Si vous avez raté le Libération/Charlie Hebdo de mercredi, votre erreur est double. Non seulement les deux journaux, faisant « Une » commune, se payaient la tête des intégristes musulmans (à l’occasion de cet improbable imbroglio politico-judiciaire de cet fin de règne chiraquien), mais en plus, un journaliste de Charlie Hebdo (Jean-Baptiste Thoret) laminait une autre forme d’intégrisme : le cinéphile à tendance festivalière. Dans une tribune libre*, il fustigeait le « Film d’Auteur Académique », baptisé FAA, dans une démonstration tout aussi impeccable qu’implacable.
Sa théorie est simple : s’il existe des films commerciaux, formatés pour plaire au plus grand nombre, il existe en face le FAA, tout aussi formaté. Le FAA s’acharnent, selon Jean-Baptiste Thoret, à se poser en négatif du film commercial, pour mieux séduire le Jury du Festival du Film de Séoul, Berlin, Venise, ou mieux, la Palme des Alpes Maritimes. Au final, le FAA est tout aussi formaté et ennuyeux : « le FAA, écrit-il, confond l’épure et le rien, l’abstraction et la pose, le vide et la raréfaction, la contemplation et l’ennui, l’enregistrement de la réalité et la vérité du réel, qui – on le sait depuis les frères Lumière – n’a de chance d’advenir qu’à condition d’en fabriquer la fiction (…) le FAA [refuse de] céder aux sirènes du plaisir, de la forme, du spectacle ; en bref, il témoigne d’une haine de la fiction. » Quel meilleur plaidoyer pour le retour du scénario, que nous appelons de nos vœux, ici sur CineFast ?
* à l’origine de cette tribune, un édito de Jean-Michel Frodon, rédac’chef des Cahiers du Cinéma (et non pas Porteur de l’Anneau, comme beaucoup semblent encore le croire), s’indignant que le CNC se plaigne de l’existence de plus en plus fréquente de « Films de Festival »
