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Commentaires et/ou Conseils d’achat de DVD – Peut dégénérer en étude de fond d’un auteur



mardi 23 août 2011


Bienvenue à Zombieland
posté par Professor Ludovico

Bienvenue à Zombieland fait partie de ces films qui sont évidemment desservis par leur titre et leur thématique. Ne vous y trompez pas pour autant : Rhett Reese et Paul Wernick, ses auteurs et Ruben Fleischer (son réalisateur) iront loin. Le pourquoi du comment en 4 leçons :

– BaZ est magnifique : Ruben Fleischer fait à l’évidence partie de l’école Zack Snyder : chaque plan est magnifiquement cadré, éclairé, filmé. Les effets spéciaux sont particulièrement soignés.

– BaZ a le sens de l’humour. C’est rare dans les films de zombies, où le rire est plutôt du côté du spectateur, en pleine distanciation Brechtienne. Ici, l’humour est compris dans le prix, notamment via ses règles de survie en milieu zombie (Règle #17 : Ne pas jouer les héros)

– BaZ a de grands acteurs : les films de genre attirent rarement un tel cast : Jesse Eisenberg (The Social Network), Woody Harrelson (Tueurs Nés), Emma Stone (Supergrave), Abigail Breslin (Little Miss Sunshine)

– BaZ arrive à conjuguer action, dérision, émotion : pas facile au milieu des tronçonneuses et des shotguns…

Bref, mesdames, ne louez pas Bienvenue à Zombieland, mais surveillez les futures productions de ces trois messieurs…




mercredi 27 juillet 2011


Le Clan des Siciliens
posté par Professor Ludovico

Cela fait deux/trois fois que Le Clan des Siciliens passe à la télé, et là, j’arrive enfin à le scoper, et à le regarder. Mais je m’interroge toujours : ai-je déjà vu le chef d’œuvre d’Henri Verneuil ? Ma base de données à tableaux croisés dynamiques me dit que oui, et ma tête me dit que non.

Mais maintenant, je sais, j’ai vu Le Clan des Siciliens, et c’est cette fameuse scène sexuelle qui me l’a rappelé. Je devais avoir six ou sept ans, il n’y avait qu’une télé noir et blanc chez mes grands parents, et le dimanche soir on regardait Guy Lux, ou le film du dimanche. Et là, je revois ma mère disant : « Ce n’est pas vraiment pour les enfants ! » Aujourd’hui, je comprends pourquoi. Je ne sais plus si on m’a fait sortir, ou si la scène a disparu aussitôt, mais oui, j’ai vu Le Clan des Siciliens.

Posons déjà le décor : Sartet (Alain Delon) est un tueur sans scrupules, qu’a fait évader la famille Manalese. Le chef du clan Manalese, Vittorio (Jean Gabin) héberge Sartet dans l’appartement de son fils. Pas de bol, le Luigi en question est marié à une chaudasse, Jeanne (Irina Demick, la jolie résistante du Jour Le Plus Long). Jeanne s’habille trop court (enfin, selon Gabin ! Trop court, c’est quand on voit les genoux…), et Jeanne est fascinée par les bad boys. Quand c’est Delon, on la comprend ! Elle asticote donc notre Alain national, aligne sa poitrine opulente dans la ligne de mire de son gros pistolet (ATTENTION, METAPHORE !!!) jusqu’à ce que Delon siffle la fin de la plaisanterie : « Ça fait deux ans que je n’ai pas vu de femme, donc tu ferais mieux de partir ! » : ça, c’est un mec !

Deuxième boulette des siciliens : on charge Jeanne de convoyer le beau ténébreux à Menton, tandis que les fils Manalese préparent un casse en Italie. Comme le dit le proverbe portugais, c’est ce qui s’appelle mettre la bûche un peu trop près du feu… Et là, paf, LA Scène !

Imaginez Delon, tueur à gages qui s’ennuie à cent sous de l’heure au bord de la plage. Qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là, quand on est un tueur sans scrupules ? On va à la pêche ! Fringues impeccables, mais bottes en caoutchouc, Alain Delon tue le temps en tenant bien droite sa gaule dans la main (METAPHORE n° 2) Derrière, on aperçoit Jeanne qui se déshabille, version bronzage intégral : vue imparable sur le fessier de Madame (je rappelle qu’on est en 1969, et pas dans Hair mais dans un film sévèrement burné Delon-Gabin-Ventura)

Contrechamp : Delon vient de pêcher une anguille. Longue, noire et visqueuse, elle se tortille dans tous les sens (METAPHORE n°3). Champ : Jeanne replie langoureusement sa jambe. Contrechamp : Delon prend l’anguille et l’assomme, en la frappant violemment sur un rocher (METAPHORE n°4) puis rejoint Jeanne, l’anguille toute molle à la main.

– « Je n’ai jamais vu quelqu’un tuer une anguille comme ça… »
– « Alors c’est que vous n’avez rien vu !», réplique Delon, et il l’embrasse…

Pour ceux qui trouvent que j’exagère, l’extrait est là.

En dehorsde cette scène surréaliste, Le Clan des Siciliens est évidemment un très bon film, basé sur son trio d’acteur AAA (Delon-Gabin-Ventura). Mais c’est aussi un scénario béton (José Giovanni), et une mise en scène ambitieuse signée Verneuil, qui joue admirablement des silences et des non-dits, la musique d’Ennio Morricone venant rythmer le tout. Et surtout, il y a ce fatum qui semble flotter au-dessus des personnages ; la fin, à ce titre, est magnifique…

L’autre plaisir du film, c’est de retrouver ce monde disparu que sont les années 60. Un monde sans téléphone portable, où il faut demander à une opératrice de vous passer l’Italie. Un monde aussi, où on peut emmener des pistolets dans un avion de ligne sans se faire prendre, et où la police peut tabasser sans vergogne les types qu’elle interroge… Ah ça, existe toujours, ça ? Ah, pardon…




mardi 26 juillet 2011


The Box
posté par Professor Ludovico

J’ai honte.

Par fainéantise, je ne suis pas allé voir The Box en salle. The Box, oui, le film de Richard Kelly, Mr Donnie Darko himself.

A l’opposé de beaucoup de cinéastes aujourd’hui, Richard Kelly a confiance dans le cinéma. Mieux, il croit en notre capacité à rêver, il a confiance dans l’intelligence du spectateur. C’est pour cela que dans ses films, il laisse des trous partout : dans les dialogues, les situations. Et nous laisse, pauvre spectateur déjà au bord de l’apoplexie, trouver des réponses par nous-mêmes.

Car The Box fait peur, très peur même, de cette peur purement intellectuelle, cet effroi qui troue le cœur, au milieu d’une nouvelle de Lovecraft ou à la conclusion d’un épisode de La Quatrième Dimension, influence évidente de The Box. D’ailleurs, Richard Matheson, scénariste de certains épisodes de la série, mais aussi du Duel de Spielberg, de L’Homme qui rétrécit ou de Je suis une Légende, est l’auteur ici de la nouvelle-titre Button, Button qui sert de base au scénario de The Box.

Mais qu’y a-t-il dans cette fameuse boîte ? un bouton justement. Appuyez dessus, et vous toucherez un million de dollars… et quelqu’un que vous ne connaissez pas mourra, quelque part dans le monde… Vous avez 24h pour vous décider, demain, la boîte sera proposée à quelqu’un d’autre. Et à qui la propose-t-on, cette boite ? A un couple de Monsieur-tout-le-monde : Norma Lewis, prof de philo spécialiste de Jean-Paul Sartre (Cameron Diaz) et Arthur, son mari, ingénieur à la NASA (James Marsden). Evidemment, on peut donner toutes sortes de réponses à ce dilemme, en utilisant l’existentialisme (que faire de ma vie avec cette boîte ?) ou le retro-engineering (qu’est-ce qu’il y a dans cette boîte ?). A l’évidence, rien. La réponse et en nous. La réponse, c’est nous.

Quand on est un gentil petit couple qui vit au-dessus de ses moyens, peut-on résister à un million de dollars ? Sûrement pas. Ce qu’il adviendra d’eux, et à quoi sert The Box, c’est évidemment le sujet du film, mais pas son principal attrait.

Non, la force du film, c’est son univers, c’est son ambiance : nous sommes en 1976, la sonde Viking vient de se poser sur Mars, et Richard Kelly joue de cela, dans ce monde familier, mais étrange également, nappée d’une photo féérique et d’une musique délicieusement hitchcockienne. Un mélange de Mulholland Drive et de 2001. Tout à l’air normal, mais tout est bizarre : l’alignement des flûtes de champagne, le miroir du bar, la piscine du motel, le Père Noël…

On pourrait invoquer David Lynch, mais on voit tout de suite que Kelly a son propre univers. Qui est capable, sinon lui, de rendre plausible la présence d’un lapin géant et monstrueux dans Donnie Darko ? Sa production est rare (3 films : Donnie Darko, The Box et le maudit Southland Tales) : Richard Kelly est donc précieux.

On va donc chercher l’œuvre maudite… Et on s’efforcera de ne pas rater le prochain Kelly… En salles !




lundi 25 juillet 2011


Adieu Poulet
posté par Professor Ludovico

Suite à Coup de tête, j’avais enregistré Adieu Poulet, que j’ai regardé hier. Ça se mange sans faim, à vrai dire. C’est drôle, il y a de l’action, et surtout le duo Ventura/Dewaere, le premier passant la main au second. Le film, réalisé par Pierre Granier-Deferre, et écrit par Francis Veber, semble jouer à fond de ce choc des titans, le vieux contre le jeune, l’anar de droite contre l’anar de gauche. Film dans le film, le Commissaire Verjeat passe la main à son jeune adjoint Lefèvre, tout comme la vieille garde (Lino Ventura) semble passer la main à l’avant-garde (Dewaere), … malheureusement, il ne reste à Dewaere que sept ans à vivre…

Si les péripéties sont parfois peu vraisemblables, l’intrigue de fond tient la route ; c’est l’histoire de Lardatte, un jeune député carriériste (Victor Lanoux, dans l’un de ses meilleurs rôles) qui couvre un de ses nervis colleurs d’affiche. Portor (Claude Brosset, vu aussi dans OSS 117 : Le Caire, Nid d’Espions), a tué un flic. Malgré toutes les protections dont Lardatte semble faire l’objet, le Commissaire Verjeat (Lino Ventura) ne l’entend pas de cette oreille. Il veut la peau de Portor. Et malgré les conseils à la modération de son jeune adjoint Lefèvre (Dewaere), Verjeat finira par entraîner Lefèvre dans cet imbroglio politico-criminel.

Ce qui fait merveille ici, c’est que c’est un film d’acteurs ; Adieu Poulet ne serait pas du tout le même film avec deux autres comédiens. Dewaere et Ventura transpercent l’écran, tout comme les seconds rôles (Pierre Tornade, Julien Guiomar, Claude Rich …). Il était intéressant d’ailleurs de faire la comparaison en zappant sur Les Valseuses. Le film de Blier est une merveille de texte, portés par trois comédiens à fond la caisse (Dewaere, Depardieu, Miou-Miou), mais pas tenue par une intrigue serrée…

Dans Adieu Poulet, les acteurs portent le film. Et c’est l’histoire qui prime : nos deux petits poucets de la Maison Poulaga feront-ils tomber le politicien RPR, euh, pardon Parti Républicain Unifié, c’est la question…

Notre Commissaire bottera en touche, du 100% Lino : « Verjeat, il est à Montpellier ! »




jeudi 21 juillet 2011


Des Hommes et des Dieux
posté par Professor Ludovico

Pour une fois, on ne va pas faire vraiment la critique d’un film, mais plutôt celle de son succès, démesuré. Comme un peu Woody Allen, à qui on ne refuse pas le droit de faire des films, mais dont la Allenmania critique et populaire nous rend un peu sceptique.

Le film, parlons-en vite fait : des moines perdus dans la montagne algérienne, mais intégrés depuis toujours à la vie de leur village, voient la guerre chaque jour se rapprocher. D’un côté, le GIA a la mauvaise manie de trancher la gorge à tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux ; en face, l’armée algérienne, brutale et corrompue, qui use de toutes les ficelles pour se maintenir au pouvoir. Dilemme : rester ou partir ? C’est, parait-il le sujet du film. En deux mots, on s’ennuie ferme. Ça pourrait s’arrêter là, si le film n’avait pas connu le succès que l’on sait.

Car le film de Xavier Beauvois, bon, ben, voila, c’est un film… Ni plus, ni moins. Des beaux paysages (pas génialement filmés), des acteurs sous-employés, et des dialogues ras les pâquerettes…

Pourquoi ça marche, alors? D’abord sûrement part ce côté téléfilm, facile d’accès, « Tiberhine pour les Nuls ». Ensuite parce que le film ne prend pas partie (en apparence, voir ci-dessous)… Et ça, les français aiment bien : les journalistes objectifs, les politiciens plutôt au centre (même s’ils ne votent jamais pour eux), et donc les films bayroutistes, « au miyeu »… Ben oui, mais l’art c’est pas ça. Dieu (et le cinéma) vomit les tièdes, comme dirait l’autre…

Donc on ne saura rien des défauts de ces gentils moines, de leur passé, de leurs motivations monacales, et donc on se fiche un peu qu’on leur tranche la tête.

Quand aux ennemis, les barbus qui font peur mais qui respectent le petit Jésus, ou les militaires méchants qui ne respectent même pas leurs ennemis, vous voyez bien ce que j’en pense… le problème, c’est tout simplement que Xavier Beauvois, c’est quelqu’un qui n’a pas confiance dans le cinéma. Quand un personnage a peur, il ne sait pas filmer ça. Il lui écrit une ligne de dialogue « J’ai peur ». Si un type est méchant, il le filme en colère. Il ne sait pas qu’un plan, une grimace, un montage particulier pourrait rendre le même service, plus subtilement.

Alors, ce succès ? Dans une France qui se vante à chaque coin de rue qui se vante d’être anticlérical et athée (mais qui entretient la moindre chapelle de village), dans un pays qui se moque de l’Amérique bigote d’Armageddon, on a du mal à comprendre. Car volontairement ou non, Des Hommes et des Dieux est un film de propagande. Ou, pour le dire plus gentiment, une belle image d’Epinal. Les français aiment les images d’Epinal, et les américains aussi.

Dans la collection Catholicisme, il y avait déjà du choix « Inquisition« , « Croisades« , « Méchant Pape contre Gentils Cathares« , il y a ici « Le Bon Curé« . Le type doux, aimant son prochain, gentils avec les pauvres algériens, qui soignent et qui nourrissent : les médicaments, et le miel.

Que ce soit bien clair : je ne doute pas une seule seconde que cela corresponde aux véritables Moines de Tiberhine.

Mais disons que le film de Beauvois fait sonner une corde sensible, celle de notre mission civilisatrice en Algérie (critiquée d’ailleurs par un demi-méchant du film). Et voilà notre rêve d’Algérie, terminé pourtant depuis cinquante ans, qui resurgit : les blancs amenant médecine, agriculture, tolérance. Vivant parmi les arabes qui les aiment et les respectent. Et en face, les mêmes clichés, vivaces : depuis qu’on est partis, qu’ont-ils fait de ce merveilleux pays que nous avions aménagé, irrigué, cultivé ? Des barbus terrifiants, et le pouvoir algérien issu du FLN.

Encore une fois, rien n’est faux là-dedans. Mais il fallait pour Xavier Beauvois adopter la forme du documentaire, ou bien accepter la fiction, et s’y plonger, complètement.




samedi 16 juillet 2011


Comme les 5 Doigts de la Main
posté par Professor Ludovico

Scénario à tiroirs, polar mâtiné de tragédie familiale, humour et action, le tout porté par une mise en scène millimétrée et cinq comédiens incandescents au sommet de leur Art : et si Comme les 5 Doigts de la Main était le meilleur film français de l’année ?

Naan, j’déconne…

J’aime bien Arcady, qui a fait de bons films (Le Grand Pardon, L’Union Sacrée), j’aime bien Bruel, à qui il arrive d’être excellent (PROFS, Toutes Peines Confondues, Profil Bas, Le Code a Changé), mais là, c’est pas possible !

Comme les 5 Doigts de la Main ne fait que rêver de la chronique ci-dessus. Cette chronique, c’est le film qu’il voudrait être au plus profond de lui-même, mais le film d’Arcady n’est qu’un vilain petit nanar.

Le pitch déjà, vaut son pesant de houmous : quatre frères fêtent Kippour à Paris avec maman (Françoise Fabian, formidable en mère juive qui s’évanouit toutes les trente secondes, parce que le couscous est trop sec, ou parce que son fils a une balle dans le bide) ; en parallèle, un cinquième et mystérieux personnage est en cavale à Marseille, avec un sac de sports sur le dos, un sac rempli de billets.

On portera au crédit de Comme les 5 Doigts de la Main cette première demi-heure, qui amène l’histoire et les personnages par touches impressionnistes ; c’est bien fait, on veut en savoir plus.

C’est après que ça se gâte, parce que les personnages sont caricaturaux, injouables, et donc mal joués. Jugez plutôt : Dan Hayoun (Patrick Bruel) est le bon fils qui a réussi, avec son restaurant italien de luxe. Mais c’est aussi… un ancien sniper… Hmm… Hmmm… C’est aussi un mari terriblement jaloux, qui arrange les coups avec son petit sourire en coin, copyright Patriiiiiick!!! 1989.

Jonathan Hayoun (Pascal Elbé), est pharmacien, c’est l’extrémiste religieux de la famille. Il se balade jamais sans kippa, il a même des rechanges dans sa poche (sic).

Julien Hayoun (Éric Caravaca) est le petit dernier, il a pas réussi, il est prof (resic), dans un lycée de banlieue (reresic) plein d’arabes (rereresic).

Quant à Michael (Mathieu Delarive), cherry on the cheesecake, c’est le flambeur de la bande : il joue… kolossal ironie, au poker ! dans un cercle de jeu sponsorisée par Winamax* (sic au carré)… Et le personnage de Patrick Bruel l’enjoint… à jouer moins… (sic x 10 puissance 56)

Je vous passe l’heure qui suit : en gros, ça tourne à un bon Chuck Norris : « Cette fois-ci, c’est personnel !!! ». On découvre que le cinquième personnage n’est autre que David Hayoun (Vincent Elbaz, décidément pas fait pour la tragédie), le Hayoun qui a vraiment mal tourné : braqueur, il a balancé un gangster gitan qui est désormais à sa poursuite, vu qu’il est parti avec le butin. La boulette !

Bruel et ses frangins affronteront donc le gang de gitans (séquence culte avec pharmacien hassidim, M-16 à la main), on révélera que le frangin en cavale avait un bon fond, un secret familial sera révélé, et la famille enfin réunie dans les calanques, façon Château de Ma Mère vs Citizen Kane

Car à l’image du Rosebud final, le film d’Arcady ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît. Arcady a toujours été comme ça, plongé dans sa fascination du cinéma US, à vouloir faire son Parrain, ou son Arme Fatale. Mais ici, c’est Miss Catastrophe que tu fais, mon petit Alexandre : vannes foireuses, et humour juif au milieu d’une scène dramatique (Bruel qui lance à Elbaz en sang, une balle dans le bide : « Et tu oses nous faire ça le jour de kippour ?

On passera, parce qu’on est gentil, sur les sous-entendus racistes du film (les arabes sont bonniches, élèves de banlieue, flics, ou barbus islamistes, mais bon on peut s’entendre, parce que ça nous rappelle l’Algérie, hein !) Par contre, les gitans, ça rigole pas : ce sont des gangsters sanguinaires, sadiques et déloyaux.

Moment culte du film, façon Les Nuls-Hassan Cehef : Bruel et les frangins vont acheter des armes dans une cité. Le trafic d’armes est évidemment tenu par des islamistes (ils sont barbus, et vêtus de blanc (la tenue de camouflage habituelle d’Al-Qaeda). Bruel commence à faire son marché. A chaque fois que les Hayoun achètent une kalachnikov, on croirait entendre le vendeur, fanatique mais serviable, lui répond « C’est possible ! »

Vous l’aurez compris, il ne faut rater sous aucun prétexte Comme les 5 Doigts de la Main. Le film est parfait pour une soirée DVD, à déguster entre amis, avec une bonne bière et des pizzas et, superbonus ! En version française !!

Allez, une petite dernière pour la route ? « Si 6 milliards de gens ont pas réussi à retrouver Ben Laden, je vois pas comment trois flics pourraient retrouver David Ayoun !! »

NB Spéciale dédicace à Michel Vaillant qui nous avait chaudement recommandé Comme les 5 Doigts de la Main (au troisième degré) lors d’une AG CineFast.

*Pour ceux qui ne s’intéressent pas Texas Hold Em, Winamax est le plus gros site de poker français et appartient notamment à Patrick Bruel




lundi 11 juillet 2011


Girlfriend experience
posté par Professor Ludovico

William Burroughs, inventant le cut-up, voulait faire effectuer à la littérature un « bond en avant narratif identique à celui du cinéma ». Coupant littéralement des journaux en quatre, puis réservant le même traitement à des pièces de Shakespeaere, les collant ensuite aléatoirement bord à bord, ce qui peut donner des phrases du type « être ou ne pas être suivi par les recommandations de l’autorité de régulation, Orioles battent quelque chose de pourri au royaume du Danemark »…., recopiant ensuite le tout, recoupant jusqu’à trouver – finalement – la perle rare : « festin nu », « heavy metal », « blade runner », voilà quelques trouvailles du vieux Bill.

Si Burroughs a eut une influence considérable, on ne peut pas dire que la méthode du cut up se soit imposée. Mais son influence est là, souterraine, comme on peut l’imaginer dans Girlfriend Experience, un film de Soderbergh de 2009, où l’on suit par petits morceaux la vie d’une escort girl new yorkaise (l’ex pornstar Sasha Grey, magnifique) et un prof de gym (Chris Santos).

Une girlfriend experience, c’est quoi ? C’est à ces petites choses que l’on voit l’utilité de Wikipedia : c’est quand une escort girl accepte de faire plus que la petite prestation habituelle, c’est à dire qu’elle ne pose pas de limite de temps, et qu’elle s’implique émotionnellement, acceptant, notamment, d’être embrassée…

Girlfriend Experience, le film, c’est l’incarnation de l’adage Hollywoodien : « One for them, One for me » ; j’accepte de me prostituer sur vos gros blockbusters, si vous me laissez faire un film d’auteur. Un truc où Soderbergh est passé maître : Hors d’atteinte ramène plein de thunes, laissez-moi faire L’Anglais, avec Erin Brockovitch laissez-moi faire Traffic, et avec Ocean Eleven, je ferais Full Frontal, ou Solaris.

Tourné pour seulement 1,3M$, avec ces nouvelles caméras Red One (dont il faudra qu’on parle un de ces jours), Girlfriend Experience fait parler de ces films expérimentaux, mais très léchés, qui rendent Soderbergh éminemment sympathique. Voilà un gars qui ne réussit pas tout, mais au moins qui essaie.

Ici, nous sommes dans le vague : quel est le message, sinon le désarroi urbain ? Tourne en pleine élection d’Obama, on suit tour à tour l’escort et son copain prof de gym, et les relier l’un à l’autre prend déjà un certain temps… S’ensuit un vague message sur la marchandisation du monde, du corps des hommes et des femmes, mais ça reste superficiel, vu la technique cut up de l’ensemble.

Mais on s’attarde avec plaisir sur ces visages parfaits, filmés dans de beaux appartements, de luxueux restaurants, qui ânonnent néanmoins des conversations banales et inintéressantes… ce qui en dit plus sur l’Amérique d’aujourd’hui que pléthore de films… Soderbergh prouve qu’on peut raconter une histoire en l’explosant en bouts minuscules…

On y retrouve aussi les préoccupations de Soderbergh, depuis le premier jour, c’est à dire le Sexe, les mensonges et la vidéo. Sacha n’est que la énième itération des frustrations sexuelles de Soderbergh, et on peut se demander si le marchand de bagels de la scène finale, qui a tant besoin d’être embrassé, n’est pas le réalisateur lui-même…




lundi 4 juillet 2011


When You’re Strange
posté par Professor Ludovico

Je ne sais plus comment ça a commencé, mais je pense que c’est à la sortie d’une projection d’Apocalypse Now dans le Quartier Latin, vers 85-86, que je me suis intéressé pour la première fois aux Doors. Je voulais savoir qui signait ce magnifique Intro/Outro de l’opéra coppolien. A cette époque, le Professore faisait la plonge* dans un restaurant du XVIIème arrondissement de Paris, et le fils de la cuisinière lui enregistra gentiment sur cassette** The Doors et Strange Days, les deux premiers albums du groupe californien.

Choc terrible : subtilité des textes, envoûtement de la musique, rien ne sonnait comme les Doors. J’avalais ensuite goulûment Personne Ne Sortira d’Ici Vivant, la magnifique bio de Jerry Hopkins et Daniel Sugerman,et puis vint, en 1991, l’odieux biopic de Oliver Stone, The Doors*** qui propulsa, sur la base de son film-compile, les copains de Jim sur NRJ en boucle sur NRJ. En bon intello snobinard, le Professore arrêta les Doors.

Hasard du calendrier****, je me rattrape hier (car je l’avais raté en salles), le docu de Tom DiCillo. DiCillo, c’est le magnifique réalisateur de Ca Tourne à Manhattan, et de Box of Moonlight, un peu perdu de vue dans ses films récents (Une vraie Blonde, Delirious). On ne le savait pas fan des Doors, on le découvre.

Sur la seule base de documents filmés (il y en a plein), en ajoutant simplement la musique et en sous-titrant les paroles, DiCillo fait sens. Il raconte basiquement l’histoire des Doors, comme n’importe quel docu, mais montre ce qu’on peut faire quand on a quelques idées et qu’on s’intéresse un peu au montage (qui, rappelons-le, n’est pas ce qui coûte le plus cher dans un film).

Le doc est donc magnifique, passionnant, sans apporter pour autant aucun scoop, et sans donner dans aucune théorie conspirationniste (dans une histoire qui n’en manque pourtant pas)…

Bref, que vous aimiez ou pas cette musique, ruez vous : il vient de ressortir en salle pour l’été. Et comme chacun sait, summer’s almost gone…

* Eh oui, comme tout acteur Hollywood de son calibre, le Professore a commencé en faisant la plonge
** Il n’y avait pas de piratage à l’époque, on respectait trop les artistes : on copiait juste leurs albums
*** Une nouvelle preuve de la malédiction des biopic, et encore plus des biopic rock : impossible d’ajouter de la légende à la légende.
**** Hasard du calendrier, car c’était hier le 40ème anniversaire de la mort de Morrison à Paris, dûment célébré au Père Lachaise comme il se doit.




lundi 13 juin 2011


Valhalla Rising (Le Guerrier Silencieux)
posté par Professor Ludovico

Malgré le Théorème de Rabillon, on ne peut pas tout voir. Pour preuve, Valhalla Rising. Un film qui a tout pour plaire au CineFaster : une histoire de vikings pré-chrétiens, une réputation sulfureuse (et inédite) de gore réaliste, une hype insensée de film d’esthète : Conan The Barbarian meets 2001.

Mais voilà, pas le temps, pas l’énergie, pas les copains pour y aller. Quand ça passe sur Canal, on stocke et on regarde.

On classera Valhalla Rising dans une petite boîte très pratique : les films courts. En 1h30, le guerrier silencieux s’arrête pile où il faut, parce que plus loin, ça pourrait gaver. Pas de dialogue, des images sublimes, mais hiératiques, une musique noisy parfaite mais forcément répétitive : le génie de Valhalla Rising est de s’arrêter à temps.

Porté de bout en bout par le mutique Mads Mikkelsen – le premier méchant de la nouvelle série des James Bond – Valhalla Rising déroule son programme : paysages splendides, violences chrétiennes contre violences païennes, réalisme sordide, à l’exact opposé des bons sauvages sauce Malick.

Valhalla Rising a tout pour plaire.




lundi 9 mai 2011


Le Jour le Plus Long
posté par Professor Ludovico

Enfant, j’ai trois souvenirs de cinéma : le premier, c’est Les Aventures de Bernard et Bianca, en salle – à Paris ! – avec mon parrain et ma marraine. Ensuite c’est Cléopâtre, à la télé, alors que j’étais censé être couché. Et ensuite, c’est les films de guerre, avec papa, au cinéma de Dourdan.

Probablement qu’il ne se forçait pas trop pour y aller, mais il n’en demeure pas moins qu’il m’a emmené en voir beaucoup : Le Pont de la Rivière Kwai, Les Canons de Navaronne, et Le Jour le Plus Long. C’est à mon tour, maintenant, de montrer le film de Daryl Zanuck, au Professorino. Je ne me force pas trop non plus.

Avouons-le, Le Jour le Plus Long est un film nul. Ce qui passe dans le livre (une suite d’anecdotes tour à tour croustillantes ou émouvantes) ne passe pas du tout en film. Pas de début, pas d’enjeux, pas de fin. Juste un défilé insupportable de cabotinages anglo-américano-franco-allemands.

Et surtout, une belle dose de propagande yankee.

Dans le film, les allemands sont bêtes, disciplinés, et antinazis évidemment (Guerre Froide oblige, il faut se réconcilier avec l’ennemi d’hier, qui gardent maintenant le Rideau de Fer). Les allemands n’ont pas prévu le débarquement, les allemands sont mal organisés, les allemands ne veulent pas réveiller le Führer.

Rien n’est moins vrai, bien sûr. On sait aujourd’hui que les allemands se doutaient d’un possible débarquement en Normandie, mais qu’ils n’y ont pas cru le 6 juin, et que leur objectif principal était de rejeter les alliés à la mer, ce qu’ils ont failli faire. Car contrairement à la légende propagée par les films américains des années 60, les allemands se sont battus avec courage et acharnement. Pendant tout le mois de juin dans le bocage, ils ont infligé de lourdes pertes aux anglais et aux américains, et désorganisant gravement le ravitaillement allié.

Ça, évidemment, Le Jour le Plus Long n’en parle pas, tant il se concentre sur l’enfilage de perles, c’est à dire les actions héroïques isolées. Ainsi les français (Bourvil, Jean-Louis Barrault, George Wilson) sont résistants et concons, les anglais, courageux mais un peu coincés, les écossais têtes brûlées, les portugais sont gais, les espagnols sont gnols…. et les américains… courageux et cools. On mâche du chewing gum, on balance des vannes (John Wayne, Mitchum), et surtout : on n’attache pas son casque !! Sommet de la coolitude ! Si j’ai appris quelque chose dans les cinquante semaines que j’ai passé dans cette vénérable institution qu’est l’armée francaise, c’est qu’on attache son PUTTTTAAIN de casque !

Moralité, le gratin d’Hollywood passe trois heures à mettre son casque, enlever son casque, ramasser son casque, remettre son casque… Rires garantis…

Passez donc votre chemin, même si, comme moi, la nostalgie vous y a poussé.




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