mardi 20 juillet 2010


Les Moissons du Ciel
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Il pourrait y avoir trois angles différents à cette chronique : les ressorties estivales, la collectionnite aiguë du cinéphile, ou le cas Malick. Qu’à cela ne tienne, on va faire les trois.

Avant, l’été, c’était le temps béni du CineFaster. Un : Kubrick ressortait un de ses chefs d’œuvres en copie neuve. Bon, on a vu huit fois Orange Mécanique, mais en copie neuve, ca ne se refuse pas. Deux : les festivals d’été. Le Max Linder s’en était fait une spécialité : ressortir en salles quelques chefs film cultes. Par exemple : les trois Parrain dans l’après midi. (Bon, ça, je déconseille…).

Mais maintenant, les stations touristiques sont bien dotées en salles, et Hollywood investit l’été comme au pays natal, avec le crucial 4 juillet. L’été est donc devenu la rampe de lancement des grosses machines, avec l’espoir de tenir jusqu’en septembre, par exemple : Shrek 4 et Toy Story 3.

Donc exit les grosses ressorties, sauf le Malick, invisible en salles depuis des lustres. Ce qui nous amène à l’angle numéro 2 : la collectionnite aiguë. Car le cinéphile est lui aussi un collectionneur ; pas l’espèce vulgaire, qui entasse les DVD sur son étagère en rotin, comme on le faisait jadis avec Tout Rabelais, relié pleine peau, aux éditions Jean de Bellot.

Non, le cinéphile collectionne du virtuel, des trucs en vrac dans la tête : des scènes célèbres, des répliques cultes, des filmographies exhaustives. Tout Mocky, c’est difficile, mais tout Malick ; fastoche ! 4 films en quarante ans, pas le temps d’avoir la migraine. Mais après tout – et c’est ce qui nous amène à l’angle numéro 3 – quid de l’œuvre Malick ?

Sous le charme de La Ligne Rouge, Le Professore lui-même avait succombé à la hype Malick : M. Le Maudit, le Misanthrope d’Hollywood, l’Auteur de Chefs d’Œuvres Immortels : de quoi nourrir tout Kubrickien normalement bâti.

Mais après Un Nouveau Monde alléchant mais prétentieux, Badlands, intéressant mais désormais daté, on peut également ranger Les Moissons du Ciel dans la dernière catégorie. C’est beau (très beau, même, photo de Nestor Almendros), c’est social (1916, le sort du lumpen prolétariat US, de la sidérurgie à la paysannerie (à la mode Les Portes du Paradis), c’est Malickien (la nature, le ciel, la barbarie humaine qui vient gâcher tout), mais ca reste très marqué 70’s et pas du meilleur. Dans le genre récit déconstruit, on préférera Antonioni ou Godard.

Donc c’est à voir, mais ça ne mérite pas l’étagère en rotin.


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