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Commentaires et/ou Conseils d’achat de DVD – Peut dégénérer en étude de fond d’un auteur



lundi 14 juin 2010


Training Day
posté par Professor Ludovico

D’un livre, on dit qu’il vous tombe des mains. Mais c’est quoi, l’équivalent cinématographique de cette expression ? Tomber des yeux ? En tout cas, c’est ce qui m’est arrivé avec Training Day, pourtant auréolé d’une belle réputation de « film ultra-réaliste sur le métier de flic », et de la performance d’acteur de Denzel Washington (ce qui lui valut d’ailleurs l’Oscar)

Las. Au bout de dix minutes, je en pouvais plus ! Cabotinage de Mr Washington, air de jeune vierge effarouchée d’Ethan Hawke, son partner blanc, et tous les clichés y étaient déjà passé « suck my dick, motherfucker » et autres intimidations crypto-gay. A se demander si tant de virilité ne cache pas quelque passion secrète pour les films de gladiateurs.

J’ai donc effacé les 4 milliards d’octets qui encombraient ma Box, en vue d’enregistrer des spectacles plus réjouissants (France-Argentine, par exemple).

Mais ce qui est intéressant là-dedans, c’est le rapport au cinéma. En salle, je serais resté jusqu’au bout, pestant contre machin ou truc, assis à côté de moi, et m’ayant entraîné dans cette galère*. Non la télé, c’est du jetable, du deuxième choix. On prend, on jette, malgré nos lecteurs Blu-Ray, notre Home Theater et notre écran Full HD. Godard disait que la télé se regarde de haut (nous) vers le bas (l’écran), tandis que le cinéma, c’est l’inverse, comme l’adoration d’un quelconque dieu païen. Ou comme dit Tony Curtis dans Certains l’Aiment Chaud et Marylin, de ces demi-dieux de dix mètres de haut sur l’écran du Loew’s, mais j‘y reviendrais…

*Rappelons que le Professore ne fait JAMAIS de mauvais choix, mais qu’il peut avoir été mal conseillé…




mercredi 9 juin 2010


Il Faut Sauver le Soldat Ryan
posté par Professor Ludovico

Le film de Spielberg, sorti en 1998, est exceptionnel à plus d’un titre : d’abord il fut le engendra une vague d’intérêt colossal pour la seconde guerre mondiale, un phénomène qui n’a pas faibli jusqu’à aujourd’hui, bien au contraire.

Dégât collatéral : une impressionnante vague de jeux vidéo – preuve de la « jeunesse » de cette thématique : Call of Duty, Battlefield 1942, Medal of Honor. Mais c’est surtout sur le plan cinématographique que Il Faut Sauver le Soldat Ryan fut séminal.

D’abord sur un plan esthétique : si le film est plutôt conventionnel sur le fond (solidarité et amitié entre soldats, respect des valeurs morales, courage, Spielberg ne s’est jamais caché de vouloir faire un film patriotique), Il Faut Sauver le Soldat Ryan est avant tout une percée dans le genre du film de guerre.

Par ses vingt premières minutes époustouflantes, qui restent marqué à jamais dans une tête de cinéphile ; sa capacité à vous projeter, dès la deuxième scène, in media res, du débarquement d’Omaha Beach. Ces plans sont désormais recopiés à l’infini, dans Troie, Le Choc des Titans et récemment Robin des Bois.

Ensuite, Il Faut Sauver le Soldat Ryan étonne par sa volonté de réalisme, peu compatible avec le cinéma spielbergien d’une part, et le propos patriotique d’autre part. Derrière le réalisme photographique, derrière la reconstitution minutieuse (chars, fusils, uniformes, jusqu’au son des détonations), Spielberg court derrière l’idée de réhabiliter ces soldats. Cette minutie, souvent le joujou de cinéastes moins inspirés, sert ainsi un propos que depuis, Spielberg et Tom Hanks ne cessent de ressasser : avec Band of Brothers, et bientôt avec The Pacific. Reconstituer pour rendre hommage, d’autant plus que ces soldats ne furent pas des anges. Quel meilleur hommage, dès lors, que de montrer la vérité toute nue ?

Aussi, pour la première fois dans un film américain grand public, voit-on des soldats américains tuer des prisonniers allemands sans défense. D’abord dans le feu de l’action, juste après le bain de sang d’Omaha Beach (le spectateur est alors dans une sorte de position de légitime défense). Il comprend la brutalité de la guerre, la soif de vengeance irréfléchie. Mais cette scène se répète plusieurs fois. Et les soldats américains ricanent. Et surtout, cette soif de vengeance va atteindre un apex avec le personnage de l’interprète (Jeremy Davies, le Faraday de Lost). Ce jeune GI intello sauve en effet un soldat allemand, invoquant les lois de la guerre, alors que ses collègues réclament vengeance, après l’assaut de la station radar, qui a valu la mort d’un de leurs amis. Tom Hanks, le capitaine cède à sa demande et libère l’allemand contre l’avis de ses soldats. Mais on retrouve l’allemand à la fin du film, dans la poche de Valognes, où il aura rejoint ses camarades pour participer au combat, une fois de plus, contre les américains. Comme si cette idée, pourtant évidente, de retour à la guerre lui était insupportable, le soldat intello, l’abat tout en libérant d’autres prisonniers allemands…

Enfin, reste – et c’est ce qui frappe aujourd’hui – le débat clef du film : faut-il tuer des hommes pour n’en sauver qu’un ? Une façon bébête, mais pédagogique, de poser la question de la guerre : qu’est-ce qui est inacceptable, qu’est-ce qui doit être combattu, éventuellement par la force.

Le génie du film, c’est de ne pas glorifier la guerre, une rareté dans le cinéma mainstream. Même si les horreurs de la guerre sont souvent montrées dans la phase d’exposition, on revient vite à un œil pour œil, dent pour dent biblique et cathartique, où la plupart des gentils sont sauvés et la plupart des méchants sont tués.

Ici, même si les américains gagnent à la fin, c’est presque par hasard (un avion bombarde le char allemand, et le film s’arrête magiquement, préfigurant la fin gagesque de La Guerre des Mondes). Et si le soldat Ryan est sauvé, il devra mériter cette vie qu’on vient de lui accorder, car tous las autres sont morts ou ont sombré dans la folie, même les mieux équipés moralement (le capitaine, l’intello). 8 hommes se seront sacrifiés pour qu’un seul ne vive. Une définition du courage, de l’héroïsme, mais aussi de la solidarité indispensable à une nation : United we stand, divided we fall, comme toujours.




samedi 5 juin 2010


No Direction Home
posté par Professor Ludovico

« How does it feel
To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Like a rolling stone?
»

Au début du documentaire de Martin Scorsese, Dylan dit ceci : « Beaucoup de gens disent avoir fui quelque chose, moi je crois que j’ai passé ma vie à rentrer à la maison. »

Le génie de Scorsese, qui n’a pourtant pas fait grand chose dans ce film, si ce n’est le monter, c’est de refuser les pièges du biopic : non il ne racontera pas tout Dylan, sa jeunesse et sa vieillesse, son « destin ». Non, il ne raconte qu’une seule chose, qu’une seule chanson : « Like a Rolling Stone », qui transforma Dylan en idole pop, tout en lui valant deux années d’injures quotidiennes sur scène de la part de ses fans de la première heure.

Qui peut résister à ça, sinon un garçon très intelligent, et très sûr de lui ? Après des mois à remplir les salles, avec ce public qui vient de plus en plus nombreux, et qui pourtant l’insulte tous les soirs (« Judas ! », « Traître ! » « Je ne te crois pas », répond-il), Dylan aura son mystérieux accident de moto. Il disparaîtra. Et ne fera plus de concert pendant huit ans.

Scorsese ne s’occupe pas de ça ; il conclut par ça. Conscient qu’une bonne dramaturgie préfère une bonne question à de mauvaises réponses.

Pendant les quatre heures de documentaires, qui ne couvrent donc que la période 61-66 (avec un peu d’enfance et d’adolescence), on écoutera les témoins (Pete Seeger, Al Kooper), les compagnes (Suzanne Rotolo, John Baez), et Dylan lui-même, mystérieusement normal, pour une fois. Pas de galipettes, pas de vacheries à la fin de chaque réponse. Un homme qui se penche sur son passé, pas une rock star. Rien que pour ça, Scorsese mérite une médaille.




mercredi 19 mai 2010


No Country for Old Men, revoyure
posté par Professor Ludovico

Après un premier avis mitigé à sa sortie, je suis retombé, dans l’océan d’images dont nous disposons aujourd’hui, sur la deuxième moitié du polar des frères Coen.

Et ma réaction a été beaucoup plus enthousiaste : pour parler, une fois de plus, de cinéastes qui ont confiance dans le cinéma, on devrait montrer ce film…

No Country for Old Men enchaîne les scènes d’anthologie, mais ne contente pas de les aligner ; au contraire, ce sont des briques, de couleurs différentes (comédie, parodie, drame, suspense, action, …) mais qui élaborent toutes un bel édifice dramaturgique.

Ainsi, les personnages se construisent peu à peu, subtilement, – alors qu’eux ne le sont pas, subtils – formidable Woody Harrelson, terrifiant Javier Bardem, etc.

Dans No Country for Old Men, les frères Coen se paient toutes les audaces : supprimer un personnage important sans montrer sa mort, faire une scène d’action quasi silencieuse, pendant dix bonnes minutes, entrer au contraire – in media res – dans une scène fondamentale qui vient de se dérouler, bref, nos gars expérimentent.

Le plus incroyable, finalement, c’est que ça ne se voit pas, car tout cela n’est jamais fait gratuitement : tous ces choix sont au service du scénario, implacablement.

Reste ce qui m’avait un peu gratouillé, la dernière fois : le brusque changement de ton (du thriller-humour noir au drame-existentiel-trop-vieux-pour-ces-conneries)

Cette fois- ci, ça passe comme une lettre à la poste.

Comme quoi.




dimanche 16 mai 2010


Rio Bravo
posté par Professor Ludovico

Pourquoi se replonger dans Rio Bravo, un film de 1959, et obliger les pauvres professorinets à se colleter un film sans orques, sans elfes, sans vampires, sans hélico, sans 3D ?

Probablement par nostalgie : il fut un temps, mes amis, où sur la seule chaîne de télévision, nous découvrions Rio Bravo en noir et blanc chez mémé. Mais aussi, parce que ce film, Rio Bravo, c’est la pierre de touche CineFastienne par excellence : scénar en béton, acteurs au top, et perfection du rapport mise en scène/histoire à raconter.

Cette histoire, elle est bibliquement simple. Dans la jungle du Texas, un shérif (on mettra une heure quarante à découvrir son nom : Chance), arrête pour meurtre Joe Burdette, un voyou issu d’une riche famille. Coincé dans la ville, espionnée par les hommes du frère de Burdette, John Wayne ne peut compter que sur un adjoint alcoolique (Dean Martin dans son plus grand rôle), Stumpy, un vieil éclopé blagueur, (le sidekick Walter Brennan). A cela viendront s’ajouter deux autres personnages secondaires : Colorado (Ricky Nelson), le loner, si indépendant qu’il mettra du temps à rejoindre la justice, et Feathers (magnifique Angie Dickinson), la southern beauty, qui a le feu aux fesses pendant tout le film, et rêve de mettre John Wayne dans son film.

Entre temps, il sera fait état d’un crachoir, d’un dollar en or, d’une petite culotte rouge. Mais dans l’affrontement final, tous nos amis feront corps pour nettoyer Rio Bravo des bandits.

Si Rio Bravo est un chef d’œuvre, c’est par la profondeur de ses thématiques : la rédemption, la justice face au pragmatisme, thèmes toujours autant d’actualité, ce qui explique qu’il résiste aussi bien à l’usure du temps.

Malgré sa lenteur (parait-il insoutenable à la génération actuelle), ses quelques petits redressements moraux incongrus vers la fin (Angie Dickinson remercie le mâle de l’arrêter d’être une allumeuse, comme si elle ne pouvait pas le faire elle-même), Rio Bravo est immortel : les deux scènes du crachoir (Dean Martin, alcoolique, s’abaisse à aller chercher une pièce au fond des molards), Deguello (l’air mexicain d’Alamo qui hante le film), les sourires en-dessous d’Angie Dickinson, l’air désabusé de John Wayne, et encore une fois, la performance de Dean Martin, Rio Bravo reste gravé dans les mémoires.

Et tout cela, sans indiens, sans poursuite en diligence, sans attaque du chemin de fer, le tout dans un huis clos étouffant (prison, rue, saloon…)

Si ce n’est pas déjà fait, il est temps de retourner à Rio Bravo.




samedi 15 mai 2010


Il Divo
posté par Professor Ludovico

Il Divo fait partie de ces films qui n’ont pas confiance dans le cinéma. Ou alors, Paolo Sorrentino a voulu réaliser un « ciné-poème », vous savez, ces jolies images mises bout-à-bout avec une jolie musique.

Il Divo, c’est une suite de ciné-poèmes, tout aussi beaux les uns que les autres. Par exemple, Paolo Sorrentino peut faire un plan formidable avec une commode. On pense à Fellini, ou à Lynch, mais sans une histoire derrière.

Ou peut être, tout simplement, que Il Divo est destiné au public italien ; une rêverie sur ces années de plomb, Aldo Moro et les Brigades Rouges, Mani Pulite et le général Della Chiesa, la loge P2 et la voiture du juge Falcone bondissant dans le ciel de Sicile.

Si on est italien, on doit pouvoir assembler les pièces du puzzle, et Il Divo doit être magnifique, portées par ces images fortes et ses performances d’acteurs.

Mais on n’est pas italien…




mercredi 12 mai 2010


Leningrad
posté par Professor Ludovico

On peut faire avec Leningrad ce qu’on s’interdit toujours de faire : écrire la chronique, alors même qu’on na pas fini le film. Après une heure de cette pesante coproduction internationale, on sait déjà ce qui ne va pas, et que ça ne va pas s’arranger…

Comme toute les coproductions, c’est salade russe obligatoire : acteur irlandais (Gabriel Byrne, que viens-tu faire dans cette galère ?), américain (Mira Sorvino, pas au mieux de sa forme), et russes (illustres inconnus).

La nouveauté, c’est qu’avec l’image de synthèse, les effets spéciaux, le cinéma « progresse ». L’image, dans Leningrad, bénéficie de toutes ces avancées (images ultra-saccadées, explosions grandioses, Messerchmitts en flamme, etc.)

Le problème, c’est que ces belles images ne sont au service de rien. On essaie de nous émouvoir sur le sort de la ville (son siège dura 800 jours et tua un million et demi d’habitants), on essaie de personnifier cette histoire au travers d’une courageuse policiers russe et d’une journaliste americaine solidaire (et l’inévitable « Everything’s gonna be alright », ben non, chérie…), mais c’est trop gnangnan pour qu’on y croit une seule seconde.

Quand deux jours plus tard, on achève – c’est le mot – Leningrad, le réalisateur semble si peu croire à son intrigue-prétexte « Gabriel Byrne retrouvera-t-il Mira Sorvino ? », que la fin du film arrive sans même que l’on s’en rende compte.

PS Sur le même sujet, lisez plutôt Central Europa, le chef d’oeuvre de William T. Vollman




lundi 26 avril 2010


The Square
posté par Professor Ludovico

L’instinct du CineFaster, c’est ce qui lui reste quand il a tout oublié. Il y a quelques jours, je vous disais tout le bien que j’avais pensé de dix minutes de The Square, entrevue en zappant entre Panique dans l’Oreillette et Extreme Makeover: Les Maçons du Cœur sur AB1. Samedi après-midi, avant de faire le grand saut vers la Bretagne profonde, l’île lovecraftienne sans wifi ni 3G, avec l’angoisse sourde d’en rester prisonnier à jamais pour cause de blockbustérien volcan islandais, je me suis gavé de films avant de partir : La Loi et l’Ordre, pas si mal, mais désolant pour les Rolls Royce Pacino/de Niro, et, vers une heure du matin, pas rassasié, j’ai regardé The Square.

Ne mâchons pas nos mots : ce film australien est une petite perle, comme seul le polar peut en fournir. Le pitch est classique : Raymond Yale, cinquante ans, contremaître de chantier, partage une relation adultérine avec Carla Smith, coiffeuse, déjà en couple avec un beauf aux relations louches… Un sac plein de billets va précipiter les amoureux dans le drame. On pique le sac, on commandite un incendie « accidentel », et on fuit ensuite, ailleurs, loin…

Évidemment, rien ne marche comme prévu, et nos amants terribles, qui ne sont pas des gangsters, ne font qu’aggraver leur cas.

C’est un des succès du film : ne jamais céder à aucune facilité scénaristique, et, au contraire, appliquer sournoisement le poids glauque des réalités : les soupçons de l’épouse, les difficultés professionnelles du contremaître, les maladresses inévitables de ces criminels amateurs, jusqu’à leur conclusion logique.

L’autre génie de Nash Edgerton, co-scénariste et réalisateur de The Square, c’est d’avoir confiance dans le cinéma.

La confiance dans le cinéma, c’est la marotte du Professore. Ca veut dire quoi ? Tout simplement, que nul n’est besoin de dialogues lourdement explicatifs, de caméras virevoltantes, de montages hachés, ou de scènes d’exposition bêtasses pour faire progresser l’intrigue. Cinéastes visés : Jeunet, bien sûr, qui se cache derrière la perfection de chaque plan, Les Tudors (et leur tendance Rois Maudits à présenter chaque personnage), ou Dany Boon, dans un autre genre, et la soupe Cht’i.

Nash Edgerton, lui, sait tout ce qu’on peut faire avec un simple champ/contrechamp (la splendide scène du pique-nique, chroniquée ici), ou simplement, d’acteurs qu’on laisse travailler (David Roberts et Claire van der Boom, formidables dans le couple maudit). Un simple rictus engendrera une terreur sans nom, et un regard fera comprendre vingt minutes d’intrigue.

On attend la suite, Mr Edgerton !




dimanche 25 avril 2010


La Loi et l’Ordre
posté par Professor Ludovico

Je n’avais pas voulu, à l’époque, voir La Loi et l’Ordre en salle, et même refusé des places pour une avant-première en présence de Pacino et De Niro : j’aime trop les acteurs, pas envie d’être déçu par les deux bonshommes en vrai. Bon, mais quand ça passe sur Canal, qu’est-ce qu’on risque ? J’ai donc maté La Loi et l’Ordre un samedi après-midi, entre Toulon-Perpignan et The Square.

Au final, ce n’est pas si mauvais que ça (c’est ce qu’on dit quand on a été agréablement surpris par un bon hamburger, non ?)

La Loi et l’Ordre, c’est l’histoire de deux flics à l’ancienne (nos deux compères, évidemment, déjà trop vieux pour le rôle)

Le problème, c’est que Turk (De Niro) s’est mis en tête de jouer les justiciers : il abat les criminels que la justice a relâché en laissant des poèmes pour signer ses forfaits. En même temps, il pourchasse (avec son partenaire (Pacino) et deux jeunes flics (Donnie Wahlberg et John Leguizamo)) ce mystérieux serial killer de criminels. Avec quelques surprises rigolotes, des seconds rôles sympas (Curtis Jackson, aka 50 Cent, pas mauvais), ça pourrait être pas mal.

Mais le principal problème, c’est ce que les producteurs ont considéré comme leur principal actif : le tandem De Niro/Pacino. Peu crédibles en duo de flics sexagénaires, ils promènent leur immense talent, inutilement, dans cette série B. N’importe qui aurait fait l’affaire, sûrement mieux, et sûrement plus crédible.

Mais surtout, pendant tout le film, on pense à Heat, l’affrontement magistral de ces deux monstres, le taureau de Niro, et le Rottweiler Pacino.

Depuis, on cherche en vain un film à leur mesure.




vendredi 16 avril 2010


No Direction Home (première partie)
posté par Professor Ludovico

Allez, un peu de rock… Je suis né à la musique du diable par Pink Floyd (The Wall, il y a pire, croyez moi !), puis Bowie, puis les Stones, les Pistols, les Clash, etc.

Mais depuis vingt ans, il n’y a qu’un artiste que j’écoute tous les jours, c’est Dylan…

Au delà du cliché de folkeux à guitare (qu’il fut le premier à rejeter), cliché qui empêche généralement le béotien d’« accéder » à son univers, il faut bien comprendre que Dylan est le plus grand poète américain du XXème siècle.

No Direction Home, c’est le documentaire réalisé sur Dylan par Scorcese, grand amateur de rock s’il en est. Ne vous attendez pas néanmoins à un deuxième The Last Waltz, ou un deuxième Shine a Light, c’est-à-dire une captation d’un quelconque concert du Bob à Bali ou à Berlin (Dylan est en tournée depuis des années, le Neverending Tour). Cette proposition est en effet hautement improbable : un concert de Dylan, c’est comme la roulette russe : une fois sur six, c’est pas mal…

Non, No Direction Home est un vrai documentaire, chronologique, sur le Shakespeare de Hibbing, Minnesota. Donc, en gros, une interview du Poète (filmée de façon inexplicablement floue ???), des interview des comparses (Joan Baez, Pete Seeger…), des femmes (Joan Baez, Suzanne Rotolo…), quelques photos noir et blanc, et des images de concert à profusion.

Fil conducteur de la première partie : le concert de Newcastle, 1966, où Dylan affronte, comme il va le faire tous les jours pendant un an, une foule hostile, mais chaque fois plus nombreuse. Objet de cette ire ? Dylan – sacrilège ! – est passé à la guitare électrique.

Scorcese utilise ce concert comme un os, et ajoute de la chair dessus : explications des débuts par des témoins, interview du Maître, contexte historico-sociologique, etc.

Mais il ajoute aussi au concert quasi-punk de Newcastle des témoignages de fans transis, qui doivent donner un peu d’humilité, d’ailleurs, à l’amateur de rock, de techno, de rap, ou tout simplement, au CineFaster !

Les Dylaniens de 1966 y brûlent ce qu’ils avaient adoré en 65 : « Traître ! Judas ! Prostitué !» Ces fans, pourtant jeunes, visiblement cultivés, sont incapables de voir que Dylan est entrain de faire, c’est-à-dire transformer cette musique de fond en comble, de la pervertir pour en faire une machine de guerre à textes. Après Dylan – comme on le voit dans l’excellent documentaire de DA Pennebaker réalisé à la même époque, Don’t Look Back – les Beatles ne pourront plus jamais écrire de chansons gnangnans.

Donc, cher CineFaster, attention : nos excommunications d’aujourd’hui sont peut-être nos grossières erreurs de demain…

La deuxième partie après les vacances : une semaine sans films, sans télé, sans série, mais peut-être avec un peu de foot. Mort au Bayern !




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