vendredi 29 juin 2012


Respect, dignité, et primes de matches
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Un débat, avec un tout petit d, enflamme depuis peu l’Hexagone au sujet de son équipe nationale, qui aurait jeté le pays dans un opprobre mondial. Rappelons qu’il ne s’agit que de football, et de deux joueurs en particulier, que personne n’est mort, que l’équipe est allée en quart de finale, et a perdu contre l’Espagne, championne d’Europe et du Monde. Une équipe dont par ailleurs aucun joueur ne chante l’hymne national, ce dont personne ne semble s’offusquer.

Rappelons également qu’ils ont prononcé des mots simples, qu’on entend tous les jours dans des engueulades de boulot, ou même entre amis.

Rappelons enfin qu’il est étonnant de revenir sur les termes d’un contrat signé, a fortiori de punir les 21 joueurs restants qui n’ont pourtant pas participé au Crime Contre l’Humanité dont on accuse Nasri et Menez.

Quel rapport avec le cinéma ?

Il s’agit là de constater, une fois de plus, l’étrange relation qui unit un peuple et ses idoles. Prenez Gérard Depardieu. N’a-t-il pas déshonoré le pays, en pissant dans une bouteille Air France, en traitant les français de cons? N’abime-t-il pas l’image de la France à l’étranger ? Lui réclame-t-on pour autant le cachet que lui a donné France3 pour Raspoutine (puisqu’on demande à Nasri de rendre l’argent du peuple, alors qu’il s’agit en fait de l’argent des sponsors) ?

Non, on ne lui demande rien. Parce que la France, pays de l’Art et de la Culture, vénère son cinéma d’auteur, et donc ses comédiens, chargés de décrypter l’actualité internationale tous les soirs au Grand Journal. Et dans le même temps, il exècre son football, et ne s’y intéresse que tous les deux ans, dans l’espoir de revivre un jour ce moment de grandeur nationale que fut le 12 juillet 98.

Mais cracher sur le football, c’est aussi la possibilité de s’élever dans la hiérarchie sociale à peu de frais. Sport populaire, sport des immigrés, le football est facile à détester. On est grandis par l’amour du Tennis (malgré des performances françaises faiblardes), valorisé par les valeurs du rugby (convivialité du bourre pif), mais aimer le football, c’est perdre des points dans l’ascension sociale.

Nous en parlions déjà ici, mais l’histoire se répète.