mardi 17 septembre 2013


The Gospel According to Saint Alfred#1: A Star Cannot be a Villain
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Dans sa volonté prosélyte d’apporter la civilisation aux barbares, d’accompagner le néophyte sur le Chemin de Damas – heureux les simples d’esprit car le Royaume des Cieux leur est ouvert ! – le Professore a décidé rien de moins que de pour vous la synthèse d’Hitchcock/Truffaut, – le livre et maintenant le podcast – indispensables à tout cinéphile qui se respecte.

Objectif : détailler, fatwa par fatwa, les grandes leçons de Maître Hitch, dont l’exégèse nous fut révélée par Saint Francois des Cahiers, en l’an de grâce mil neuf cent soixante deux.

Aujourd’hui : A Star Cannot be a Villain, ou le casting pour les nuls.

Avec The Lodger (1927) ou Soupçons (1941), Hitch a un problème : il voudrait bien finir en queue de poisson, et laisser le spectateur se depatouiller avec d’angoissantes questions : Ivor Novello est-il Jack l’Eventreur ? Cary Grant va-t-il tuer sa femme ? Mais non, Hitch va être obligé d’adapter, parce qu’Une Star ne Peut Pas Etre un Méchant.

Pourquoi ? Comme l’a si bien dit Tony Curtis dans son autobiographie Certains l’Aiment Chaud… Et Marilyn, les acteurs sont des divinités de celluloïd, des géants de dix mètres de haut que l’on adore dans des églises baptisées « salle de cinéma ». On prête à ces dieux païens des qualités (George Clooney est séducteur, Cary Grant est honnête…) qui obscurcissent le jugement que l’on doit ensuite porter sur les personnages qu’ils incarnent.

Petit exemple d’une erreur de casting : dans le Stalingrad de Jean-Jacques Annaud, le tireur d’Elite nazi, ennemi de Jude Law, est interprété par Ed Harris. Pendant tout le film, nous nous demandons, James Malakansar et moi-même, quand est-ce que Ed Harris va retourner sa veste : Ed Harris, le pur héros américain (L’Etoffe des Héros, Apollo 13, The Rock), le bon mari (Abyss) ne peut pas être une brute nazie. A notre consternation, il finit par pendre le gamin. Bonne surprise, pourrait-on dire, bien joué Monsieur Annaud ! Mais pas du tout : la personnalité de Harris nous perturbe pendant tout le film, on ne pense qu’à cet inévitable retournement, qui ne vient pas. Et une fois que sa « méchanceté » est avérée, elle emplit le spectateur d’une amertume qui pollue la fin du film.

Contre-exemple réussi : Dans Usual Suspects, Bryan Singer n’a pas de star. Le spectateur peut donc jouer au cache-cache pendant tout le film ! Qui est Keyser Soze ? Singer joue même à contre-emploi Gabriel Byrne. A défaut de star, c’est le seul du cast qui pourrait prétendre à ce statut. Le seul beau gosse de l’affaire serait le méchant ? Impossible. Nous en sommes consternés d’avance, ce qui renforce les « fumigènes » déployés par le réalisateur pour nous égarer.

A l’inverse, les acteurs ayant joué des méchants seront souvent cantonnés à des rôles de méchants : Kevin Spacey, Glenn Close, Alan Rickman, etc. C’est sûrement pour ça que les méchants américains sont souvent… Anglais !


2 commentaires à “The Gospel According to Saint Alfred#1: A Star Cannot be a Villain”

  1. CineFast » The Gospel According to Saint Alfred#10 : Sex should be a surprise écrit :

    […] art du cinéma, c’est le montage, qu’il faut économiser les plans larges, qu’une star ne peut pas faire le méchant, qu’il ne faut pas adapter de chefs d’œuvres, qu’il faut parler la même langue que les […]

  2. CineFast » The Gospel according to Saint Alfred : Les 10 leçons d’Alfred Hitchcock écrit :

    […] Tu ne feras pas d’une star un méchant 2. Tu n’adapteras jamais de chefs d’œuvres 3. Tu ne dirigeras pas dans une langue que tu […]

Votre réponse