vendredi 20 janvier 2017


De la démocratie en Amérique
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

« Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes(…) 

« Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.  

« Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du cœur ; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. (…)

« Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les mœurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple…»

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, Livre II, 1840 




vendredi 20 janvier 2017


Miguel Ferrer
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens ]

Il avait traîné sa carcasse de ci de là dans un paquet des films et des séries que nous aimions, de Robocop à Magnum en passant par Traffic. Récemment, il jouait dans quelque chose moins à notre goût : NCIS, Los Angeles.

Mais ce que nous n’oublierons pas, ce sont ses apparitions mémorables en Albert Rosenfield, collègue du FBI de l’agent Cooper, et notamment cet échange culte avec le shérif Truman. Après avoir copieusement insulté les bouseux de Twin Peaks, il fait au sherif, qui menace de le frapper pour de bon, cette étrange profession de foi :

I choose to live my life in the company of Gandhi and King. My concerns are global. I reject absolutely revenge, aggression, and retaliation. The foundation of such a method… is love.