[ Les gens ]



dimanche 17 janvier 2010


Battlestar Galactica, Saison 2
posté par Professor Ludovico

La série redux n’en finit pas d’étonner : on ne cesse de s’en plaindre : décor, photo, dialogue, réalisation cheap, mais tous les soirs, avant de se coucher, on en reprend une petite. Il n’y a pourtant pas de révélation attendue à la Lost, ou d’attachement sentimental aux personnages (Dr House), ou de rebondissements incroyables (24). L’ensemble est décousu (hier c’était enquête policière, avant-hier combats spatiaux dans l’éther profond, et avant-avant hier badinages avec les cylons… Va comprendre, Charles !

Il n’y a même pas de cohérence d’ensemble ; un jour c’est pénurie, le lendemain, plus de problème ! Tout juste si les personnages sont légèrement affectés par leurs maladies (car BGG, c’est un peu Urgences dans l’espace) : une petite opération à cœur ouvert, un petit cancer, et ça repart !

Pourtant, comme dans le hood de Baltimore, on reste accro aux petites pilules rouges du dealer galactique Ronald Moore.

De là à penser que la sublime Tricia Helfer ne serait qu’une illusion…




lundi 11 janvier 2010


Eric Rohmer is in heaven now
posté par Professor Ludovico

Bon, on va pas pleurer des larmes de crocodile pour l’antithèse même du cinéma CineFast : Eric Rohmer est mort, et son cinéma nous a toujours fait – très involontairement – rire.
Je n’ai à vrai dire qu’un bon souvenir d’Eric Rohmer : Perceval le Gallois, un des premiers films de Fabrice Luchini, qui avait au moins le mérite de l’originalité (tous les décors étaient en fer forgé, dans le style des enluminures médiévales.)

Depuis, Rohmer n’a fait qu’un cinéma de l’ennui, en filmant parait-il la banlieue, le RER, les grandes villes nouvelles avec l’œil d’un grand moraliste. Je n’ai jamais rien vu de très profond là-dedans, si ce n’est un léger mépris pour les classes moyennes (Les nuits de la pleine Lune, L’Amie de mon Amie, Conte d’Hiver).

C’était néanmoins une figure du cinéma français, et un vrai cinéphile.




samedi 9 janvier 2010


La fin du DVD ?
posté par Professor Ludovico

Une information transmise par notre honorable correspondant à Rome, Ludo F. : Pour la première fois depuis 2002, les revenus des films en salles ont dépassé les ventes de DVD et de Blu-ray aux Etats-Unis.

C’est le genre d’info qui plaît au Professore ; les chiffres ça ment pas (et en même temps, on peut leur faire dire ce qu’on veut).

Mais bon, c’est un tournant. La VOD, qui existe sous différentes formes depuis 1990, prend vraiment son essor. Plus facile, plus simple, en partie gratuite (Arte+7, Canal+ A La Demande), elle touche un plus grand nombre. Et punit aussi l’incroyable complexité des DVD (messages de pub + avertissement anti-piratage + menus de navigation soi-disant créatifs)

Surtout, elle poursuit le rêve de tout producteur, au sens économique : s’affranchir d’un réseau de distribution qui lui pique entre 30 et 60% de ses sous.

C’est donc vers ce modèle que tend le cinéma, avec le rêve de salles entièrement numériques approvisionnées par câble : plus besoin de distributeurs (qui font les copies de bobines et en gèrent leur rotation). C’est aussi le rêve du jeu vidéo (plus de CD à fabriquer, plus de réseau à rémunérer, et surtout, plus de marché de l’occasion !) C’est aussi le marché de la télé, qui perd ses audiences et ne sait plus trop où elles vont… La VOD reste un moyen de les retrouver, et de les faire payer, directement ou indirectement.

Pour le CineFaster, pas sur que ça change grand’ chose… Les catalogues seront toujours indexé sur les grosses machines récemment sorties en salle, et l’espoir d’une chaîne VOD spécialisée dans les John Hughes ou les films Warner des années 30 a peu de chances de se concrétiser. Mais bon, on ne boudera pas son plaisir de choisir, du fond de son lit comme un empereur romain, entre Batman Begins, et le Pilote de Lost




lundi 2 novembre 2009


Jeunet : Le Cercle à la rescousse !
posté par Professor Ludovico

Un samedi d’insomnie, et nous voilà devant Le Cercle, une des bonnes émissions du PAF sur le cinéma. Des critiques d’horizons variés (Positif, Le Parisien, Le Nouvel Obs, France Culture), des jeunes et des vieux, des intellos mais pas que…

On parlait donc du Jean-Pierre Jeunet, Micmacs à Tire-Larigot, que, pour ma part, je n’irai pas voir. Mais bon, c’est bien de ne pas se sentir tout seul face à la promo.

C’est François Begaudeau, dont je n’ai toujours pas vu le film, qui porta l’estocade, avec un joli talent de rhéteur. Il est prof de français, ce n’est pas pour rien non plus…

Quelques instants auparavant, Philippe Rouyer, le critique de Positif qui avait aimé Micmacs à Tire-Larigot, avait décortiqué une scène du film en signalant que Jeunet, justement, s’était gentiment moqué des critiques « qui voient parfois dans les films des choses que le réalisateur n’a même pas voulu mettre ».

J’aurais dû bondir devant cette définition plagiaire de CineFast, mais c’est François Begaudeau qui le fit. « C’est bien ça le problème de Jean-Pierre Jeunet », dit-il, « Il ne peut tout simplement pas comprendre que l’on voit autre chose que lui dans son film, parce qu’il veut tout contrôler ! Tout ce qui est à l’image ! Le décor, les costumes, les acteurs, tout est millimétré ! C’est ça qui est chiant dans les films de Jeunet ! Mais ce qu’il veut mettre, lui, dans son film, on s’en fout ! Ce qui est intéressant, c’est ce que NOUS, spectateur, on y voit ! » et d’enfoncer le clou plus tard à propos des acteurs, Omar Sy (de Omar et Fred) et Julie Ferrier : « Ça aussi c’est symptomatique du cinéma de Jeunet ! Prendre un type comme Omar, qui a un énorme potentiel comique, et l’obliger à ne parler qu’avec des proverbes, ou Ferrier, l’obliger à jouer seulement la femme-caoutchouc, c’est dommage. C’est résumer chaque personnage à un cliché. Jeunet n’attend pas que ses acteurs lui amène quelque chose. Il n’a pas confiance dans ses acteurs… il n’a confiance qu’en lui-même. C’est pour ça qu’il veut tout contrôler… »

Je biche… Ça se voit ?

PS On avait déjà abordé le problème Jeunet, dans cette chronique « Jeunet : Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » consacrée à Un Long Dimanche de Fiançailles).

Le Cercle
Vendredi à 22h20 sur Canal+Cinéma




dimanche 11 octobre 2009


L’affaire Polanski
posté par Professor Ludovico

Un membre influent du conseil d’administration de CineFast me presse de prendre parti dans l’affaire pédophilo-médiatico-cinéphilique du moment. Je parle de Polanski, bien sûr, Lettres d’Amour en Somalie n’étant pas à proprement parler un film, et le Neveu, un cinéaste…

Non seulement, je ne céderai pas aux pressions de mes amis, mais pire : je déplacerai le débat. Polanski est-il un grand cinéaste ? Sûrement ! Est-il pédophile ? Il l’était probablement un peu à l’époque, quand d’autres histoires (avec Nastassja Kinski) vinrent corroborer les faits… Mérite-t-il ce traitement ? Probablement pas. Le temps a passé, et même la victime a pardonné (contre un arrangement secret de 600 000$, comme nous venons de l’apprendre). Sommes-nous juges ? Sûrement pas. L’affaire est américaine, et doit être jugée en Californie, qui jusqu’à preuve du contraire, n’est pas la Corée du Nord. En tout cas, elle ne se juge pas au Ministère de la Culture, ou sur CineFast !

Ce qui est intéressant là-dedans, c’est la Suisse. Voilà un pays qui vous décourage d’aller à ses festivals, surtout si vous êtes déjà propriétaire d’une résidence secondaire. L’enthousiasme suisse (en plein milieu du scandale) à extrader le dangereux terroriste Polanski fait peine à voir. Comme l’a dit avec humour Jay Leno, du Tonight Show : « Ça y est, on a enfin eu Polanski. Maintenant, Ben Laden ! »

Le deuxième enseignement, c’est qu’il faut différencier l’art de l’artiste…

Dans l’art, tout est permis. Huysmans, Lautréaumont, Sade, Burroughs, Dustan, Bunuel, Lynch, l’artiste est fou par définition ; il est dans la transgression. La réalisation des fantasmes dans la réalité, c’est ce qui pose problème. Pourquoi l’artiste serait-il traité différemment du commun des mortels ? La justice est faite pour cela : arbitrer les faits et les causes, les circonstances, le contexte. Ce qui amène au dernier enseignement de ces affaires : la défense corporatiste de la communauté cinématographique de l’un de ses pairs. Alors qu’on traque les pédophiles de par le monde, jusqu’à vouloir signaler leurs maisons et leurs employeurs, deux affaires concomitantes (Polanski, Mitterrand) montrent la différence de traitement qui prévaut en la matière. Non seulement cette corporation est particulièrement touché par ces problèmes, habituée qu’elle est de vivre depuis toujours dans l’excès : Fatty Arbuckle, Charlie Chaplin, Frank Sinatra, Don Simpson, et aujourd’hui, Roman Polanski…

Sans aucune barrière morale, sociale, ou patronale d’aucune sorte*, elle assure même le service après-vente en soutenant, via avocats, attachés de presse, patrons de studios (voir Hollywood Babylon sur ce sujet), ses brebis égarées… tout en prônant, dans le même temps, l’inverse dans ses films et ses œuvres caritatives…

Deux poids, deux mesures…

*JP Jeunet racontait que sur le tournage d’Alien:Résurrection, la production avait mis à sa disposition un chauffeur, qui, à son arrivée à Los Angeles, lui avait immédiatement proposé de la drogue et des putes… Mais qui, le lendemain matin, et les jours suivants, venait le chercher à 8h pile pour qu’il soit à l’heure sur le plateau. A Hollywood, tout est permis… Si tu fais le boulot.




vendredi 25 septembre 2009


Les Six Samouraïs
posté par Professor Ludovico

« Lis ça, ça va te plaire ! » Sous cette admonestation, l’ami Guillaume venait de me livrer un lingot d’or : une histoire du nouvel « Nouvel Hollywood ». Marchant dans les pas de leurs glorieux aînés (Coppola, Bogdanovich, Spielberg), une nouvelle génération d’auteurs s’attaquait à la forteresse blockbuster érigée dans les années 80, entre autres, par Simpson et Bruckheimer.

Dans le livre de Sharon Waxman, Les Six Samourais, Vous trouverez des réponses aux questions existentielles, telles que :

• Comment Dans la Peau de John Malkovitch passa au travers des mailles du filet des Studios…
• Comment David Fincher réalisa « un film expérimental » de 63M$…
• Comment George Clooney, star méprisée de la télé, obtint le rôle titre des Rois du Désert et grilla son réalisateur, David O’Russel, à Hollywood…
• Comment Steven Soderbergh réalisa Traffic – un film auquel personne croyait – qui devint malgré tout un immense succès critique et public, installant définitivement Steven S. dans la cour des grands…
• Comment Tarantino, volant ici et là, des bouts de scripts à ses copains, et les oubliant dans la foulée, construisit Miramax…
• Comment Paul Thomas Anderson, le mégalomaniaque – mais génial – auteur de Boogie Nights, comprit qu’il fallait faire des films chers pour avoir l’attention (et le soutien promotionnel) des studios…
• Comment Fight Club devint l’Orange Mécanique des années 2000…

A toutes ces questions, et à bien d’autres encore, le livre de Sharon Waxman répond brillamment. Avec comme d’habitude, le style inimitable des essais américains sur le cinéma : bien écrits et documentés, sérieux sans être pédants, avec juste ce qu’il faut de people et d’analyse.

Si vous aimez leur cinéma, lisez ce livre !

Les Six Samouraïs, Hollywood somnolait, ils l’ont réveillé
Sharon Waxman
Calmann-Levy




mercredi 23 septembre 2009


La citation du Jour : Fight Club (2)
posté par Professor Ludovico

Laura Ziskin, l’une des directrices de la Fox, découvre le film fini :
« Ca ma fait peur. C’était vraiment très intelligent, avec de vraies idées, et ça, c’était très dur. Pourrions nous le vendre ? »

Vendre des idées intelligentes, ça n’a jamais été le point fort d’Hollywood.




mardi 22 septembre 2009


La citation du jour : Fight Club
posté par Professor Ludovico

Je vous avais promis des anecdotes sorties du livre de Sharon Waxman, en voici une sur Fight Club.

Alors que le budget de « son film expérimental », comme il l’appelle, explose, Fincher se fait choper par un co-producteur, Arnon Milchan, qui l’abjure de réduire ses coûts. Fincher refuse. Milchan quitte la production, mais après avoir vu quelques rushes, revient et prend 50% du budget. Le film ne gagna pas d’argent, mais les deux restèrent bons amis : « Je n’ai aucune compassion pour toi », lui dit Fincher, « Dans dix ans tu continueras à draguer les nanas en leur disant, tu sais, Fight Club, c’est moi qui l’ai produit ! »

Les Six Samouraïs, Hollywood somnolait, ils l’ont réveillé
Sharon Waxman
Calmann-Levy




lundi 21 septembre 2009


Mort à Pixar !
posté par Professor Ludovico

Cette critique aurait bien pu ne jamais être écrite, si je m’étais arrêté à la première demi-heure de Wall-E, sûrement la meilleure que la compagnie de Monsieur Jobs ait jamais produite.

Mais il faut en finir avec le mythe Pixar, sa prétendue infaillibilité (Pixar never fails, avait titré Newsweek), ses films toujours meilleurs, sa technologie photoréaliste toujours plus pointue.

La réalité est que Pixar voulait détruire Disney, et elle y est arrivé : Pixar a tué… le dessin animé 2D. Mais en fait, Pixar est devenu Disney. Sa production annuelle, ses thèmes ultra consensuels et conservateurs, ses scenarios photocopiés : Disney avait trouvé son élève, et il avait dépassé le Maitre.

Car c’est quoi un film Pixar : c’est l’histoire d’un garçon un peu star (Jouet star, Voiture star, Robot star) qui rencontre une fille et, confrontés à l’amour, et aux valeurs revigorantes de la campagne (pure, comme chacun sait, face à la ville corrompue), trouve la rédemption tant attendue.

Ce qui était magique dans Toy Story et dans Mille et Une Pattes, cette inventivité de scénario, ces préoccupations à deux niveaux (parents/enfants), tout cela est devenu un moule dans lequel les businessmen de Pixar injectent un peu de plastique neuf pour vendre un nouveau film, de nouveaux jouets, de nouveaux Happy Meal chez McDo.

Apres le gerbant Cars, j’ai boycotté. Mais l’opportunité a fait que j’ai pu regarder Wall-E, le fameux « dernier chef d’œuvre de Pixar » Évidemment, il y a cette première demi-heure, apocalyptique, géniale, dans un New-York rouillé (la méchante ville, encore), envahie sous les déchets. Et une merveille de petit personnage, Wall-E, le petit robot compacteur. Une demi-heure qui réinvente le cinéma puisque entièrement muette : champ. Contre champ. Effets de profondeur. Pause. Accélération. On peut raconter beaucoup de choses sans dire un mot.

Mais voila, au bout de 30 minutes, ca recommence : Wall-E rencontre une fille, EVE, cette fois-ci plutôt dominatrice, et le film part en couilles : courses poursuites effrénés, allusions foireuses à 2001 (désolé, ca ne suffit pas) et bagarres diverses et variées… Un rythme d’enfer pour une histoire zéro. Wall-E, censément héros du film, disparaît au profit des 700 autres protagonistes, et revient faire cinq minutes de figuration à la fin (et, incroyable mais vrai, il est pas mort, il est blessé seulement)…

Il restera le message écologique étonnant, incroyablement anti-américain (ou le début d’une prise de conscience, enfin ?) : nous sommes trop gros, nous consommons trop, nous gâchons l’eau dans des piscines que nous n’utilisons pas, nous ne faisons plus rien de nos dix doigts et nous gâchons notre intelligence devant la télé et les jeux vidéos.

Ça pique les yeux… mais ça justifie de regarder ces trente premières minutes…




jeudi 17 septembre 2009


Alain Delon, ou la foire aux vanités
posté par Professor Ludovico

Sacré Alain Delon ! Son intervention ce matin sur Europe 1, censément une éloge funèbre de Filip Nikolic, le chanteur des 2be3, a tourné une fois de plus à l’exercice délirant d’autopromotion :

« J’ai connu Filip quand il a débuté avec les 2Be3, il venait me voir sur les plateaux, sur les tournages, parce qu’il était très admiratif de moi. »

Et trente secondes plus tard :

… « C’était un admirateur du cinéma, et de ma carrière, et personnellement de moi… »

et encore…

– « …On avait beaucoup de traits physiques en commun, Filip n’était pas mal fait de sa personne. »

A ce niveau-là, c’est une maladie, et c’est en phase terminale ! On savait les acteurs égocentriques, amoureux d’eux-mêmes (et il faut très certainement l’être pour faire ce métier), mais notre Alain Delon national est très certainement champion du monde à cet exercice !

Profiter de la mort du pauvre 2be3 pour parler de lui, il fallait oser. Mais Delon est coutumier du fait, puisqu’à la mort de Marlon Brando, il avait fait le même coup : « Maintenant qu’il est mort, je suis seul »

Rappelons que le ragazzo déniché dans le lit de Visconti a fait une belle carrière (Plein Soleil, Le Guépard, essentiellement du à sa beauté exceptionnelle, mais que celle-ci ayant périclité avec la quarantaine, ses films sont devenus concomitamment de plus en plus mauvais dans les années 80 (Le Toubib, Le Choc, Le Battant, etc. Comme me l’avait expliqué Nathalie, une copine comédienne, Alain Delon est un acteur (qui ne joue que son propre rôle), et pas un comédien (qui peut tout jouer)…

Pour ceux qui douteraient de l’authenticité de cette chronique, c’est ici : magie d’Internet !




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