[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



lundi 16 avril 2018


RIP R. Lee Ermey
posté par Professor Ludovico

« If you ladies leave my island, if you survive recruit training, you will be a weapon. You will be a minister of death praying for war. But until that day you are pukes. You are the lowest form of life on Earth. You are not even human fucking beings. You are nothing but unorganized grabastic pieces of amphibian shit! Because I am hard, you will not like me. But the more you hate me, the more you will learn. I am hard but I am fair. There is no racial bigotry here. I do not look down on niggers, kikes, wops or greasers. Here you are all equally worthless. And my orders are to weed out all non-hackers who do not pack the gear to serve in my beloved Corps. Do you maggots understand that? »

Le Sergent instructeur Hartmann est au paradis des Marines, maintenant, parce que Dieu bande pour les Marines, tout simplement : « He plays His games, we play ours! To show our appreciation for so much power, we keep heaven packed with fresh souls! »




samedi 17 février 2018


La roue tourne (Wonder Wheel)
posté par Professor Ludovico

Depuis cinquante ans, la critique française est emplie d’admiration pour Woody Allen. Chaque année, on salue le dernier chef-d’œuvre du maître.

Certes, depuis quelques années, avec le renouvellement de la critique, on s’est progressivement mis à questionner la Grande Œuvre. Et on découvre que tous les Woody Allen n’étaient pas bons. Normal que le réalisateur de 54 films n’ait pas fait des grands films… Dans le même temps, des faits dans la vie privée ont commencé à écorner la statue, notamment quant fut révélé sa relation avec Soon-Yi, la fille de Mia Farrow.

Mais voilà l’affaire Weinstein et forcément, le retour des vieilles polémiques. Le gratin de Hollywood, jamais à l’abri d’une hypocrisie*, le lâchent tout aussi brutalement qu’ils se ruaient auparavant pour être dans « le dernier chef d’œuvre de Woody Allen », en renonçant à leur cachet. Babylone vit depuis toujours de ce mouvement de va-et-vient, le scandale et la pudibonderie, l’un relançant l’autre sur la balançoire du business.

Libération, pas le dernier à avoir encensé le new-yorkais, se lâche dans sa chronique de Wonder Wheel*. Mais c’est une phrase en particulier qui a attiré l’attention du CineFaster « son cinéma semble se resynchroniser à sa manière étrange avec le présent ». Etrange. CineFast a toujours considéré que c’était l’âme du réalisateur (Woody Allen ou Michael Bay) qui s’imprimait sur la pellicule. Mais c’est comme si, tout à coup, la critique qui a supporté le cinéaste new-yorkais avait décidé d’oublier son âme (et donc son œuvre) pour le lâcher en rase campagne. Soudainement, Woody Allen est devenu infréquentable.

Pourtant les rumeurs sur lui sont connues depuis longtemps. Et il suffit de voir ses films pour comprendre que c’est un obsédé sexuel, comme bien d’autres.

Mais voilà, les gens sont ce qu’ils sont, « ingrats, changeants, simulateurs et dissimulateurs, fuyards devant les périls et avides de gains. Tant que tu fais leur bien, ils sont tout à toi, ils t’offrent leur sang, leur vie, leurs enfants […,] mais dès que le besoin s’approche, ils se détournent… »

Citation de Machiavel, critique cinéma des Médicis.

* Notamment notre chouchoute décevante Greta Gerwig, affirmant : « Si j’avais su ce que je sais maintenant, je n’aurais pas joué dans le film. Je n’ai plus travaillé pour lui depuis et je ne travaillerai plus pour lui ». Ma chérie, il faut lire autre chose que Variety…
** « Il y a longtemps que le cinéma de Woody Allen assume son propre déphasage : excepté lors d’escapades en des destinations européennes de carte postale (Match Point, Vicky Cristina Barcelona ou Midnight in Paris), plus propices à la revitalisation de ses obsessions, le cinéaste n’a guère dévié, au fil des décennies, de son système ronronnant. Et peu importe que rien n’y varie ou ne s’y actualise depuis une éternité des situations qu’il dépeint, des personnages qu’il y fait s’agiter ou de la vivacité oratoire qu’il leur prête, perlée de gags mécaniques et de références aux livres de chevet de l’intello new-yorkais des Trente Glorieuses, puisque cette petite musique jouée avec l’expressivité d’un piano mécanique continue de bercer un public fervent, quand bien même plus grand-chose n’y ferait signe au monde qui la réceptionne. Etrangement, c’est alors même que le faisceau d’ambiguïtés et de controverses dont il fait l’objet depuis plus de vingt-cinq ans le rattrape que son cinéma semble se resynchroniser à sa manière étrange avec le présent. »




lundi 22 janvier 2018


Topten 2017
posté par Professor Ludovico

Celui qui ne répond pas aux invitations du Prince d’Avallon peut se retrouver coincé pour l’éternité dans ses brumes. Malgré mes faibles dénégations, je fus donc obligé d’honorer le rite annuel du Topten-Galette. Voici donc le résultat de ce rachitique Topten 2017, transformé en Top5 et Bottom3 :

TOPFIVE 2017
1 Certaines Femmes
2 Get Out
3 Dunkerque
4 Une Vie Violente
5 La La Land

BOTTOMTHREE
1 Nocturnal Animals
2 Tombé du Ciel
3 Alien:Covenant

Quant à mes petits camarades, ils ont classé les films comme suit :

TOPTEN 2017
1 La La Land
2 Le sens de la Fête
3 Coco
ex aequo avec
4 Le Caire Confidentiel
5 Detroit
ex aequo avec
6 Get Out
7 Au-revoir Là-haut
8 Nocturnal Animals
9 Dunkerque
10 Faute d’Amour

BOTTOMTHREE
1 Nocturnal Animals
2 Marie Francine

3 …et pleins d’autres films ex aequo

Pour la première fois, un film est dans le Topten et le Bottom : Nocturnal Animals. Mais c’est exactement ce que le film mérite !

A l’année prochaine ?




lundi 15 janvier 2018


Catherine Deneuve
posté par Professor Ludovico

« Oui, j’aime la liberté. Je n’aime pas cette caractéristique de notre époque où chacun se sent le droit de juger, d’arbitrer, de condamner. Une époque où de simples dénonciations sur réseaux sociaux engendrent punition, démission, et parfois et souvent lynchage médiatique. Un acteur peut être effacé numériquement d’un film, le directeur d’une grande institution new-yorkaise peut être amené à démissionner pour des mains aux fesses mises il y a trente ans sans autre forme de procès. Je n’excuse rien. Je ne tranche pas sur la culpabilité de ces hommes car je ne suis pas qualifiée pour. Et peu le sont.» […]

« Non, je n’aime pas ces effets de meute, trop communs aujourd’hui ». […]

« J’ai enfin signé ce texte pour une raison qui, à mes yeux, est essentielle : le danger des nettoyages dans les arts. Va-t-on brûler Sade en Pléiade ? Désigner Léonard de Vinci comme un artiste pédophile et effacer ses toiles ? Décrocher les Gauguin des musées ? Détruire les dessins d’Egon Schiele ? Interdire les disques de Phil Spector ? Ce climat de censure me laisse sans voix et inquiète pour l’avenir de nos sociétés. »

Dans Libération, aujourd’hui




lundi 1 janvier 2018


Topten 2017
posté par Professor Ludovico

Cette année est tragique. Comment faire l’habituel Topten alors qu’on a vu 20 films cette année? Et que dans ces vingt films, on a revu deux films (Orange Mécanique, Mulholland Drive), vu un chef d’œuvre de… 1940 (La Dame du Vendredi) ? Que dans ces 20 films, on en a détesté cordialement 6 (Nocturnal Animals, Tombé du Ciel, Hhhh, Blade Runner 2049, Les Derniers Jedi, Alien:Covenant) ?

La conclusion est simple : le Professore Ludovico n’aime plus le cinéma. En tout cas, le cinéma qui sort en salles en ce moment…

C’est tout simplement cette franchise fatigue décrite par les médias américains, le ras-le-bol de ce cinéma en collants nylon, en dessin animés moralisateurs, en franchises interminables, dont toute originalité est bannie (normal, quand on y investit deux cent millions).

De fait, il est plus simple de fournir la liste des films vus en 2017 :

1 Manchester by the Sea
2 Orange mecanique
3 La La land
4 Nocturnal animals
5 David lynch the art life
6 Certaines femmes
7 Tombé du ciel
8 Mulholland Drive
9 Get out
10 Hhhh
11 Dunkerque
12 Les Fantômes d’Ismaël
13 Le Caire Confidential
14 Que Dieu nous pardonne
15 Une vie violente
16 Blade Runner 2049
17 La Dame du Vendredi
18 Borg McEnroe
19 Star Wars les derniers Jedi
20 Alien Covenant

S’il fallait faire ressortir quelques bons films, il n’y a pas à chercher loin : Manchester by the Sea, Get Out, Dunkerque, Certaines Femmes, La La Land.

Mais en réalité j’ai plutôt regardé du cinéma… à la télévision :

1 The War Room
2 It Follows
3 Le Dernier Samaritain
4 Chaine Conjugales
5 La 317eme Section
6 Les Cavaliers
7 10, Cloverfield Lane
8 Wyatt Earp
9 The Bling Ring
10 That Thing You Do
11 La Rivière Rouge
12 Phase IV
13 Que La Fête Commence
14 The Neon Demon
15 Pulp A Film About Life
16 Full Metal Jacket
17 Heat
18 Vietnam Un Adroit Mensonge
19 Joan Didion : Le Centre Ne Tiendra Pas
20 Cuirasse Potemkine
21 Usual Suspects
22 Alamo
23 Touchez Pas Au Grisbi
24 Brick
25 Terre Des Pharaons
26 All About Eve

C’est là que j’ai vu les meilleurs films cette année (j’enlève les classiques) : It Follows et Brick

Mais c’est surtout des séries que j’ai regardées ; pas moins de 37 saisons, soit près de 400 heures de programme, l’équivalent de 200 films ! CQFD. Les voici :

1 Narcos
2 The Walking Dead saison 2
3 Show Me a Hero
4 Rocky Horror Picture Show – Lets Do The Time Warp Again
5 22.11.63
6 House Of Cards
7 Les Borgias
8 Legion
9 Stranger Things
10 Twin Peaks
11 Westworld
12 The Promise
13 The Night Of
14 Girls
15 The Leftovers
16 Missions
17 The Walking Dead Saison 3
18 The Walking Dead Saison 4
19 The Handmaid’s Tale
20 Game Of Thrones
21 Casual S3
22 Wolf Hall
23 The Wire saison 1
24 The State
25 Halt And Catch Fire
26 The Deuce
27 Vietnam
28 Curb You Enthusiasm saison 1
29 Corpus Christi
30 Stranger Things Saison 2
31 Cosmos S01
32 Curb You Enthusiasm Saison 2
33 The Wire Saison 2
34 Un Village Francais
35 Top Of The Lake
36 The Expanse
37 The Unbreakable Kimmy Schmidt

Tout n’est pas bon, mais il y a eu beaucoup de grands moments : l’évènement Westworld, les chefs d’œuvre The Night Of et Handmaid’s Tale, la dernière ligne droite Game of Thrones et Un Village Français, la fin émouvante de Halt&Catch Fire, et des surprises tardives comme Top of the Lake ou Wolf Hall

C’est ici désormais que se passe la fiction adulte, intéressante, avec des thématiques fortes, intelligentes, des personnages solides et émouvants, des intrigues passionnantes : bref l’émotion est là, sur le petit écran, accessible au bout de la télécommande, de la souris, n’importe où, n’importe quand, et n’importe comment…

C’est une guerre. Une guerre que le cinéma ne peut plus gagner.




vendredi 15 décembre 2017


Neutralité du net
posté par Professor Ludovico

On fait rarement de politique ici, ou alors pas directement. Mais là on est obligé. Bien sûr, la neutralité du net, ce n’est pas la faim dans le monde, le massacre des rohingyas, ou un accident routier de plus.

Pourtant, c’est un problème très important. Important pour vous, qui êtes en train de lire cette chronique.

En gros, les États-Unis viennent d’abolir un principe qui veut que tout contenu, quel qu’il soit, doit être acheminé de la même manière par les fournisseurs d’accès internet. La photo de votre grand-mère ou une pub Dior, la vidéo de votre témoin de mariage ou celle de Macron…

En supprimant cette neutralité, on instaure un internet à deux vitesses qui ne profite qu’aux riches. Pas aux utilisateurs riches (ça, ça existe déjà, entre la fibre et la mauvaise 3G) ; non, aux fournisseurs d’accès. Les FAI vont pouvoir commercialiser un internet qui va vite (et qu’ils vendront aux plus offrants (Dior et Macron)) et un internet qui va lentement (qu’ils vendront à votre grand-mère et votre témoin de mariage)…

Tout ça n’a pas l’air très grave. Pourtant, c’est une terrible atteinte à la liberté d’expression et la liberté d’entreprendre : tout simplement, à la démocratie. Ce qu’Internet a permis, c’est qu’un clampin comme le Professore Ludovico puisse donner son avis – comme un Michel Ciment moyen – sur le cinéma américain. Et qu’il soit lu partout dans le monde, par des milliers de lecteurs, lui qui, avant, n’avait qu’une demi-douzaine de copains pour auditoire.

Cette chronique, aujourd’hui, vous pouvez y accéder aussi rapidement qu’un article de lemonde.fr. Demain, Free, qui possède le journal Le Monde, pourra vous offrir (et il le fera, soyez-en sûrs !) un accès rapide à son site et un accès lent à CineFast et à tous les sites qui ne pourront pas payer le péage de l’autoroute à grande vitesse.

Il en va de même pour l’innovation. La garantie d’un internet neutre, c’est aussi la possibilité à trois guignols de la Silicon Valley de bâtir Google, parce que petite start-up, ils ont quand même eu accès à l’ensemble du web, avec immédiatement un potentiel de milliards de clients pour pouvoir se développer.

C’est pourquoi des mastodontes comme Google, Netflix, Apple, sont farouchement opposés à ce recul, et on ne peut pas dire que ce soit pas des philanthropes de la liberté d’expression.

C’est en fait la mort programmée de l’internet tel que nous le connaissons : un immense espace de liberté d’expression qui permet à tout un chacun de donner sa voix. Ce bouleversement civilisationnel, on a encore du mal à appréhender ; le renversement, en un mot, de la pyramide du savoir. La transition d’un monde élitiste où quelques sachants étaient seuls autorisés à transmettre la bonne parole, à une démocratie d’en bas (avec ses dérives, évidemment).

Aucun secteur n’y échappe : l’éducation (Wikipédia), le cinéma (IMdB), la médecine (Doctissimo), mais surtout l’entreprise, les medias, les gouvernements… l’élite est obligé de réviser son discours, d’être plus humble dans la connaissance, plus transparent, plus à l’écoute du public… en un mot, plus démocrate.

C’est pourquoi la neutralité du net est si importante.




jeudi 7 décembre 2017


Johnny Halliday, toute la musique que je n’aime pas…
posté par Professor Ludovico

On l’a déjà dit ici : il n’y a que deux sortes de légitimité artistique : la vôtre, et celle de la masse.

En gros, ce petit film islandais que vous avez tant aimé (mais que personne ne connait), et Bienvenue chez les Ch’tis. Votre panthéon personnel ou le box office + les rediffusions télé. Le reste ne vaut rien. Ni les récompenses de festival, ni les 1001 films qu’il faut avoir vu dans sa vie, ni les Topten, pourtant amusants, de l’ami Philippe of Avalon.

Je n’aimais pas Johnny Hallyday. Je pourrai passer ici quelques heures à vous démontrer qu’il n’a rien apporté à la musique française, écrit aucun texte qui se tienne, composé aucune musique au-delà du blues en 12 mesures. Il n’a fait que chanter, et la plupart du temps, des textes ridicules. Pour dire les choses, ce n’est pas Brel et ce n’est même pas Montand, qui, simple interprète, a su donner du sens à son œuvre. Ce ne sera jamais Lavilliers, Higelin, ou Téléphone.

Mais peu importe. Johnny Hallyday représentait indubitablement quelque chose pour une grande majorité de Français. Et ça, ça veut dire beaucoup. Il fait partie, qu’on le veuille ou non, de l’âme de la nation.

Le Professore n’y peut rien. Et vous non plus.




vendredi 1 décembre 2017


Alan Moore et les super héros
posté par Professor Ludovico

Alan Moore, le génie britannique de la BD (From Hell, V for Vendetta, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires) sort en ce moment un roman monumental, Jerusalem. Interviewé dans Libération, il en profite pour tailler un short à Hollywood, dont il a toujours désapprouvé l’adaptation de ses oeuvres, mais surtout, il s’attaque à notre passion pour les hommes musculeux en lycra :

« Le fait que des centaines de millions de soi-disant adultes se rendent au cinéma tous les six mois pour aller voir Batman m’inquiète beaucoup. On dit de moi que je suis rancunier, que je déteste les super-héros, mais ça n’a rien à voir. On parle de gens de 30, 50 ou 70 ans qui se délectent des aventures de personnages créés pour distraire des adolescents de 12 ans il y a cinquante ans. On me dit que les comics sont pour les adultes désormais, qu’il n’y a pas de mal à s’amuser. Je remarque pourtant que l’année où Donald Trump a été élu et une majorité du peuple britannique a voté pour le Brexit, les six premiers films au box-office mondial étaient des films de super-héros. »

Et l’auteur de Watchmen, grue de démolition du mythe de l’homme providentiel (« Qui garde les gardiens ?»), d’en remettre une couche :

« Ces masques ont un usage bien précis : les Américains veulent pouvoir agir sans assumer les conséquences de leurs actes. Pendant les tea parties de Boston, en 1773, on se déguisait en Indiens. Il y a quelque chose de très lâche là-dedans. »




samedi 11 novembre 2017


Petit cours de décoration
posté par Professor Ludovico

Pour ceux qui pensent encore que le cinéma naîtrait, ex nihilo, du cerveau d’un seul cinéaste démiurge, que la beauté d’un plan, d’un costume, d’un décor serait le fruit du hasard, et pas l’exécution d’un travail planifié en amont, on se penchera sur trois minutes de Stranger Things.

Un nouveau personnage très excitant, Maxine, est venu enrichir la bande de copains de la fresque nostalgique des frères Duffer. Maxine est rousse. Dans l’épisode six, il y a un exemple parfait de la nécessité de stylisation que décrivait Hitchcock : « On découvre que deux personnages portent le même costume, et de fait, on ne sait plus qui est le méchant… »

La stylisation, c’est ce qui permet de caractériser le personnage d’un seul coup d’œil, car le spectateur a autre chose à faire : comprendre l’intrigue, écouter les dialogues et surtout, ressentir des émotions.

Donc, Maxine. Toutes les filles rousses vous le diront, ce qui leur va le mieux, c’est le vert. Parce que le vert, c’est la couleur complémentaire de l’orange, la couleur qui crée dans votre œil le plus fort contraste possible. Quand on est décorateur, costumier, on a appris ça à l’école.

Et on le met en pratique, dans cette scène très simple de la maison de Maxime. Il y a de l’orange partout dans cette maison : les vitraux de la porte, le papier peint, les coquillages dans le bocal… Mais il y a aussi du vert, le linteau de la cheminée, le bocal de coquillages, les rideaux… Ce n’est pas innocent, même si ce n’est pas fait de façon appuyée*.

Ces choix créent une ambiance : on est dans la maison de Maxine, vous savez, la petite rousse en survêtement vert. Dans le final de la saison, elle porte un masque de plongée comme les autres … mais le sien est orange ! Tous les masques de plongée des années 80 sont en plastique noir, sauf celui de Maxine : on la reconnaitra du premier coup d’œil. Dans Mad Men, Matthew Weiner faisait de même avec Joan Holloway ; Christina Hendricks se pavanait dans des robes vertes incendiaires. Mais il n’est pas besoin d’être aussi stylé que les années 50 pour faire ce travail de stylisation…

* Au contraire de Légion, ou de Kingsman qui cherchent, eux, à créer un univers ultrastylisé, type BD.




dimanche 29 octobre 2017


Sully, deuxième
posté par Professor Ludovico

Deux actionnaires de CineFast avec minorité de blocage, Ludo Fulci et le Rupélien, représentant chacun 18,6% des parts, ont exigé – contre la promesse de de me reconduire au poste de Chef Exécutive Officier – que je revienne sur certains films et que je revoie mon propos.

N’ayant pas de tâche plus excitante en vue que de défendre le cinéma américain et de vilipender le Film de Festival, je m’exécute. Sans trop me forcer : j’adore Dangers dans le Ciel et donc je reregarde Sully, en tout cas le bout qui passe en ce moment sur Canal. Et force est de constater qu’ils ont raison.

Si le film est toujours plombant dans son propos (Le-Héros-Américain-Seul-Contre-la-Bureaucratie-Tentaculaire), il est tout de même très bien fait. Même là où ça gratte. Sully est notamment très efficace à créer des personnages, loi numéro un de Ludovico.

Sully, formidablement joué par Tom Hanks, est une statue sculptée par Eastwood à petits coups de burin. Sully est normal, Sully est sympa, Sully boit un peu de vin de temps en temps, mais pas quand il vole. Eastwood ponce cette statue de True American Hero de l’extérieur, par les personnages secondaires, le chauffeur de taxi, la patronne de l’hôtel… Certes, ses sculptures du Mal sont plus caricaturales : l’ingénieure (déjà odieuse Mrs White de Breaking Bad, la pauvre Anna Gunn serait-elle condamnée à jouer les mégères moches ?), et les autres inquisiteurs du National Transportation Safety Board, tous pas sympas, bas du casque, etc.

Mais c’est la scène du crash, rejoué trois fois, et particulièrement la dernière, la plus complète qui va jusqu’au sauvetage par les autres american heroes (pompiers, marin des ferries…) qui est formidablement maîtrisée, mélange de film catastrophe réaliste et d’héroïsme spielbergien dont Tom Hanks est la figure de proue.

Là, on ne peut qu’admirer l’artisan à l’œuvre.




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