[ Séries TV ]

Il n’y pas que le Cinéma dans la vie.. y’a aussi quelques séries TV…



samedi 5 février 2022


Friday Night Lights, revu et corrigé
posté par Professor Ludovico

À la revoyure, la série de Peter Berg et Brian Grazer s’impose de plus en plus comme un The Wire positif et optimiste.

A chaque fois où l’on revoit une série, la connaissance holistique des intrigues permet souvent de réévaluer les saisons décevantes. C’est le cas de FNL : on réévalue la saison 2 – pourtant ratée à plein d’égards -, et on dévalue la quatrième, un peu lente, et pas si émouvante que ça.

Car si c’était n’était pas le projet au départ, Friday Night Lights est devenu au cours du temps une série ambitieuse. La première saison était centrée sur le football, mais les saisons suivantes vont proposer moins de matches, moins d’entrainement, moins de pep talk, et plus de sujets de société (handicap, légitime défense, pauvreté, racisme, foot business, avortement…) ou de sujets familiaux (parentalité, deuil, grand âge…)

Autre point remarquable, au-delà de ce foisonnement thématique : la défense du collectif face à une certaine pensée individualiste. Paradoxe total en Amérique ! Contrairement, par exemple, au cinéma d’un Clint Eastwood, où le héros (Sully, Walter Kowalski, le Pale Rider) lutte seul contre l’injustice ou le gouvernement, la leçon de FNL est claire : seul, on perd. Que l’on soit une grande gueule douée (Smash Williams), un fils à papa talentueux (J.D. McCoy) ou un sportif abandonné du ghetto (Vince Howard), les aventures personnelles n’aboutiront à rien. La métaphore du sport collectif joue à plein : il faut être le meilleur, mais sans l’équipe, on perd. Dans Friday Night Lights, chacun est mis face à ses responsabilités par les figures d’autorité (le Coach Taylor, ou sa conseillère d’éducation de femme.) Mais quand il y a un problème, c’est toujours vers le collectif qu’on se tourne, toutes structures sociales confondues : le couple, la famille, l’entreprise, l’équipe.

Et c’est résolvant cette contradiction : rêve personnel (devenir joueur pro) contre aboutissement collectif (gagner le championnat) que se bâtit en 76 épisodes la cathédrale de Dillon. Chaque personnage semble s’évertuer dans sa propre direction, proche du cliché : la cagole qui file droit vers le striptease (Tyra Collette), la cheerleader sainte nitouche (Lila Garrity), la cocotte-minute white trash Matt Sarracen, ou le rebel without a cause Tim Riggins, le proto-gangster Vince Howard. Mais chacun finira, grâce au collectif, à s’aboutir. Comme dans l’avant-dernière scène où Tim Riggins, revenu de tout, bâtit sa Maison sur la Colline* avec l’aide son frère et le soutien de ses amis…

Car – génie des séries – FNL a eu tout le temps de développer ses personnages. Et si elle l’a fait parfois de façon chaotique, leurs arcs narratifs seront parfaits, tenu par un cast exceptionnel, qui s’est depuis taillé une place dans la TV américaine.

C’est pour cela que nous sommes tombés amoureux de ces personnages, et que nous le sommes toujours, dix ans après…

*The House on the Hill, l’un des trois mythes fondateurs des Etats-Unis, avec la Frontière et la Destinée Manifeste




mercredi 19 janvier 2022


Too Old to Die Young
posté par Professor Ludovico

Nicolas Winding Refn est un punk. Quand tout le monde accélère le mouvement, caméra portée, plan d’un quart de seconde, montage et musique à fond, le Danois rétrograde en seconde et pose sa caméra.

À l’instar du premier plan de Too Old to Die Young, un interminable panoramique, droite/gauche, gauche/droite, alternant entre une voiture, garée sur l’une des anonymes artères de Los Angeles, et une voiture de police, garée en face. Ennuyeux ? Oui et non. Car ce plan est magnifique, tout coloré de néon comme l’aime notre Nicolas dernière période, tellement beau en HD que le pauvre Prime Video a du mal à suivre ! Ça va continuer pendant 750 mn, images folles de beauté, dialogues hiératiques (3 à 4 secondes entre chaque réplique…), et mouvements de caméra d’une incroyable beauté plastique…

Mais si tout est beau à l’image, c’est que – comme d’habitude – Nicolas filme l’Ordure. De Pusher à Neon Demon, NWR filme les salopards en action. Ici, un jeune flic mutique et corrompu du LAPD (l’excellent Miles Teller de Whiplash). On en verra d’autres : le très bel héritier d’un cartel mexicain (Augusto Aguilera), et une pléthore de femmes fatales, tout aussi belles et terrifiantes que formidablement interprétées (Cristina Rodlo, Jena Malone, Callie Hernandez, Nell Tiger Free…).   

Le bellâtre mexicain rêve de baiser sa mère, le dealer cruel (Babs Olusanmokun, le Jamis de Dune) écoute du Two-Tone*, et le beau-père incestueux (William Baldwin) est prêt à coucher avec son gendre… Le polar est très simple, tout ce joli monde va gentiment s’entretuer, et tiendrait aisément en deux heures.

Est-ce que ça vaut le coup de le regarder en 10 × 75mn ? Si on aime le cinéma oui, cent fois. Parce que NWR a toujours eu le talent de raconter des histoires très simples, caricaturales, tout en créant de véritables personnages.

Quant à son éloge de la lenteur, ce geste artistique n’est pas une petite rébellion d’un type-qui-veut-faire-l’artiste : il donne à voir, tout simplement.

*Avec une BO incroyable, une fois de plus…




dimanche 9 janvier 2022


American Crime Story: Impeachment
posté par Professor Ludovico

Ryan Murphy est le plus fort. Une fois de plus, l’homme de Nip/Tuck, Glee, American Horror Story, Scream Queens, Feud, Hollywood, Ratched fait mouche avec sa troisième saison de American Crime Story, dédiée à l’affaire Clinton-Lewinsky.

Pourtant, il y a plein de raisons de renoncer. Clive Owen en Bill Clinton et Edie « Carmela Soprano » Falco en Hillary, vraiment ? Un gros nez en maquillage pour Bill et Paula Jones ? Une histoire qui ne touche pas forcément les Français ? Et le filmage très académique, la Murphy’s touch ?

Mais voilà, Ryan Murphy sait qu’une bonne histoire commence avec de bons personnages. Et ça, il sait faire. Au lieu du biopic traditionnel, (les-faits-rien-que-les-faits, puisqu’on vous dit que c’est-réellement-arrivé), Murphy commence par motiver ses personnages. Pourquoi Paula Jones dénonce-t-elle Clinton ? Parce qu’elle a un mari arriviste… Pourquoi Kenneth Starr s’entête sur le couple présidentiel ? Parce que les Républicains ne peuvent supporter ces jouisseurs de gauche au pouvoir… Pourquoi Linda Tripp, une employée du Pentagone décide de faire copine-copine avec une petite stagiaire rondouillette ? Pour se venger de sa carrière en pente douce…

Alors que le spectateur ne pense qu’à une petite robe bleue, le showrunner ne la sortira (et encore, furtivement) qu’à la cinquième heure…  Parce que Ryan Murphy est un formidable conteur, qui aime ses personnages et veut vous les faire aimer…  Et il les aime tellement qu’il prend toujours les mêmes acteurs, quel que soit la série, le genre, le rôle…

Mais au fait, où est Sarah Paulson, sa chérie, sa muse ? En fait elle est devant nous depuis quatre heures, métamorphosée en Linda Tripp, quinqua épaissie et gauche, et on ne l’a même pas reconnue !  L’immense Sarah Paulson, capable de tout jouer. Se pliant aux fantasmes de Murphy, elle a déjà incarné dans American Horror Story une journaliste, une sorcière, une freak bicéphale, une junkie, une actrice, une mère paranoïaque… Dans American Crime Story, la Procureure Marcia Clark, dans Ratched une infirmière folle…  

Mais dans un Murphy, tout le monde est bon, car tout le monde a quelque chose à jouer… Il semble d’abord que ACS:I tourne autour de Tripp, mais à mi-parcours, Monica grandit, sort de son rôle de jewish american princess et devient l’héroïne, avant d’être supplantée par Hillary. Si tous ces personnages sont chargés (assoiffée de vengeance, nunuche sentimentale, cocue résignée), elles sont aussi mises en valeur (Tripp utilisée puis rejetée dans les poubelles de l’histoire, Lewinsky petit bout de femme capable de redresser la tête, Clinton lancée dans la course politique)…

Il en va de même pour tous les rôles annexes, de l’agent du FBI (Colin Hanks), à la journaliste ultra-droite Ann Coulter (Cobie Smulders), ou la mère de Monica (Mira Sorvino)… La véracité des personnages permet d’envisager tous les points de vue, tout en permettant à Murphy de soutenir le sien : la sexualité ne devrait rien avoir à faire avec la politique…

Continuez, Mr Murphy. On en redemande…




lundi 3 janvier 2022


Hello Geekette, la série animée
posté par Professor Ludovico

C’est le retour de la Geekette, cette fois-ci sous forme de dessin animé. 5 épisodes très courts (quatre minutes chacun) qui explorent les facettes de la Geek Nation : Japan Expo, Rétro gaming, Gothic girls, you name it ! 

La série de Julien Pichard, Nicolas Ramade et Jérôme Gallioz est toujours aussi drôle, toujours aussi bien vue et tire partie de sa conversion en animé avec sa musique 8-bit et ses génériques originaux !

Séquence copinage : le Professore décerne une mention spéciale pour l’épisode Full Metal Japan Expo où James Malakansar fait une excellente imitation (un talent qu’on ne lui connaissait pas !) du Sergent Hartmann : « Sors de ta connerie, sacré de bon Dieu, sinon moi je te dévisse la tête et je te chie dans le cou !« 

Hello Geekette est là et en plus c’est gratuit !




dimanche 26 décembre 2021


Retour à Dillon
posté par Professor Ludovico

À l’heure où Canal+ a la bonne idée de combler cet immense vide culturel qu’était l’absence de Friday Night Lights sur les écrans français, et qu’on attribuera évidemment l’anti-américanisme et au mépris le plus crasse pour le Pays de la Démocratie, de la Libre Entreprise et de la Lutte contre le Communisme, il était temps de retourner à Dillon, Texas.

Pour voir la bête, au-delà de ce qui a déjà été dit, c’est-à-dire l’incroyable ambition de Peter Berg de traiter, dans le cadre étroit d’une petite série sur le football, rien de moins que Tout et Son Contraire : l’Amérique, terre de contrastes.

Ce point de vue holistique – traité comme une symphonie de caractères -, et un sens inné du mélodrame ont fait de FNL LE Drama définitif des années 2000. Et si à la relecture les péripéties sportives des Dillon Panthers, l’équipe high school football deviennent secondaires (on connait la fin du match), revoir Friday Night Lights, c’est aussi l’occasion de lui trouver d’autres qualités, d’autres thématiques.

Revue d’effectifs…

Un film féministe au pays des cagoles

Dans l’environnement de FNL, la femme moderne n’est pas vraiment représentée : pom-pom girl, fêtarde imbécile, ou mère courage, les role-models sont limités. Mais comme le reste de FNL, cette description hâtive est une illusion. Nourrie de clichés qu’elle va très vite entreprendre de démolir consciensieusement, FNL affirme en fait que les rôles féminins sont les personnages les plus forts de la série.

Lila Garrity, la très jolie Cheerleader nunuche, fille du garagiste local et président des Panthers, amoureuse guimauve du Quarterback Jason Street en est l’exemple principal. Ce cliché sur pattes va rapidement se métamorphoser en papillon Drama.  Effondrée par l’accident de ce qu’elle envisageait comme son futur mari, Lila fait l’erreur de tomber dans les bras de son meilleur ami. Elle devient alors moins que rien, harcelée sur Internet (là où se déroule La Lettre Ecarlate de nos jours). Mais plutôt que se repentir, Lila Garrity se révolte (« I made ONE mistake !! ») contre ses amants, contre sa la famille, contre l’hypocrisie de la communauté toute entière…

Tyra Collette semble être son opposée : dropout absolue, entouré d’une mère battue et d’une sœur stripteaseuse, la white trash refuse de jouer le jeu de la vénération obligée pour l’équipe de foot, comme la moitié de la ville qui tourne autour. Mais dès la première saison, Peter Berg met en place un schéma binaire qui permettra à Tyra de montrer beaucoup mieux dans la suite de la série. Dans une scène culte de la saison un, Peter Berg file la métaphore mécanique. Tyra et sa mère tombent en panne : pneu crevé. Que faire dans la steppe texane, sans homme en vue ? Sa mère s’est toujours reposé sur les hommes justement, c’est ce qu’elle vient de raconter. Tyra explose alors « If we don’t change this tyre by ourselves right here, right now, we’re both doomed!* »

Quant à Tami Taylor, la femme du Coach, elle est d’abord présentée comme l’exemple à suivre, la femme parfaite : belle, intelligente, courageuse, bonne mère et bonne épouse. Mais vers la fin de la saison un, elle montrera ses fêlures. Si elle a consenti à de nombreux sacrifices personnels et professionnels, elle n’entend pas se contenter de vivre aux côtés de son gentil et parfois borné entraîneur de mari…  

Macho men ?

Car si, là aussi, si Friday Night Lights semble faire l’éloge de la virilité NFL poussé à son paroxysme**, la série se révèle en fait extrêmement critique de cette macho attitude. On y trouvera le premier personnage gay dans cet univers (ce qui déclenchera un scandale ridicule ; la NFL osant affirmer qu’il n’y aucun gay dans les millions de licenciés du foot américain(!)) Mais surtout, une critique de la violence endémique de ce sport, sur et au-delà du terrain, le hooliganisme, les privilèges sans fin laissés aux joueurs (notamment en matière de filles), le dopage de ces soi-disant surhommes, et les dégâts que tout cela engendre. Mais peut-être que Dillon est le pays…

… des pères déficients

Coach Taylor serait-il le père parfait que nous venons de voir ? Le mari aimant de Tami, le père attentionné de Julie ? On le verra assez vite, Eric Taylor aussi un homme borné, obsédé par le football, engoncé dans des principes qui laissent peu de place à la compassion et à l’analyse***. Mais c’est aussi le père de substitution de tous ces fils de Dillon, sans véritable père. Car il semble qu’il n’y ait que ça dans ce coin perdu du Texas : le père de Tim Riggins tente de profiter de lui, celui de Smash Williams est mort dans le ghetto, et celui de Jason Street entend profiter de l’accident de son fils. Quant au père de Matt Saracen, seul héros potentiel (il est en Irak, Support our Troops!), c’est probablement le pire d’entre eux. Faux héros au cœur de pierre, il est prêt à envoyer sa mère à l’hospice, n’encourage pas son fils qui gère seul la baraque depuis des mois, et se permet même de lui faire la leçon….

On le voit, dès la première saison, FNL est loin de l’Amérique triomphante que semble annoncer son packaging…

* « Si on ne change pas ce pneu nous-mêmes, ici et maintenant, alors c’en est fini de nous ! Nous serons maudites pour toujours… »

**Aux Etats-Unis, l’expression « Welcome to NFL » peut se traduire par « Bienvenue chez les hommes ! »

***C’est devenu proverbial là-bas : « Don’t coachtaylor me ! »




samedi 25 décembre 2021


On n’arrête pas l’Eco(nneries)
posté par Professor Ludovico

« Il va falloir sortir de cette économie de l’attention. Cette addiction, il faut nous dire comment on s’arrête. » C’était sur France Inter ce matin, dans On n’arrête pas l’Eco, l’émission a priori sérieuse d’Alexandra Bensaid.

On avait pris la phrase en cours ; on se disait donc qu’on parlait encore des effets désastreux des réseaux sociaux sur la jeunesse*.

Point du tout. On parlait de séries télévisées. Valérie Martin, qui a écrit un livre sur le sujet**, venait nous expliquer combien les séries étaient formatées par le marketing : on cocha donc toutes les cases habituelles du Bingo Bullshit : Addiction, Neuro Marketing, Showrunners dictatoriaux et scénaristes esclaves***…

On s’apprêtait à pleurer devant le niveau pathétique du débat, imaginant les mêmes, en 1844, vilipender Alexandre Dumas et son Monte Cristo trop addictif.

C’est alors qu’un grand éclat de rire nous sauva. La spécialiste des séries nous offrait une solution pour éviter cette terrible addiction : arrêter la lecture au milieu de l’épisode (sic), pour éviter le terrible Gliffhanger. (Resic)

Après le MEUPORG, le Gliffhanger est le nouveau symbole du niveau journalistique. AEn anglais, et, en l’occurrence, de la Dramaturgie.

Voilà nous rassura immédiatement sur le sérieux de l’émission.

C’était en direct de l’Esprit de Noël, Live sur CineFast.

* Il est d’ailleurs toujours plaisant de voir ces boomers s’inquiéter de ce sujet, eux-mêmes rivés sur leur compte Twitter ou Instagram…

** Valérie Martin Le charme discret des séries

*** Valérie Martin expliqua ainsi que Orange is the New Black était une idée sortie d’un focus group. Elle oublia que c’était avant tout l’adaptation de l’autobiographie de Piper Kerman.




jeudi 16 décembre 2021


Arcane
posté par Professor Ludovico

C’est le pari fou de l’année : adapter un jeu vidéo mondialement connu, League of Legends, et en faire une série animée. Riot Games, qui produit le jeu et la série, n’est pas le premier à tenter le coup ; mais adapter des jeux vidéo a toujours été une catastrophe esthétique et scénaristique (Super Mario, Street Fighter, Assassin’s Creed…)

Et là, miracle ! Que le Professorino me pardonne – lui qui m’a conseillé Arcane -, mais à partir de cette très basique Battle Arena, où des combattants s’affrontent pour « détruire le Nexus », Riot games parvient à tirer une série émouvante, brillante, et esthétiquement époustouflante de près de six heures.

Dès la première scène, Arcane est une claque graphique : les décors font penser au meilleur de Miyazaki, l’animation est bourrée d’idées, chaque plan contient au moins une idée.

Scénaristiquement, ensuite, en prenant le petit bout de la lorgnette (plutôt que les Combats-Titanesques-pour-s’emparer-du-Nexus), et en repartant en arrière, à l’origine des personnages. Gros avantage : contrairement à des jeux « à héros » (Metal Gear Solid, Lara Croft), le background des personnages est peu développé dans LoL, ce qui laisse beaucoup de latitude aux scénaristes. Mais ça ne suffit pas. Dans Arcane, on sent un cœur qui bat. Si la série s’appuie sur les clichés habituels (la ville riche sur les hauteurs et ses princes marchands dédaigneux, la ville basse et son lumpen prolétariat qui n’a que la violence pour survivre), Arcane transcende très vite son ADN animé. Il y a de la violence : c’est presque contractuel, vu le sujet et le public visé. Mais cette violence n’est en aucun cas glorifiée, jamais jouissive. Elle n’amène que le drame et le chaos : on est plus chez Scorsese que chez Tarantino.

Arcane est la divine surprise de cette fin d’année.




mercredi 15 décembre 2021


Succession
posté par Professor Ludovico

Par extraordinaire, nous avions oublié de parler de Succession, rien de moins que la meilleure série des années 2020. La série qu’HBO voulait installer sur le slate – le créneau –de Game of Thrones, et qui y parvient.

Le pitch est encore une histoire de succession. Le roi n’est pas encore mort, mais on se bat bien pour un trône, celui de Waystar-Royco, conglomérat de médias et d’entertainment. Logan Roy en est le patriarche, et il veut passer la main. Problème : ses enfants ne sont pas à la hauteur. Connor, l’aîné est un quinqua idiot qui rêve de politique. Kendall est déjà à la tête de l’entreprise, mais trop tendre aux yeux du père. Shiv, la fille, pourrait faire l’affaire mais elle s’est déjà engagée en politique. Et Roman, le petit dernier, est un lutin priapique totalement déjanté.

On reconnaîtra aisément la famille Dassault, Maxwell, ou Lagardère dans ce portrait acide, avec ces géants, capitaines d’industrie autodidactes, entourés de nains. Quand on a construit soi-même un empire qui porte son nom, on a probablement passé peu de temps à s’occuper de ses enfants, encore moins à les former au poste. C’est ce que démontre Succession*.

Mais une bonne idée ne suffit pas. Il faut du talent pour la mettre en œuvre. Justement, Succession a du talent à revendre… Dès le scénario et les dialogues, tout sonne juste. On se sent vraiment au cœur de cette biosphère des ultra-riches. Et si la critique est implacable, elle ne sombre jamais dans la caricature. Car une fois de plus, tout est extrêmement documenté : décors, costumes, villégiatures…

Pourquoi parler spécifiquement de cette saison trois, alors ? Probablement parce que ce qui tue une série, c’est rarement le manque de talent, mais l’endurance. Six Feet Under s’est écroulée saison 3, Friday Night Lights en saison 2 pour remonter ensuite, et Battlestar Galactica a connu ses passages à vide.

Dans le cas de Succession, c’est pile au moment où tout ce Monopoly familial dysfonctionnel devient répétitif que Jesse Armstrong, le showrunner, a la bonne idée de passer de la comédie au Drama. Initiative bizarre mais indispensable, qui ne tiendrait pas sans l’extrême qualité des comédiens (et de l’ensemble du cast, pour tout dire), ni la finesse de l’écriture. Car ces idiots incommensurables, sculptés dans l’argile, se métamorphosent en sculptures marmoréennes capables d’engendrer l’émotion. Eux, qui n’avaient jusque-là obtenu que ricanement et mépris, déclenchent soudain larmes et compassion.

Enorme retournement ; chapeau l’artiste !

Succession est entièrement disponible sur OCS, probablement la plateforme de streaming la plus qualitative du PAF. Les autres brillent par la quantité, et souvent par la qualité. Mais sur OCS, pas beaucoup de déchet…

* Avec des fortunes diverses : la succession Dassault s’est finalement plutôt bien déroulée, celle de Maxwell a fini par la mort étrange du pater familias, quant au groupe Lagardère, le feuilleton est en cours…




mercredi 15 décembre 2021


Friday Night Lights sur Canal+
posté par Professor Ludovico

Les excuses, c’est pour les perdants. Vous n’avez plus d’excuses : la meilleure série sur la famille, le football, le racisme, le dopage, l’hooliganisme, les sponsors, l’éducation, les jeunes, les vieux, les riches, les pauvres, les noirs, les texans, les hommes, les femmes, la guerre en Irak : Friday Night Lights est sur Canal+.

Vous n’avez plus d’excuses.




lundi 4 octobre 2021


Seinfeld
posté par Professor Ludovico

Seinfeld est sur Netflix. Est-il besoin d’en dire plus ?




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