie. Nous serions du côté de la musique, et du côté des textes (sulfureux). Nous serions dans le camp des minoritaires, car nous l’étions déjà. Nous serions du côté du diable, car nous l’étions déjà. Pendant que Jackson blanchirait sa peau pour ressembler un peu plus à un camionneur de l’Iowa, pendant qu’il sauverait l’Éthiopie et amènerait la paix dans le monde, Prince ferait de la musique. Rien que de la musique. Rien que sa musique. Prince ferait danser les garçons et les filles. Prince épuiserait son public sur scène jusqu’au bout de la nuit. Il parlerait de tout et de rien, de la masturbation et de Challenger, de l’inceste, du SIDA ou, ou la mort de son petit chien.

Et il écrirait la plus belle chanson de tous les temps, Sign o’ the Times***, pour dire tout cela. Et en tirerait un clip minimaliste, avec le seul texte, en Times New Roman, évidemment.

Puis le temps de son règne passa, après la B.O. du Batman de Tim Burton. Il se mit à faire d’autres musiques, toujours en avance, mais sans le succès. Nous nous détournâmes alors de lui. Il continua – contrairement à beaucoup d’autres – à faire la musique qu’il aimait, jazz, rap, funk, sans jamais produire rien de honteux. Là où d’autres auraient encaissé les bénéfices d’un nouveau Kiss, ad vitam aeternam, ou chanté Satisfaction sur une chaise roulante, Prince ne s’abaissa jamais. Et si, un peu comme Dylan, Prince pouvait enchaîner concert catastrophique et performance de génie**, c’est qu’il s’était juré – comme Dylan – de ne jamais jouer deux fois la même musique.

C’est pour ça, beaucoup plus que pour le reste, que la peine est immense.

* On oublie souvent de dire quel incroyable guitariste c’était, en plus d’être un multi-instrumentiste
** Nous l’avons vu dans ces deux cas de figure : un désastre d’une heure au Parc de Princes (si mal nommé) : Son Altesse quitta la scène furieuse. Puis un concert à Bercy, tout de jaune vêtu, et simplement extraordinaire…
*** Un documentaire passionnant raconte cette bataille homerique : Doctor Prince & Mister Jackson (il passe ce soir sur Arte ou est visible ici)
****In France, a skinny man died of a big disease with a little name
By chance his girlfriend came across a needle and soon she did the same
At home there are seventeen-year-old boys and their idea of fun
Is being in a gang called ‘The Disciples’
High on crack and totin’ a machine gun
Hurricane Annie ripped the ceiling of a church and killed everyone inside
You turn on the telly and every other story is tellin’ you somebody died
A sister killed her baby ’cause she couldn’t afford to feed it
And yet we’re sending people to the moon
In September, my cousin tried reefer for the very first time
Now he’s doing horse – it’s June, unh
It’s silly, no?
When a rocket ship explodes and everybody still wants to fly
But some say a man ain’t happy unless a man truly dies
Oh why?




mercredi 13 avril 2016


Lincoln, encore…
posté par Professor Ludovico

Tout le monde peut se tromper. Après avoir dit que Spielberg allait rater son film, après l’avoir trouvé très bon, le Professore souhaite aujourd’hui simplement revenir sur le sujet. Ludovico n’ose pas dire chef-d’œuvre, mais il le pense. Peut-être parce que l’Homme de Mantes-la-Ville le lui a interdit. En 2015, à l’occasion d’une promenade aoûtienne sur les champs de bataille de la Guerre de Sécession, on a eu une brusque envie de revoir Lincoln. Et grâce à iTruc, Internet, et machin truc, c’est possible, même au fond de la Virginie Occidentale.

Et dès les premières minutes, on se dit que Spielberg n’a rien dans les poches : un biopic, des textes de loi, et pas d’enjeu très lisible. Comment faire un film dans ces conditions ? C’est là que Spielberg est à son meilleur – comme dans Jurassic Park 2.

L’homme d’Amistad va donc dramatiser tout ce qui lui passe sous sa main : un fils rétif, une femme malade, et beaucoup d’amis politiques qui ne sont pas d’accord avec vous.

Deux exemples du talent spielbergien à l’œuvre :

La décision :
Lincoln a un choix terrifiant à faire : faire la paix tout de suite (et éviter des milliers de morts supplémentaires), ou temporiser, le temps de faire adopter (par les seuls états du Nord) l’amendement qui supprimera l’esclavage. Lincoln est obligé de travailler dans l’ombre, car la paix semble si proche, et elle empêcherait à coup sûr la promulgation de ce fameux Treizième Amendement.

Là où un tâcheron aurait expédié ce processus de décision, sur fond de discours grandiloquent et de drapeaux américains flottant au vent, Spielberg temporise. Lincoln descend au cœur de la nuit, dans le bureau des télégraphistes (donnant au passage un petit rôle à Adam Driver). Il est temps de mettre fin à la guerre, leur dit-il et il rédige un mot à transmettre au Général Grant : qu’il amène à Washington les négociateurs sudistes ! Puis il reste à papoter avec les télégraphistes, et raconte, comme à son habitude, une petite histoire absconse dont il a le secret (ici, « choisit-on de naître où l’on nait et quand l’on nait ? » suivi du premier axiome d’Euclide). Le plus souvent, cette petite histoire sert à tirer une morale à l’attention de son interlocuteur. Mais ici, la morale va s’adresser à Abraham Lincoln lui-même. En discutant avec les télégraphistes, le Président a posé ses propres réflexions ; il change d’avis et annule l’ordre de Grant, repoussant d’autant toute perspective de paix, et repartant au combat pour l’abolition.

L’engagement du fils :
Deux minutes plus tard, idem. Plutôt que de décourager (par des dialogues) l’engagement militaire du fils Lincoln, Spielberg préfère d’abord exposer les horreurs de la guerre. Il fait suivre – à la Hitchcock – le trajet d’une brouette qui ruisselle de sang. Celle-ci ne va pas loin mais la scène dure suffisamment longtemps pour accrocher le spectateur. Et l’on comprend ce que charrie cette macabre charrette ; des bras et des jambes amputées, que l’on jette en terre. Le fils Lincoln (Joseph Gordon-Levitt), qui rêvait juste avant de partir à la guerre, essaie maintenant fiévreusement de se rouler une cigarette, sans y parvenir. Comme Indiana Jones et sa pomme, comme le président Adams et sa fleur, Spielberg préfère toujours la métaphore à une ligne de dialogue.

Comme d’habitude, Spielberg choisit d’abord le cinéma…




jeudi 17 mars 2016


Bonnes résolutions
posté par Professor Ludovico

On a décidé, parce que ça suffit, de ne plus s’ennuyer à regarder ce qui ne nous plaisait pas. Suivant en cela les conseils de Nanni Moretti : « Aujourd’hui, si je vois un film qui ne me plaît pas, je ne me mens plus sur mes goûts». J’ai donc décidé de laisser tomber Breaking Bad, qui pourrit sous ma télé en attendant que j’ouvre le coffret de la saison 2 prêté depuis des années par Notre Dame l’Ardéchoise. Je ne vais pas lui rendre pour autant, puisque la Professorinette veut se plonger dans le meth dès qu’elle aura une seconde entre The Originals, Hart of Dixie et Parks & Recreation.

Mais moi, c’est fini. L’idée de me forcer à regarder cette saison 2, tout en sachant que la 3 et la 4 ne sont pas bien (parait-il) pour finir en beauté saison 5 ne tient pas le bout.

J’ai autre chose à faire de ma vie de cinéphile.

Voir :
Treme
• Show me a Hero
• The Knick

Tenter le coup avec :
Black Sails
• Vinyl
• Deadwood
• The leftovers

Finir :
Louis CK
• Boardwalk empire
• Girls
• Game of Thrones

Revoir
• le pilote de Cosmos 1999
• et mon intégrale San Ku Kai




lundi 22 février 2016


Questionnaire de Proust-Libé, version musique (quelques compléments d’information)
posté par Professor Ludovico

Suite du questionnaire « musique » de Libé, avec de nouvelles questions :

Un disque fétiche pour commencer la journée ?
Le matin, j’essaie de me réveiller. Pour ça, rien ne vaut Europe1. 10mn de journal, 3mn de pub, 5mn de chronique, 3mn de pub, … la musique, c’est plus tard…

Votre plus beau souvenir de concert ?
Jesus & Mary Chain à l’Elysée Montmartre, dans les années 90’s. La quintessence du rock, selon moi. Hyper-bruyant, des fumigènes partout, les deux frangins Reid qui tiraient la gueule comme d’habitude et tournaient le dos au public. Et ce larsen final qui a bien duré dix minutes. Le temps que la fumée se dissipe, et qu’on comprenne que ça faisait bien longtemps que les J&MC était partis…

Le morceau qui vous rend fou de rage ?
Dans le bon sens : Holidays in the Sun, Johnny B. Goode, Sympathy for the Devil…
Dans le mauvais sens : Début de soirée, de Nuit de Folie (ou l’inverse)

Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?
Ca fait bien longtemps que je n’écoute plus de disque, a fortiori en boucle. Je n’aurais plus l’énergie d’écouter en entier un album. Je mets iTunes, et je zappe tout le temps.




samedi 30 janvier 2016


The Gospel according to Saint Alfred : Les 10 leçons d’Alfred Hitchcock
posté par Professor Ludovico

Il l’a expliqué pendant une semaine, à François Truffaut et à Helen Scott, mais à nous aussi, qui avons lu Hitchcock/Truffaut, ou écouté le podcast de France Inter, ou tout simplement sommes un peu observateurs dans une salle de cinéma.

Voici donc les Tables de la Loi compilées par Moïse Ludovico, en direct du (Cedar) Sinaï :

1. Tu ne feras pas d’une star un méchant
2. Tu n’adapteras jamais de chefs d’œuvres
3. Tu ne dirigeras pas dans une langue que tu ne connais pas
4. Tu feras attention à ne pas créer de confusion chez le spectateur
5. Tu créeras des décors qui auront l’air vrais
6. Tu ne confondras pas surprise et suspense
6. Tu considéreras le Casting comme un art à part entière
7. Mais tu sauras que le seul véritable art du cinéma, c’est le montage
8. Tu économiseras les plans larges
9. Tu supprimeras les dialogues, souvent inutiles
10. Et le sexe devra être une surprise

A vous de propager désormais la Sainte Parole …

PS : je sais, il y a deux Lois n°6.




mercredi 20 janvier 2016


Ettore Scola
posté par Professor Ludovico

« Je ne crois pas qu’un film puisse changer quelque chose, qu’il puisse faire la révolution. Mais si un spectateur sort d’un film avec une idée neuve, même une seule idée, je crois que c’est un bon film. »

C’était Monsieur Scola, scénariste du Fanfaron, et réalisateur de chefs d’œuvres comme Le Bal, Une Journée Particulière ou Nous Nous Sommes Tant Aimés, qui nous a quittés hier.




lundi 21 décembre 2015


Questionnaire de Proust-Libé, version musique
posté par Professor Ludovico

Ici on aime bien le questionnaire de Libé, on a même fait deux articles dessus, celui-ci et celui-là. Ils l’ont remplacé par un questionnaire sur la musique, mais on n’est pas sectaires à CineFast ; donc voici les réponses du Professore Ludovico.

Le premier disque que vous avez acheté adolescent avec votre propre argent ?
33t : The Wall. Il est usé jusqu’à la corde. J’ai traduit les paroles sur un cahier, et je les connais encore par cœur. Mais avant, en 45T : Le France de Michel Sardou. Que je connais tout autant par cœur.

Pour écouter de la musique : MP3, autoradio, platine CD, vinyle ?
MP3, depuis que ça existe. Charger des albums sur un lecteur CD est une tâche désormais insupportable pour moi. Et on semble avoir oublié toutes les galères qu’on a eu avec les vinyles ; casse, rayures et nettoyages permanents.

Le dernier disque que vous avez acheté, et sous quel format ?
J’achète encore des CD de musique médiévale et, en général, les artistes que je veux aider à continuer à produire leur musique. Sinon, shame, shame, shame… je télécharge.

Où préférez-vous écouter de la musique ?
Devant mon PC.

Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ?
Jamais. Je ne sais pas faire deux choses à la fois.

La chanson que vous avez honte d’écouter avec plaisir ?
Le France.

Le disque que tout le monde aime et que vous détestez ?
Les premiers disques des Beatles. Même le correcteur orthographique connait leur nom.

Le disque pour survivre sur une île déserte ?
Dark side of the moon.

Un label ou une maison de disques à laquelle vous êtes particulièrement attaché ?
Attaché, c’est beaucouop dire. Mais je dirais Barclay, parce qu’ils ont fait Sid Bechet et Sid Vicious.

La pochette de disque que vous pourriez encadrer ?
Le premier album de The Clash.

Un disque que vous aimeriez entendre à vos funérailles ?
Time, de Dark side of the moon et Ich will zu land ausreiten, un chant de minnesänger, les ménestrels du moyen âge allemand.

Préférez-vous les disques ou la musique live ?
Les deux. Mais les disques ne vous frustrent jamais. Un concert peut être extraordinaire ou ennuyeux.

Allez-vous en club pour danser, draguer, écouter de la musique sur un bon sound system, ou n’y allez-vous jamais ?
Après n’avoir eu ni les moyens, ni le courage d’y aller, j’ai eu ma période entre 20 et 25 ans. Et – coup de bol – c’était l’époque de la house. La seule fois dans ma vie où j’ai été à la mode. j’aimerais bien aller dans une boite où l’on jouerait encore cette musique…

Le groupe que vous détestez sur scène mais dont vous adorez les disques, et inversement ?
Je ne crois pas que ça existe. Quand j’ai un doute sur un groupe, je vais le voir sur scène, parce que sur scène, on ne ment pas. C’est en allant les voir au Bataclan que j’ai su que je n’achètera jamais un disque d’Oasis.

Les paroles d’une chanson que vous connaissez par cœur ?
Time de Pink Floyd. « Ticking away the moments that make up a dull day… »

Le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?
Hunky Dory, l’un des nombreux « meilleurs albums » de Bowie.

Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?
Les Rolling Stones, évidemment.

La chanson ou le morceau de musique qui vous fait toujours pleurer ?
Ca varie selon les périodes. Peut-être Le France, mais je pleure sur ma jeunesse, pas sur Sardou. Ça a été Love will tear us apart, ça peut être comme aujourd’hui Dulce solum natalis patrie, un carmina burana, Wish you were here, Heroes ou Sister morphine, I’m sorry de Brenda Lee, One way ticket, le disco de Eruption, ou Hurt, la reprise NiN par Johnny Cash.

A vous de jouer…




vendredi 20 novembre 2015


Lomu
posté par Professor Ludovico

Vient de décéder à quarante ans l’un des plus grands sportifs de la planète, et sûrement le plus grand joueur de rugby de l’ère moderne : Jonah Lomu. Petit voyou potentiel des banlieues d’Auckland, Jonah préféra, après avoir vu ses amis fracassés par les règlements de compte incessants, devenir champion de rugby à 7, à 13, et à 15.

A 19 ans, Lomu était déjà le plus jeune All Black de toute l’histoire, et à 20 ans il ne l’était déjà plus. Reparti au Rugby à 7 (où il devient champion du monde), humilié, il revient l’année suivante (1995) dans une Coupe du Monde d’anthologie en Afrique du Sud, et notamment ce match incroyable contre les anglais où il fracassa les Will Carling, les Matt Catt, et inscrivit 4 essais.

Après, le rugby ne serait plus jamais comme avant. Première star planétaire du jeu, Jonah Lomu est demandé partout, même en NFL. Il va précipiter la professionnalisation de ce sport.

C’est cette histoire que raconte Jonah, le Souffle de la Colère, le documentaire rediffusé très opportunément sur Canal+ Sport, à ne pas rater, même si on ne connait rien au rugby. La tragédie d’un homme très fort terrassé très jeune par la maladie, et qui ne renonça pourtant jamais à son sport.

Et revoir les courses d’artistes de Lomu au milieu des défenses adverses, c’est un spectacle en soi. Le spectacle éternel des jeux olympiques grecs, du cirque romain, de la force et de la rapidité ; la perfection humaine.




dimanche 15 novembre 2015


Terreur
posté par Professor Ludovico

Il est difficile d’écrire quelque chose en ce moment, mais pourtant, comme nous le théorisons ici à longueur de web, le cinéma est partout, à commencer dans nos têtes.

Et il fausse notre jugement.

Chacun réagit comme il le peut aux « événements », comme on disait de la Guerre d’Algérie. Certains ont peur, ce n’est pas mon cas, aucune forfanterie là-dedans. J’ai peur sur une échelle, mais pas à la terrasse d’un café. Je ferais sûrement plus attention la prochaine fois au concert, en vérifiant qui est derrière moi, et où sont les portes de sortie. Mais sinon, on ne peut pas s’arrêter de vivre, ou vivre dans la peur.

Non, mon sentiment, c’est la tristesse, et la frustration. Une immense tristesse, et une immense frustration. Car face aux événements du Bataclan, c’est évidemment Die Hard qui tourne dans ma tête, et j’en suis convaincu, dans toutes les têtes.

« Comment la France va riposter« , titre ainsi, aujourd’hui, le Parisien.

Mais elle ne peut pas riposter, la France. Dans une guerre asymétrique, c’est toujours le faible qui gagne, symboliquement. Il nous fait du mal, et nous, on ne peut rien faire de plus que ce qu’on fait déjà : bombarder les camps jihadistes, surveiller, infiltrer et punir – bien au delà de la loi. Car on a dépassé, quoiqu’on en pense, les bienséances de la justice (interpellation, instruction, procès) depuis longtemps. Le RAID attaque et tue, et il a raison de le faire, parce qu’il n’y a plus de négociation.

Cette frustration, elle est naturelle, mais elle est aussi le fruit des images que nous infuse depuis des années le cinéma américain. Dans Die Hard, le Bataclan est pris en otage par des terroristes, mais John McLane est là. Oui, il a pris une balle, mais il se tient le ventre, saute sur un jihadiste, retourne l’arme contre lui, etc.

Cette frustration, que tout le monde ressent, c’est l’impossibilité de retourner cette situation à notre avantage dans la réalité. Cette horrible défaite, cette chimérique revanche. En un mot, comment infliger une douleur infinie à ces gens qui nous ont fait tant de mal, parce qu’à la fin, il n’est pas acceptable que ce soit Jeremy Irons qui gagne.

On voudrait tous avoir l’arme de John McLane, sa force physique, son courage, pour aller régler le problème nous même. Les frapper nous même, voir leurs voitures exploser sous nos grenades, les arrêter de nos propres poings, et jubiler de leur humiliation, comme à la fin de tout bon blockbuster.

Comme nous n’avons rien de tout cela, nous nous tournons vers le gouvernement pour qu’il nous apporte le réconfort de cette revanche. Et, évidemment, il nous l’offre, avec la bénédiction des médias. Il bombardera un camp, il arrêtera/tuera quelques terroristes, et notre fantasme de rétorsion sera assouvi. Mais notre fantasme seulement.

Car le fantasme est américain, mais la réalité est française. Nous ne vivons pas, malheureusement, dans Die Hard, mais dans Un Village Français.




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