samedi 30 avril 2016


The Leftovers
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

A-t-on trouvé le nouveau Lost ? Il semblerait que oui. Mais un Lost musclé par HBO (10 épisodes au lieu de 26), débarrassé de ses mièvreries feelgood, et surtout – une promesse qui reste à tenir – abandonnant sa folle course à l’échalote fictionnelle.

Car c’est le serment marketing de ces Leftovers : le Grand Secret, à savoir la disparition concomitante de 2% de la population mondiale, n’aura pas d’explication. Ce n’est pas le sujet de la série, jurent, la main sur le cœur, Damon Lindelof, ex-showrunner de Lost, et Tom Perrotta, auteur des Disparus de Mapleton, le livre dont est tiré la série.

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, disaient Charles Pasqua, ex-showrunner du gouvernement Balladur. Mais dans les faits, c’est le cas ici. Les dix épisodes de cette saison 1 sont comme des moyens métrages racontant la destinée post « Départ Soudain » d’une galerie de personnages tous plus intéressants les uns que les autre. Le flic dont la femme est partie dans une secte, la fille qui part à vau-l’eau, une femme qui a perdu toute sa famille d’un seul coup, un prêtre qui veut désespérément prouver que ce ne sont pas forcément les meilleurs qui partent en premier…

On ne voit pas de défauts – à date – dans The Leftovers. Tout y est formidablement adulte, l’ingrédient manquant de presque toute la fiction américaine actuelle. Un couple ne se crée pas sur un coin de table, mais par approches multiples. Une adolescente qui part pas en vrille aboutit logiquement là où l’attend le moins. Et le reste de la population continue à vivre, tant bien que mal. Les réactions des bons comme des méchants sont logiques. Rien n’est absurde dans les retombées du Départ Soudain.

Reste une inconnue, car la fiction est un mustang indomptable. Comment va évoluer la série ? Car malgré tout, quelques éléments à suspense se sont glissés dans l’intrigue : le flic est-il malade ? Quel est l’objectif de la secte ? Celui du gouvernement, de Wayne ?

De deux choses l’une : soit les auteurs se sont débarrassés de la pression du pourquoi, afin de pouvoir créer des enjeux quand ils le souhaiteront, sans la horde des fans leur tournant autour comme des mouches. Soit ils ont un plan bien déterminé au départ, et la promesse marketing de départ n’est qu’un leurre.

Dans les deux cas, nous sommes déjà accros.