[ Séries TV ]

Il n’y pas que le Cinéma dans la vie.. y’a aussi quelques séries TV…



mardi 27 juin 2023


Don’t stop believing
posté par Professor Ludovico

Plutôt que la soupe en boite de Journey, nous choisirons la nôtre, Voilà C’est Fini… Pour la deuxième fois, nous avons fait l’aller-retour Paris-Newark, Newark-Paris, cette fois-ci avec el Professorino. Pour la deuxième fois, nous avons vu les 86 épisodes des Sopranos. Une fois encore, nous avons aimé Tony et Carmella, Meadow et Anthony, Sil et Paulie, Christopher et Bobby, Adriana et le Dr Melfi. Une fois encore, nous avons détesté les gens qui voulaientt du mal à ces êtres pourtant peu recommandables.

On a beau le savoir, mais il est toujours aussi difficile de quitter une série. C’est avouer quelque part qu’on ne reverra plus ces amis de vingt ans. La fin de la série qui secoua l’Amérique, connue pour être exceptionnelle, est évidemment entachée par la bêtise habituelle des networks – ici Prime Vidéo – qui en a coupé l’effet, dès les premières secondes. Si David Chase avait décidé de cette minute spéciale à la fin de sa saga italo-américaine, c’était bien pour nous accompagner dans ce deuil. Tout comme Kubrick avait voulu que les salles respectent ces minutes d’obscurité avant le début de son acid trip 2001. Eternelle obsession des conteurs : bien nous faire entrer dans l’histoire, bien nous en faire sortir.

On imagine les sombres calculs algorithmiques qui préside à cette coupure idiote. Mais peu importe. Nous nous sommes échappés du New Jersey.

Vivants.

Don’t stop believing, donc…




dimanche 25 juin 2023


Severance
posté par Professor Ludovico

Severance, c’est l’excellence américaine (artistique et technique) à son apex. Perfection du cadre, de la colorimétrie, du jeu (millimétrique), du scénario (rigoureux) : tout est en place pour le grand show.

Mais ce qui produit souvent des films froids comme la mort, propose là un (des) propos beaucoup plus fort(s) qu’à l’habitude. En décrivant des employés d’un futur proche dans une entreprise pas tout à fait comme les autres, Severance nous parle de nous, et du monde d’aujourd’hui.

Chez Lumon, en effet, on choisit des chiffres et on les dépose avec sa souris dans une sorte de corbeille. Pourquoi ?  « C’est une chose mystérieuse… et passionnante » répond la boss (terrifiante Patricia Arquette), paraphrasant, cent ans après, Joseph Conrad à propos de la White Star Line*. Ce premier propos sur l’absurdité de certaines tâches du monde du travail font résonner une première fibre comique. D’autant que les bureaux de Lumon ressemblent fort aux cubicles d’IBM ou d’ailleurs, et que la doxa locale, issue du fondateur, Kier Eagan, fait l’objet d’un véritable culte. Tout cela ne manque pas de sel, sachant que la série est produite par Apple.

Là où Severance se corse, c’est que ce travail est top secret, au point que les employés s’engagent à subir une severance (dissociation) : une puce insérée dans leur cerveau divise les souvenirs en deux. Le salarié ne se rappelle plus ce qu’il fait au travail quand il est à la maison, ni ce qu’il a fait à la maison quand il est au travail. Deuxième ironie, quand on demande souvent au salarié de ne pas amener ses problèmes personnels au boulot.

Mais au moment où l’on se dit que Dan Erickson, le showrunner, ne va pas nous tenir en haleine pendant une saison, c’est là où la sauce se met à monter, enchainant les enjeux, les surprises, tout aussi inquiétantes que délirantes. Le tout maitrisé de manière impeccable, comme le décor : open space immaculé, couloirs blancs infinis, et soudain surgit le décor surprise, l’accessoire inattendu, le cast  surprenant… Tout cela monte sans arrêt, comme la Planche des Belles Filles sur le Tour de France, nous laissant pantelants à l’arrivée de cette première saison.

Il s’agit maintenant d’enchainer une deuxième, et ça ne sera pas facile…  

* « Une entreprise est un commerce, même si, à la manière dont parlent et se comportent ses représentants, on pourrait bien voir en eux des bienfaiteurs de l’humanité, mystérieusement engagés dans quelque noble et extraordinaire entreprise. », dans son reportage sur le procès du naufrage du Titanic pour The English Review.




mardi 30 mai 2023


Héritage de Succession
posté par Professor Ludovico

Peut-on enfin mesurer l’incroyable succès artistique que représente Succession, désormais un des 8000 télévisuels après cette season finale d’exception ? Là où il n’y a plus beaucoup d’oxygène pour les series faiblardes, mais en bonne place à côté des autres Everest que représentent Sur Ecoute, Mad Men ou Les Soprano ? C’est-à-dire une série parfaite de bout en bout, sans accroc, ni failles ?

Sur le papier, pourtant, Succession accumulait les tares. Une série sur le monde de l’entreprise, très rarement filmé correctement par nos amis du Monde Merveilleux de la Scène et du Spectacle. Au cinéma, le travail est souvent ridiculisé. Les cadres sont stupides, les ouvriers opprimés… Succession a évité ce premier écueil en proposant des personnages tous aussi horribles les uns que les autres, évoluant dans un cadre réel : un conglomérat de la presse et de l’entertainment. Ce qu’ils font n’est pas idiot, ils constituent des empires, les défont, les revendent : en un mot, ils travaillent.

Le deuxième récif était de faire un Biopic. On ne peut s’empêcher en effet de penser aux Maxwell, aux Murdoch*, et aux Lagardère. Mais en choisissant justement de ne pas traiter un sujet en particulier – faiblesse du Biopic – Succession devient universel en passant du particulier au général. Et fait œuvre.

Troisième point d’achoppement possible : la description du luxe. Si Hollywood, pour des raisons évidentes, est plus à l’aise sur le sujet, il fallait néanmoins soigner le réalisme de chaque détail, à l’aune desquels la série serait jugée**. Yacht, hélico, montres de luxe, vins fins, niveau de langage : tout sonne juste dans Succession.

Après, la série a les qualités habituelles des grandes œuvres : un propos fort, et des personnages solides extrêmement bien joués, sans fausse note aucune. Aussi bien le Front Row (le père et ses quatre enfants, Brian Cox, Jeremy Strong, Kieran Culkin, Alan Ruck, Sarah Snook) que les personnages annexes, Tom et Greg (Matthew Macfadyen, Nicholas Braun), le CODIR Waystar (Peter Friedman, Dagmara Domińczyk, David Rasche) et les vautours qui les survolent (Arian Moayed, et le toujours génial Alexander Skarsgård). Casting parfait, qualité HBO : à simple titre d’exemple, on notera la présence de J. Smith-Cameron, une habituée HBO, dans le rôle de la directrice des affaires juridiques. Elle incarnait quelques années auparavant, une white trash louisianaise dans True Blood.

Dernier succès et non le moindre, avoir su tirer une histoire d’un ensemble de rebondissements répétitifs. Chez ces Atrides de new-yorkais, on s’aime, on s’allie, on se trompe et on se trahit… Pourtant le spectateur n’a jamais l’impression que la série se répète, tant elle est capable de renouveler ces jeux d’alliance (le frère et la sœur, le père et le frère, l’ami et le traitre, etc.), tout en dévoilant petit à petit les fractures intimes des personnages. Roman Roy, interprété par le fabuleux Kieran Culkin, en est le plus vibrant exemple.  

Il y a enfin la capacité du showrunner à bâtir, à partir de ces intérêts particuliers, un propos plus vaste. Comme cette saison 4, où les déchirures familiales peuvent potentiellement amener à l’élection d’un clone de Trump.

On constatera l’impact, au sens physique du terme, de ces décisions puériles sur la vie de ceux-là mêmes qui auront créé ce chaos…

* Inspiration originelle de Jesse Armstrong, qui voulait d’abord ne réaliser qu’un film…

** Un contre-exemple possible étant l’adaptation indie – donc fauchée – de l’American Psycho de Brett Easton Ellis par Mary Harron. Pour que le film marche, il fallait des restaurants luxueux, des appartements gigantesques, ce que la production ne pouvait s’offrir.




mercredi 24 mai 2023


Perry Mason
posté par Professor Ludovico

On a oublié de dire à quel point Perry Mason était une excellente série. Seul HBO pouvait avoir cette idée folle de réactiver le procedural des années 50 (271 épisodes sur CBS), et d’en faire un prequel sur les débuts de Perry Mason ? On imagine mal Canal+ réaliser une série sur la jeunesse du Commissaire Moulin…

Mais voilà, c’est la qualité HBO. Acteurs au top (Matthew Rhys, Juliet Rylance, Chris Chalk, Shea Whigham, John Lithgow, Sean Astin, Justin Kirk…) musique jazzy classieuse signée Terence Blanchard, décors aux petits oignons, réalisation soignée (comme d’hab’), mais surtout la Cité des Anges, Los Angeles, notre Los Angeles, L.A. Noire, les Années 30, la Grande Dépression, Dashiell Hammett et John Fante, Hollywood et les tar pits de La Brea…

Après une première saison centrée sur l’enlèvement d’enfant et la montée religieuse, le show tourne cette saison autour du pétrole et des casinos clandestins au large de Catalina. Les passionnés d’histoire angeleno liront en sous texte l’enlèvement de Marion Parker, la scandaleuse évangéliste Aimee S. McPherson, et le Pétrole ! d’Upton St Clair. Autant dire que le CineFaster boit du petit lait. Et qu’il attend la saison 3 – s’il y en a une – avec impatience.




lundi 22 mai 2023


La Série Hamburger
posté par Professor Ludovico

Encore un nouveau concept ? Le CineFaster va finir par se lasser. Pourtant si, il y a une idée derrière tout ça.

Qu’est-ce qui caractérise McDonald’s ? A Bangkok, New York ou Bourgoin-Jallieu, un BigMac aura toujours le même goût. Steak haché, bun au sésame, pickles, laitue, oignon, cheddar… Pas de mauvaise surprise, pas de bonne non plus…  

Il existe en matière de série le même concept. A chaque épisode de Vampire Diaries, on sait ce qu’on va trouver, comme dans un BigMac : un peu de vampire, un peu de romance, une juste dose de frayeur (pas trop gore) et un peu d’humour. Les intrigues seront toujours les mêmes : vie du Lycée, Jocks & Nerds, BFF et teen bitch. On peut prévoir à l’avance ce qui va arriver, tout comme on peut avoir quelques minutes d’inattention ; on retombe forcément sur ses pieds dans la Série Hamburger. C’est le principe, décliné en très grande majorité, tous genres confondus : NCIS, Colombo, Les Têtes Brulées, Joséphine Ange Gardien, The Expanse…

Certes on peut préférer les séries qui « dérangent » le spectateur, lui demandant un effort d’attention ou le sortant de ses certitudes (A La Maison Blanche, Friday Night lights, Game of Thrones…), mais en réalité ces séries usent (de manière infiniment plus subtile) de la recette du hamburger. Pas de Game of Throne sans scène de fesses, pas de Friday Night Lights sans teen romance, pas de Maison Blanche sans engueulade du Président Bartlet).

On pourrait trouver ça dommage, mais c’est le contraire… Une petite envie de vampire, d’humour et de romance ? Ce soir, il y en aura !




lundi 15 mai 2023


La langue étrangère de Succession
posté par Professor Ludovico

Au-delà de l’incroyable succès de Succession, ce Game of Thrones contemporain, ultra-réaliste, sur les milliardaires et leurs querelles d’héritage, le premier épisode de cette ultime saison nous a fait remarquer un particularisme jusque-là ignoré : la langue. En effet, ces dialogues incroyablement écrits… ne veulent rien dire ! La plupart du temps, on a du mal à comprendre de quoi parlent ces êtres vils. Chaque personnage s’exprime par métaphore, chacun dans son style : obscène et vulgaire pour Roman, le puîné priapique, bullshit entrepreneurial 2.0 pour Kendall, le pseudo manager, et anglais procédural pour Shiv, la décevante cadette.

Dans la scène d’ouverture de ce S04e01, nos héros essaient de monter un site web, c’est-à-dire – pour la première fois – travailler réellement : « The Hundred », site d’info, évidemment disruptif. Mais une autre opportunité se présente, un conglomérat à racheter, à coups de milliards : c’est plus simple. Et c’est encore mieux : c’est l’entreprise que Papa convoite…

Aucune discussion réaliste ne sera envisagée sur la valeur réelle de cette entreprise. Ces affaires-là se règlent à coups d’enchères téléphoniques, comme sur le marché aux poissons de Trouville-sur-Mer*.

Les dialogues, écrits le showrunner Jesse Armstrong, virevoltent comme d’habitude dans Succession. On se perd à saisir les allusions, les jeux de mots vernaculaires et à y comprendre quelque chose. En réalité, il n’y a rien à déchiffrer, si ce n’est le caractère des personnages. Ces enfants sont vides ; leur père, lui, ne l’est pas, même si c’est une ordure castratrice. Leur langue est complexe, châtiée, mais vide. Lui s’exprime par borborygmes, assaisonnés de fuck tonitruants, mais ce qu’il dit est clair, et net.

La scène finale, par opposition, vient démontrer ce propos ; deux personnages se séparent, et pour la première fois, parlent normalement. Et ils pleurent…

Humains, après tout.

* Pour s’en convaincre, il suffit de lire Milliardaires d’un Jour : Splendeurs et Misères de la Nouvelle Economie, l’incroyable livre de Grégoire Biseau et Doan Bui. Les auteurs racontent, avec force détails, comment Caramail, Lycos, ou Libertysurf ont roulé dans la farine des vieux crabes expérimentés comme Bernard Arnault, François Pinault, ou Jean-Marie Messier. Et vendu pour des milliards des entreprise qui ne valaient rien.




mercredi 10 mai 2023


The Vampire Diaries
posté par Professor Ludovico

Le Professore Ludovico a fait un pari stupide. Il s’est engagé à regarder Vampire Diaries, huit saisons, 171 épisodes, si la Professorinette se mettait enfin à réviser The Wire, ce qu’elle promet de faire depuis dix ans.

Aussitôt dit, aussitôt fait : après avoir eu la confirmation que la demoiselle savait qui était Snot, on a attaqué la série teen-com, vampire bit-lit de CW.

À vrai dire c’est une expérience intéressante. D’abord en tant que Rôliste… The Vampire Diaries a tous les codes de la Mascarade, le code de ce que font les vampires, ce qu’ils n’ont pas le droit de faire, les coutumes et la la hiérarchie vampirique, et les différentes façons de les tuer… En clair tout ce qui a été défini par Ann Rice et le jeu de Mark Rein-Hagen, Vampire : The Mascarade. Ces vampires ne viennent clairement pas de Twilight, dont la série se moque à plusieurs reprises.

Et puis il y a le plaisir de regarder une série légère, dont on se fout un peu ; argument avancé par la Professorinette elle-même. On peut regarder The Vampire Diaries en faisant la vaisselle, parce que de toute façon un truc va vous être répété trois fois, au cas où vous n’auriez pas tout compris… On peut même écrire la chronique CineFast de The Vampire Diaries en regardant The Vampire Diaries, c’est dire… Tout cela choquera le cinéphile hardcore, mais c’est le concept même de la Série Hamburger. La Série Hamburger ? Un concept sur lequel nous reviendrons bientôt…




mardi 2 mai 2023


Ted Lasso
posté par Professor Ludovico

C’est le mystère du moment, une série que le Professore Ludovico qualifierait volontiers de gentillette, et qui pourtant le scotche à son téléviseur Sony, sans vraiment savoir pourquoi il est scotché d’ailleurs. Le Sage de la Belle Côte dirait qu’il est juste et bon d’aimer sans raisons, et même, qu’il est peut-être un peu fou de chercher ces raisons.

Pourtant, on est accro, on a envie de connaître la suite du truc. Un truc, par ailleurs, pas très original : Ted Lasso, un coach de foot américain est engagé pour entraîner l’AFC Richmond, une équipe de Premier League. Derrière cette bizarrerie se cache en réalité une vengeance : la propriétaire du club veut punir son ex-mari en rétrogradant son club fétiche. Les rebondissements sont convenus, mais les personnages sont très attachants, ce qui renforce l’idée qu’une série, c’est avant tout des personnages, et un film, avant tout une intrigue.

Il y a néanmoins quelque chose de mystérieux dans le charme de Ted Lasso, qu’on n’arrive pas à s’expliquer. On va continuer à chercher… ou pas !




mercredi 26 avril 2023


The Last of Us
posté par Professor Ludovico

Bien sûr il y a la hype, « la meilleure adaptation de jeu vidéo de tous les temps », Pedro Pascal et Bella Ramsey époustouflants dans Game of Thrones, et un showrunner top gun : Craig Mazin.

Tout ça est très excitant, mais maintenant on peut juger la bête sur pièce, merci Prime Vidéo, plus maline que HBO*…

Le résultat est mitigé… Certes, c’est probablement la meilleure adaptation de jeu vidéo, mais il faut dire que la concurrence est assez faible en matière. Les acteurs sont très bien, avec une opposition originale de deux badass (50 et 14 ans), assez inédite à ce niveau.

Mais pour le reste, The Last of Us est pèse son poids de clichés habituels du post apocalyptique version US. C’est l’apocalypse, mais seul un enfant pourra sauver le monde. C’est l’apocalypse, mais il y a quand même des endroits où on peut trouver des blousons neufs et du whisky on the rocks… C’est l’apocalypse, mais tout le monde n’est pas retourné à l’égoïsme…**

On est aussi un peu décus par l’aspect visuel du film, qui enchaine décors magnifiques et matte paintings au couteau, sans parler des monstres, conceptuellement géniaux, mais qui font un peu plastique. On attendait mieux, plus réaliste, plus trash, de la part de Craig « Chernobyl » Mazin…

Le genre post-apo mérite (un peu) mieux (dans la littérature : La Route, Je Suis Une Légende, La Vérité Avant Dernière…) ou au cinéma : Mad Max, Le Règne du Feu, Le Dernier Combat, Stalker…

*HBO incapable de proposer son service de streaming en France, alors qu’elle avait retiré les droits à OCS, après des années de bons et loyaux services

** Il est intéressant de noter que quand une résistance s’organise, elle est plutôt de tendance socialo-communiste. On partage tout, et, au final, ça finit en purée. Comme quoi, le Marché, ça a du bon…




vendredi 21 avril 2023


Esterno Notte
posté par Professor Ludovico

Cette Nuit Eternelle, qui raconte l’enlèvement d’Aldo Moro, a tout pour plaire sur le papier. Le sujet, les protagonistes (les Brigades Rouges versus la Démocratie Chrétienne), le chaos des Années de Plomb, assorti d’une maîtrise technique imparable. Si vous connaissez quelque chose au sujet, ou que vous n’y connaissez rien, ça reste intéressant.

Bellochio a une idée, voir l’enlèvement de Moro au travers des yeux de ses protagonistes : Moro lui-même, sa famille, le Pape, Cossiga, le Ministre de l’Intérieur, le couple de brigadistes, etc. Mais il n’a pas de point de vue, à part présenter Moro comme une sorte de saint*. C’est oublier la situation de l’Italie, la Dici au pouvoir depuis des décennies, l’intransigeance des Brigades Rouges…

Mais ne cherchez pas à trouver du cinéma, il n’y en a pas. Marco Bellocchio filme l’action telle qu’elle arrive : à plat.

Pourtant, contrairement à d’autres, Bellocchio essaye d’en mettre, du cinéma, mais il n’y parvient pas. Il veut par exemple filmer le patriotisme de Cossiga. Que fait-il ? Il montre des drapeaux italiens, vert, blanc, rouge, qui flottent au vent, qui sont abaissés le jour de l’enlèvement d’Aldo Moro, ou qui flottent mollement. Ça c’est du cinéma. Une image, pas de dialogue. Ce drapeau qui flotte mollement, c’est l’angoisse qui traîne dans Rome, quasiment sous couvre-feu. A un moment, le drapeau de l’appartement de Cossiga s’enroule autour du mât. Métaphore : Cossiga est noué de l’intérieur par sa culpabilité vis-à-vis de Moro, par sa femme (qu’il ne l’aime pas). Tout est dit. Ce drapeau entortillé l’obsède, on le voit. L’épisode décolle… Mais Bellocchio se croit obligé de jeter du dialogue. Cossiga se lève « C’est beau un drapeau qui flotte au vent ».

C’est tout le cinéma que vous trouverez dans cette Nuit Eternelle

*Il a en plus l’outrecuidance de se la jouer Fellini, Moro portant sa croix Place Saint Pierre. La métaphore n’est pas légère, et elle tombe à plat, juxtaposée au réalisme du reste…




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