[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



lundi 16 juin 2014


Mea culpa Mad Men
posté par Professor Ludovico

Ouille ! Ouille ! Le Professore s’est encore gaufré ! Mad Men n’est pas délaissé par Canal, au contraire, la chaîne réalise enfin notre rêve : elle diffuse les séries en direct des Etats-Unis, ou presque, 24 heures après leur diffusion yankee.

Elle a commencé, très justement, avec 24 et poursuit avec les informaticiens texans de Halt And Catch Fire (nous y reviendrons). Nos hommes fous de Madison Avenue ont deux petits mois de décalage, mais bon, on progresse : tout cela explique la VOST et l’absence de VF.

Mille excuses Monsieur Meheut. On le refera plus.




mercredi 11 juin 2014


The Gospel According to Saint Alfred#6 : the Art of Casting
posté par Professor Ludovico

Ce qu’il y a de plus passionnant dans les entretiens Hitchcock/Truffaut, pour nos regards modernes, c’est probablement la franchise débridée des deux cinéastes. Une franchise d’autant plus étonnante pour nous, spectateurs d’aujourd’hui, qui sommes habitués au cirque publi-promotionnel des stars en service après-vente ou en making-of : « J’ai adoooré travailler avec Truc ! » « Quand vous avez une actrice aussi exceptionnelle que Machine… » « J’avais toujours rêvé d’adapter les œuvres de Bidule… », etc., etc.

Avec Hitchcock, rien de tout cela. Tout le contraire plutôt. « Selznick voulait faire ce film, et il me l’a confié parce que je rapportais trop d’argent à la concurrence* » « Machine était très belle, mais c’était une assez mauvais actrice » « Gregory Peck n’est pas vraiment crédible en avocat anglais, car ce sont souvent des gens très cultivés » « Travailler avec Raymond Chandler était une idée catastrophique », etc., etc.

Certes, Hitchcock est à la fin de sa carrière et il sous-estime sûrement le retentissement que va avoir le livre, mais c’est aussi une leçon de casting qu’il transmet.

Humanistes que nous sommes, nous nous refusons à enfermer les gens dans des cases. Pourtant, il est évident qu’un acteur ne peut pas tout jouer. Gregory Peck n’est pas crédible comme avocat dans Le Procès Paradine mais il sera un excellent commando dans Les Canons de Navarrone. Allida Valli est trop belle pour jouer une bonne. Tout comme le soulignait récemment un critique du Masque et la Plume (suscitant par là une belle polémique et des dizaines de lettres outragées), Golshifteh Farahani est aussi trop belle pour faire une institutrice crédible chez les bouseux de My Sweet Pepperland.

Tout comme HBO a choisi principalement des acteurs britanniques pour Game of Thrones car un acteur américain est tout simplement incapable de prononcer un anglais précieux, et c’est l’idée qu’on se fait d’un personnage moyenâgeux, a fortiori noble.

Par ailleurs, Hitchcock explique qu’un acteur doit être beau, tout simplement pour que le public l’aime et s’identifie à lui. C’est pour cela qu’on voit bien souvent dans les rôles principaux des vieux beaux avec des petites jeunes. Pas par pur sexisme, mais bien parce que le Tom Cruise (51 ans) de Edge of Tomorrow continue de faire fantasmer les femmes, tandis que les hommes préfèrent une Rita jeunette, façon Emily Blunt (31 ans).

Hitchcock explique aussi que bien souvent, c’est avant tout des contingences extérieures, le plus souvent économiques, qui décident du casting. Si Allida Vali joue dans Le Procès Paradine , c’est parce qu’elle est en contrat avec Selznick et que celui-ci pensait pourvoir en faire la nouvelle Ingrid Bergman. Si justement Ingrid Bergman est la star des Amants du Capricorne – un film raté selon les propres dires de son auteur – c’est qu’Hitchcock pensait à tort qu’elle allait faire vendre le film.

Vous pensez que tout ça a bien changé, que le Professore affabule, que l’âge d’or esclavagiste des Studios est mort dans les années soixante ? Allez voir Map to the Stars. C’est la bonne nouvelle de la semaine : David Cronenberg is alive. And kicking.

* Hitchcock était loué à l’époque à la Fox




vendredi 30 mai 2014


Frénésie en séries
posté par Professor Ludovico

Depuis quelques semaines, pour des raisons techniques, je fais les trois/huit devant mon téléviseur. Pas assez de place sur ma Free Box donc obligation de regarder Real Humans le plus vite possible, délai de péremption sur Canal à La Demande, donc nécessité d’écluser en une épuisante course contre la montre, les épisodes de Newsroom et Girls saison 2.

Quant aux enfants, la pression est immense, à peine rentré à la maison, me voilà sommé de répondre à la question rituelle : Friday Night Lights ce soir, papa ? Sans parler de Game of Thrones, qui chaque semaine s’enrichit d’un giga supplémentaire et que j’ai très envie de voir. Et sans parler de la 7ème et ultime saison de Mad Men en approche…

La soirée commence donc par FNL et sa quatrième saison exceptionnelle, sorte de The Wire feelgood (elle recycle même deux acteurs baltimoriens). Après cette heure de drama, un peu de peps sorkinnien agrémenté d’idealisme journalistique ne peut pas faire de mal. Mais si l’on est d’humeur plus sombre, on peut aussi se pencher sur l’humaine condition des robots de Äkta Människor. Si on est encore courageux, minuit approche, on prendra trente minutes de limonade acide de Girls, excellent pour la digestion, et qui vous garantit une nuit calme.

Parce que demain, il faut aller au boulot.




mardi 20 mai 2014


Mille vies
posté par Professor Ludovico

« Le lâche meurt mille morts, tandis que l’homme vaillant ne meurt qu’une fois », disait Shakespeare

Dans Game of Thrones, George Martin inverse cette phrase pour faire l’éloge de la lecture. Comme elle me plait beaucoup, je vous la livre telle quelle :

« Un lecteur vit mille vies avant de mourir. Celui qui ne lit jamais n’en vit qu’une. »

C’est tellement vrai qu’on pourrait l’appliquer à la cinéphilie.




samedi 10 mai 2014


Les girls
posté par Professor Ludovico

Lena Dunham. Allison Williams. Jemima Kirke. Zosia Mamet.

Retenez ces quatre noms. Mais aussi ceux là : Adam Driver, Christopher Abbott, Chris O’Dowd. Car ces boys and girls, ce sont bien les acteurs incroyables de Girls, la géniale sitcom next gen de HBO. Certes, ils dont servis par un scénario impeccable et une dialoguiste hors pair en la personne de Lena Dunham, à la fois créatrice de ce joyeux bordel new yorkais et sa principale protagoniste.

Mais ils sont aussi, en tant que comédiens, les principaux acteurs de ce renouveau. Les colères rentrées de Marnie, la folie d’Adam, la rock attitude de Jessa et la mièvrerie de Shoshana, n’auraient pas le même impact dans d’autres bouches, sur d’autres visages, dans d’autres corps, car il n’y a rien de pire qu’une sitcom mal jouée. Ces jeunes acteurs, s’ils n’ont que quelques films derrière eux – mais pas forcément les moindres (Frances Ha, Matha Marcy May Marlene, The IT Crowd, 40 Ans Mode d’Emploi, Mad Men), ont surtout l’avenir devant eux.




samedi 19 avril 2014


Le test de Bechdel
posté par Professor Ludovico

Avez-vous entendu parler du test de Bechdel ?

En trois petites questions, il permet de mesurer le niveau de bienveillance d’une oeuvre vis-à-vis de la gente féminine. Par exemple, le film que vous êtes en train de regarder comporte-t-il :

1. au moins deux personnages féminins identifiables par un nom?

2. Ces deux femmes se parlent-elles ?

3. Parlent-elles d’autre chose que d’un homme ?

Cherchez-bien, ça ne court pas les rues…

Et ça ne marche pas toujours : Desperate Housewives remporte le test haut la main. La série est-elle pour autant bienveillante envers les femmes ? Poser la question, c’est y répondre.




lundi 24 mars 2014


« Il faut qu’on se fasse un résumé de la saison 2 »
posté par Professor Ludovico

Il a bien raison le Professorino. Il est encore loin d’entrer à UCLA, mais il se rapproche de la section Super8 du collège Jean-François Oeben. Avant d’attaquer la saison 3 de Friday Night Lights, il a souhaité, comme on le fait autour de la machine à café, se remémorer les grandes lignes de la saison 2 de la série footballo-texane de Mister Berg.

Las ! Une fois cet exercice terminé, nous avons inséré le DVD dans le lecteur, et c’était parti pour « Chacun sa Chance* », l’épisode S03e01 de Friday Night Lights.

Dans cet épisode, on déroule en effet tout ce qu’il ne faut pas faire. C’est-à-dire, oublier de repartir là où la série avait laissé ses spectateurs.

Un personnage devait partir à la fac ? Il se casse une jambe et veut quitter le foot (on l’apprend dans un flashback de trois secondes). Machine aimait Bidule et détestait Truc ? Elle est maintenant avec Truc, et Bidule a disparu**. Un autre personnage a soudain obtenu une promotion. Comment ? pourquoi ? On ne sait. Un couple s’est séparé. Sans parler des playoffs de l’an dernier, dont on ne sait s’ils ont été gagnés ou perdus.

Quelques jours plus tard, par la grâce du Chevalier Bayard, on eut un début d’explication. La saison 2 s’était terminé dans le sang, c’est à dire dans la fameuse grève des scénaristes en 2007-2008, qui nous priva également d’une saison de Battlestar Galactica.

La preuve en creux qu’un scénariste, ça sert à quelque chose …

*Oui, ils sont nuls les titres français (ou québécois ?) des Nuits du Vendredi Soir
** Au 5ème épisode toujours pas de nouvelle de Bidule…




vendredi 21 mars 2014


Pourquoi je ne veux pas regarder Apocalypse
posté par Professor Ludovico

On fait souvent aux cinéphiles un procès que l’on ne ferait pas aux amateurs de bon vin.
« Comment peux-tu dire du mal d’un livre ou d’un film que tu n’as pas lu ? » Il ne viendrait pourtant à personne l’idée de vous reprocher de préférer un Montrachet ou un Mouton Rothschild à un Cubi de Rouge.*

C’est la même chose – exactement la même chose – pour le cinéphile : un simple coup d’œil à l’étiquette suffit à distinguer le grand cru de la piquette.

Certes, tout le monde peut se tromper. Mais on peut – sans trop de risques – affirmer que Supercondriaque ne viendra pas révolutionner la comédie à la française tandis que The Grand Budapest Hotel a de grandes chances d’être un peu plus plus long en bouche.

Ça, ce n’est pas de l’intellectualisme mal placé, c’est juste l’expérience qui parle.

Voilà pourquoi je ne veux pas regarder Apocalypse. Je sais déjà ce que je vais voir, et je sais aussi que ça ne va pas me plaire : des images d’époques sorties de leur contexte (pour la plupart, des films de propagande), des commentaires actuels plaqués artificiellement sur des mentalités passées, sur le patriotisme par exemple**. Des officiers bouchers de leurs troupes***. Des généraux incompétents. Des peuples entraînés, contre leur volonté, dans la guerre****.

Etc. Etc. Etc.

Ces inepties en fait ne résistent pas un minimum de lecture sur le sujet. Toutes ces historiettes font partie de notre mythologie nationale, au même titre que « nos ancêtres les gaulois« , et ne sont que l’expression de nos mentalités actuelles.

PS : Tout arrive : Le Figaro pense comme moi.


* Le Professore n’a jamais bu une goutte de vin de sa vie. Ça se voit ? Il serait bien incapable de faire la différence. Mais vous, si.
** Lire les lettres de Céline à son père au mois d’août 14 et les comparer au Voyage au Bout de la Nuit. Lire Jünger, lire Genevoix.
*** 22% des officiers français sont morts au combat, pour 18% des soldats
**** Le 2 août 1914, une gigantesque manifestation pacifiste est organisée à Londres. Mais le 4 août, l’Angleterre entre en guerre et les manifestations s’arrêtent. D’août à décembre, 1 million de volontaires s’engagent dans l’armée (Il n’y a pas de conscription en Angleterre). Mieux, c’est au au moment où les batailles sont les plus sanglantes, qu’il y a de le plus volontaires.




samedi 8 mars 2014


L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot
posté par Professor Ludovico

C’est l’histoire d’un film maudit, un film que vous ne verrez jamais : L’Enfer, d’Henri-Georges Clouzot, l’un des plus grands – si ce n’est le plus grand – réalisateur français : L’assassin habite au 21, Le Corbeau, Quai des Orfèvres, Le Salaire de la peur, Les Diaboliques

En 1963, Henri-Georges Clouzot sort d’une grave dépression personnelle et il a ce sujet, l’histoire d’un homme qui reprend un hôtel au Viaduc de Garabit et devient jaloux de sa femme, jaloux jusqu’à la folie. Cette femme, c’est tout simplement Romy Schneider, splendide du haut de ses vingt-six ans.

Comment filmer la jalousie ? C’est ce qui préoccupe Clouzot. Il retient l’idée de filmer la réalité en noir et blanc, et les hallucinations en couleur… Va commencer alors un tournage délirant qui va mener le film à sa perte. D’autant plus que Clouzot est alors un cinéaste A-List : à telle enseigne que la Columbia, émerveillée devant ces premiers essais hallucinatoires, lui ouvre une ligne de crédit illimitée pour réaliser son film. Erreur dramatique : Clouzot va se lancer dans des recherches interminables, mais sublimes.

C’est l’objet de ce merveilleux documentaire, L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot, signé Serge Bromberg. Ces bobines sublimes nous montrent à la fois l’étendue du talent de Clouzot et ce que le film aurait pu être. Un film onirique, lynchéen, d’une perfection graphique et musicale sublime, à base d’effets de couleur, d’éclairages tournants, de musique électro-acoustique et dégageant un érotisme incroyable. Clouzot a tout simplement trois ans d’avance avant que la vague psyché ne déferle sur Londres avec les light show du Pink Floyd.

Une fois cette phase de recherches terminée, Clouzot se lance dans le tournage à proprement parler. Et c’est là, ivre d’argent et de pouvoir, qu’il va échouer. Comme Coppola pour son Apocalypse Now, Clouzot a « trop d’argent, trop de monde » et pas assez de temps : il tourne au lac artificiel de Garabit, qui doit bientôt être vidé. Clouzot a trois semaines de tournage ce qui est largement suffisant, sauf qu’il décide de multiplier les prises, les caméras, les équipes, tout en voulant tout contrôler : le cadre, la lumière, la mise en place.

Evidemment, qui trop embrasse mal étreint. Les équipes attendent Monsieur Clouzot, puisqu’il va vouloir tout refaire, et le plan de travail n’avance pas. Le réalisateur du Salaire de la Peur harcèle ses jeunes assistants, démotive ses grognards, et pousse au burn out son acteur principal, Serge Reggiani qui rend son tablier, même sous la menace d’un procès.

Clouzot n’a pas le temps de trouver un remplaçant, terrassé lui-même par une crise cardiaque en filmant (sic !) une scène lesbienne entre Romy Schneider et Danny Carrel.

Il n’y aura jamais d’Enfer. Claude Chabrol en tirera un remake en 1994, avec François Cluzet et Emmanuelle Béart.

Clouzot fera encore un film (La Prisonnière) mais ne retrouvera jamais le niveau, et mourra 13 ans plus tard, à 70 ans.

Reste ces bobines magiques, exhumées dans ce magnifique documentaire. A ne pas rater.




vendredi 28 février 2014


Questionnaire de Libé, suite
posté par Professor Ludovico

Vous le savez, le Professore Ludovico a une tendresse particulière pour le Questionnaire de Libé, page cinéma. Un questionnaire façon Proust qui cherche à vous positionner sur l’échelle de la cinéphilie.

Au cours des années, les questions ont peu à peu évolué. En voici donc quelques nouvelles avec mes réponses ; à vous de compléter.

Dans la salle, une place favorite ?
Avant : plutôt devant comme à la messe, le regard levé vers le ciel, en adoration devant le dieu Cinémascope. Maintenant que je suis vieux, et qu’il faut néanmoins lire les sous-titres, je me mets plutôt derrière, si possible au milieu exact de la salle, dans l’axe du projecteur. En tout cas, j’évite les mangeurs de pop corn…

Un rituel ?
Toujours pisser juste avant la séance. Sinon je n’arrête pas d’y penser et me lève au milieu du film. Le Professorino est aussi accablé de ce TOC.

Le monstre ou le psychopathe dont vous vous sentez le plus proche ?
Jack Torrance, de Shining, parce que c’est d’abord un homme, et ensuite un monstre.

Le dernier film avec qui ? C’était comment ?
Le Loup de Wall Street avec Laurent (critique au four). Je n’avais pas trop envie, la meilleure posture pour aller au cinéma ! Et véritablement bien.

Le gag ultime ?
Le Rocky Horror Picture Show parce que le gag, c’est vous !

L’actrice que vous auriez aimé être ?Catherine Deneuve, pour sa carrière extraordinairement variée : Bunuel, Demy, Rappeneau, Molinaro, Truffaut, Téchiné, Polanski, Lars von Trier, Manuel de Oliveira, et une fin de carrière que beaucoup lui envieraient : Desplechin, Ozon, Honoré…

Le cinéaste dont vous n’oseriez jamais dire du mal ?
Les frères Dardenne, parce que c’est interdit.

La dernière image ?
Un Jour Sans Fin.

A vous de jouer.




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