dimanche 24 juillet 2005


La moustache
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

N’est pas David Lynch ou Stanley Kubrick qui veut. Emmanuel Carrère en fait la preuve avec l’adaptation de son roman au grand écran ; passionné par les histoires schizophrène (L’adversaire, sur l’affaire Roman, ou Je Suis Vivant Et Vous Etes Tous Morts, la formidable biographie de Philippe K. Dick) cela n’en fait pas forcément un grand cinéaste.

Un homme s’est rasé sa moustache (Vincent Lindon). Sa compagne, Emmanuelle Devos, ne semble pas s’en apercevoir. Et laisse même entendre qu’il n’a jamais eu de moustache … qui dit vrai ? Errant entre fantasme et réalité, ce genre d’histoire ouvre bien des abîmes, d’Eyes wide Shut à Mulholland Drive.

Mais là, point de Tom Cruise, et pas de Naomi Watts. Il y a là erreur de casting : Emmanuelle Devos, qui peut être excellente chez Desplechins (sauf le dernier, Rois Et Reines), est ici à contre emploi. Idem pour Lindon. Il faut des comédiens d’une autre trempe, au bord de la folie, des Nicholson, des Cruise, il faut un roc de pierre ; on a droit qu’à des gens comme vous et moi, et ca ne peut pas passer…

La mise en scène, de même, est faible , et trop proche d’une dramatique de France 2 pour soutenir le rythme.

Au rayon des bonnes nouvelles, on notera enfin une fin ambitieuse, et une excellente musique, et pour cause, c’est le concerto pour violon de Philip Glass…

Bref, à voir, s’il n’y rien d’autre.




dimanche 24 juillet 2005


Halloween, ou l’art du cadre
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD ]

La vision –récente- de « Halloween, la nuit des masques », m’amène, ponctuellement, à prendre la place du Snake pour commenter l’œuvre du Maître : John Carpenter himself.

Je n’avais jusque là que peu d’admiration pour Carpenter (Christine, Les aventures de Jack Burton et les mémoires de l’homme invisible, une filmographie, j’en conviens, un peu décalé pour l’homme d’Halloween et de New York 1997).

Mais j’avoue avoir été bluffé par Halloween, et surtout son art consommé du cadre. En permanence, le spectateur cherche dans les angles une ombre, un souffle de vent qui pourrait trahir la présence de Michael Myers, le tueur fou de la série.

Pendant une heure et demie, alors que l’intrigue est extrêmement mince (deux baby sitters ne pensent qu’à baiser et regarder The Thing* à la télé pendant que le tueur rode dans l’ombre), John Carpenter laisse traîner sa caméra, et terrorise la spectateur qui cherche partout où est ce %¨+°’/*-+ !!! de tueur.

Tantôt présent tantôt absent, tantôt apparaissant en bord cadre, tantôt sortant par une zone d’ombre avec l’ironie dramatique si spécifique aux films d’horreur (nous savons, alors que l’héroïne ne sait pas) Carpenter va jouer au chat et à la souris avec nos frayeurs.

Réaliser cela avec simplement le cadre de sa caméra et de la musique du film, relève du chef d’œuvre…

* version Nyby/Hawks bien sûr …