[ Séries TV ]

Il n’y pas que le Cinéma dans la vie.. y’a aussi quelques séries TV…



jeudi 5 septembre 2013


Generation War
posté par Professor Ludovico

Rarement a-t-on vu aussi mauvaise traduction. On pourrait croire que Generation War est un nouveau documentaire de Ken Burns, ou une série américaine sur la guerre en Irak. Mais cette mini-série en trois épisodes est allemande et s’appelle en réalité Unsere Mütter, Unsere Väter (nos mères, nos pères). Son sujet : un groupe de jeunes allemands confrontés à la guerre sur le front de l’est.

Un peu d’histoire : en juin 41, tout réussit à Hitler ; il a conquis l’Europe sans difficulté, il s’étend au Moyen Orient, l’Amérique n’est pas entrée en guerre et les généraux allemands sont encore sous le charme de son « génie » stratégique. Il est temps pour lui de s’attaquer à son véritable objectif, la Russie. Des plans sont établis depuis longtemps, camouflés sous le pacte de non-agression germano-soviétique. Seule ombre au tableau : il faut attaquer les russes vite, car ils sont encore affaiblis économiquement et militairement. Au plus tard fin avril – début mai, pour avoir le temps de parcourir les 2000 km jusqu’à Moscou. Après ce sera l’automne, saison des pluies et des pistes boueuses. Les plans sont prêts, mais la logistique patine, et finalement ce sera juin. On sait déjà que c’est trop tard, mais on y va quand même… Le Reich vient de sceller sa chute, mais il ne le sait pas encore.

C’est dans cet état d’esprit que commence Unsere Mütter, Unsere Väter. Cinq amis berlinois, un peu caricaturaux (l’officier honnête, le petit frère séditieux, la beauté qui veut percer dans la chanson, l’infirmière secrètement amoureuse, l’ami juif que l’on protège), cinq berlinois convaincus de la victoire prochaine, car qui peut battre désormais la Grande Allemagne ? Et qui a plus raison de se battre que l’Allemagne, menacée de l’intérieur comme de l’extérieur par les communistes et les juifs ? A noël, on se retrouvera pour fêter la victoire à Berlin. De ces caricatures, les acteurs tirent le meilleur et notamment Tom Schilling, excellent en petit frère antinazi qui finit par démontrer personnellement que « la guerre ne fait que révéler nos côtés les plus obscurs ». Pour cela, on pardonnera de menus défauts : un peu de naïveté, un montage racoleur, et des invraisemblances scénaristiques. Dans l’idéal, on mixerait Un Village Français et Unsere Mütter, Unsere Väter. L’intelligence et la subtilité du premier, le punch, la religion du cinéma du second.

Car c’est la reconstitution de l’ambiance du front russe qui est sûrement la plus grande réussite de Unsere Mütter, Unsere Väter. Une partie méconnue de la Seconde Guerre Mondiale, mise sous le boisseau de l’hégémonisme culturel américain de ces soixante-dix dernières années, où l’on nous a fait croire que la guerre avait été gagnée à l’ouest, par le débarquement de Normandie. Une nécessité de la Guerre Froide, appuyé par Hollywood, pas en manque d’épiques reconstitutions de l’héroïsme yankee : Le Jour le Plus Long, Les Canons de Navaronne (on y revient prochainement), Quand les Aigles Attaquent, etc. etc. Et donc, évidemment, très peu de films sur le front de l’est : une version française et allemande de Stalingrad, et le Croix de Fer de Peckinpah*.

A l’heure où – pour le meilleur et pour le pire – l’Europe se débarrasse de l’influence américaine, un nouveau regard est posé sur la guerre à l’est. Sans l’erreur d’Hitler, et sans l’engagement total des russes (53% des pertes alliées) qui « fixèrent » à la fois les troupes et les moyens économiques allemands à l’est, les nazis aurait annexé l’Europe.

Cette guerre à l’est fut exceptionnelle à plus d’un titre : immensité des moyens engagés, intensité des combats, mais surtout, sauvagerie absolue de part et d’autre. La non-signature par les russes de la Convention de Genève servit de prétexte aux allemands pour ne pas l’appliquer non plus, contrairement à ce qu’ils faisaient à l’ouest. D’où, évidemment, Shoah par balles pour les allemands et représailles anti-ukrainiennes de l’autre côté.

Ce que réussit à faire Unsere Mütter, Unsere Väter, c’est de filmer ça à hauteur d’hommes ; filmer l’enfer de la guerre, bien sûr, mais filmer aussi la spécificité de ce conflit qui marqua durablement les esprits allemands : non l’Allemagne n’était pas invincible, non l’Allemagne n’avait pas raison, non la Wehrmacht n’était pas le dépositaire du vieil honneur prussien.

* Mais évidemment, plein de films côté russe : La Ballade du soldat, Quand Passent les Cigognes, Ils ont Combattu pour la Patrie, L’Enfance d’Ivan, et récemment : Requiem pour un massacre ou Dans la Brume




mardi 3 septembre 2013


House of Cards
posté par Professor Ludovico

Voilà donc la série tant attendue, le série événement qui n’a jamais autant mérité son nom. Écoutons le buzz : la série de David Fincher (il semble qu’il soit plutôt coproducteur de la série, adaptée par Beau Willimon d’une série anglaise), la série de Kevin Spacey, la version noire d’A La Maison Blanche, la révolution Netflix (tous les épisodes disponibles d’un seul coup), etc., etc.

L’attente est énorme. Attention, la déception peut l’être aussi. Après 3 épisodes, premier bilan mi-chèvre, mi-chou.

L’événement n’est pas là…
Rien de révolutionnaire dans House of Cards, sauf si vous vous êtes contentés ces dernières années de regarder Castle et NCIS. Un arc feuilletonnant (Frank Underwood voulait les Affaires Étrangères, il ne les a pas eu, il veut se venger et il n’est pas content), trois ou quatre personnages annexes très typés, une visite dans les coulisses de Washington (où – scoop – il se passe des choses pas nettes), un peu de cruauté (moins que dans Dexter), un peu de sexe (moins que dans Game of Thrones), un peu de pédagogie sur les arcanes de la politique américaine (moins que dans A La Maison Blanche). Bref rien qui casse la baraque.

… Mais l’image est sublime
Depuis Seven, Fincher a créé cette ambiance qui portera un jour son nom, le « Noir Fincherien« . Comme le Harvard de Social Network, la Suède de Millénium, Fincher filme Washington comme un film d’horreur gothique. Même la maison de Robin Wright fait peur… Que fait-elle donc la nuit avec ce rameur mécanique ?

Des acteurs au top…
Spacey, Wright, les acteurs sont – évidemment – formidables. La jeune journaliste (interprétée par Kate Mara, la sœur de Rooney Mara), une révélation. Comme le moindre second rôle. Comme d’habitude chez Fincher.

… Mais leurs personnages sont des classiques resucés
Kevin Spacey n’a rien d’étonnant en politicard comploteur ; pire il ressemble à ses précédentes incarnations de grand méchant (Seven ou Usual Suspects). Mara ressemble à une Lisbeth Salander soft. Seule Robin Wright crée un personnage extraordinaire, en patronne glaciale d’une association humanitaire.

In petto, l’idée de trop…
Faire parler le héros au public s’avère une idée toute rassise, vieille comme Molière. Là aussi, on ne peut s’empêcher de penser à une des performances précédentes de Spacey, American Beauty. Si l’on accepte la volonté pédagogique de ce in petto, on est déçu par la faiblesse du procédé. A la Maison Blanche avait les mêmes volontés pédagogiques, mais l’incluait dans les dialogues et dans l’intrigue.

… Pour des machinations trop faciles
Ce qui pique le plus les yeux, c’est que tout semble réussir à Frank Underwood. Un problème se présente (réforme de l’éducation ou château d’eau disgracieux en forme de pêche géante), Frank sort sa boule de billard et les trois bandes pour le résoudre. Si c’est si facile, pourquoi a-t-il échoué ailleurs ?

Reste pourtant que House of Cards est assez addictif pour le moment, suffisamment pour qu’on en redemande toutes les semaines. Ce qui sauve la série, c’est évidemment sa perfection formelle, un très beau paquet cadeau, que l’on a envie d’ouvrir. En sachant aussi qu’on y trouvera la trace des obsessions fincheriennes. Depuis Seven, on sait qu’un moraliste exigeant se cache derrière David Fincher. Et le Frank Underwood de House of Cards n’est pas loin du psychopathe moralisateur de Seven, joué par le même Spacey. John Doe fustigeait les obèses qui ne se contrôlent pas, les avides du Marché qui veulent tout, les femmes qui cherchent la perfection physique plutôt que morale. Le voilà réincarné en Représentant fâché avec le pouvoir, et qui s’est donné pour mission, comme John Doe, de nous faire la leçon. La fausse foi (épisode 3), l’épouse au corps parfait mais à l’âme monstrueuse, et la jeune journaliste prête à tout pour réussir. Dans un plan magnifique, où la jeune journaliste du Washington Herald va passer pour la première fois à la télé, on la voit d’abord au naturel, petite belette butée, rêche, coincée, les lèvres serrées… Mais les lumières s’allument, la voilà en direct, et un magnifique sourire éclaire son visage.

Fincher filme cela depuis toujours, l’hypocrisie de l’Amérique. C’est une bonne nouvelle : David Fincher est encore un jeune homme en colère.




mercredi 28 août 2013


Les Enfants de Dune
posté par Professor Ludovico

Bon, voilà, c’est fini. A vrai dire, finir les Enfants de Dune, le dernier livre lisible de la saga d’Arrakis, est plus facile que d’en terminer l’adaptation télé. Autant la première partie (tirée du Messie de Dune) était plutôt réussie, autant celle-là se traîne lamentablement.

On délaye, et ça se voit. Les rebelles du Sietch Tabr, Alia qui organise la répression tandis que l’Abomination mérite de plus en plus son nom, puis un petit tour sur Salusa Secundus, puis on repart au Sietch Tabr. Ça manque de dramaturgie, de rebondissements, et de sens.

Il est vrai que cette adaptation est sûrement la plus ésotérique ; le sacrifice d’un de ces enfants de Dune, les concepts qui y sont asssociés, les plus difficiles à expliquer. Mais bon, nous on est spectateurs, on a payé : les petits problèmes des scénaristes, on s’en fout.

Reste, comme toujours après un voyage sur Arrakis, qu’il est difficile de s’endormir sans se mettre à rêver de la planète des sables.




dimanche 25 août 2013


Le Messie de Dune
posté par Professor Ludovico

Le Professore, défenseur du monde libre, avait échappé aux griffes de Karl Ferenc Scorpios dans l’épisode précédent. Ce qu’il ne savait pas, c’est que l’agent du SPECTRE lui avait implanté sous hypnose un mot-commande dans les profondeurs de son cerveau. Dès que Ludovico entendrait les mots « Parle-moi de ton monde natal, Usul », il ne contrôlerait plus ses actes.

C’est ainsi que je me retrouvais, tout jugement suspendu, à introduire dans mon lecteur Blu-Ray Sony dernier cri, le DVD de Children of Dune. Oui, la suite de la série TV honnie, l’adaptation au scandaleux succès du plus grand livre jamais écrit*.

J’étais resté abasourdi devant le premier chapitre, Dune, ses cadrages improbable, sa déco à deux francs, ses acteurs en plastique et ses images de synthèse réalisées sur Amiga. Hors de question de voir la suite, malgré les exhortations d’un ami de Montreuil, DAF d’une grande société informatique française. Mais quelqu’un avait fait sauté mon conditionnement impérial, et j’étais bien en train de regarder la suite. Impossible de faire demi-tour. Susan Sarandon était là, dans un fauteuil Conran, sur une Salusa Secundus en 3D dans le rôle de Wensica Corrino. Trop tard pour faire demi-tour…

Mes pensées se troublèrent de plus en plus quand je me mis à penser que certes moche, ce second chapitre, Le Messie de Dune, était diablement fidèle au livre. Pas seulement à l’intrigue, mais aussi à l’esprit du Messie de Dune. Un livre qui torpille l’idée de héros. Paul Atréides, devenu Muad’ Dib, a lancé ses Feydakin dans l’univers ; ils mettent ces planètes à feu et à sang et les convertissent l’une après l’autre à cette dictature théocratique.

Qu’est-ce que ça fait de passer de libérateur à tyran, c’est le sujet du livre, diablement bien illustré dans ce Messie de Dune TV. Il faut juste éviter de regarder les images, atroces. Car cette adaptation télé a – sciemment – pris le contre-pied du film de Lynch, qui avait été un atroce bide aux Etats Unis. Elle a respecté le livre à la lettre, mais au passage, a parfaitement raté le look du film, ce qui était – et reste – le principal atout du film de Lynch.

Me voilà en tout cas obligé de regarder Les Enfants de Dune.

* C’est ce que croyais à quinze ans, en tout cas.




lundi 19 août 2013


Hatfields et McCoys
posté par Professor Ludovico

C’est une histoire peu connue de ce côté-ci du Pecos*, l’affrontement terrible qui opposa deux familles pendant près de quarante ans, le long de la Tug Fork, une rivière qui délimite la frontière entre le Kentucky et la Virginie Occidentale.

Ces Horaces et ces Curiaces US, c’est tout simplement – selon Kevin Costner – l’histoire de l’Amérique elle-même : la lutte entre le bien et le mal, la religion et la laïcité, l’esprit pionnier (qui se meurt) et l’Etat (qui se construit). Deux amis courageux partent défendre le Sud pendant la Guerre de Sécession, mais vont en revenir ennemis à jamais. Anse Hatfield (Kevin Costner) déserte une guerre ingagnable qui n’est plus la sienne, et bâtit un empire dans l’exploitation du bois ; son ami Randall McCoy (Bill Paxton) revient en héros, mais brisé par la guerre et la trahison. De l’assassinat d’un « traître » de la famille McCoy passé Nordiste, à un vol de cochon, va naître la plus grande vendetta des Etats-Unis.

C’est ce que propose de raconter le biopic fleuve Hatfields & McCoys, une mini-série de 5 heures qui a cartonné sur la chaîne History** et co-produite par le revenant Kevin Costner. L’ex wonderboy des années 85-95 s’est trouvé une forme de reconversion dans une exploration revisitée du western. Avec Open Range, puis aujourd’hui via Hatfields et McCoys.

La bonne nouvelle, c’est qu’il s’est réconcilié avec Kevin Reynolds, son meilleur ami devenu meilleur ennemi sur le naufrage Waterworld. Kevin Reynolds, ce n’est rien de moins que le plus grand gâchis de l’histoire récente d’Hollywood. Deux premiers films peu connus mais géniaux (Fandango, La Bête de Guerre), un carton Hollywoodien (Robin des Bois : Prince des voleurs), une des plus belles séquences de Danse Avec Les Loups (les bisons), et puis plus rien. Idem pour Kevin Costner, le plus grand acteur de sa génération, héros des plus gros succès de la décennie 1985-1995***. Deux hommes détruits par un seul film, Waterworld, un bide abyssal que méritait le film mais sûrement pas les deux intéressés.

Les revoilà donc aux affaires, plutôt en forme dans leurs métiers respectifs (acteur et réalisateur). Mais si Hatfields et McCoys passionne pour l’Histoire avec un grand H, la série est ratée côté dramaturgie : l’histoire des deux familles est tellement connue aux USA que Costner et Reynolds ne font qu’en illustrer les images d’Epinal : l’amitié virile, au temps de la Guerre de Sécession, le retour difficile, après la guerre, le meurtre de Harmon MacCoy, la vengeance de la mort de Harmon, la vengeance de la vengeance de la mort de Harmon, etc. Auquel s’ajoute cette fâcheuse mode americana du moment. Les acteurs passent ainsi leur temps à cracher leur chique et à imiter un accent redneck du plus bel effet (Ain’t gonna be my time, sir ! For sure !) L’équivalent de nos reconstitutions médiévales ampoulées de la télé française… La même obsession misérabiliste de montrer « qu’à l’époque c’était comme ça. »

On préférerait que Hatfields et McCoys s’attarde sur les personnages, construise des enjeux, un destin, mais on sait que le biopic castre rapidement ces commandement scénaristiques.

Hatfields et McCoys reste néanmoins hautement regardable, notamment pour la toile de fond qu’elle propose ; rien de moins que la fin de l’ère « sauvage » des Etats-Unis, la fin de la conquête de l’Ouest et de la Destinée Manifeste. Derrière ces gars lourds, taillés à la serpe, défendant leur propriété à coup de Winchester, c’est un nouveau monde qui apparaît : la loi, l’état, la justice fédérale… Un pays en train de se construire.

* Quoique Lucky Luke s’en soit emparé avec les O’Hara et les O’Timmins, dans Les Rivaux de Painful Gulch
** En ce moment sur Canal+, bientôt en DVD/VOD ?
*** Allez, on ne résiste pas : Fandango Silverado, Les Incorruptibles, Sens Unique, Danse avec les Loups, Robin des Bois, Prince des Voleurs, JFK, Bodyguard, Un Monde Parfait…




vendredi 2 août 2013


Game Change
posté par Professor Ludovico

Sur les conseils de La Lengua, je profite de l’été pour me pencher sur Game Change, le téléfilm HBO basé sur la campagne 2008 de John McCain/Sarah Palin. Et je réalise l’indicible : regarder un film sur un netbook ! Oui, sur un écran minuscule de 12″ avec un casque sur les oreilles. Avouons que dans le confort d’une terrasse provençale, une fois les cigales parties se coucher, ça le fait.

On peut donc se pencher tranquillement sur l’extraordinaire performance de Julianne Moore interprétant Miss Palin. Extraordinaire, oui, pesons nos mots. Car la bombe rousse de Magnolia, The Big Lebowski, Boogie Nights, Short Cuts réussit à disparaître littéralement sous le charme MILF, Alaska et chasse à l’élan, de Madame Palin. L’actrice réussit quelque chose d’extraordinaire au cinéma : jouer la bêtise, sans jamais la surjouer.

Car c’est bien de cela dont il s’agit : comment, par opportunisme politique, Steve Schmidt (Woody Harrelson) – stratège politique – pousse John McCain (Ed Harris) à se choisir comme co-listière (et potentielle vice-présidente des Etats-Unis) une parfaite inconnue, séduisante tout autant physiquement que politiquement, mais parfaitement incompétente à un tel poste, la Sénateur de l’Alaska Sarah Palin.

Évidemment, ils vont enfanter un monstre, car, comme le dit McCain, « il y a une face sombre au populisme américain » et Palin va l’incarner : si la sénatrice semble d’abord respecter la feuille de route (incarner la droite du parti, tout en soutenant le réformisme de McCain), elle va vite sortir du cadre imposé (anti-Obama, anti-avortement, créationniste…)
Si Moore brille tant, c’est qu’elle sait aussi donner une perspective à ce personnage, qui ne peut être aussi noir : mère de famille, femme amoureuse, mais aussi femme blessée par les attaques, notamment la fameuse imitation de Tina Fey.

Et une fois de plus, la loi du biopic fonctionne. C’est en décentrant le héros (le conseiller, pas Palin) que nous nous intéressons à cette histoire. C’est bien le conseiller que nous suivons, son enthousiasme, puis ses doutes et enfin ses regrets. Palin n’est qu’une toile de fond de sa propre biographie, ce qui permet au spectateur toutes les spéculations… Et deuxième recette mise en œuvre par HBO : avoir un propos, une opinion, un point de vue. Produit par Tom Hanks, le film est évidemment à charge, ce qui ne le rend pas moins intéressant.

Bien au contraire.




vendredi 24 mai 2013


Tout Star Trek sur Arte !
posté par Professor Ludovico

Non, ce n’est pas un gag, ni même un poisson d’avril tardif pour Vulcains : Arte, vous avez bien lu, la chaîne franco-allemande de la culture va diffuser sept films de la série Star Trek avant la sortie du deuxième opus, JJ Abrams style, Into Darkness, le 12 juin prochain.

Comment ne pas y voir, à la suite de notre récente chronique sur Spielberg, la victoire de la geek nation ?
Que n’avons nous pas entendu, en 1982, quand nous louions les qualités scénaristiques de la série Star Trek, qui balbutiait enfin, avec quinze ans de retard, ses premiers pas sur TF1 !

« Série en pyjama » « ridicule à l’époque de Star Wars », j’en passe et des meilleures. C’était oublier, ou simplement ne pas voir, que les scénarios étaient d’excellente facture, souvent écrit par des grands noms de la SF ou du polar, comme Robert Bloch. Et traitaient de grands sujets, bien plus ambitieux que les thématiques wagnériennes de la Guerre des Etoiles.

Passer aujourd’hui sur Arte, c’est plus qu’un gag, c’est une reconnaissance.

Et une victoire. Totale.

Dimanche 26, 20:45, Star Trek
Lundi 27, 20:50, Star Trek II La Colère de Khan et 22:40, Star Trek III la recherche de Spock
Dimanche 2 juin, 20:45, Star Trek IV Retour sur Terre et 22:35, Star Trek V L’Ultime Frontière
Lundi 3, 20:45, Star Trek VI Terre inconnue et 22 :35, Star Trek: First Contact (en zappant bizarrement Star Trek : Générations)




dimanche 12 mai 2013


Borgia, les personnages emportent tout ?
posté par Professor Ludovico

Alors que l’on termine la saison 2 de Borgia façon Canal+, nous voilà envahi d’un étrange doute, comme le lent poison qui coule dans les intrigues de cette fin du XVème : qu’est-ce qui nous pousse à regarder une série que l’on vilipende par ailleurs ?

Pas l’intrigue : on sait que les Borgia vont mourir ; aucun cliffhanger attendu là où tout est prévisible. Il suffit d’avoir l’excellent Les Borgia de Marcel Brion à la main. On sait par exemple ce qui va advenir de Cesare : après son mariage français, la gloire, la conquête et la pacification de la Romagne, pour soudain subir une « terrible malignité de fortune » comme aurait dit Machiavel.

Ce n’est pas le scénario non plus, ses dialogues indigents, mécanistes, qui ne sont là que pour expliciter des situations ultra convenues aux schémas ultra répétitifs (je veux quelque chose, je la demande, on me la refuse, je l’obtiens). A cette aune, Les Tudors passent à côté pour un trésor de dramaturgie.

Non, c’est peut-être, tout simplement, les personnages. Malédiction commune aux séries, on a finit par s’attacher au Pape (formidable John Doman), à Cesare (Mark Ryder), à Lucrèce (Isolda Dychauk). Et à se passionner pour les tourments de cette famille, mal née, sans noblesse, qui n’a pas d’autre choix que de se battre pour survivre.

Le pouvoir se prend, personne ne vous le donnera, c’est la grande leçon de Borgia.

 




mercredi 1 mai 2013


Borgia, une saison au vitriol
posté par Professor Ludovico

Ça y est, c’est sûr ! On l’avait déjà pressenti, mais le mauvais ragu borgia alla fontana, n’est ni plus ni moins que le vieux bouillon de légumes Oz, sorti du congélateur Levinson/Fontana, réchauffé au micro-ondes Canal+, et légèrement pimenté de gonzesses (un truc qui manquait gravement à l’homoérotique Oz)

On s’en doutait, mais on en a eu la preuve formelle dans les récents épisodes … de l’addiction du Pape. Car Alexandre Borgia, vicaire du Christ, est devenu un junkie du vitriol, et en boit plus que de raison. Loin de moi l’idée de repousser cette intéressante hypothèse, mais c’est le traitement qui a révèle la fainéantise crasse de Monsieur Fontana (et le manque de pouvoir sur lui de Canal+, son bailleur de fonds).

Car l’addiction est traitée à la Oz, très trash (vomissures, et autres plans scatologiques), très violent, bref, le parfait attirail pour choquer le bourgeois et creuser la veine du catholic bashing. Ce qui fonctionne parfaitement dans l’univers confiné et contemporain d’Emerald City, la « prison modèle » de l’Oswald Correctional Center, mais qui n’a aucun sens dans le Vatican de la Renaissance.

Dès lors, les autres signaux de la Grande Photocopieuse sont partout : gros plans en grand angle, steadicam défoncée à la cocaïne, personnages gesticulant dans tous les sens et assenant les rebondissements au spectateur. Tout ça marche parfaitement dans Oz, et pas du tout ici. Car l’on voit bien que le propos est bien plus haut. Fontana, malgré la provoc, a lu Machiavel, il a des choses à dire, et il utilise un personnage pour le faire passer : Cesare. Les Borgia, c’est tout simplement Le Prince pour les Nuls : comment conquérir le pouvoir, le maintenir, unifier l’Italie, créer les fondations d’une nouvelle famille royale : les Borgia…

Et si les mêmes enjeux de pouvoir sont au cœur des factions de Oz, c’est au service d’un objectif beaucoup plus simple : la survie. C’est à coup sûr ce qui a intéressé Tom Fontana, mais ça ne suffit pas …

 




lundi 22 avril 2013


Game of Thrones, Saison 3
posté par Professor Ludovico

Ça y est, c’est le printemps et winter is coming. Sous l’amicale pression de ses amis, Philippe de Winterfell réunit son petit monde sous le Godswood et projette les deux premiers épisodes de la nouvelle saison, après quelques pâtes aux champignons de Dragonstone et deux trois dattes dothrakies.

Et là, l’habituel se produit : le béotien (le Professore) est en admiration contrite devant tant de talent dramaturgique, de beauté formelle, de décors parfaits et d’acteurs étonnants. Mais en face, la tribu de GoT épluche la bête : comment Catelyn Stark peut-elle parler ainsi de Jon Snow, alors qu’elle le déteste depuis tout petit ? Il y a une incohérence chronologique, là, avec Mance Rayder, car on aurait du le voir dès la saison 1 dans la scène de biiiip… Etc. Etc.

Eternel débat entre le lecteur, qui s’est approprié totalement un livre (je connais parfaitement la couleur des cheveux de Paul Muad Dib, et ce ne sont pas ceux de Kyle McLachlan !) et le spectateur qui doit accepter toutes les entorses liées à la dramaturgie spécifique d’un film ou d’une série. Et cela vaut pour les grands livres comme pour les petits. Au-Dessous du Volcan, Ulysse, Le Festin Nu, À la Recherche du Temps Perdu, … ou Marc Levy, le lecteur est tout aussi impliqué dans une lecture qui l’a passionné.

Adaptation : trahison.

J’ai bien fait de ne pas lire Le Trône de Fer.




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