samedi 16 avril 2016


Vinyl
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

On voit bien l’intention derrière Vinyl. Martin Scorsese veut payer ses dettes au rock’n’roll, cette musique qu’il adore depuis toujours, lui qui n’a fait que tournoyer autour pour illustrer ses films, du Jumpin’ Jack Flash de Mean Streets, au Gimme Shelter des Affranchis… Puis au travers de documentaires plus ou moins sous sa férule, No Direction Home, majestueux doc sur Dylan, (dont il n’a fait que le montage), ou Shine a Light entièrement conçu, lui avec les Rolling Stones. Mais aussi The Last Waltz, le concert d’adieu de The Band, et sa série documentaire sur le blues.

Et en parlant des Stones, il y a évidemment une curiosité dans Vinyl. Ou plutôt deux. Vinyl est la première série signée Mick Jagger. On imagine ce que l’une des plus belles langues de pute du Rock’n’roll peut apporter, c’est à dire des anecdotes par milliers, glanées pendant soixante ans sur les route du rock business. Et ça ne manque pas : un portrait au vitriol de Led Zeppelin et son manager Peter Grant, dès le pilote. Ou une petite vacherie sur Warhol, Lennon, etc.

La deuxième curiosité, c’est Jagger, le fils. James, le fils de son altesse et de Jerry Hall, ne fait pas que ressembler à son père, il joue et chante très bien, et malgré ses trente ans, est très crédible en protopunk newyorkais. Le reste du cast est époustouflant, à commencer par la révélation Bobby Cannavale, pur acteur Scorsesien, et Olivia Wilde, son épouse frustrée, excellente…

Réuni autour de Scorsese, on retrouve l’équipe habituelle de requins de la production issu du gotha de la télé américaine ou d’Hollywood : Terence Winter (Les Sopranos, Boardwalk Empire, Le Loup De Wall Street), John Melfi (House of Cards, Sex and The City, Nurse Jackie, De la Terre à la Lune) Allen Coulter, réalisateur d’épisodes de House of Cards, Sex and The City, Nurse Jackie, Boardwalk Empire et même Rich Cohen (auteur d’un livre réjouissant, Yiddish Connection, sur les gangsters juifs…)

Pourtant cet assemblage de talents n’est pas complètement satisfaisant. Car on peine à voir le projet, au-delà de ce catalogue raisonné du rock. Blues, rock’n’roll, reggae, punk, funk, glam rock, hard rock, disco, rap… tout cela est évoqué avec passion, mais quelle est la destination de Vinyl ? Ou veut-elle nous emmener ? est-ce une tragi comédie façon Les Affranchis ? Une rédemption d’un producteur par le punk, façon bio déguisée de Malcom McLaren ? Une vraie tragédie sur un homme qui sombre ? Ou une comédie sur le rock business ? Il y a un peu de tout ça dans Vinyl, qui reste assez accrocheur (et nostalgique) pour nous empêcher de décrocher.

On ira jusqu’au bout de la face A.