[ Les films ]



lundi 23 avril 2018


Jusqu’à la garde
posté par Professor Ludovico

Le cerveau du Cinefaster est son propre ennemi. Après avoir admiré en 2012 le court-métrage de Xavier Legrand, Avant que de tout Perdre, on s’est abstenu de lire un quelconque commentaire avant de se délecter de son premier long métrage Jusqu’à la Garde.

Mais quelque part, on a dû saisir un indice qui laissait entendre une autre fin que celle du film. Le mot « ambigu » flottait dans l’air. Et donc pendant toute la projection, le cerveau se délectait de cette « ambiguïté », et la cherchait partout, même là où il n’y en avait pas. Tirer des fils ; regrouper des indices qui mèneraient à cette fin « ambiguë », évidemment cela pollue considérablement l’appréciation du film, surtout qu’à la fin, on ne trouve pas « l’autre fin ».

On vous laissera donc la découvrir vous-même car les qualités du film sont indéniables. Autour de ce qui se faisait déjà le sujet de son court-métrage (à savoir les violences familiales, et dont on n’avait pas compris qu’il était évidemment le prequel de Jusqu’à la garde), Xavier Legrand tisse le réseau de la maltraitance psychologique. Ça commence chez le juge, ça se poursuit sur les parents, les enfants, et les grands-parents. Où cette histoire nous mènera ? On ne fera pas la même erreur : vous raconter quelque chose qui pourrait vous intriguer. Puissamment écrit et interprété, il monte jusqu’à son apex avec un moteur de V8. Voilà du bon cinéma français…




samedi 21 avril 2018


Retour vers le futur, le livre
posté par Professor Ludovico

Dans cette collection du British Film Institute, nous avions déjà une monographie sur Alien qui était très bien, une étude sur Shining ,achetée mais non lue, mais celui-ci, signé d’Andrew Shail et Robin Soate est très mauvais, malgré sa jolie couverture DeLorean.

Mal traduit – le nom du tracteur n’apparait même pas – le livre fait trois contresens majeurs : Retour vers le Futur serait l’apologie toute reaganienne des magnifiques Fifties, le parangon de l’anti-féminisme, et la promotion (sic) du nucléaire.

CineFast vous prouvera tout le contraire prochainement. La meilleure adaptation de Sophocle par la bande à Spielberg vaut mieux que ça.




lundi 16 avril 2018


RIP R. Lee Ermey
posté par Professor Ludovico

« If you ladies leave my island, if you survive recruit training, you will be a weapon. You will be a minister of death praying for war. But until that day you are pukes. You are the lowest form of life on Earth. You are not even human fucking beings. You are nothing but unorganized grabastic pieces of amphibian shit! Because I am hard, you will not like me. But the more you hate me, the more you will learn. I am hard but I am fair. There is no racial bigotry here. I do not look down on niggers, kikes, wops or greasers. Here you are all equally worthless. And my orders are to weed out all non-hackers who do not pack the gear to serve in my beloved Corps. Do you maggots understand that? »

Le Sergent instructeur Hartmann est au paradis des Marines, maintenant, parce que Dieu bande pour les Marines, tout simplement : « He plays His games, we play ours! To show our appreciation for so much power, we keep heaven packed with fresh souls! »




mardi 3 avril 2018


Ready Player One
posté par Professor Ludovico

Steven Spielberg déclarait autrefois que pour juger de la qualité d’un film, il fallait pouvoir le regarder en entier sans le son. C’est à dire sans dialogue pour en dévoiler l’intrigue, et sans musique pour y indiquer les émotions à ressentir. Il serait intéressant de passer Ready Player One à l’aune de ce filtre-là : il est clair que le dernier opus Spielbergien retournerait à la table de montage, voire au stade précoce du développement.

Car Ready Player One est totalement incompréhensible. Cette avalanche de poursuites, bagarres, et fusillades virtuelles sur fond d’épopée technico-fantastique (« Retrouvez les 3 clefs, LA SURVIE DE L’OASIS EN DEPEND !!! ») n’est que le clone 2010 (boostée aux amphétamines CGI-3D) de Tron, premier du nom : des gamers s’introduisent dans la matrice pour affronter un grand méchant capitaliste dirigeant la grande méchante Corporation. Mais le film maudit de Disney avait l’avantage de la nouveauté, et celui d’engendrer un immense sentiment poétique*. Poésie dont est totalement dépourvu le Spielberg, entièrement perdu à son rythme frénétique insoutenable.

Car même si le talent du « Spielberg de l’enfance » (E.T., I.A., Hook) transparait parfois (dans le regard des personnages 3D plus que dans les acteurs, d’ailleurs) il n’est pas suffisant pour insuffler des émotions à ses personnages, leurs enjeux étant inexistants. Pourquoi ces enfants se battent-ils dans une lutte à la vie, à la mort ? Pour gagner une partie d’un immense jeu vidéo qui leur permettra d’hériter d’une entreprise qui vaut des milliards de dollars… Quel sorte d’enjeux spielbergien est-ce là ? Quelle sorte de morale ? Le film hésite en permanence entre un futur dystopique à la Minority report où le jeu vidéo est devenu le nouvel opium du peuple, et une éloge-hommage du gaming, sa culture, et ses geeks. A la fin, on conclut mi-chèvre mi-chou que le jeu vidéo c’est vraiment bien, mais pas le mardi et le jeudi, où l’on devra se déconnecter, car « la réalité, c’est le seul endroit où les choses sont (SIC)… réelles**… »

Ready Player One est donc triplement incompréhensible. On ne comprend pas l’intrigue, on ne comprend pas la morale de cette histoire, mais surtout, on ne comprend pas le projet : à qui s’adresse ce film ? Soit c’est l’adaptation d’une œuvre de littérature adolescente et dans ce cas, à quoi servent les références, pour la plupart inaudibles, aux années 80*** ? Soit c’est l’hommage à cette culture pop des quadras/quinquas, à laquelle Spielberg a tant participé et tant bénéficié, et dans ce cas, pourquoi autant de simplicité, pour ne pas dire de bêtise ?

* Notamment grâce à une fabuleuse direction artistique, qui manque totalement ici, vu que ce n’est que l’empilement des tous les jeux vidéos (et de leur direction artistique afférente) depuis trente ans
** « Because reality is real »
** On voit ce que peuvent en faire les frères Duffer, les nouveaux Spielberg de Stranger Things




lundi 26 mars 2018


Mute
posté par Professor Ludovico

Il y aurait plein de choses méchantes à dire sur Mute, ce Blade Runner du pauvre. On n’a pas trop envie, parce qu’on avait bien aimé Moon et Source Code puis que Duncan Jones, c’est quand même le fils de David Bowie.

Mais bon, copier Blade Runner à ce point pour n’en rien faire, était-ce bien nécessaire ? Piquer des sous à Netflix, refiler un scénario de jeunesse, pourquoi pas, mais si Duncan Jones semble avoir un vrai amour de la SF, il ne peut pas bousiller le genre comme ça.

La Science-Fiction part d’une ambiguïté congénitale ; est-elle, comme on le comprend en français, une extrapolation futuriste de la science actuelle, une format Black Mirror ? Ou comme on le prononce en anglais, une fiction située dans un background scientifique ? Mute n’est ni l’un ni l’autre*.

Projeté artificiellement dans une Europe fascisto-communiste d’un proche futur, cette enquête improbable d’un serveur muet (Alexander Skarsgård) pour sa chérie aux cheveux bleus (Seyneb Saleh) n’a rien de futuriste, rien de scientifique, rien de fantastique. Aucun des postulats émis par le décor (la dictature communiste, la guerre américaine perdue en Afghanistan, les drones qui servent des pizzas) ne vient influer l’intrigue. Tout le contraire de son illustre modèle, qui sur à peu près la même trame (une chasse à l’homme, des ennemis) en profite pour poser les questions vertigineuses que l’on sait sur l’impact des biotechnologies…

Ici, c’est une simple course poursuite, un décor d’opérette, des américains pédophiles et des citations en veux-tu en voilà**

Une fois de plus, le décor sert à cacher la faiblesse de l’argument initial, sans parler du scénario.

Et un premier constat, les films Netflix semblent moins réussis que les séries Netflix : un Mute raté, un Cloverfield Paradox marrant mais sans plus, et un Annihilation à voir.

On y va et on revient vous dire.

*Le projet initial, d’ailleurs, se passait de nos jours.
** La Low symphony de papa, la BD Blue de Joël Houssin, le Blade Runner de Ridley.




lundi 26 mars 2018


Grave
posté par Professor Ludovico

Il existe encore des croyants dans le cinéma ; Julia Ducournau, réalisatrice de Grave, en fait partie. Et elle pose la question à laquelle bien peu savent répondre : comment rester un artiste tout en faisant un film de genre, malgré ses codes et ses clichés ? Bien peu ont su répondre correctement à cette question (le Kubrick de Shining, le Jonathan Glazer d’Under the Skin…). On le voit, la barre est haute.

Grave se présente comme une chronique naturaliste : l’entrée d’une jeune élève en école vétérinaire, avec son bizutage afférent.

Mais subrepticement, quelques indices montrent que le fantastique n’est pas loin… Ou pas. La future vétérinaire est végétarienne… comme toute la famille : père, mère, et grande sœur. Celle-ci est déjà à la fac. Si elle aide d’abord «la petite », elle se met ensuite à la bizuter méchamment.

On le voit, on entre progressivement sur des terrains sombres et troublants, où se mélange veganisme et bestialité, sexe et enjeux de pouvoir… On n’en dira pas plus car le plaisir est dans l’exploration de ces continents inconnus. C’est, de plus, formidablement bien filmé et bien joué.

Mais vous êtes encore devant CineFast ? Qu’est-ce que vous attendez ?




dimanche 25 mars 2018


Moi, Tonya
posté par Professor Ludovico

L’image d’Épinal, c’est l’état final du biopic. Comme les tablettes de chocolat Meunier, et ses cartes à collectionner (Saint Louis rendant la justice sous son chêne, Roland à Roncevaux, Napoléon et le Soleil d’Austerlitz…), le biopic procède de même : narrer, via des clichés, l’Histoire. Illustration avec Moi Tonya, une histoire passionnément émotionnelle transformée en image d’Epinal par la malédiction du biopic.

L’histoire est belle, pourtant : le vilain petit canard white trash du patinage artistique (Tonya Harding) ne peut lutter contre la jolie princesse des cœurs Nancy Kerrigan, malgré le travail, malgré le talent. Tonya est musclée et vulgaire, elle ne sait pas s’habiller, sa mère fume sur la patinoire. Pendant ce temps, Nancy et les autres font des ronds de jambes bien galbées au jury. Devant tant d’injustice, son entourage (mari, ami du mari, connaissances de l’ami du mari, soit une belle bande de bras cassés) décide de lui casser non pas les bras, mais lesdites jambes galbées d’un bon coup de marteau.

Tonya est-elle coupable ? Le savait-elle ? L’a-t-elle commandité ? En tant que spectateur, en fait, on s’en fout*. On voudrait plutôt savoir ce que c’est d’être le vilain petit canard. Parce que de toute éternité, les histoires (conte, chanson de geste, théâtre, opéra, cinéma) servent à ça : nous faire ressentir ce que les autres humains ressentent. Compatir ou s’indigner.

Mais un biopic ce n’est pas ça, c’est juste une collection des grands moments de la vie de Sainte Tonya (Tonya enfant et sa méchante maman, Tonya ado rebelle, Tonya à Albertville, Tonya et son couple dysfonctionnel…) Malgré l’agrégation d’immenses talents devant la caméra (Margot Robbie, Allison Janney) et derrière (c’est si bien filmé que ça donnerait envie de s’intéresser au patinage artistique), aucune émotion n’en sort.

Pendant deux heures, on ne ressent aucune empathie pour ce personnage, pourtant éminemment sympathique (cf. images d’Epinal ci-dessus). Pourquoi alors, à la fin, l’émotion vient ? Parce que la caméra se pose, sort de sa pseudo bonne idée de reconstituer image par image les interviews vidéo d’époque** et laisse enfin aux acteurs un peu de temps pour montrer leur désarroi : Tonya ne pourra plus jamais patiner ; elle qui détestait ça se retrouve soudain sans raison de vivre.

Et là, l’émotion est prenante ; mais c’est trop tard.

* On peut se passionner par ailleurs pour l’affaire, ce qui était le cas du Professore en 1994.
**avec preuves à l’appui post générique




samedi 17 février 2018


La roue tourne (Wonder Wheel)
posté par Professor Ludovico

Depuis cinquante ans, la critique française est emplie d’admiration pour Woody Allen. Chaque année, on salue le dernier chef-d’œuvre du maître.

Certes, depuis quelques années, avec le renouvellement de la critique, on s’est progressivement mis à questionner la Grande Œuvre. Et on découvre que tous les Woody Allen n’étaient pas bons. Normal que le réalisateur de 54 films n’ait pas fait des grands films… Dans le même temps, des faits dans la vie privée ont commencé à écorner la statue, notamment quant fut révélé sa relation avec Soon-Yi, la fille de Mia Farrow.

Mais voilà l’affaire Weinstein et forcément, le retour des vieilles polémiques. Le gratin de Hollywood, jamais à l’abri d’une hypocrisie*, le lâchent tout aussi brutalement qu’ils se ruaient auparavant pour être dans « le dernier chef d’œuvre de Woody Allen », en renonçant à leur cachet. Babylone vit depuis toujours de ce mouvement de va-et-vient, le scandale et la pudibonderie, l’un relançant l’autre sur la balançoire du business.

Libération, pas le dernier à avoir encensé le new-yorkais, se lâche dans sa chronique de Wonder Wheel*. Mais c’est une phrase en particulier qui a attiré l’attention du CineFaster « son cinéma semble se resynchroniser à sa manière étrange avec le présent ». Etrange. CineFast a toujours considéré que c’était l’âme du réalisateur (Woody Allen ou Michael Bay) qui s’imprimait sur la pellicule. Mais c’est comme si, tout à coup, la critique qui a supporté le cinéaste new-yorkais avait décidé d’oublier son âme (et donc son œuvre) pour le lâcher en rase campagne. Soudainement, Woody Allen est devenu infréquentable.

Pourtant les rumeurs sur lui sont connues depuis longtemps. Et il suffit de voir ses films pour comprendre que c’est un obsédé sexuel, comme bien d’autres.

Mais voilà, les gens sont ce qu’ils sont, « ingrats, changeants, simulateurs et dissimulateurs, fuyards devant les périls et avides de gains. Tant que tu fais leur bien, ils sont tout à toi, ils t’offrent leur sang, leur vie, leurs enfants […,] mais dès que le besoin s’approche, ils se détournent… »

Citation de Machiavel, critique cinéma des Médicis.

* Notamment notre chouchoute décevante Greta Gerwig, affirmant : « Si j’avais su ce que je sais maintenant, je n’aurais pas joué dans le film. Je n’ai plus travaillé pour lui depuis et je ne travaillerai plus pour lui ». Ma chérie, il faut lire autre chose que Variety…
** « Il y a longtemps que le cinéma de Woody Allen assume son propre déphasage : excepté lors d’escapades en des destinations européennes de carte postale (Match Point, Vicky Cristina Barcelona ou Midnight in Paris), plus propices à la revitalisation de ses obsessions, le cinéaste n’a guère dévié, au fil des décennies, de son système ronronnant. Et peu importe que rien n’y varie ou ne s’y actualise depuis une éternité des situations qu’il dépeint, des personnages qu’il y fait s’agiter ou de la vivacité oratoire qu’il leur prête, perlée de gags mécaniques et de références aux livres de chevet de l’intello new-yorkais des Trente Glorieuses, puisque cette petite musique jouée avec l’expressivité d’un piano mécanique continue de bercer un public fervent, quand bien même plus grand-chose n’y ferait signe au monde qui la réceptionne. Etrangement, c’est alors même que le faisceau d’ambiguïtés et de controverses dont il fait l’objet depuis plus de vingt-cinq ans le rattrape que son cinéma semble se resynchroniser à sa manière étrange avec le présent. »




samedi 17 février 2018


Eve
posté par Professor Ludovico

All about Eve fait partie des chefs d’œuvre de Mankiewicz, non sans raison. La fin, avec ses dénouements imbriqués (le film n’est qu’un immense flash-back de deux heures), le scénario machiavélique qui y mène, le tout est une merveille d’horlogerie cinématographique.

Oui, à la fin, on saura tout d’Eve, qui est-elle, d’où vient-t-elle quelle réelles motivations la poussent… Mais surtout, All About Eve aura offert une étude glaciale des caractères humains, de la comédie qui s’y déroule, sur scène et hors scène, puisqu’on est au théâtre et que, bien sûr, there is no business like showbusiness…

Et on se dit que cette Eve doit avoir inspiré bien des cinéastes. Tiens, au hasard, Asghar Farhadi. On a beau être dans les années 50 à New York, les similitudes sont nombreuses. Les personnages d’Elly ou ceux d’Eve sont enfermés dans les carcans de leur système de valeurs, coincés dans leurs petites magouilles, obsédés par les mêmes choses, et tout aussi incapables de s’en sortir, malgré le désastre qui point.

Eve Harrigton (Anne Baxter) va recevoir un prix pour son interprétation théâtrale. On sait donc déjà comment cette histoire se termine, mais qui est cette Ève ? D’où vient-elle ? Le flashback commence, dans une ruelle de Broadway, près de la sortie des artistes : la gamine, passionnée de théâtre, qui vient tous les jours voir la même pièce jouée par la grande dame du théâtre Margo Channing (Bette Davis, qui semble se jouer elle-même) va-t-elle pouvoir enfin rencontrer son idole ?

On est déjà, finalement, dans l’affaire Weinstein, pour la bonne raison qu’on y a toujours été : comment accède-t-on aux marches du pouvoir ? Comment grimpe-t-on en haut de l’affiche ? Comment y reste-t-on ? Le prix sexuel à payer, pour les femmes comme pour les hommes, est toujours le même. Bette Davis en cougar de quarante ans cherchant désespérément à garder son homme de trente ans, est incroyable dans cette partition-là. Mais tous les autres personnages le sont aussi ; ceux qui cherchent une compagne, ou veulent garder leur mari, ou leur situation, ou les deux…

Le propos de Mankiewicz est implacable, et il n’est pas atténué par le monde corseté de l’après-guerre. Malgré la bienséance très british de ce petit monde du théâtre, chacun usera de toutes les armes possibles ; acteurs, scénaristes, critiques, hommes et femmes, jeunes et vieux, personnes n’échappera au microscope Mankiewiczien

Chacun sombrera, même la plus gentille des femmes. Et tel Ouroboros, le serpent qui se mord la queue, l’histoire se préparera immédiatement à recommencer…




dimanche 11 février 2018


L’insulte
posté par Professor Ludovico

L’intention est louable, mais les bonnes intentions ne font pas forcément les bons films. Ici, on veut démontrer – sous la forme d’une fable – qu’une petite insulte peut dégénérer en guerre civile, ou même, que la guerre civile qui ravagea le Liban explique le caractère irréconciliable de la situation des palestiniens, des juifs et des arabes dans ce pays. Il y a là toute la matière pour une tragédie ou une comédie.

Mais si L’insulte atteint bien ses objectifs-là, ce n’est pas un film. C’est un devoir pédagogique, qui fait irrémédiablement penser… à un film français*. Pas assez de personnages, trop de dialogue, pas assez de cinéma. C’est ultra pédagogique, mais peu subtil. Le film oscille parfois vers la comédie, avec des situations absurdes et irréalistes (le président libanais essayant de résoudre lui-même le conflit de voisinage) mais revient vers le tragique (les révélations sur le passé des protagonistes). Le réalisateur ne semble pas savoir vraiment le film qu’il veut faire ou le fait mal (l’accident du livreur, qui arrive trop rapidement).

Et comme les films français, on essaie de générer artificiellement de l’émotion via un personnage neutre : par exemple, l’entrepreneur arabe, la femme du garagiste ou la femme juge, qui vous disent régulièrement ce qu’il faut penser.

Dommage. Car le propos, lui, n’est pas commun…

*L’insulte est un film franco-libanais




décembre 2025
L M M J V S D
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293031