jeudi 30 juin 2005


Lost
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Ainsi donc, nous voilà Lost… Perdus sur une île déserte, puisque c’est le bon vouloir de TF1. La 1ère chaîne s’est résignée à abandonner pour une fois Dolmen, Julie Lescaut et autre Zodiaque, pour acheter la plus grosse série américaine du moment.

Ca vaut le coup de s’y pencher, par passion sériesque d’abord, et puis dans une optique cinéma, car Lost invoque les mânes des grands anciens.

Pitchons : Des rescapés d’un accident d’avion se retrouvent perdus sur une île déserte. Il s’organisent pour survivre et chercher du secours. En explorant la jungle environnante, ils découvrent soudain de surprenantes créatures… Que s’est-il passé sur cette île ?

Ca commence comme Seul Au Monde, ça tourne à Jurassic Park, pour finir à la X-Files. Rien qu’avec ça, on vous offre des millions à Hollywood ! Voilà en tout cas qui donne envie d’y jeter un coup d’œil.

Néanmoins, le premier résultat est mitigé, et c’est l’objet de cette chronique : qu’est ce qui fait la différence entre un grand film, et un film moyen ? Alors que les sujets sont les mêmes ? Qu’il n’ya pas différence de moyens ? Qu’est-ce qui nous attire dans Lost, et qu’est-ce que qui nous repousse ? Comparons…

L’accident
Point de passage obligé du film catastrophe, il est traité foncièrement différemment dans Lost et dans son modèle supposé. Si ça ressemble à Seul au Monde, ce n’est pas Seul au Monde ! Là où Zemeckis met en place une formidable scène de crash au cœur de la nuit, à la limite du cinéma expérimental, avec une bonne minute d’écran noir traversé de bruits divers, Lost contourne l’accident sous forme de flash-backs, vécus différemment par chacun des protagonistes. Dans le traitement ça reste très soft : pas de cadavres gore, pas de sang, pas de membres découpés à droite à à gauche : on est clairement dans une fiction grand public, pour une heure de grande écoute.

Les personnages
On ne fait pas dans la dentelle et c’est très typé : le docteur « bonne conscience », le rocker « drôle mais attachant », l’héroïne « avec-un-passé-trouble », l’électronicien « irakien-mais-sympa-quand-même ».

Le casting
Il est à l’avenant : orientés top model, le héros est beau, l’héroïne est belle, et même après une chute de 20 000 pieds, une explosion, et une nuit dans la jungle, rien ne vient entamer le rouge à lèvres l’Oreal.

A contrario, c’est typiquement là où le génie des Spielberg-Zemeckis peut s’exercer. Sur la même situation, mais avec de formidables acteurs passe-murailles comme Tom Hanks, il y a ce supplément d’âme qui manque à Lost. Le héros de Seul au Monde est bien sûr un cliché. Mais Tom Hanks va créer une distance, une évolution du personnage, qui le grave dans nos mémoires. Dans Jurassic Park, Spielberg, a l’intelligence de confronter un couple falot (Sam Neill/Laura Dern) avec un sidekick de luxe en la personne de Jeff Goldblum*

Le scénario
C’est le point fort de Lost, et des séries en général. Tout d’abord, un enjeu formidable est posé : où sont-ils ? Vont-ils s’en tirer ? Quel spectateur de Cinefast peut résister à la tentation d’avoir une réponse à ces questions ?

Ensuite, les 48 personnages (héros, personnages secondaires, figurants) sont une mine d’intrigues secondaires : l’électronicien irakien-mais-sympa va-t-il s’entendre avec l’obèse dont le frère a fait la Guerre du Golfe ? Le jeune veuf noir va-t-il sauver la jeune japonaise soumise des griffes de son mari ? Qui est le mystérieux miraculé qui joue au backgammon ? etc. etc.

Outre le plaisir un peu régressif de déguster Lost comme une énième redif’ de Jurassic Park en avalant du pop corn, on peut donc de continuer de regarder… en attendant la suite.

* avec notamment sa fameuse réplique de Jurassic Park II, quand son ex. s’extasie devant les gentils dinosaures : « Oooh! Ahhh! That’s how it always starts. Then later there’s running, and screaming… »