mardi 4 janvier 2011


And the Winner is… Lady Gaga !!!
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

C’est la fin de l’année, le début d’une nouvelle, et c’est donc l’heure des bilans. Qui a percé cette année, qui s’est gaufré, bref, votre best of de l’année… Ces petites discussions de comptoir sont beaucoup moins futiles qu’il n’y paraît, beaucoup moins en tout cas, que les Oscars, les Césars, et la Palme d’Or des Alpes Maritimes réunis… Car en faisant votre bilan, votre Topten, votre Bottom Five (on y revient bientôt), c’est de votre cœur dont il s’agit : qu’est ce qui nous a ému, fait rire, ou profondément énervé… de vrais goûts en somme… Et il y a beaucoup plus de respect à avoir dans les goûts du public, qui plébiscite Bienvenue chez les Ch’tis, dans la rétrospective 2010 du Cercle (l’excellente émission de Beigbeder), ou dans les coups de cœur de Télérama, ou du Masque et la Plume… Parce que ce sont de vrais goûts, les goûts des gens, qui peuvent être discutables, mais qui n’en restent pas moins de véritables élans du coeur… L’opposé, donc des cérémonies professionnelles susnommés, où l’éclairagiste récompense le meilleur acteur dans un second rôle, et où le meilleur acteur est chargé de trouver la meilleure coutumière…

Donc voilà.

J’ai vu 30 films cette année, c’est peu. J’ai lu 42 livres, ce qui est beaucoup. Je me suis mis à lire des BD, aussi… J’ai vu 18 films à la télé, ce qui est énorme… L’effet Canal+, ou l’effet âge… J’ai vu plein de séries aussi, et ça, ça prend du temps…

Tout ça revient quand même annoncer un déclin du produit « cinéma en salle », de moins en moins moins attirant pour moi…

Mais surtout, quand je cherche très clairement à identifier ce qui m’a marquée cette année, c’est… Lady Gaga !

Rappelons le contexte : il y a quelques mois, dans mon bar favori, retentit une étrange mélodie… P-P-P-Poker face… De la dance classique, mais avec un petit truc en plus… Mais quand la Professorinette m’a poussé à regarder sur Youtube « Telephone », de madame Gaga (vous savez que vous êtes vieux quand ce sont vos enfants qui se mettent à vous conseiller des choses !), c’est là que j’ai compris. Lady Gaga, la nouvelle Madonna, mais aussi le futur du cinéma… Pour reprendre la belle formule de Libé, citant Bowie : « Lady Gaga a compris que les yeux étaient plus affamés que les oreilles… » Tout est dit.

Lady Gaga, ses textes, ses provocs, mais surtout ses clips, ont balayé toute la concurrence. Ce n’est que du clip, mais pour obtenir un tel déferlement, il fait être sacrement douée ! Tout en piquant à droite et à gauche (Madonna, Marilyn Manson), mais aussi dans tous les arts (tableaux de Hopper, Néons façon Las Vegas, expressionnisme allemand), le tout au service d’une musique qui n’a rien d’original, pire, dont les références sont plutôt cheap (Queen, Boney M, le disco…) mais qui est incroyablement efficace.

Lady Gaga est l’artiste total, comme d’autres avant elle (Bowie, bien sûr, mais aussi Gwen Stefani plus recemment), elle ne propose pas des chansons, mais un univers. Et Lady Gaga, ce n’est pas l’album de l’année (qui achete encore des albums ?), c’est l’événement de l’année. Si elle maintient ce niveau, Stefani Germanotta deviendra une grande artiste, mais sinon, elle aura révélé les futurs Fincher des dix prochaines années. La perfection pop de Telephone, ou le glamour glacé et lynchien de Paparazzi (Jonas Åkerlund), l’esthétique décadence de Alejandro (Steven Klein), voilà de quoi piocher à Hollywood pour les prochains blockbusters…

Mais Hollywood n’est-il pas mourant ? Ce sera l’objet d’une prochaine chronique…