mercredi 4 mars 2015


Le Héros du Pacifique
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Drôle de film, découvert par un pitch très vendeur sur TCM. La vie de l’Amiral Halsey, qui, comme chacun sait, est le vainqueur de Guadalcanal. Un film de guerre, mais… sur la stratégie. C’est à dire un film de guerre dans lequel on ne tire pas un seul coup de feu. Bref un truc qui n’existe pas. Tout se passe dans la cabine de l’amiral sur l’USS Enterprise (pas celui de Spock). On y assiste aux dilemmes du commandement : envoyer les hommes se faire tuer au combat, sur la base d’un simple bout de papier….. Faire tuer son fils, ses amis, sans jamais subir le feu soi-même. Deviner les pensées d’un ennemi qu’on respecte et pourtant le tuer. N’en tirer aucun plaisir, alors que c’est la guerre…

Voilà un mélange très étonnant et pour tout dire unique dans le cinéma de guerre…

Bien sûr, comme son nom l’indique, Le Héros du Pacifique est très hagiographique, un film à la gloire de l’amiral, et à celle de la coolitude généralisé du soldat US (face à des japs secs comme des coups de triques, évidemment tirés à quatre épingles (c’est-à-dire des allemands du Jour Le Plus Long deux ans plus tard) …

Mais en fait c’est le James Cagney (qui produit le film et interprète l’Amiral) qui tient ce Héros du Pacifique de bout en bout et le rend si passionnant.

A découvrir….




vendredi 27 février 2015


Fascinant
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens ]

Carnet de bord du capitaine, coefficient espace-temps 27.02.20.15 Nous apprenons à l’instant même le décès de Leonard Nimoy, Mr Spock lui-même.

Même s’il fut l’homme d’un seul personnage, malgré de nombreux rôles à la télé (Mission Impossible, Colombo…) et quelques réalisations personnelles (dont Star Trek III et IV), il reste à Leonard Nimoy le mérite d’avoir créé le plus fascinant personnage de Vulcain de la galaxie. Une race extraterrestre censée n’avoir aucun sentiment et qui pourtant, grâce à son interprete, en exsudait à chaque scène.

Au revoir Mr Spock. Peut-être nous retrouverons nous dans une quelconque boucle du temps…




mercredi 18 février 2015


La littérature, les bons sentiments, les scénarios gentillets, et tout ça…
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

« C’est l’histoire d’une jeune fille très vertueuse qui vient au confessionnal. Le prêtre l’écoute. Mais elle ne dit rien.

– « Je vous écoute, mon enfant. Qu’avez-vous à confesser ? »
– « Mais rien mon Père, je n’ai rien fait de mal ! »
– « Et bien revenez quand vous aurez quelque chose à raconter…
 » »

C’était au Masque et la Plume, la semaine dernière.




dimanche 8 février 2015


Foxcatcher
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Pour une fois on est d’accord. Foxcatcher est d’ores et déjà l’un des meilleurs films de ce début d’année. On avait oublié d’aller voir Le Stratège en salle, malgré Brad Pitt, malgré Aaron Sorkin. Et notre dernier film sur la lutte gréco-romaine, c’était Le Monde Selon Garp.

Mais on court voir Foxcatcher, malgré le consensus critique et la Palme des Alpes Maritimes.

Et on n’est pas déçu. Foxcatcher est fin et subtil. C’est un BOATS réussi parce qu’on ne connait pas cette histoire et aussi parce que Bennett Miller a choisi de décentrer son histoire. C’est le biopic de John E. du Pont, l’héritier des Dupont de Nemours, l’une des plus grosses fortunes des USA* grâce a la chimie. Mais Miller fait mine de s’intéresser aux deux frères Schultz, Mark et Dave, champions olympiques de lutte que du Pont veut prendre sous sa coupe (formidables Mark Ruffalo et Channing Tatum)

Petit à petit, le réalisateur du Stratège et de Truman Capote révèle son jeu. Le personnage principal, c’est évidemment ce Houellebecq dégénéré et fin de race (Steve Carrell) qui règle ses comptes personnels au travers de ce curieux mécénat. La face obscure du rêve américain, again and again. Ce que l’argent permet d’obtenir (tout), ce que l’argent pousse à faire (à peu près n’importe quoi), ce que l’argent n’achète pas (l’amour, la reconnaissance, la rédemption…)

Steve Carrell est impérial là-dedans, même si le maquillage est trop énorme pour être honnête, même si le comique joue trop au tragédien. Il décrochera l’Oscar, on avait compris la manoeuvre.

Quand aux deux frères, plus subtils, ils sont incroyables. Mark Ruffalo s’enlaidit pour jouer l’aîné, mais c’est surtout Tatum qui – sans prothèse – délivre la prestation la plus convaincante. Lui, l’ancien chippendale qui jouait quasiment son propre rôle dans Magic Mike, semble tout droit issu du monologue de Richard III (« Moi qui suis démuni de cette harmonieuse proportion, privé d’avantages par la trompeuse nature« ). Primate, autiste, des jeans trop grands pour lui, le front constamment plissé : Mark Schultz. Il faut beaucoup de talent pour faire ça.

On finira sur une séquence nostalgie : Anthony Michael Hall joue dans Foxcatcher ; on vous laissera deviner quel rôle, car on ne l’a pas reconnu. Aussi bizarre que cela puisse paraître, la star de Breakfast Club avait dix-sept ans en 1985 et en a facilement quarante-six aujourd’hui.

Time waits for no one.

* On ne paye pas de taxes dans le Delaware parce que Dupont les paye déjà ; information courtesy of Mrs Ludovico, en direct de Wilmington, Delaware.




vendredi 6 février 2015


Veep
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Comme on aime beaucoup Julia Louis-Dreyfus, notre foldingue d’Elaine Benes de Seinfeld, on jette un œil à Veep ; la série HBO sur une vice-présidente tout aussi foldingue mais pas aussi drôle.

Dans le traitement, c’est la mouvance d’Arrested developpement, ce style caméra portée, monté à l’arrache qui ne me sied guère. Mais le problème n’est pas là. Là, ça ne me fait pas rire. C’est bien joué, on voit où sont les gags mais bon, ça marche pas avec moi.

Tant pis, je ne reverrai pas Julia de sitôt…




lundi 2 février 2015


Welcome to the jungle (of Endor)
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

On vous l’avait dit, le rachat de la licence Star Wars est une bonne nouvelle pour vous, les fans du space opera wagnérien de George Lucas, ses princesses en slip et ses épées qui brillent, ses combats au firmament, et ses amiraux de la flotte recrutés chez les escargots*…

Une bonne nouvelle, oui, parce que votre série fétiche est enfin entre les mains de professionnels : scénaristes, monteurs, réalisateurs diplômés.

Et qu’est-ce qu’on apprend cette semaine ? George « 12 milliards de dollars » est déçu. Oui, vexé, même. Disney n’aurait pas retenu ses idées. Il aurait volontiers réalisé Star Wars VII, et Disney a refusé. Eh oui, George, c’est des pro, on te dit ! Disney, ils savent faire des films. Et ils préfèrent confier la franchise à la pire feignasse d’Hollywood, J-J. « Je ne finis jamais un film » Abrams, plutôt que te faire travailler, toi.

Peut-être qu’ils ont regardé tes autres films avant de te répondre ? peut-être ont-ils essayé de lire les scenarios de la première trilogie ? peut-être n’ont ils pas été convaincus par ta direction d’acteur sur ces pauvres Liam Neeson et Ewan McGregor.

Désolé George. Welcome to the jungle.

*L’amiral Ackbar serait, selon nos informations, de la race des Helix Pomatia. Comment est-il arrivé de Bourgogne, nul ne le sait…




jeudi 29 janvier 2015


Newsroom, saison 2
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Le Professore Ludovico aime bien critiquer, c’est plus rigolo que de dire du bien. Il abreuve la plupart du temps ces colonnes de commentaires acerbes sur le montage, le scénario, et la dramaturgie bancale des films et séries qui ont le malheur de croiser son œil acerbe.

Mais si on veut prendre une leçon, il suffit de regarder The Newsroom. Une dizaine de personnages principaux. Des intrigues multiples et emmêlées. Des personnages hauts en couleur, drôles et émouvants. Et des sujets faciles, comme le nombre de langues parlées en Afrique, la com de l’armée américaine, le gaz sarin au Peshawar, la vie sexuelle compliquée des journalistes suivant la campagne du républicain Mitt Romney, le type de médicament à prendre en cas de forte dépression, le manque criant de leaders d’Occupy Wall Street. Le tout évidemment en un seul épisode*. En cinquante-deux minutes.

Vous l’aurez compris, ce genre de bijou sort forcement de la Cristallerie Royale de Monsieur Sorkin, garantie de qualité depuis 1992.

Bien sûr, on dira que c’est très américain, gentillet, el toutim. Mais qu’attendent les scénaristes pour faire une version dure, ou française, des œuvres de Mr Sorkin ? Il y a une version noire, c’est House of Cards. C’est plaisant, accrocheur, fincherien en diable, mais un peu putassier aussi. Ça accroche le spectateur par ses plus mauvais sentiments : ces méchants qui nous gouvernent, Washington qui complote sur le dos des contribuables, etc.

Aaron Sorkin est un libéral engagé. Il défend quelques idées simples, (et françaises, ce me semble) comme la démocratie, la liberté d’expression, et aussi les outils pour maintenir ces libertés durement acquises : l’armée, la police, les gouvernements, les parlements, et dans Newsroom, les medias. Outils sur lesquels il est plus facile de cracher que de louer. Sous une coque feelgood, Aaron Sorkin défend ses idées âprement. Tout comme son personnage principal, Will McAvoy (Jeff Daniels) défend une certaine conception libérale du journalisme, lui le vieux ronchon républicain. McAvoy, l’avatar fictionnel de Aaron Sorkin lui-même.

Au delà du message de Newsrooom, on ne peut que s’émerveiller devant cette magnifique technique d’écriture, ces intrigues, compliquées au début et merveilleusement limpides à la fin, ces dialogues brillants, pédagogiques et drôles. On ne savait pas, avant Sorkin, que tout ça pouvait exister.

Il y a quelques années une pub Nike vantait les mérites d’une chaussure tout terrain avec un Footballeur américain, Bo Jackson, qui jouait aussi bien au Baseball : « Bo knows football. Bo knows baseball. Bo knows basket ball…”

Comme Bo, Aaron Sorkin sait tout faire.

Aaron knows cinéma.

*The Newsroom S02e04, en ce moment sur Canal+




dimanche 25 janvier 2015


Les Quatre Cents Coups
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Toutes les motivations sont bonnes pour regarder un film. Même les plus mauvaises. Je ne m’intéresse pas beaucoup – à tort – au cinéma de François Truffaut. J’en ai pourtant vu quelques-uns, et ils m’ont tous plu : La Femme d’à côté, Le Dernier Métro, La Mariée était en Noir, La Nuit Américaine

Mais là, c’est encore une fois l’écoute du fabuleux podcast des entretiens Hitchcock Truffaut qui m’incite à voir Les Quatre Cents Coups.

Truffaut y analyse, sous l’œil sévère du maître, le découpage de la scène où Antoine découvre l’adultère de sa mère.

Truffaut est fier, car pour la première fois, c’est Hitchcock qui s’intéresse à son travail et non l’inverse. Mais, las ! « J’aurais préféré que rien ne soit dit » : Truffaut fait dire aux personnages (cette maladie française) ce qui aurait du rester silencieusement filmé.

Peu importe, on regarde Les Quatre Cents Coups avec un grand plaisir, et on comprend l’influence qu’a pu avoir le film sur le Nouvel Hollywood. Filmé dans un style reportage (particulièrement instructif d’ailleurs sur les conditions de vie des enfants parisiens, et du niveau de vie des employés dans les années cinquante.)

Mais surtout, Les Quatre Cents Coups c’est une intense liberté scénaristique, à l’image du personnage fétiche de Truffaut, Antoine Doinel, cet autre lui-même qu’il promènera de film en film. Le film lancera la Nouvelle Vague, et changera le cinéma français à tout jamais, pour le meilleur et pour le pire.




mardi 20 janvier 2015


La Bataille de Rio de la Plata
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Dans la collection seconde guerre mondiale du Professore Ludovico, qui compte bon nombre de perles, il manquait La Bataille de Rio de la Plata. Pour le béotien, rappelons qu’il s’agit de la poursuite et de la destruction par la Marine britanniques du Graf Spee, un cuirassé allemand aux premières heures de la guerre, le 13 décembre 1939. Et malgré son immense culture sur le sujet (Opérations Jupons, Torpilles sous l’Atlantique, Coulez le Bismarck !) le Professore n’avait jamais vu La Bataille de Rio de la Plata. Et surtout, il n’avait jamais vu ça.

Car cette Bataille est un drôle de film. Une sorte de tragi-comédie sur une bataille navale, qui alterne honneur militaire allemand et humour très british. On assistera ainsi à des choses très étonnantes. Deux mini intermèdes musicaux (les allemands qui chantent noël pour leurs prisonniers anglais, ou de la bossa nova à Montevideo). Un capitaine allemand qui dévoile toute la stratégie de la Kriegsmarine (au mépris de tout réalisme mais – cinématographiquement – une excellente introduction aux enjeux dramatiques du film). Ou encore l’alternance très incongrue de naturalisme maritime (et pour cause, ce sont les vrais bateaux qu’on voit dans le film) et de décors en carton tout à fait hollywoodiens.

Le tout dans des couleurs sucrées, très Michael Powell. Et pour cause, c’est lui qui réalise la film avec son compère Emeric Pressburger…

Une curiosité, donc.




vendredi 16 janvier 2015


Un Village Français, Gross Katastroph saison 6
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Aïe aïe aie ! Cette saison de nos chouchous de Villeneuve s’avère assez catastrophique. En dehors des problèmes récurrents de fabrication (qui s’occupe du contrôle qualité chez France 3 ?), La Petite Maison Chez les Nazis saute le requin à plusieurs reprises.

C’est comme si les créateurs (Frédéric Krivine, Philippe Triboit et Emmanuel Daucé ) avaient perdu leur précieuse boussole des cinq précédentes saisons. Une boussole, à la télévision, ça s’appelle une Bible. C’est à dire le document qui définit précisément les personnages, leur caractère, leurs défauts ou leurs tics. Un document qui doit s’enrichir d’ailleurs au fur et à mesure de la série, et de l’évolution des personnages.

C’est ce document que semble-t-il le trio Krivine, Triboit et Daucé, ont égaré. Car leurs personnages agissent en dépit du bon sens depuis six épisodes… Par exemple ce brave commissaire Kervern – le héros des années 41/42 – est devenu un préfet gaulliste bas du casque, méprisant et misogyne. Ce genre de transformation est acceptable si les scénaristes l’expliquent. Ça peut même donner des métamorphoses géniales, comme celle de Buddy Garrity dans Friday Night Lights. Mais ici Kervern revient d’entre les morts, il est préfet et il est devenu con. Pourquoi ? on ne le saura jamais.

D’autres soucis viennent gâcher la fête de la libération de Villeneuve : des rebondissements ahurissants qu’on vous taira (ils ne sont pas durs à deviner, vu la lourdeur de la mise en scène). Des scènes abracadabrantesques, qui prouvent que le ridicule ne tue pas : ni les scénaristes, ni les actrices. Des longueurs insupportables, qui seraient bien plus judicieusement utilisées ailleurs, pour ramener ou faire évoluer certains personnages. Et des motivations psychologiques insondables (malgré un Conseiller à la Psychologie crédité au générique) qui font faire à peu près n’importe quoi aux personnages : haïr celui qui vient de le sauver, refuser de faire ce qu’on vient de faire dans la scène précédente, etc., etc.)

Il reste une petite demi-saison, prévue au premier semestre de cette année, pour rectifier le tir…