mardi 15 janvier 2008
Topten 2007
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films -
Playlist ]
Chaque année, un ami à moi, Philippe, réunit quelques camarades pour le Topten. Le sujet est simple : élire, comme à Télérama ou à Studio, les 10 meilleurs films de l’année (le Topten) et les 5 pires (le Bottomfive). On mange de la galette (j’aime pas ça) et on s’engueule sur le cinéma (j’adore ça). Ils vont beaucoup au cinéma (record 2007 : 109 films), travaillent pour certains dans le milieu, et défendent plus facilement le cinéma français que moi. Pour ma part, j’aime suffisamment la provocation pour leur suggérer que Transformers est, aussi, un grand film de l’année.
Mais cette année, c’était plutôt mou : nous étions peu nombreux, et nous nous sommes accordés à dire (c’est extrêmement rare) que c’était une année sans.
Voici donc leur Topten :
La Vie Des Autres
Ratatouille
Bobby
Half Nelson
Once
Par Effraction
Roman de Gare
Caramel
La Môme
Goodbye Bafana
…et leur Bottom Three :
99F
L’homme sans Age
Le Prix à Payer
Mon Topten :
Control
L’incroyable Destin d’Harold Crick
Mon Frère Est Fils Unique
Kings Of The World
Zodiac
Transformers
Half Nelson
300
Raisons D’état
Apocalypto
et mon Bottomfive :
L’âge Des Ténèbres
Next
L’illusionniste
Les Promesses De L’ombre
Paranoid Park
dimanche 13 janvier 2008
Alien
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les films ]
Alien vs Predator II : Requiem m’a donné envie de revoir Alien, de Ridley Scott (je suis au 7ème visionnage). Pour changer un peu, j’ai essayé de faire ce que je ne fais jamais : regarder les bonus, en l’occurrence le commentaire audio. Il existe un making of, qui passa autrefois sur Temps X (souvenirs, souvenirs), mais évidemment, il n’est pas sur le DVD.
Bon, le commentaire audio n’est pas passionnant : Ridley Scott nous explique ce qu’on sait déjà : Alien est un chef d’œuvre, comme Psychose ou Sueurs Froides. C’est le Citizen Kane du cinéma fantastique, c’est-à-dire LE truc qui remet les pendules à l’heure.
J’ai donc finit par rebasculer sur le film lui-même, et bien m’en a fait. Surtout que je me targue de posséder le film originel, et pas le stupide Director’s Cut dont Mr Scott nous a récemment gratifiés. Ironie suprême, il explique dans ma version, pourquoi il n’a pas gardé les scènes qui sont… dans le Director’s Cut !
Exemple : une scène où Lambert (la navigatrice hystérique) engueule Ripley (Sigourney Weaver), parce qu’elle voulait les laisser en quarantaine…Ridley Scott nous explique que tout ça peut rester « off », parce qu’on a pas besoin de comprendre tout ça ; ils sont de toutes façons pas copains, et ça se voit. Pas besoin de dialogue pour expliquer ça : un regard suffit, et la tension reste palpable. Bien sûr la scène fut rajoutée, comme celle où on comprend ce que sont devenus les petits camarades de Ripley, et ce que l’alien leur a fait. Tout ça a finit dans le Director’s Cut, pour notre plus grand malheur.
Autre leçon de cinéma, quand le réalisateur explique la fin ; on voulait l’obliger à finir sur la destruction du vaisseau. Scott explique qu’un film, c’est une musique (il ne tarit pas de compliments sur la musique de Jerry Goldsmith), et que si l’on finit par la destruction du vaisseau, il manque quelque chose. Non, il faut rajouter ce combat final, cette « fin dans la fin » comme il dit.
Et c’est vrai que tout le rythme du film est là : tension intense dans les vingt dernières minutes (la mise à feu de l’auto-destruction du Nostromo, le chat, l’alien dans le couloir, la tentative ratée de stopper le mécanisme de destruction), le rythme du film est alors à son apex. Puis c’est l’explosion libératrice, et ce drôle d’effet qui vous prend aux tripes, quand on comprend que le film n’est pas fini. Où est l’alien ? Cette question, qui nous hante depuis une heure, ressurgit. Car l’alien est parmi nous, dans Kane, puis dans le vaisseau, pourquoi pas dans le chat ?
Le génie du film, et la révolution copernicienne qu’il engendre, c’est bien de cacher ce qu’on voit d’habitude. Non seulement, réaliser cet incroyable travail de conception (Giger, Moebius, Foss, Cobb), ces décors, mais ensuite cacher ces incroyables décors, quand n’importe quel blockbuster voudrait les montrer, eux qui ont coûté si cher !
Non, dans Alien, tout se passe dans le noir, et surgit là on ne l’attend pas, quand on ne l’attend pas.
De même, la musique joue un rôle inversée au film d’horreur traditionnel, intervenant parfois avec l’action, parfois à contre temps. Les bruits permanents dans le vaisseau (ronronnements, souffles d’air, bourdonnements, bips électroniques) emplissent l’espace et servent de deuxième musique. Et quand une boîte tombe, quand le chat miaule, toute la salle saute au plafond !
Dernière remarque, rigolote : la production reprochait à Ridley Scott, qu’il n’y ait pas du tout de sexe dans le film. « Ne pourrait-on pas« , demande-t-elle benoïtement, « créer une romance entre Ripley et son capitaine ? » (la scène existe, elle a été coupée par Scott).
Très british, il répond à ça pendant LA scène culte que toute la population mâle de 40 ans peut vous citer, quand Ripley se déshabille et apparaît enfin féminine, magnifique, en petite culotte blanche. « Voilà un peu de sexe, quand même », dit le réalisateur dans le commentaire audio.
Un peu de sexe ? Il ne manque pas d’air, le rosbif ! Parce qu’on va la revoir, cette petite culotte, quelques secondes plus tard, quand Sigourney, tétons en avant, va faire le grand écart – la caméra opportunément en contre-plongée – pour entrer dans sa combinaison et combattre une dernière fois l’alien. Alien, qui justement, nous sort à ce moment-là sa bouche-phallus, couvert d’un liquide poisseux (je vous passe les détails).
Y’a-t-il un film plus sexe qu’Alien ? Il n’y a que ces grand nigauds d’américains qui n’ont pas vu que le film est un incroyable porno gore, parsemé de pénétrations diverses et variées : Lambert qui se fait tuer d’un coup de queue remontant lentement entre ses jambes, Parker et Brett se prenant le phallus dans le crâne, Kane qui étouffe parce qu’on lui introduit ce tube dans la bouche, qui l’étrangle en même temps !! Sans parler de Ash, le robot asexué, qui, une fois qu’il a perdu la boule, se met à suer un liquide blanchâtre, et tente de tuer Ripley en lui introduisant dans la bouche un magazine porno roulé en tube. « The closest thing to sex for a robot ? », s’interroge, rigolard, Scott.
Enfin, c’est oublier de ces fameuses vingt dernières minutes : une longue montée de l’orgasme, sans paroles, ponctuée du seul halètement de Ripley en sueur, une Ripley qui finit par s’étendre pour assister aux trois explosions orgasmiques de son vaisseau, la bouche entrouverte, les yeux fermés…
The closest thing to sex, peut être ?
samedi 12 janvier 2008
Alien vs Predator II : Requiem
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Pour reprendre l’une des expressions favorites du Framekeeper, voilà une franchise qui tient la route. Nous voilà donc au sixième produit dérivé du film de Ridley Scott, mais surtout à la première suite de l’excellentissime Alien vs Predator. Autant le Professor avait été énervé par les suites d’Alien, autant il se délecte de la Grosse Connerie qui s’Assume qu’est Alien vs Predator.
Un scénario épais comme un sandwich SNCF, mais qui tient la route : Arriverons-nous à l’hélicoptère !!??? Le casting habituel : la lycéenne blondasse, le vendeur de pizza, l’ex-marine (une femme cette fois-ci), le gentil flic. Des dialogues rigolos. Deux heures de bonheur, je vous dis. Et puis le plaisir sadique de jouer du côté des monstres. Dans Alien, c’était l’inverse : nous étions scotchés, comme Ripley et Dallas, à l’intérieur du Nostromo. D’où la terreur qu’inspire, encore aujourd’hui, le film. Ici, c’est l’inverse, on n’y croit pas une seconde, mais c’est ça qui est bien : on s’en fout ! On sait ce qu’est un alien, on connait les predators ! On se demande pourquoi nos pauvres héros n’en savent rien. Ne vont-ils jamais au cinéma ?
Seul bémol, quelques mystères inexpliqués dans le scénario : d’où vient cet Alien/Predator ? Et pourquoi le Predator le chasse ? Il faut probablement avoir lu le comics, surfé sur un site de fanboy, lu l’intégralité de Mad Movies pour en comprendre les tenants et les aboutissants ? Sans parler de la fin, mysterieuse elle aussi, qui augure d’un metaplot avec complot à la X-Files, et donc d’une suite. Bientôt Alien vs Predator III : Mulder vs Scully ?
jeudi 10 janvier 2008
Panic Room/Sexcrimes
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD ]
Chaude soirée pour les cinefasteurs que nous propose TF1 ce dimanche en alignant deux très bons films : Panic Room de Fincher et Sexcrimes de Mcnaughton. Aucun rapport entre les deux, sauf que c’est bien sûr le cinéma que nous défendons ici : scénar en béton, mise en scène de talent, et savoir-faire US.
Panic Room est une œuvre mineure de Fincher, loin derrière Fight Club ou Seven, mais pourtant, qui ne fait pas tache dans l’œuvre du maître des nineties : grande maîtrise formelle pour un polar sans prétention, qui tisse pourtant une métaphore troublante : cette famille monoparentale, ça ne serait pas l’Amérique d’aujourd’hui ? Et cet appartement inutilement gigantesque, assailli par un noir, un latino, un arabe, ça ne vous dit rien ? « On voulait juste entrer ! » disent-ils … Sans parler de la morale finale, pirouette à la Micromegas : qu’est ce que l’argent, si ce n’est que du vent ?
Sexcrimes est moins ambitieux sur le plan moral, mais extrêmement plus musclé sur le plan scénaristique. Voilà longtemps qu’on avait pas vu un scénario aussi retors, dans la meilleure lignée du polar américain, et servi par un casting chaud comme la braise : Denise Richards, Neve Campbell, et le beau gosse Matt Dillon. Qui baisera l’autre ? Réponse compliquée, vu que tout le monde baise déjà avec toute le monde (mais je vous rassure, à la fin, vous saurez le fin mot de l’histoire…)
lundi 7 janvier 2008
Pour en finir avec… George Lucas
posté par Professor Ludovico dans [ Pour en finir avec ... ]
Cette chronique traînait depuis longtemps dans un coin de mon cerveau, mais la sixième revoyure de Star Wars a finit par m’en convaincre : oui, il faut en finir avec George Lucas !
Débarrassons-nous tout de suite des indéniables qualités du garçon : oui, avec Star Wars, George Lucas a complètement modifié le business à Hollywood. Après Star Wars, l’usine à rêves n’aura jamais autant mérité son nom. Concrétisant un phénomène déjà lancé par les Dents de la Mer, Star Wars a changé à jamais le visage de cette industrie. Sur 3 plans :
pour la première fois en dehors des dessins animés et autres « Coccinelle à Monte Carlo », on visait le public des enfants, qui allaient faire le triomphe de Star Wars, car avides de voir le film, mais surtout de le revoir, encore et encore.
2/ le marketing des films :
dès le départ, George Lucas eu cette intuition géniale : le film étant hors budget, il renonça à une partie de son salaire, mais demanda à conserver les droits dérivés. On lui rit au nez, mais… la Fox accepta ! Sachez que depuis, notre George a gagné 9 milliards de dollars uniquement avec ça…
3/ la façon de faire des films :
on ne compte plus les révolutions technologique que George Lucas a amené au travers de Star Wars : caméra pilotée par informatique, effets spéciaux, son THX, film numérique, George Lucas est le grand magicien, le Méliès de la fin du XX° Siècle.
Que lui reprocher alors ? Fan de science fiction, je ne le cache pas, j’ai mangé mon chapeau en voyant la première trilogie en 1977. Doublement. D’une part, de voir qu’une histoire aussi simpliste était portée à l’écran (le space opera n’est pas le genre le plus chic de la SF), mais aussi de comptabiliser les emprunts faits à droite et à gauche pour bâtir « son » univers : nombreux emprunts chez Dune, les Flash Gordon des années 30, etc.
Bien sûr, si Star Wars a eu et continue d’avoir le succès que l’on sait, c’est que si Lucas n’est pas un formidable créateur, c’est un grand synthétiseur d’histoires, qui sait nous jouer l’histoire éternelle qui habite tous les contes : le Parcours du Héros (avec ses épreuves, ses quêtes, sa nemesis), qui sous-tend les histoires de Siegfried à Beowulf, en passant par toute la mythologie grecque.
Non, là où George Lucas est minable, c’est en tant que scénariste et que metteur en scène. Il suffit pour ça de voir tout simplement la Trilogie. Le premier Star Wars, écrit, produit et réalisé par George Lucas, est tout simplement consternant. Les dialogues par exemple, avec les réplqiues de Luke, vantant à tout bout de champ tel ou tel vaisseau X-19 ou T-16, sont à gerber ; les personnages sont inexistants, ou ridicules. Heureusement, Han Solo vient apporter un peu d’air au bout d’une demi-heure.
Mais il suffit de passer à la suite, L’Empire Contre Attaque : pour constater la différence. George Lucas n’est plus qu’ Executive Producer, et c’est dejà beaucoup ! Le scénario est confié à une écrivaine réputée dans le milieu, Leigh Brackett, et un scénariste doué, Lawrence Kasdan, qui réalisera ensuite trois petits chef d’œuvre (La Fièvre au Corps, Silverado et Grand Canyon). A la réalisation, un vétéran, Irvin Kershner. Il en sera de même pour Le Retour du Jedi, réalisé par Richard Marquand.
Et si la Prélogie est aussi mauvaise, c’est qu’elle reproduit le même schéma : écrite, produite et réalisée par George Lucas. Donc, George, on t’en supplie, on n’a rien contre toi !! Tu est un grand producteur (Indiana Jones, Star Wars), tu as même été un excellent réalisateur sur les films que tu n’as pas produit toi-même (American Graffiti, THX1138), alors je t’en prie, ne mélange plus les genres…
lundi 7 janvier 2008
A la Croisée des Mondes
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Curieuse sensation devant ce film, tirée de l’œuvre de Philip Pullman, « Les Royaumes du Nord »… L’impression d’être dans le bottes du type qui découvre le seigneur des anneaux au cinéma sans jamais en avoir lu une ligne… En tout cas c’est très beau, fort bien joué, mais ce n’est pas du cinéma. Plutôt un alignement de scène-cultes (la decouverte de la boussole, les gitans, la bataille des ours), toutes aussi belles les unes que les autres, mais qui nécessite de nombreux dialogues gnan-gnan été explicatifs, gu genre « Qu’est ce que c’est ? Mais ce sont les Sorcières ! » ou encore « cette région est infesté de Samoyèdes ! ». Ce genre de scène m’a toujours étonné, dès le Dune de Lynch. Est-ce là pour plaire au fan ? Pour qu’il s’y retrouve vite fait ? parce que pour le beotien, ca n’apport strictement rien de savoir que ce type méchant s’appelle un Samoyède ! Tout ca reste un mystère…
Mais bon, l’univers est suffisamment riche, « steampunk » à mon goût, pour me donner envie de voir la suite…
lundi 31 décembre 2007
20 000 Lieues sous les Mers / Le Seigneur des Anneaux
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD ]
Hasard de la programmation, j’ai voulu montrer à mon fils 20 000 Lieues sous les Mers (que je n’avais pas vu moi-même), hier soir sur Arte. A la fin, j’ai zappé sur la fin du Seigneur des Anneaux (TF1). Je renâclais jusque là à lui montrer, car c’est assez violent (il n’a que 6 ans). Mais bon, c’est les vacances, et il a eu l’air d’apprécier les deux.
Ce qui m’a frappé, à cinquante ans de distance, c’est le destin probable de ces deux films. Deux superproductions (5M$ pour l’une, 94M$ pour l’autre), bourrés d’effets spéciaux oscarisés, des films à la fois fantastiques et grand public.
Dans tous les cas, le temps fera son œuvre sur les nazguls comme sur le calamar géant. La mise en scène anabolisée de Peter Jackson, les interminables scènes de combat, qui bluffent aujourd’hui le pékin moyen, seront sujet de moqueries en 2057, date de la réédition en X-Ray Collector, avec Odeurs 3D en Bonus. Car ce qui reste au final, ce sont les personnages, l’histoire, les sentiments, éléments intemporels par essence.
Gageons que ce qui surnage aujourd’hui dans 20 000 Lieues sous les Mers – le pessimisme nietzschéen du Capitaine Nemo – trouvera son équivalent dans le désespoir tranquille de Frodon et ses amis, dans leur auberge hobbite, à la fin du Retour du Roi.
dimanche 30 décembre 2007
This is the end…
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Séries TV ]
Voilà c’est fini, la dernière saison des Sopranos est terminée. L’occasion pour CineFast de revenir sur ce débat brûlant : qu’est ce qui distingue une bonne série d’une autre, sinon la fin ?
Précisons d’ores et déjà que c’est une simple vue de l’esprit : les séries ne sont pas conçues comme ça, (c’est-à-dire comme un film), avec un début et une fin. Les séries sont faites pour être extensibles à l’infini, et leur argument de départ doit être suffisamment souple pour permettre une adaptation semaine après semaine, en fonction des études d’audience que les télés réalisent après chaque épisode. Charge aux auteurs de suivre alors les goûts du public : étoffer tel personnage apprécié par le public féminin, rajouter de l’action pour le public masculin, etc.
Ainsi, Twin Peaks a commencé sur un coin de table : Mark Frost et David Lynch ont dessiné un plan de la petite ville du Northwest sur la nappe du restaurant, placé le collège, la station service, le bureau de shérif, puis ils se sont demandé qui faisait quoi ! Le tournage a même débuté sans savoir qui avait tué Laura Palmer !
Tout cela pour une bonne raison : les chaînes achètent en général le pilote, et, si ça marche, 12 épisodes, voire, en cas de confiance absolue, l’intégralité d’une saison, soit 24 épisodes. Pour 24, les producteurs avaient prévu 3 fins différentes en fonctions des réactions de la Fox. Si ça n’avait pas été un succès, ils auraient probablement tué Jack Bauer au dernier épisode.
Donc, auteur ou commerçant, le scénariste-créateur de série ne sait jamais bien où il va, et sûrement pas comment ça va finir. D’où le sentiment d’intense frustration à la fin d’Alias, des X-Files, bref de toutes ces séries qui avaient fait de leur intrigue addictive un fond de commerce… Une fois la décision prise de ne plus réaliser de saison supplémentaire pour X-Files, Chris Carter a relié comme il le pouvait tous les éléments de la série pour apporter un semblant de solution, avec le résultat ridicule que l’on sait. De même pour la dernière saison d’Alias : personne ne comprenant plus rien à la série, on a fini par demander au créateur quelques explications. Réponse, sans rire, de JJ Abrams « Je n’en sais foutre rien, je suis en train de préparer Lost à Hawaï », ce qui, entre parenthèses, promet tous les affres du désespoir aux fans du Projet Dharma…
Mais c’est là la dure réalité, le cercle vicieux : les téléspectateurs se lassent, l’audience chute, la chaîne décide d’arrêter et l’artiste passe à autre chose : il y a en quelque sorte une conspiration collective contre la série.
C’est pourquoi les fins réussies, réalistes, « dans l’esprit », sont rarissimes. Dans mon panthéon personnel, il y en a deux, aux deux extrêmes de la production : Le Prisonnier, qui finit dans l’absurde métaphysique qui procède dans toute la série, et Seinfeld. La plus grande sitcom US de tous les temps (et aussi la plus profitable : Jerry Seinfeld rapportait tellement d’argent à NBC qu’il obtint 5% de la chaîne pour une neuvième saison !) finit elle aussi en apothéose : un double épisode en forme de procès condamnant les héros à la prison, où Jerry se retrouve – ô symbole – obligé de continuer à faire son show pour distraire les taulards.
Dans la catégorie « chef d’œuvre, bien fini », on mettra évidemment Les Sopranos. Par une pirouette scénaristique la série termine là où elle avait commencé, c’est-à-dire nulle part. Pour cette série ultra-réaliste, qui n’avait d’autre ambition que de filmer la vie quotidienne d’une famille américaine des années 2000, (certes au travers du prisme de la mafia), il était hors de question de finir avec Tony Parrain des Parrains ou Tony en prison. Les Sopranos finiront donc dans une sorte « coïtus interruptus », mais je vous laisse le découvrir vous-même.
Dans la catégorie « pas loin du chef d’œuvre, et bien fini », on peut mettre Six Feet Under : après un horrible passage à vide (saison 3&4), la série nécrophage a su s’achever de manière exceptionnelle, dans un ultime épisode où évidemment… tout le monde mourrait. On peut mettre aussi NYPD dans cette catégorie.
Pour les autres, on l’aura compris, il faudra faire le deuil d’une fin correcte et accepter tel quel le plaisir que le show a bien voulu nous donner, pendant une, deux, trois, cinq années…
NB on consultera avec profit le site Jump the shark, qui recense, par vote des internautes, la saison exacte où votre série a « sauté sur le requin », ou, en bon français, est devenue irregardable…
dimanche 30 décembre 2007
La Nuit Nous Appartient
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Au risque de me fâcher avec toute la critique post-moderne qui rôde aux alentours, sur le net ou dans la presse, La Nuit Nous Appartient est un film raté. Et la déception est d’autant plus grande qu’avec un type comme James Gray, on est dans la Premiere League, et pas chez un obscur tâcheron sorti des griffes de Miramax. James Gray, c’est Monsieur Little Odessa, Monsieur The Yards (déjà un peu en dessous). Mais là, pscchhttt !, comme on disait avant la sarkosie.
Précisons tout de suite que c’est superbement filmé et photographié, on se croirait chez William Eggleston, la musique est superbe, les acteurs géniaux. Y’a juste deux problèmes, le scénario et les dialogues.
L’argument n’est pas ridicule : Bobby (Joaquin Phoenix) est propriétaire d’une boîte branchée à la fin des années 80. Il se défonce et s’éclate avec sa girlfriend portoricaine (Eva Mendes). Mais il est vite sommé de prendre parti : soit rester avec les malfrats et plonger dans le trafic de drogue, soit rejoindre sa famille (son père et son frère sont policiers) et devenir un indic. Il optera finalement pour la seconde solution et finira même par… vouloir s’engager dans la police (Sic) qui… l’accepte (re-sic !) On file un badge à l’ex-drogué, au bad boy, et il se met quasiment à diriger l’enquête ! Déjà, quand le père – parti à la retraite – avait repris l’enquête, on avait froncé les sourcils, mais là ça commence à piquer les yeux… Sérieusement, on ne peut plus faire des films comme ça ! Le Justicier dans la Ville, les premiers Eastwood, passe encore. Mais aujourd’hui, ce n’est plus acceptable, c’est du cinéma de papa !!! Il n’a pas la télé, James Gray ? Il n’a jamais vu un épisode des Sur Ecoute? De NYPD ? Des Experts ? Il ne sait pas qu’on ne devient pas flic en 48h ? Que tous les truands russes ne sont pas obligés d’être tous habillés avec des cuirs noirs et de queues de cheval ? Qu’on n’invite pas un type qu’on ne connaît pas dans son labo où il y a toute la réserve de coke ?
Tout ça ne serait pas un problème si on était dans Batman : Robin a vu la scène du crime, le Commisioner Gordon lui fait jurer sur la Bible serment d’allégeance à la Police de Gotham City et hop, dans la Batmobile ! Mais là, on est loin de « l’opéra crépusculaire », le « drame shakespearien » que nous promet la hype parisienne depuis deux mois :
« Ce drame cornélien emprunte à nouveau le langage du polar mais aussi ceux du western et peut-être du film de samouraï, (…). Il constitue une éclatante leçon de mise en scène, mêlant réalisme et exacerbation formelle » POSITIF
« De la tragédie grecque aux récits bibliques, les paraboles du bon et du mauvais fils sont ici traduites en vertiges, ponctuant son affaire de scènes d’anthologie » L’HUMANITE
« les tourments psychologiques (…) sont exprimés par des acteurs parfaits (…) la mise en scène de James Gray (…) transcende ce polar aux relents de tragédie grecque. » LE MONDE
« Le brio du film est surtout d’avoir parfaitement transposé l’aspect shakespearien de cette histoire de rivalité et de loyauté dans un contexte précis » TELERAMA
mercredi 26 décembre 2007
Je Suis Une Légende
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Je ne vais pas vous faire perdre du temps, Je Suis Une Légende est un nanard, un vrai, comme on n’ose plus en faire depuis L’aventure du Poséidon. Donc, et comme il n’y pas de temps à perdre, entre La Boum 2 sur TF1 et Un Noël de Chien sur M6 (dans 20 mn !!) , je vous la fais courte. N’y allez pas !
Pourtant, c’est dans la GCA que le Professore fait son miel, et évidemment, plus c’est con, plus c’est bon ! Parce qu’il y a de quoi dire quand même, surtout quand on est dans de la GCA-QPPHQSC (la Grosse Connerie Américaine Qui Pête Plus Haut Que Son Cul). A opposer, bien sûr, à la GCA-QA (la GCA Qui Assume). On aura, espérons-le, l’occasion de vérifier cette intéressante théorie, pas plus tard que le 2 janvier prochain, quand sortira Alien vs Predator II – Requiem, qui fait évidement partie de la deuxième catégorie.
Mais revenons à nos moutons, en l’occurrence Will Smith – Robert Neville. Disons-le tout net, Robert, c’est le gendre idéal : riche (appart’ sur Washington Square), beau (Robert continue la muscu même après l’apocalypse), père aimant (même si il abandonné sa famille pour sauver l’humanité « This is Ground Zero, this is my site !! »), chrétien fervent (un p’tit Amen , et hop, dans l’hélico !), militaire, patriote et même… chercheur !
Ca a beau faire trois ans que New York est transformé en zoo géant le jour, et en Nuit des morts Vivants la nuit tombée, mais notre Robert continue ses recherches dans sa cave pour trouver le vaccin qui sauvera l’humanité.
Comme il a du temps libre, il s’est concocté un planning au petits oignons, qu’il respecte méticuleusement (on se rend compte rapidement que le gendre idéal pourrait vite se transformer en vieux garçon casse-couilles.)
Donc, au programme : shopping, petit tour au video-store (je rends Les Affranchis (bon choix, mon Bob !) et je discute avec les mannequins que j’ai installé là pour me tenir compagnie, parce que je vais pas bien dans ma tête, quand même ! Le soir, je cuisine pour ma chienne, et je fais le ménage, parce qu’apocalypse ou pas, l’appart’ de Robert est nickel. (On se demande s’il n’a pas payé une zombie au black pour venir faire du repassage… )
L’intrigue avance ainsi, au rythme mollasson d’un escargot mort-vivant, malgré quelques bonnes idées (le piège, le golf), mais contrebalancé par des scènes de baston peu crédibles, vu la gueule des zombies, tellement 3D qu’on se croirait dans Shrek. On n’a pas peur une seconde…
A la fin, Robert rencontre une nana, immunisée comme lui, ethniquement correcte comme lui (il est black, elle est latino), mais attention, pas de crac-crac en vue. Quand notre Bob est vraiment désespéré, il se tape pas la première survivante venue, non ! Il préfère parler au mannequin en plastique du videostore, au rayon… des films pornos (authentique !).
Au final, on découvrira une petite colonie de survivants qui vit dans le Vermont, eden originel US (les Pères fondateurs, le Mayflower, l’endroit où tout peut (re)commencer, au cœur de l’été indien qui fait un joli effet de couleurs et de lumières). La colonie ressemble furieusement à ces gated communities qu’on érige un peu partout en Floride pour les seniors qui ne veulent pas s’encombrer avec des noirs ou des jeunes, ou les deux. Donc, suivez mon regard, on recommence les Etats Unis d’Amérique comme au début, mais avec les Nouveaux Américains. Mais bon, c’est l’apocalypse, on va pas chipoter.
On le comprend, on est loin de Seul au Monde, avec Tom Hanks (film jusqu’au boutiste dans le trip Je Suis Tout Seul, Le Spectateur Aussi), loin de La Guerre des Mondes où Spielberg, avec les mêmes scènes, fait naître l’horreur absolue de l’extermination, et même très loin du bon film de zombie, qui cherche d’abord à distraire. Plantage donc sur toute la ligne, hormis les images, toujours troublantes, de New York détruit.
PS : et pour corroborer ma théorie antibritannique, le méchant virus est inventé (par erreur, certes, mais tout de même) par une scientifique… britannique ! (Emma Thompson) Donc, si on résume : tout commence à cause des rosbifs, et finit là où nous nous sommes affranchis d’Eux…