[ Séries TV ]

Il n’y pas que le Cinéma dans la vie.. y’a aussi quelques séries TV…



dimanche 26 juin 2011


Peter Falk
posté par Professor Ludovico

L’autre jour, en instruisant une classe de troisième sur les finesses de la Sitcom, j’ai fait remarquer qu’une des différences entre ciné et télé, c’est que le star de ciné, c’était l’acteur, et la star de la télé, c’était le personnage.

Un raisonnement qu’on peut appliquer à Peter Falk, qui vient de disparaître. Plus connu sous le nom de Columbo que de Falk, il aura pourtant fait son trou à Hollywood (Cassavetes, Wenders, Princess Bride…), et au théâtre… Mais bon, être immortalisé sous le personnage de Columbo, il y a pire comme destin.

Car c’est un incroyable succès – tant critique que populaire – que Columbo, la série, et le personnage, ont accompli en 69 épisodes, de 1968 à 2003*.

Modèle absolu du Formula Show, Colombo n’a fait pourtant que populariser les théories hitchcockiennes, mais avec quel talent !

Peu importait en effet les péripéties de l’enquête, on s’était attaché pour toujours au petit inspecteur rital, son chien et sa 403, et sa femme invisible**. L’enjeu posé dès le début (un crime se déroule devant nous, Columbo l’élucidera), censé détruire tout suspense, ne faisait au contraire que l’exacerber.

La formule aurait pu devenir répétitive, mais les auteurs, les réalisateurs (dont quelques futures pointures (le premier épisode de la saison 1 fut écrit par Steven Bochko (NYPD Blue) et dirigé par Steven Spielberg…) ont pu tisser à chaque fois des intrigues passionnantes, et une étude de mœurs angeleno aux petits oignons.

Photographes branchouilles, vieux beaux hystériques, capitaines d’industries trompant (et tuant) leurs épouses, les méchants de Columbo ont évolué au gré de la mode, mais la comédie humaine n’a jamais changé : les hommes tuent les femmes, les puissants se moquent des pauvres***, et l’inspecteur Columbo, armé de sa seule intelligence, nous venge de tout ça.

On regrettera notre inspecteur (et aussi sa fabuleuse voix française, Serge Sauvion) ; mais, par la magie d’Hollywood, ils seront toujours là.

Faites l’exercice ce soir : vous aurez bien du mal à zapper avant la fin.


*rediffusion du dernier épisode ce soir sur TF1, 20h45

**une série avec Madame Columbo n’eut pas le même succès (2 saisons seulement), comme quoi le formula show n’est pas une science exacte.

***Dans cette contradiction américaine : dans un pays où l’argent est tout, le riche est pourtant toujours le méchant.




vendredi 3 juin 2011


A la Maison Blanche, le meilleur pour la fin
posté par Professor Ludovico

Comment rester au sommet ? Surtout, comme A la Maison Blanche, pendant 7 saisons, même en perdant son Père Fondateur, « Magic » Sorkin, devenu scénariste à succès Facebookien avec Mr Fincher ?

C’est le mystère intriguant d’A la Maison Blanche, dont j’ai fini par me résoudre à regarder la dernière saison. Résoudre, parce que c’est comme une friandise qu’on garde dans le frigo, sachant que c’est la dernière. Bon, mais une fois avoir fini les Tudors, Battlestar Galactica, le Tournoi des VI Nations, la L1, il faut bien se résoudre à visiter une dernière fois l’Aile Ouest, et se préparer à des adieux – forcément déchirants – avec la bande à Bartlet.

Le pitch de la Saison 7 : c’est la dernière année de la Présidence, et donc la campagne des candidats démocrate et républicain pour le remplacer.

Mais justement, qui oserait violer ce tabou, le tabou majeur des séries ? Qui, en effet, lâcherait la plupart de ses personnages principaux (Bartlet et ses conseillers) pour passer à de nouveaux personnages (les équipes de campagnes) ? À part Sur Ecoute, qui a joué à ça pendant cinq saisons, on ne voit pas.

Mais A la maison Blanche, c’est la Premiere league, et on n’a peur de rien : scénarios millimétrés, ultra complexes (mais avec cette pédago subliminale qui a fait le succès de la série), personnages attachants mais jamais simplistes, même quand il s’agit d’ennemis évidents (la droite chrétienne traditionaliste, par exemple).

Sur la même recette depuis sept ans, cette Maison Blanche n’en finit pas s’étonner…




mardi 10 mai 2011


Battlestar Galactica gagne la finale
posté par Professor Ludovico

Voilà, c’est fini. On tant ressassé les mêmes mélodies… Battlestar Galactica (BSG pour les intimes) s’est clos sur cet épisode interminable (deux heures et quelque, sans compter les sauts spatio-temporels), à l’image de cette quatrième et ultime saison, un peu longuette elle aussi.

BSG meurt comme elle a vécu : un anti-Lost. Une série ambitieuse, mais mal faite, versus une série parfaite, mais sans aucune ambition.

Mal faite, Battlestar Galactica l’est assurément, from Day One. Sans unité graphique (des épisodes sublimes, d’autres carrément flous), sans dramaturgie solide, sans suivi, le Battlestar de l’Amiral Adama a fini par d’échouer dans les marais des séries. La quatrième saison est à cette image : trop longue, cacophonique, au genre oscillant, à la trame hésitante. Pire, Ronald D. Moore donne parfois l’impression de s’attaquer à l’Himalaya avec un piolet, c’est à ça qu’on reconnaît les cons, ils osent tout.

Dans cette hypothèse, Moore est le plus gros con que la terre des séries ait porté : il ose absolument tout. Le mélo, la bataille spatiale, le combat de rue, la citation dylanienne, le débat philosophique, l’exégèse religieuse, l’herméneutique paléolithique, rien ne l’arrête. Mais voila, BSG a beau être mal faite, mal jouée, brumeuse et trop longue, la série – et ses personnages magnifiques – ont accumulé un tel capital de sympathie qu’on leur pardonne tout.

Ronald D. Moore a aussi le génie, et ce n’est pas du tout négligeable – à l’aune de toute l’histoire de la télé – de proposer une solution très originale à son postulat de départ. Trouveront-ils la Terre ? Beaucoup auraient répondu bêtement à cette question eschatologique. Par un procès (X Files). En pétant le bouzin (Le Prisonnier). La Vie, la Mort et le Reste (Lost).

Non, Moore s’est au contraire creusé la tête pour trouver autre chose, que je vous laisse découvrir. Une conclusion originale, ambitieuse : à l’image de la série, donc. Mieux, il prend son temps pour l’exposer, cette solution, alors que beaucoup aurait torché le final en cinq minutes.

Tout ça pour dire qu’il sera beaucoup pardonné à BSG, qui restera comme un événement, tant télévisuel que SF : une série aura prouvé, après toutes ces années de disette, qu’on peut faire intelligent à la télé, intelligent avec de la science fiction, intelligent avec peu d’argent, et même avec peu de talent. Regarder BSG reste donc un must, quatrième saison comprise.

C’était le Professor Ludovico, reporter embedded à bord du Battlestar Galactica. A vous Caprica…




samedi 30 avril 2011


Inflation du nylon
posté par Professor Ludovico

Abondance de biens ne nuit pas ? Je ne suis pas sûr ! Par exemple, prenez le déluge actuel de films de superhéros : déjà vus, prêts à sortir ou en préparation… Thor est sorti cette semaine (dirigé par Kenneth Branagh, tout un symbole !), et on nous prévoit Captain America, les Avengers, un prequel aux X Men,un troisième Batman « Nolan », un premier Superman « Snyder » et même une nouvelle franchise Spiderman

Personne ne nous force, me direz vous… Mais sincèrement, cette programmation m’écœure (ou simplement m’éloigne) du cinéma. J’ai l’impression d’être dans un fast food où l’on me propose que quatre produits distincts : comédie américaine « Un Gars, Une Fille« , film d’animation avec des animaux « Rango&Rio, les Cars de l’Age de Glace« , film français « J’irais manger quelque part si tu ne m’embrasses pas » et… film de super héros.

Je n’ai jamais aimé les superhéros. Tandis que mes copains se jetaient sur Strange, un cousin imprimeur m’amenait des pelletées de Pif Gadget. Et dans Pif, il y avait certes Pif et Hercule, Placid et Muzo, mais surtout Glop! Glop! : Hugo Pratt, La Ballade la Mer Salée. Je ne veux pas frimer, je lisais aussi Battler Britton, et ses spitfires en flammes au dessus de la Manche.

Tout ça pour dire que je suis un cas assez unique chez les quadra : un réfractaire à la nostalgie en nylon. J’aimais bien L’Araignée en dessin animé, donc j’ai bien aimé le premier Spiderman de Sam Raimi. Mais pour le reste, le concept d’un type qui se déguise en justaucorps bien moulant m’a toujours paru absurde. Mettre un masque pour cacher son identité tout en choisissant une cape bien flashy, et, en général, d’un goût douteux, ma toujours laissé dubitatif… sans parler de cette propension à vouloir sauver le monde parce qu’on a un trauma familial (père tué, mort sur Krypton, ou dieu du Valhalla)…

Très logiquement, j’ai aimé les films destructeurs de cette mythologie : Incassable de Shyamalan, ou Hancock, de Mr Berg : pourquoi as-tu quitté le projet Dune, mon petit Peter ?? Oui, pourquoi ? Pour faire un autre film de Superhéros ?

Parce que le drame est là, en fait : Hollywood se mord la queue en tournant toujours les mêmes films, alors que des milliers de sujets géniaux attendent une adaptation ; Dune, confié à un tâcheron, Lovecraft, toujours pas de film à l’horizon, et les centaines de chefs d’œuvre de la SF toujours pas adaptés : le Cycle des Epées de Leiber, Elric de Moorcock, Ubik, de K. Dick, Demain les Chiens, de Simak, Les Monades Urbaines, de Christopher Priest, l’Orbite Déchiquetée de Brunner, les Princes d’Ambre de Zelazny, et à peu près tous les Frank Herbert…

Non, le cinéma Hollywoodien, depuis l’éclosion de Spielberg-Lucas à la fin des années soixante-dix, a décidé de ne s’adresser qu’au gosse qui est en nous.

C’est bien dommage.

*Hier soir, mon ami Philippe m’a proposé en avant première de voir Le Trône de Fer, la saga brillante de George Martin adaptée par HBO. Visuellement, scénaristiquement, ce pilote est une réussite : ambitieux et pédagogique à la fois, pour un livre aux intrigues multiples, complexes, et adultes. Un prototype de cinéma adulte inenvisageable désormais sur grand écran.




mardi 15 mars 2011


Les Tudors en finale
posté par Professor Ludovico

Malgré des critiques plutôt acerbes, la saison 4 du docudrama softporn de la famille royale britannique tient plutôt la route. Bien sûr, c’est « dukudukudku » comme disait le Alain de Greef des Guignols, mais c’est aussi cette – toujours impeccable – trajectoire historique. Façon Rois-Maudits, les personnages des Tudors sont poussés par des motivations qu’il nous est difficile de comprendre (héritier mâle, épouse vierge, etc.) mais qui prennent tout leur sens dans le contexte, très pédago, que nous propose la série. Leur créateur, Michael Hirst, est un passionné d’histoire élisabéthaine (il est aussi le réalisateur de Élisabeth, l’Age d’Or) ; il ne nous fait pas l’injure de les affubler de passions modernes, il n’essaie pas de nous les rendre sympathiques en les rapprochant de nous. Les motivations de ces personnages nous restent étrangères, et pourtant, on les aime.

Peut-être parce que les anciens sont toujours aussi bon (Jonathan Rhys Meyers, of course, et Henry Cavill, futur Superman), et les nouveaux pas mal du tout (Torrance Coombs, impressionnant proto-Brad Pitt, David O’Hara, déjà vu en irlandais dans Les Infiltrés)…

Non, Les Tudors ça se finit et c’est bien que ça finisse : on sent les auteurs concentrés, allant à l’essentiel. La dernière saison, mélancolique, politique, termine en beauté sur l’impression subtile qu’on ne peut qu’être terrifié par ce roi, impressionné par ce qu’il a achevé, mais aussi ému par cette trajectoire dramatique.

On ne regrettera pas notre voyage au XVIème siècle, et on attend avec impatience le nouveau projet Showtime, « Tudors-like » : The Borgias, qui affrontera Les Borgias, sur Canal+, réalisé par Tom « Oz » Fontana.




jeudi 6 janvier 2011


Battlestar Galactica, saison 4
posté par Professor Ludovico

Je me faisais la remarque récemment : depuis quelques années, le concept de Saison est devenu commun et assimilé de tous. La tendance « feuilletonnante », et la vente des séries par coffret y sont évidemment pour beaucoup. De sorte que, les fans s’étripent aujourd’hui autour de la qualité non des séries, mais des saisons à l’intérieur de celle-ci. Je soutiendrai par exemple que la seule saison potable de 24, c’est évidemment la première. Ce qui nous amène à Battlestar Galactica.

Car saison après saison, le niveau ne se maintient pas : il s’améliore. Après une saison 1 (cheap mais tellement juste, coup de poing), une saison 2 mieux réalisée, plus aboutie, une saison 3 révolutionnaire, la Saison 4 – et dernière – place la barre encore plus haut. Bien sûr, je n’en suis qu’à la moitié, il y a encore des déceptions en vue (la fin ?), mais une série qui pose autant de bonnes questions ne peut être que louée.

Résumons : saison 1 : comment survivre à l’extinction en gardant ses valeurs ? Saison 2 : peut-on faire la guerre en démocratie ? Saison 3 : collaborer ou périr, tous les moyens sont-ils bons pour résister ? Et enfin, dans cette saison-ci, la paix est-elle possible avec un génocidaire ?

C’est sans compter les innombrables autre questions, plus quotidiennes – et plus classiques aussi – qui sont posées au cours des épisodes… Par exemple, dans cette dernière saison, les auteurs posent la question de l’émergence du Christianisme (au travers d’une métaphorique religion monothéiste), et de la destruction afférente du paganisme. Ne vous frottez pas les yeux, vous êtes bien en train de regarder Battlestar Galactica !

Malgré le manque de moyens, et la faiblesse ontologique des scénaristes (on a beau vénérer Battlestar Galactica, on reconnaît aussi que c’est loin des séries comme les Soprano en terme d’écriture, ou même de Lost), la série reste le véhicule parfait de ce genre de débat. On va ainsi revivre, en quelques épisodes, la Passion du Christ, la guérison des malades, les marchands du Temple, etc.

C’est le côté unique de Battlestar Galactica : comme les cons d’Audiard, elle ose tout.




vendredi 17 décembre 2010


Un Village Français, pour le pire et le meilleur
posté par Professor Ludovico

On a déjà dit ici, et répété, tout le bien que l’on pense de Un Village Français, le « Plus Belle La Vie chez les nazis ». Point de vue historique impeccable, histoires intéressantes, et tutti quanti.

Mais voilà, même les plus grands peuvent chuter. Rien de grave, vous pouvez rester à Villeneuve jusqu’à la fin de 1941, pas besoin de s’enfuir en zone libre, mais il faut le dire, quand ça ne va pas. Sur le banc des accusés : certains personnages, et une brusque montée, inexplicable même si elle est expliquée, de la dramaturgie.

Côté personnages, si certains se bonifient de saison en saison (Marcel, le militant communiste, Daniel, son frère le maire, Heinrich, le nazi terrifiant, qui l’espace d’un dîner, bascule dans l’émotion), il faut avouer que d’autres sombrent dans le ridicule. En premier lieu, Hortense, la femme du maire. Si on est ravi de découvrir la plastique irréprochable de la rouquine (Audrey Fleurot), on a du mal à accepter son soudain basculement en chaudasse qui couche avec les nazis. On aurait aimé un peu plus de subtilité, de tiraillements, qui font par ailleurs le sel de Un Village Français. Idem pour l’institutrice (Marie Kremer), dont l’amourette avec un soldat allemand tourne au grand guignol, avec une scène ridicule, ce qui nous amène au second point : l’augmentation brusque de la dramaturgie. Voulant conquérir un public plus jeune (sic Frédéric Krivine dans Télérama), la prod’ a rajouté des cliffhangers de ci, de là, oubliant parfois qu’un cliffhanger se place… à la fin !

De même, comme cette scène lors de la fête des Catherinettes, la série oublie parfois son réalisme foncier. Ici, le directeur de l’école accuse la directrice de la scierie, Madame Schwartz admiratrice du Maréchal, d’envoyer des lettres de dénonciation aux allemands. Pourquoi pas ? Mais le gag, c’est qu’il le fait en public, en criant très fort (« Voudriez-vous, madame, que tout le monde sache… ») : bon ben voilà, c’est fait…

Cette scène aurait été parfaite dans le huis clos d’un bureau, et encore plus intense et terrifiante, vu la réponse de ladite Madame Schwartz.

Enfin, ce n’est pas nouveau, mais la prod’ ne sait pas bien investir ses moyens là où il le faut. Par exemple, un très beau travelling arrière sur un groupe de résistants dans la forêt, et nous voilà tout tourneboulés ; y’a-t-il des allemands pas loin ? Non, rien. Ce plan étonnant, couteux, ne sert à rien. Par contre, à la fin du même épisode, quand résonne La Java Bleue, et que, prenant son courage à deux mains, l’institutrice invite son amant allemand à danser, la caméra aurait pu décoller là, figeant dans un même momentum les personnages face à leur destin, si opportunément réunis ; le préfet sombrant dans la collaboration, le mari volage au bord du gouffre, le directeur transi d’amour, et la chanteuse juive, dont la présence n’est plus la bienvenue, funeste présage de ce qui va suivre….

A la place, Un Village Français a opté pour un cliffhanger, qu’elle s’est empressée de détruire (façon Lost), dans la séquence générique, en révélant la suite : « La semaine prochaine, dans Un Village Français… »




mardi 30 novembre 2010


Un Village Français, Saison 3
posté par Professor Ludovico

Que faut-il faire pour vous convaincre de regarder la meilleure série française du moment ? Il faut avouer qu’elle a peu d’atouts dans sa manche (pas de Président des Etats-Unis à sauver d’un complot islamique, pas de violence, pas d’hélico, pas de mafia, pas de sexe…)

Elle passe sur France3 (la hooooonte !), n’a pas d’acteur bankable ou de chaudasses à mettre dans Télé7jours. Même les habituels fans WW2 boudent leur plaisir : pas assez de porte-avions japonais, de Panzer IV, ou d’infirmière SS)

Non, Un Village Français, c’est juste la chronique la plus réaliste qui soit d’un village à l’heure allemande, ses petites compromissions (travailler, discuter, sympathiser, coucher avec des allemands) Des compromis qui, on le sait, deviendront de grandes fautes en 1944, quand le pays balaiera ses millions de lâchetés en tondant quelques femmes et et en épurant – quel joli mot – quelques milliers de collabos.

Comme le dit si bien François Delpla à propos de Marlene Dietrich dans son excellent Petit Dictionnaire Enervé de la Seconde Guerre Mondiale : on ne naît pas antinazi, pas plus qu’on ne naît nazi.

Un Village français parle très exactement de ça : la zone grise où tout le monde, oui, tout le monde, peut basculer, du communisme à la résistance, du commissariat de police à la collaboration, de la collaboration économique à la résistance.

Une leçon d’humilité à l’intention de ceux, à l’indignation souvent automatique, qui savent déjà ce qu’ils auraient fait dans de semblables circonstances.




vendredi 26 novembre 2010


A la Maison Blanche, saison 6
posté par Professor Ludovico

Quel talent ! Après avoir perdu « Magic » Sorkin*, on aurait pu croire A la Maison Blanche partie en déshérence, et pourquoi pas, partie « sauter le requin ». Il n’en est rien, mieux, la série réussit là où la plupart des shows échouent : elle mue.

Une série qui marche est toujours basée sur des concepts très forts, rédigés en dur dans une « Bible » qui n’a pas vocation à changer : Seinfeld déteste Newman, et ça durera neuf saisons. Mulder et Scully sont attirés l’un par l’autre, mais il ne se passe rien…

Sauf quand… les scénaristes en décident autrement. Et quand ils le font, c’est souvent parce que la série est en baisse… Or les téléspectateurs, s’ils aiment Seinfeld, c’est parce qu’ils trouvent que cette haine de Newman est géniale, et qu’ils sont titillées par la TSI (Tension Sexuelle Irrésolue) entre nos Agents du FBI. Si ça change, ça pose problème. Ce qui peut être très excitant (le baiser entre Mulder et Scully, (en fait un clone), peut aussi démolir une série (la fin gnangnan de Friends).

Mais là, dans A la Maison Blanche, les scénaristes négocient à la perfection des virages pourtant très serrés.

D’abord, il y a des changements hiérarchiques ; un chef s’en va, qui le remplace ? Le nommé ne fait évidemment pas l’unanimité, mais surtout, il fait partie des personnages principaux. Ça pose donc un problème à la Maison Blanche (la vraie), mais surtout un problème, ça pose un problème dans la série : nous étions habitués à une bande d’amis idéalistes, au service de l’Amérique, de la démocratie, du président Bartlet, et les voilà jaloux, divisés, carriéristes, alors que la reforme de la santé patine, et toujours pas de paix au Moyen-Orient ! De même, la fin du deuxième mandat Bartlet approche, et les persos doivent placer leurs pions, penser à leur avenir : soutiendront-ils l’aile droite du parti, chez ce cowboy de Vice-Président ? Où succomberont-ils aux sirènes d’un autre candidat ? Toutes ces questions, qui rendent soudain la série plus noire, plus grave, auraient eu raison de n’importe quel drama de seconde zone. Mais l’Air Force One d’Aaron Sorkin est si bien conçu qu’il continue de voler parfaitement sans pilote, et même en zone de turbulences…


*Aaron Sorkin, créateur et – fait incroyable – unique scénariste de la série, showrunner surbooké et cocaïné, a été mis d’autorité en cure de désintoxication à la fin de la saison 4. C’est John Wells qui s’est occupé (scénario compris) des saisons 5, 6 et 7… Aaron Sorkin est aussi le scénariste de petits films méconnus : Des hommes d’honneur, Le Président et Miss Wade, La Guerre selon Charlie Wilson et The Social Network




mardi 2 novembre 2010


Battlestar Galactica et Dylan
posté par Professor Ludovico

Quand Battlestar Galactica se met à citer le Poète de Hibbing, on n’est pas loin du Saut de Requin. Mais pour vérifier cette intéressante hypothèse, il faudra regarder la quatrième saison.

On était dans les dernières minutes de Croisements, le double épisode final de la saison 3. C’est là qu’on s’est mis à se poser des questions : « There must be some way out of here… » Est-ce que Ronald Moore nous plaçait sa petite citation pour le fun, ou jouait-il simplement avec nos nerfs ? Nous, à qui l’on reproche de voir « trop de choses » dans les films ? Mais non, ça se confirmait, c’était même la solution de l’énigme qui traînait depuis deux ou trois épisodes, relançant BSG, par le plus grand cliffhanger depuis sa création, pour une quatrième saison qui promet d’être apocalyptique.

La troisième était à vrai dire un peu creuse (selon les standards BSG évidemment) : 4 premiers épisodes fabuleux, 3 ou 4 épisodes moyens, et 4 derniers épisodes fantastiques. Dont ce final-procès, sorti du diable vauvert. Cliché US s’il en est – le film de tribunal -, le dernier épisode réussit la performance d’éviter les stéréotypes habituels, d’asséner les leçons de morale habituelles (que doit être une démocratie en temps de guerre ?) et de lancer la quatrième saison.

« There must some way out of here » peut aussi être vu comme le message crypté, le SOS de scénaristes au bout du rouleau… Drôle d’histoire en effet que celle de Battlestar Galactica : la chaîne Scyfy n’avait promis qu’une saison, puis devant le succès, en avait demandé cinq de plus, pour finalement demander à ses géniteurs de jeter l’éponge à la quatrième.

Plus qu’une, Boss ! says the Joker to the Thief. Too much confusion, I can’t get no relief…

On verra ça très prochainement, dans le lecteur DVD du Professore.




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