jeudi 16 avril 2015


House of Cards, saison 3
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

John Ford disait (on n’en n’est pas tout à fait sûr, c’est peut-être Howard Hawks) qu’il faut mettre tout le budget du film au début et à la fin. Parce que c’est ça dont on se souvient. Le début. La fin. Et une bonne fin, ça redonne envie d’aller au cinéma.

Ce n’est pas ce qu’ont compris, visiblement, les créateurs d’House of Cards. Dans cette saison 3 – de loin la meilleure – ils font l’erreur manifeste de mettre tout l’argent dans les 12 premiers épisodes et de rater leur final.

On croyait House of Cards débarrassée des oripeaux stupides qui plombaient ses première et deuxième saison :, les excès des personnages, les meurtres en veux-tu en voilà, et les petits commentaires witty du Sun-Tzu à la petite semaine qu’est Frank Underwood.

Ces derniers ont quasiment disparu, mais pour le reste, le dernier épisode renoue avec ses anciens travers. Sans en dire plus, c’est tout simplement ridicule du point de vue de la dramaturgie de cette troisième saison.

Si l’on accepte le postulat de départ (le pouvoir est l’affaire de corrompus cruels et sans scrupules, et leur outil principal est la violence), il est néanmoins impossible d’adhérer à sa traduction concrète. Oui, le Président des Etats-Unis peut commanditer un meurtre. Mais le faire réaliser par un des personnages principaux est tout simplement hors de propos. On ne peut s’imaginer ces personnages l’arme au poing, et cela détruit la suspension volontaire de l’incrédulité, ce mécanisme mystérieux qui nous permet, depuis toujours, de nous régaler de fiction.

Pour le reste, cette saison est excellente ; les conflits du couple Underwood, les enjeux de la nomination à la Primaire Démocrate, les errements de Doug, Remy, Jackie et les autres, offrent de formidables enjeux à des personnages qui ne cessent de s’épaissir.

Dommage de tout gâcher pour un cliffhanger de pacotille.