[ A votre VOD ]

Commentaires et/ou Conseils d’achat de DVD – Peut dégénérer en étude de fond d’un auteur



mercredi 4 mars 2015


Le Héros du Pacifique
posté par Professor Ludovico

Drôle de film, découvert par un pitch très vendeur sur TCM. La vie de l’Amiral Halsey, qui, comme chacun sait, est le vainqueur de Guadalcanal. Un film de guerre, mais… sur la stratégie. C’est à dire un film de guerre dans lequel on ne tire pas un seul coup de feu. Bref un truc qui n’existe pas. Tout se passe dans la cabine de l’amiral sur l’USS Enterprise (pas celui de Spock). On y assiste aux dilemmes du commandement : envoyer les hommes se faire tuer au combat, sur la base d’un simple bout de papier….. Faire tuer son fils, ses amis, sans jamais subir le feu soi-même. Deviner les pensées d’un ennemi qu’on respecte et pourtant le tuer. N’en tirer aucun plaisir, alors que c’est la guerre…

Voilà un mélange très étonnant et pour tout dire unique dans le cinéma de guerre…

Bien sûr, comme son nom l’indique, Le Héros du Pacifique est très hagiographique, un film à la gloire de l’amiral, et à celle de la coolitude généralisé du soldat US (face à des japs secs comme des coups de triques, évidemment tirés à quatre épingles (c’est-à-dire des allemands du Jour Le Plus Long deux ans plus tard) …

Mais en fait c’est le James Cagney (qui produit le film et interprète l’Amiral) qui tient ce Héros du Pacifique de bout en bout et le rend si passionnant.

A découvrir….




dimanche 25 janvier 2015


Les Quatre Cents Coups
posté par Professor Ludovico

Toutes les motivations sont bonnes pour regarder un film. Même les plus mauvaises. Je ne m’intéresse pas beaucoup – à tort – au cinéma de François Truffaut. J’en ai pourtant vu quelques-uns, et ils m’ont tous plu : La Femme d’à côté, Le Dernier Métro, La Mariée était en Noir, La Nuit Américaine

Mais là, c’est encore une fois l’écoute du fabuleux podcast des entretiens Hitchcock Truffaut qui m’incite à voir Les Quatre Cents Coups.

Truffaut y analyse, sous l’œil sévère du maître, le découpage de la scène où Antoine découvre l’adultère de sa mère.

Truffaut est fier, car pour la première fois, c’est Hitchcock qui s’intéresse à son travail et non l’inverse. Mais, las ! « J’aurais préféré que rien ne soit dit » : Truffaut fait dire aux personnages (cette maladie française) ce qui aurait du rester silencieusement filmé.

Peu importe, on regarde Les Quatre Cents Coups avec un grand plaisir, et on comprend l’influence qu’a pu avoir le film sur le Nouvel Hollywood. Filmé dans un style reportage (particulièrement instructif d’ailleurs sur les conditions de vie des enfants parisiens, et du niveau de vie des employés dans les années cinquante.)

Mais surtout, Les Quatre Cents Coups c’est une intense liberté scénaristique, à l’image du personnage fétiche de Truffaut, Antoine Doinel, cet autre lui-même qu’il promènera de film en film. Le film lancera la Nouvelle Vague, et changera le cinéma français à tout jamais, pour le meilleur et pour le pire.




mardi 20 janvier 2015


La Bataille de Rio de la Plata
posté par Professor Ludovico

Dans la collection seconde guerre mondiale du Professore Ludovico, qui compte bon nombre de perles, il manquait La Bataille de Rio de la Plata. Pour le béotien, rappelons qu’il s’agit de la poursuite et de la destruction par la Marine britanniques du Graf Spee, un cuirassé allemand aux premières heures de la guerre, le 13 décembre 1939. Et malgré son immense culture sur le sujet (Opérations Jupons, Torpilles sous l’Atlantique, Coulez le Bismarck !) le Professore n’avait jamais vu La Bataille de Rio de la Plata. Et surtout, il n’avait jamais vu ça.

Car cette Bataille est un drôle de film. Une sorte de tragi-comédie sur une bataille navale, qui alterne honneur militaire allemand et humour très british. On assistera ainsi à des choses très étonnantes. Deux mini intermèdes musicaux (les allemands qui chantent noël pour leurs prisonniers anglais, ou de la bossa nova à Montevideo). Un capitaine allemand qui dévoile toute la stratégie de la Kriegsmarine (au mépris de tout réalisme mais – cinématographiquement – une excellente introduction aux enjeux dramatiques du film). Ou encore l’alternance très incongrue de naturalisme maritime (et pour cause, ce sont les vrais bateaux qu’on voit dans le film) et de décors en carton tout à fait hollywoodiens.

Le tout dans des couleurs sucrées, très Michael Powell. Et pour cause, c’est lui qui réalise la film avec son compère Emeric Pressburger…

Une curiosité, donc.




dimanche 4 janvier 2015


L’Evadé d’Alcatraz
posté par Professor Ludovico

Voilà des années que je voulais voir L’Evadé d’Alcatraz, multi rediffusé à la télé, souvent le signe d’un bon film, ou au moins d’un film dont le succès ne se dément pas, c’est-à-dire, d’un bon film.

Et puis, L’Evadé d’Alcatraz, ça sent bon la GCA, style années soixante… Années soixante ? Après un petit tour sur IMDB, le Professore s’est bien emmêlé les crayons : le film se passe en 1962 et est sorti en 1979. Il faut dire qu’on croit toujours Clint Eastwood très vieux (il a 49 ans quand il joue et produit L’Evadé d’Alcatraz).

Mais surtout, le film lui aussi est horriblement daté. L’action avance à deux à l’heure avec des scènes très nunuches (le peintre)… heureusement qu’il y a Patrick McGoohan*…

Et ce que Wikipedia nous apprend (merci Internet !), c’est que L’Evadé d’Alcatraz, c’est un… biopic : la seule véritable évasion réussie d’Alcatraz. Enfin, on n’a pas retrouvé les évadés, donc réussie, on ne sait pas vraiment.

Bref, je vais aller me refaire The Rock, je crois.

* A chaque fois qu’il y avait une scène avec lui, je repassais en VF pour entendre la douce voix du Prisonnier




vendredi 28 novembre 2014


Le Marginal
posté par Professor Ludovico

Etrange impression archéologique devant ce film de Jacques Deray, avec son Bébel kistch et vieillissant cuvée 1983. On commence à regarder et on n’est pas déçu. Belmondo en pattes d’eph, cinquante ans et son début de bide, qui se croit encore jeune et joue les commissaires badass et macho de Marseille à Paname, ça le fait. Grave.

Mais petit à petit on est pris par une sorte de douce nostalgie. Quelques scènes sont bien. Une bonne bagarre, une bonne poursuite. Les fameuses cascades-faites-par-Belmondo-lui-même… et quelques acteurs cultes de notre génération : Claude Brosset. Pierre Vernier. Michel Robin. Tapez ces noms dans Google, et vous verrez. Et Tchéky Karyo, tout jeune, qui débute…

Subsiste alors une étrange impression, celle d’un voyage dans le temps, celui des squats punks de l’Ilot Châlon, celui du Pigalle des eighties. Celui de la Place de Clichy, de la Défense. Certes, nous n’étions pas du bon côté de la barrière, et nous détestions voir Belmondo venir se pavaner chez Drucker au bras de la sublime Carlos Sotto Mayor. Mais qu’on le veuille ou non, nous sommes de cette période-là…




vendredi 21 novembre 2014


Comme les 5 Doigts de la Main à la télé, à ne pas manquer !
posté par Professor Ludovico

A ne pas rater ce week-end, après la Coupe Davis et France-Argentine, le chef d’œuvre d’Alexandre Arcady, en tout cas sa meilleure comédie : Comme les 5 Doigts de la Main. Ou comment les frères Hayoun, un restaurateur-sniper, un pharmacien talmudique, un gentil prof de banlieue, un joueur de poker compulsif, sauvent leur petit frère, poursuivis par de méchants gitans.

Sortez la bière, faites chauffer les pop corn, invitez les potes… Tout seul, le film pourrait passer pour du Bergman, mais à plusieurs, Comme les 5 Doigts de la Main reste la meilleure comédie (involontaire) du weekend.

Comme les 5 Doigts de la Main
France 2, Dimanche, 20h45




lundi 3 novembre 2014


Sin City
posté par Professor Ludovico

Sin City fait la preuve qu’il faut croire dans le cinéma avant toute chose. Croire dans le cinéma, c’est l’antienne de CineFast. Qui croit dans le cinéma ? Truffaut, Hitchcock, Kubrick Spielberg ; Denis Villeneuve récemment*, Hazanavicius (voir The Artist). Qui n’y croit pas ? Une bonne partie du cinéma français, qui lui croit à la littérature. Et les (mauvaises) séries américaines, qui, elles, croient à la télévision.

Rodriguez croit au cinéma. Mieux, il croit au genre. Après le thriller horrifico-SF transgressif The Faculty, la délirante Nuit en Enfer, le grindhouse Planet Terror, il s’attaque au polar, le vrai, le sombre, celui de Hawks, de Aldrich, de Preminger. Alors que son programme initial semble très faible, adapter graphiquement le roman déjà très graphique de Frank Miller, Rodriguez réussit sur tous les tableaux. Il fait un film d’une esthétique parfaite : musique d’ambiance, éclairage noir et blanc classieux, colorisation parfaite (une bouche, du sang, une balle). Mais en même temps son histoire tient debout, les dialogues, simplistes mais pas ridicules.

Et, au passage, Rodriguez dresse un fabuleux hommage à tous les maîtres du polar. Une vraie fausse bonne idée qui se révèle un vrai bon film…

A suivre : Sin City : J’ai Tué pour Elle

* dont le magnifique Prisoners passe en ce moment sur Canal, ne le ratez pas …




samedi 1 novembre 2014


Mediterraneo
posté par Professor Ludovico

C’est par hasard, le plus souvent, que l’on rencontre les plus beaux films. Celui-là, téléchargé pour faire plaisir à quelqu’un qui ne savait pas où le trouver, a traîné presque un an sur mon disque dur.

Le Professore aime évidemment le cinéma italien, mais pas forcément celui de Gabriele Salvatores. Surtout quand ça commence comme du mauvais cinéma italien.

Six soldats perdus sur une île grecque en plein milieu de la méditerranée, en 1941. Leur bateau a coulé et les voilà coincés. Et nous voilà coincés, nous, les spectateurs, en pleins stéréotypes. Le lieutenant intello et cultivé, évidemment non violent. La brute évidemment galonnée, le petit gars qui aime sa mule, évidemment sensible.

Sur l’île grecque, les hommes ont fui. Il ne reste que les femmes, dont une vieille, une bergère peu farouche (Irene Grazioli) et une prostituée sublime (Vanna Barba). Et – c’est vraiment pas de chance – la radio est cassée. Voilà nos italiens installés avec les grecques pour un bon bout de temps. Progressivement, l’ambiance se détend, on joue au foot avec les enfants, on couche avec les filles et on repeint la chapelle.

Le film vire alors à la Don Camillo et devient vraiment drôle. Quand soudain la guerre réapparaît, réveillant, un peu à contre-temps, les idéaux nationalistes (ou pacifistes) de nous soldats.

Ce double acte, et une très belle fin, transforme un film quelconque en très beau film.




lundi 20 octobre 2014


20 Feet from Stardom
posté par Professor Ludovico

« Ayons une pensée pour nos collègues de la scène et du spectacle qui sont actuellement sans travail, sous prétexte qu’ils n’ont aucun talent ». Qu’ils sont durs, ces mots de Pierre Desproges, mais tellement justes, après deux heures des jérémiades insupportables de 20 Feet from Stardom.

Nous aurons vu défiler les choristes de Mick Jagger, David Bowie, Elton John, Michael Jackson, Sting, Bruce Springsteen. Avec le même motto misérabiliste : elles étaient belles, elles étaient talentueuses, elles chantaient mieux que leurs employeurs : pourquoi n’ont-elles pas percé ?

On est ici au cœur d’une grande illusion américaine. Si tu veux quelque chose vraiment très fort, alors tu réussiras. Si tu es le meilleur, tu réussiras. Si tu travailles dur, tu réussiras. Malheureusement ce vœu pieux et protestant est une fiction, tout du moins dans le domaine artistique.
Il faut du travail sûrement, beaucoup de travail. Il faut aussi de la chance,beaucoup de chance. Mais il faut aussi du talent, pas seulement de la technique. Comme disait Boris Vian, il ne suffit pas à l’artiste de faire, il faut encore faire autrement.

Certes, toutes ces chanteuses ont une technique irréprochable, bien supérieure à celles de leurs patrons, Sting ou Mick Jagger, pour ne pas les nommer. Mais ces deux-là ont quelque chose à dire ! Ils ont écrit des chansons extraordinaires, qui ont marqué une génération. Walking on the Moon, c’est seulement deux notes de basse que n’importe qui peut jouer. Mais quelles notes !! Il faut oser se contenter de ces deux notes-là.

Les choristes de 20 Feet sont de fabuleuses techniciennes. A l’évidence, elles ont enrichie les chansons sur lesquelles elles ont travaillé : le fabuleux « Rape, murder, it’s just a shot away » de Gimme Shelter est sûrement la pierre angulaire de l’une des plus grandes chansons des Rolling Stones. Mais pour autant, cette chanson aurait-elle existée sans sa choriste Merry Clayton ? Probablement. Sans Mick Jagger, sans Keith Richards ? Sûrement pas.

C’est pourtant ce que tente de nous faire croire 20 Feet from Stardom. La première moitié du film est pas mal du tout, très pédagogique sur l’irruption, derrière les chanteurs blancs propres sur eux, des « coloured girls saying doo doo doo », comme aurait dit Lou Reed. Dans le monde de la musique blanche, l’objectif est de réussir le crossover (je vends aux blancs et je vends aux noirs), en ajoutant cette couleur soul/gospel que popularise alors les Raelettes de Ray Charles. Bientôt le rock lui-même ne peut plus se passer de ces choristes, des Stones à Bowie, en passant par Dylan*.

La seconde partie raconte leur déclin et c’est là que ça se gâte. Chacune tente une carrière solo, mais ce n’est pas le même métier, comme l’explique Bruce Springsteen : il faut franchir ces vingt pieds qui te séparent de la célébrité. Franchir ces six mètres entre l’ombre et la lumière.

Et pour cela, pas besoin de talent. Il faut juste un ego démesuré.

* en allant même plus loin (cf. l’enfant caché de Mick avec une de ses choristes, et le mariage discret de Dylan avec l’une d’entre elles)




mardi 7 octobre 2014


The Artist
posté par Professor Ludovico

Le snobisme du Professore Ludovico est proverbial. Par conséquent, le succès de The Artist ne pouvait le laisser indifférent. Jamais le Professore n’irait voir en salles ce succès populaire (3 millions d’entrées en France, 133 M$ dans le monde), encore moins un film qui récolte autant d’Oscars.

Mais voilà le Professore faible. Ludovico coincé dans un avion de Delta Airlines, 20 000 pieds au-dessus de l’Atlantique. On pourrait finir Thucydide, mais on a un peu la flemme. Rien d’autre à faire, donc, que de regarder la VOD de plus en plus évoluée que nous proposent les compagnies aériennes. Mais il reste des efforts à faire, camarades, la VOST par exemple. Car soit on regarde en anglais (et on ne comprend rien), soit on regarde en français, horriblement doublé, Tendres Passions. Quoi de mieux alors, qu’un film muet ?

C’est donc parti pour The Artist, le film que les américains nous envient. En fait c’est pas mal. On se laisse aller peu à peu au charme racoleur de Dujardin, et au charme plus subtil de Bejo. Si l’intrigue est épaisse comme un sandwich SNCF (le douloureux passage au parlant d’une star adulée du muet (Dujardin), obligé de contempler la montée inéluctable de la petite comédienne qui a su s’adapter à la nouvelle donne (Bejo)), ce qui est intéressant dans The Artist, comme dirait Rupellien, c’est le message. Une ode inconditionnelle au cinéma, à la force du cinéma en tant que moyen d’expression, en tant qu’art exclusif.

Le film de Michel Hazanavicius démontre une chose très simple : il suffit de coller deux plans côte à côte pour faire un film. Le choix de la durée de ces plans, l’endroit exact où on les colle, et ce que signifie le résultat obtenu, devient cette opération magique qu’on appelle l’Art.

Un art de pas grand-chose, quelques acteurs, une caméra fixe, un peu de bonne musique et pas de dialogue, peut raconter une histoire. Ce que nous propose le cinéma depuis Meliès.

Ce qui est remarquable dans The artist, c’est ce qui s’est passé aux Oscars. Un mouvement d’hommage en va-et-vient, que le français a finalement gagné, et qui confirme le désarroi qui s’empare de Hollywood depuis peu.

D’un côté un film français en noir et blanc, au budget de 15M$, avec un auteur un peu connu en France. De l’autre, Hugo Cabret, énorme production 3D qui a coûté plus cher que ce qu’a rapporté The Artist (170M$), et signé par l’un des plus grands réalisateurs de son temps, Martin Scorsese. L’américain, grand cinéphile, transforme maladroitement son épopée pleurnicharde en hommage à Méliès, l’inventeur du cinéma. Dans un mouvement de retour, Hazanavicius réalise son hommage au cinéma, en passant par la case Hollywood 1920. Et c’est ce même Hollywood qui décide de récompenser le « petit » film français contre la grosse machine Hollywoodienne*. Comme si un petit film noir et blanc glorifiait mieux cette industrie, son art, et sa nostalgie de l’Age d’Or, que le film de Scorsese, qui représente lui le cinéma US actuel, survitaminé, sans tête et sans cœur.

De The Artist on retiendra cela, et cet extraordinaire plan séquence final, où les deux comédiens – le muet et le parlant – sont enfin réunis, là où ils peuvent se réunir : la comédie musicale ; Bejo et Dujardin faisant des claquettes, sans besoin de se dire un mot ; la magie du cinéma, intacte.

* Même si les deux films ont été tourné aux Etats-Unis avec majoritairement des comédiens américains




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