lundi 24 septembre 2012


Rock au cinéma
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

En zappant, je tombe sur Ray, le biopic doré et clinquant de Taylor Hackford sur Ray Charles : tout ce que je déteste. Mais surtout, sur LA scène type du biopic rock : Le-Moment-Où-La-Star-Elle-Compose-La-Chanson-Qui-Va-La-Rendre-Célèbre. Un moment de bravoure comme il y en toujours deux ou trois dans tout biopic qui ne se respecte pas.

Je vous la fais courte. Ray joue dans une boîte avec ses girls, le patron (pas-sympa-évidemmment) lui demande de rajouter un set, mais Ray Charles n’a plus de chanson. Alors Ray dit à son groupe la Phrase magique: « J’improvise, suivez moi ! »

Toute personne qui a saigné des doigts sur des guitares, ou répété jusqu’à pas d’heure dans des studios crasseux, sait que ce genre d’improvisation n’existe pas. On peut bœufer sur une trame de blues connue, mais pas aligner intro/couplet/refrain, avec les choeurs, et le petit solo qui va bien, et atteindre la perfection en 2’40 » comme dans le film…

Bizarrement, c’est un cliché du film rock. Quasiment aucun film n’y échappe. Ni Ray, ni I Walk The Line (c’est tout le film), ni Great Balls of Fire, ni The Doors. Personne ne veut filmer la difficulté de mettre en place une chanson. Pourtant Hollywood filme très bien ses propres difficultés (Sunset Boulevard, Mulholland Drive, Tournage dans un jardin Anglais)

Mais la musique non, ça doit couler de source… chacun se sent obligé d’aligner sa scène Retour Vers le Futur (mais là, c’est drôle !) Seul Control montre un peu les difficultés, la rudesse du jeu live, quand la musique est sale, mais bonne…

Dommage.




vendredi 21 septembre 2012


Fight Club
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

« The first rule of Fight Club is: you do not talk about Fight Club.
The second rule of Fight Club is: you DO NOT talk about Fight Club!
»

C’était en 1999. Et, il faut bien l’avouer, un moment pas glorieux du Professore.

On sortait de Fight Club par l’escalier qui mène à Saint Eustache, downtown Paris, UGC Ciné Cité Les Halles. Et James Malakansar, le sourire aux lèvres, qui me balance son traditionnel « Alors ? »*

Je le connais ce sourire. Je sais qu’il a aimé. Il a déjà adoré Seven, ce film de pubard, trop brillant pour être honnête. Je suspecte le Malakansar d’être bêtement fasciné par ce cinéma de chef op’, beau et vide, tendance Jeunet/Ridley Scott… C’est un de nos rares points d’achoppement.

Moi, j’ai détesté Fight Club. Et je le dis. « Un film qui s’écoute parler. Un film scandaleux, faussement provocateur, sale, mais proprement sale, pour seulement choquer le bourgeois ! » Mais heureusement, je laisse une phrase en suspens, qui me sauvera plus tard : « En même temps, c’est peut-être l’Orange Mécanique des années quatre-vingt-dix ! »

2005. Par une nuit sans lune, armé d’un simple lecteur DVD, le Grand Sorcier Framekeeper initie quatre jeunes Padawan à l’Epiphanie Fincherienne. Seven, Fight Club, un bout de The Game. Colombes, trois heures du matin. Trois hommes nus, recouvert du sang sacrificiel tiré d’un journaliste de Télérama, psalmodient en chœur l’Indicible Dyptique « Fincher est un Cinéaste Chrétien ! Fincher est un Cinéaste Chrétien ! » Ils abandonnent leur identité, et prennent des noms de bataille : Michel Vaillant, The Snake, Professore Ludovico. CineFast est né.

Enfin, nous avons LA révélation. Il y a dans Fight Club, un film dans le film. Et déjà, en trois films, une œuvre. Un artiste.

2011. On montre Fight Club à la Professorinette. En Première CFA, le programme est chargé : Alien, Fight Club, bientôt Citizen Kane et Orange Mécanique. Et interro écrite.

Fight Club, le film n’a pas pris une ride. Si maniéré à sa sortie, et pourtant propre comme un sou neuf. Limpide même, beaucoup plus clair que la première fois. Entre temps, je l’ai déjà revu une fois, certes, et j’ai lu le livre (excellent)…

Mais surtout c’est un film prémonitoire : les tours qui s’écroulent… l’éffondrement du crédit… la colère masculine…l’obsession de l’apparence… la consommation impulsive… la tyrannie des marques… Fight club, c’est No Logo, un an avant Noemie Klein.

***

Fight Club, c’est l’histoire d’un type qui découvre son aliénation (la Narrateur, Edward Norton), et qui se réfugie dans les bras d’un gourou, Tyler Durden (Brad Pitt), prêt à se sacrifier pour sauver l’humanité du cauchemar consumériste. Jésus-Christ 1999.

Ce que l’on ne perçoit au premier abord, à cause de la noirceur de l’image et du propos, c’est que Fight Club est une comédie. Noire, mais une comédie. Un conte philosophique. Candide chez les Dust Brothers. Zadig chez Banksy.

Maintenant, on connait mieux Fincher, et on sent plus nettement la comédie grinçante qui rampe sous le propos. Le punk qui sommeille en David F. est là, dans tous ses films : le tueur de Seven, Marc Zuckerberg dans The Social Network, Tyler Durden dans Fight Club.

Mais aussi, la couche girardienne qui irrigue l’œuvre. Pitt prend des poses christiques, mais il est aussi Job. Il doit être sacrifié pour que les autres survivent. Il en va de même pour les apôtres du Projet Chaos, qui perdent leur nom, mais deviennent Robert Paulson s’ils meurent au combat.

Que fait Fincher, sinon décrire une église en train d’être bâtie (Project Mayhem), avec son Prophète (Tyler Durden), ses apôtres (les Hommes en Noir) et sa mauvaise conscience (le Narrateur) qui semble être le seul à voir la dérive du projet initial ? Venus pour se défouler, les adeptes de Fight Club deviennent des apôtres sans cerveau répétant mot pour mot ce que dit le messie ; quelle meilleure définition du fondamentalisme religieux ? Ce qui est dit dans la Bible ou la Coran doit être interprété littéralement, disent les intégristes. Tandis que d’autre plaident une simple morale religieuse (la foi me commande de ne pas faire certaines choses). Et cette morale peut évoluer, selon les évolutions de la société (Vatican II, par exemple)…

Fincher joue avec cette imagerie (Brad Pitt, les bras en croix), pour mieux passer un message finalement personnel, presque augustinien : la morale, la grâce, le libre arbitre, sont en toi.

Quand aucun homme ne se dresse devant les faux prophètes qui hantent tes pensées, il ne te reste, métaphoriquement, qu’à te faire un vrai trou dans la tête, pour laisser sortir, comme une fumée de cigarette, le double schizoïde qui annihile ta pensée.

Tu es le seul maître de tes actes, et nul ne peut te les retirer.

Le message – finalement – d’Orange Mécanique. La boucle est bouclée.

Fight Club est donc un film indispensable, encore plus aujourd’hui qu’au siècle dernier.

Et en plus, il est drôle.

* Nous avons une coutume, tous les deux : ne jamais sauter sur l’autre après la projo, pour dégotter un avis. Non, comme un bon vin, laissez le générique filer, sortir du cinéma, bref, se « réveiller » alors, seulement, on a le droit de parler…




mercredi 19 septembre 2012


Patrick Dewaere, une vie
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

J’aurais dû m’en douter. Je m’en suis douté, en fait. Gros caractères, petit nombre de pages (245), deux heures de lecture max : Patrick Dewaere, Une Vie, est une bio à la française, c’est à dire mal écrite, peu documentée, et qui ignore le concept de rigueur journalistique. Rien à voir avec ses pendants américains façon Biskind (Easy Rider, Raging Bulls) ou Stewart (Le Royaume Enchanté), ou les ouvrages sommes (le Kubrick de Michel Ciment par exemple).

L’auteur est Christophe Carrière, journaliste à l’Express, « grand reporter au service culture » (sic!) et ça se sent. Il aimait Patrick Dewaere, et il l’écrit. Ça ne suffit pas à une bio. Il trouve que « c’est dégueulasse » que l’acteur de Série Noire n’est jamais été récompensé, et il l’écrit. Bon, mon petit Christophe, comment te dire* ?

Bref, n’achetez surtout pas Patrick Dewaere, Une Vie. Je vous le prêterai bien volontiers. Car le livre a au moins l’avantage de faire revivre le comédien le plus incendiaire des années 70-80, et tout simplement, l’un des plus grands acteurs français.

Et rien ne vous interdit de vous replonger dans son impeccable filmo : Les Valseuses, Adieu Poulet, F comme Fairbanks, Le Juge Fayard Dit Le Shérif, Préparez vos Mouchoirs, Série Noire, Un Mauvais Fils, Coup de Tête, Beau-Père, Paradis pour Tous…

* Bien que ça corrobore notre thèse sur les Oscars/Césars : Patrick Dewaere a perdu contre le Dustin Hoffman de Kramer contre Kramer (arf arf !), le Jack Lemmon du Syndrome Chinois (re-arf arf !) ou le Claude Brasseur de La Guerre des Polices (no comment). Dewaere jouait dans Série Noire ou Un Mauvais fils à l’époque, si vous voulez vous amuser à faire la comparaison.




lundi 17 septembre 2012


La Playlist de Septembre
posté par Professor Ludovico dans [ Playlist ]

Musique : Substance, par New Order
Série : Trône de Fer Saison 2, Homeland Saison 1
Livre : Mr, de Emma Becker
BD : Fables, de Bill Willingham




vendredi 14 septembre 2012


Homeland
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Ça commence mal. On voit tout de suite à la déco, au casting, à l’image, à la lumière, que l’on n’est pas dans une grande série (Trône de Fer, Soprano, Sur Ecoute). On n’est pas chez HBO, mais chez Showtime (une chaîne du câble qui débite des films et des séries, mais dans une gamme inférieure : Dexter, Californication, Weeds…)

Mais si on a le courage d’aller au bout d’un pilote assez poussif, l’héroïne atteint directement votre cerveau, et ça y est, vous êtes accro.

Car c’est quelque chose de très particulier qui séduit dans Homeland : pas l’histoire (un sergent des Marines est libéré après 8 années d’emprisonnement chez les talibans), pas les dialogues, (relativement plats), pas l’ambiance, (étrange croisement de 24 avec Desperate Housewives), non, c’est le dispositif. Un dispositif très particulier, en vérité : une femme qui épie un homme. Une voyeuse. Tellement incongru qu’on a du mal à écrire ce mot au féminin.

Cette voyeuse, c’est l’agent Mathison (Claire Danes) qui travaille à la CIA, et qui ne croit pas à cette belle histoire. Carrie Mathison est convaincue que le sergent Brody a été retourné. Qu’il est devenu un terroriste. Problème : Carrie n’est pas très claire non plus. Elle souffre de troubles bipolaires (évidemment à l’insu de sa hiérarchie), et se lance à corps perdu dans cette quête personnelle.

Et c’est là qu’Homeland devient absolument extraordinaire, au moment où ce dispositif de surveillance se met en place. Car ce n’est pas un agent de la CIA qui espionne un suspect, non, c’est une femme seule, bipolaire, paranoïaque, frustrée, qui surveille 24h/24 la Famille Américaine Parfaite. Avec un seul espoir : trouver une petite trace d’Al Qaeda au milieu de tout ça. Une femme malheureuse, sans enfant, pas à l’aise avec les hommes, face à une famille qu’elle aurait pu avoir, mais dont on sait très bien qu’elle ne l’aura jamais.

Il faut voir ces scènes de contre champ, où l’on ne voit plus que les réactions de l’agent Mathison face aux écrans de surveillance. Les Brody mangent des œufs au bacon, les Brody regardent la télé, les Brody jouent avec les enfants, les Brody font l’amour. Le quotidien, tout le quotidien, rien que le quotidien. Mathison passe ses nuits à contempler la vraie vie. Et réagit : intérêt/ennui, passion/dégoût… Claire Danes, à ces moments-là, est extraordinaire.

Ce qui donne des scènes jamais vues à la télé : on pense à Conversation Secrète. Mais la série bascule chez Lynch. Car les Brody, au-delà des apparences (Mariés, Deux Enfants), sont vérolés de l’intérieur. La fille se drogue, le fils rejoue la guerre du père sur Call of Duty. La femme trompe son mari, et le mari a une façon très particulière d’honorer son épouse. Cerise sur le gâteau, le couple est endetté.

Une vision glaciale de l’Amérique post Bush, l’anti 24, un extraordinaire décapage de l’Amérique des années 2010. Alors que les boys sont encore en Afghanistan, il faut beaucoup de courage à la télé américaine (et à Howard Gordon, le scénariste et showrunner de 24), pour démythifier ainsi la Famille, l’Armée, la Patrie.

Après trois épisodes de ce tonneau, Homeland doit maintenant aller au bout de ses formidables promesses…




dimanche 9 septembre 2012


Dune
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films -Pour en finir avec ... ]

« Sur Dune, nous avons un dicton : Dieu a créé Arrakis pour éprouver les fidèles. »

Il a créé le film, aussi.

Rappel des faits. 1981. Après des années d’attente, et un projet avorté avec Jodorowski, la nouvelle tombe : David Lynch va adapter Dune.

C’est deux bonnes nouvelles en même temps. David Lynch est un réalisateur de talent, auréolé par le succès freak d’Elephant Man. Après un film atroce et passionnant, (Eraserhead), Mel Brooks lui a confié l’adaptation de la pièce sur John Merrick. Elephant Man est un immense succès public et critique, mélangeant les obsessions très particulières de Lynch avec un mélo d’excellente facture. Un auteur vient de naître.

Quelqu’un d’autre veut accéder à ce graal, c’est Dino de Laurentis. Producteur arty à ses débuts (La Strada, Barrage Contre le Pacifique), il ne produit plus de la GCA dans les années 70 (Un Justicier dans la Ville, King Kong, Flash Gordon) : De Laurentiis veut redorer son blason. La SF s’est mise à cartonner (Star Wars, Alien, Outland, Blade Runner) et Dino de Laurentis veut adapter un chef d’œuvre : ce sera Dune. Pour cela, il adoube sa fille, Rafaella, comme productrice qui sort de Conan le Barbare. Pour cela, il suffit de prendre le réalisateur le plus hot du moment (Lynch), qui a l’avantage de ne pas coûter trop cher. Lynch n’a qu’un inconvénient : il n’a jamais dirigé de superproduction, ni de film en couleurs.

Précurseurs, les De Laurentis décident de tourner au Mexique, où les studios Churubusco proposent à moindre prix techniciens, décors, et figurants. Ces choix, qui semblent frappés au coin du bon sens pour le film le plus cher de tous les temps (à l’époque, 80M$) vont s’avérer catastrophiques.

Car Dune n’est pas un roman ordinaire. Le Professore a « replié l’espace » vers Arrakis à quinze ans, et n’en est jamais revenu. Le sujet est étonnant, et son traitement encore plus. Ecrit en 1965, Dune préfigure en effet les futures crises pétrolières et l’explosion du Proche Orient. Sur la planète Arrakis (ou Dune), de grandes Maisons Nobles s’affrontent pour le contrôle d’une matière première, l’Epice, qui n’est pas du pétrole, mais une drogue qui permet les voyages intersidéraux. Le « héros », Paul Atréides, va mener la population locale (les Fremen) à l’insurrection et au contrôle de l’Epice.

Formidablement écrit, Dune fait plus penser à une pièce de Shakespeare qu’à Fondation. Il n’y a pas les clichés habituels de la SF (épée laser, jeunes princesses en string et batailles intersidérales). Non, il s’agit de politique, de complots, et d’intérêts supérieurs qui engagent des planètes entières. La religion n’est pas une révélation, une épiphanie, mais bien une technique de contrôle des masses. Paul Atreides est un héros authentique, mais surtout un Prince, au sens machiavélien du terme : reprendre ou conserver le pouvoir, écarter les ordres religieux, voilà ses objectifs. L’écologie, fait nouveau dans les années soixante, tient une place centrale dans toute l’œuvre de Frank Herbert, et Dune est son livre-thèse sur ce sujet. La planète Arrakis y est minutieusement décrite, faune et flore incluse, alors qu’il ne s’agit que d’un immense désert.

En s’attaquant à Dune, les De Laurentis n’ont donc pas choisi la facilité. Comme Le Seigneur des Anneaux, Dune possède une base hardcore prête à discuter dans les moindres détails de l’uniforme de Duncan Idaho ou de l’accordage en ré mineur de la balisette de Gurney Halleck. C’est sur cette base, gros comme un iceberg de dix millions de lecteurs, que va se naufrager le film.

Car s’il reçoit un accueil très positif en France (2 millions d’entrées, dont 6 du Professore), c’est un bide partout dans le monde. Les De Laurentis ne s’en remettront pas, mais chevaleresques, n’en voudront pas à David Lynch, et produiront même son film suivant (Blue Velvet), authentique chef d’œuvre qui l’installera directement au panthéon des artistes d’Hollywood.

***

Maintenant, le temps est venu d’initier la jeune génération. Après des essais infructueux auprès de la Professorinette (lui offrir le livre n’a pas suffi), c’est le Professorino qui est demandeur. Et là, catastrophe, le film est pire que dans mon souvenir…

Effets spéciaux pourris
Le grand drame de Dune, c’est d’être le dernier grand film de SF produit avant l’ère numérique (les fameux yeux bleus des fremens sont peints à la main un par un : ça se voit…) Les explosions, vaisseaux spatiaux, vers des sables sur fond bleu… tout ça atrocement mal vieilli, mais avouons que ce n’était déjà pas terrible à l’époque…

Dialogues lamentables
La grande force de Dune, le livre, ce sont ses dialogues, de très haute volée entre les Princes de l’Imperium. Pire, Herbert y superpose plusieurs niveaux de compréhension. Par exemple, Paul discute aimablement avec les notables d’Arrakis, tout en réfléchissant aux implications possibles de cette conversation. En même temps, il échange avec sa mère, par gestes codés, un plan de bataille. Pour Herbert, ses personnages sont des surhommes, dans un univers où la technologie est bannie depuis la « révolte des machines ». Ils doivent penser aussi vite qu’un ordinateur, ou se battre avec un poignard aussi rapidement qu’un robot. Dès la lecture, ce genre de scène pose le problème de l’adaptation cinématographique.

David Lynch n’y apporte qu’une solution ridicule : un personnage parle, et en même temps, échange des signes codés, qui visiblement, veulent dire la même chose ! Il ajoute aussi une horrible voix off, sensée expliciter l’intrigue (« Suis-je l’Elu ? », une thématique qui n’est même pas dans le livre.) Cette voix off casse les ailes de Dune, lui empêchant de décoller réellement.

Un montage catastrophique
C’est la partie du film reniée par Lynch. Celui-ci proposa un premier montage de trois heures, charcuté à deux. Pourtant, le premier scénario signé Frank Herbert faisait à peu près cette longueur, comme le premier traitement, signé d’un certain Ridley Scott.

En coupant dans le tas, le montage final transforme le film en bouts de scène sans queue ni tête, d’une durée excédant rarement quelques secondes, passant d’une planète à l’autre, d’un personnage à l’autre, et alignant les images d’Epinal comme d’autres alignent les perles : les vagues de Caladan ! Le Gom Jabbar ! L’arrivée sur Dune ! Le Chercheur-Tueur !

Seules quelques scènes surnagent : la sortie en ornithoptère, le duel final. Parce qu’enfin, elles durent…

Interprétation catastrophique
Malgré un casting all-star d’acteurs confirmés (Max Von Sydow, Brad Dourif, Sylvana Mangano, Jurgen Prochnow, Dean Stockwell), ou en devenir (Kyle McLachlan, évidemment, mais aussi Sean Young, Patrick Stewart, Virginia Madsen), leur interprétation est catastrophique. Pas un comédien ne s’en tire, tiré vers le bas par le script, qui les oblige à commenter l’action, façon Blake et Mortimer, (« La tempête arrive ! » « Il a pris l’Eau de la Vie ! » Ça se voit à l’écran, pas la peine de me le dire !

Une pédagogie inexistante

Face à ce genre de livre-somme, l’adaptateur est écartelé entre deux directions contraires : simplifier, pour initier le néophyte, ou tout garder, pour plaire au fan. Ce dilemme, deux films l’ont résolu avec talent : Le Seigneur des Anneaux, et Le Trône de Fer. Le Seigneur des Anneaux a donné des gages aux fans, en respectant scrupuleusement l’univers graphique de Tolkien (et en embauchant l’artiste le plus consensuel dans cet univers (Howe). Il ne s’est pas gêné par contre pour trancher (exit Tom Bombadil), pour bousculer la chronologie (les Ents), et pour jouer avec la morale de l’histoire (la fin) pour appuyer son propre propos.

Le Trône de Fer a fait de même, en mélangeant allègrement les époques, pour mieux impliquer le spectateur dans l’intrigue globale, en usant d’une pédagogie constante et subtile pour amener, ici et là, des informations sur l’univers.

Dune rate tout cela, d’abord en rajoutant des choses qui ne servent à rien (les Modules Etranges), en changeant le rôle de la religion (l’Elu), en étant exhaustifs sur l’univers (les Navigateurs mentionnent deux planètes (Ix et Richese), qui ne servent à rien dans Dune et apparaissent dans les suites), et en complexifiant les noms des personnages jusqu’à l’incompréhensible (Paul, Usul, Muad’dib, un détail dans le livre)…

Un manichéisme indigne
C’est sûrement le principal reproche du Professore (qui mit quand même 5 visionnages avant d’admettre que Dune était peut-être « un peu raté »).

Dune est tout, sauf un livre manichéen. Le lecteur est du côté des Atreides, et souhaite la défaite des Harkonnens, mais il comprend leurs motivations profondes. Herbert avait défini son livre comme une critique du héros providentiel, et de notre participation active à ce syndrome. Il fait même dire à son héros (dans Le Messie de Dune) qu’il se sent « pire qu’Hitler ». Non, les Atreides ne sont pas parfaits. Portraiturés par Lynch en héros d’opérette, au brushing impeccable, cela est insupportable au fan, tout comme le diabolisation des Harkonnens (les pustules du baron), ou le rabaissement des Corinno (l’Empereur qui tire à la mitrailleuse dans la scène finale).

***

Mais pourtant…

Malgré ces déceptions, Dune conserve quelques attraits. Listons-les, si l’envie vous prenait de vous plonger encore une fois « within the rocks of this desert »

Une déco splendide
Immense réussite du film, inégalée à ce jour, Dune est un chef d’œuvre de costumes et de décors. Anthony Masters, le décorateur de 2001 et de Papillon, réussit à extraire Dune du moule Star Wars/Galactica, avec ses vaisseaux façon cuirassés et ses costumes en pyjama blancs.

Fidèle à l’univers, il dessine des palais orientaux, médiévaux, steampunk, qui portent à chaque fois l’identité de leurs hôtes. Dans une époque si lointaine (« It is the year 10191 »), toute notion futuriste doit avoir disparu : les costumes aussi. Tenue d’apparat pour les Atreides, cuirs sculptés pour les harkonnens, costumes napoléoniens pour l’empereur et sa fille. Sans parler des distilles, la combinaison de survie des fremen, un vrai succès qui ne respecte pourtant pas les tenues du livre (car déjà piqués par George Lucas pour ses jawas de Star Wars) : une incontestable réussite graphique.

Des images inoubliables
Quelques visions surnagent du montage à la découpe : les plans de désert, les gouttes d’eau du rêve, les deux lunes, tout ce qu’aurait pu être Dune, le film, et ne sera jamais. Ou les fameux Vers des Sables, dont chacune des apparitions, filmée au ralenti, arrache des larmes au fan. Ils correspondent exactement à l’idée que l’on peut s’en faire dans le livre. Tout cela dû à un très grand directeur de la photo, le britannique Freddie Francis (Les Chemin de la Haute Ville, Elephant man, Les Nerfs à Vif…).

Un casting parfait
Il faut bien distinguer les comédiens (qui sont bons) et leurs dialogues (qui sont désastreux). Le casting dunien est remarquable, très cohérent avec l’idée que l’on se fait des personnages du roman. Seul Paul est un peu vieux pour le rôle, mais trouver un excellent acteur de quinze ans n’est pas chose facile. Et la découverte de l’énigmatique Kyle McLachlan vaut bien ce sacrifice (Blue Velvet, Hidden, Twin Peaks, Sex and The City, Desperate Housewives…)

Une musique étonnante
Cela écorche la bouche du Professore – punk dans l’âme – mais la musique composée par Toto est excellente. Oui, Toto, l’auteur de l’immortel Africa, a crée une très belle musique pour Dune. Un thème très fort, un love theme particulièrement réussi, et des musiques additionnelles (dont le très beau Prophecy Theme, signé Brian Eno), loin des standards wagnerio-kitsch habituels, façon John Williams. Le film eut été un succès, nul doute que la carrière de Toto en eut été changée, à Hollywood au moins.

***

Voila, vous l’aurez compris, revoir Dune n’est pas indispensable, sauf pour les fans les plus masochistes d’entre nous. Depuis 1984, le Professore guette, depuis son sietch, l’adaptation qui nous sauvera tous. La série télé de Sci-Fi (2000) n’a réussi qu’a consterner le fan, en réussissant un gros succès télé avec un sous-produit honteux, joué comme un pied, et à la déco ultra kitsch et cheap.

Le dormeur a failli se réveiller avec Peter Berg, une nouvelle qui a enthousiasmé le Professeur, qui tient en haute estime le réalisateur du Royaume et de Hancock. Mais celui-ci a préférer adapter une œuvre autrement plus importante dans l’histoire de l’humanité : La Bataille Navale (Battleship). Le projet Dune est passé à la Paramount avec le français Pierre Morel (Banlieue 13, Taken), pas une très bonne nouvelle en soi, mais le projet semble reparti pour le désert profond.

Non, le véritable espoir réside en trois petites lettres, (Avant Garde Gothic Bold, blanc sur fond noir) : HBO.

Dune mérite HBO, HBO mérite Dune à son catalogue. Les fans de Dune le pensaient déjà à l’époque, alors qu’HBO venait de naître, et que le projet Dune n’existait pas encore dans la tête d’un producteur. Car deux heures ne suffisent pas à peindre la fresque grandiose des Atreides, il faut dix épisodes d’une heure ! Le format de la série (épisodes, saisons…) serait l’écrin parfait des complots, des « plans à l’intérieur des plans », et des différentes époques de Dune*… Il faut les talents conjugués de HBO pour mener un tel projet à bien : l’intelligence historique du Trône de Fer, le chef déco de Rome, les scénaristes de Sur Ecoute ou des Soprano, et les acteurs first class dont la télé dispose désormais pour incarner Paul, Wladimir, Feyd, Jessica, Stilgar, Chani…

Car ils sont là, ces personnages extraordinaires en quête d’auteur ; leur cœur bat silencieusement dans les sables Arrakis, leur âme perdue dans un repli de l’espace ; ils n’attendent qu’un Ver à leur mesure, pour chevaucher enfin jusqu’au grand public.

Le dormeur doit se réveiller.

*Dune était un roman unique au départ, et s’est enrichi de suites et de prequels loin d’être aussi talentueusement écrits que le premier opus :

• Dune est une lecture obligatoire
• Le Messie de Dune, Les Enfants de Dune restent lisibles
• L’Empereur Dieu de Dune devient assez délirant, et se déroule des siècles après les trois premières
• Les Hérétiques de Dune et La Maison des Mères, écrits dans les années 80, sont très mauvais
• Le fils de Frank Herbert a réactivé la licence avec beaucoup moins de talent, mais beaucoup plus prolixe, en 3 cycles :
o Avant Dune, un prequel direct de Dune avec la jeunesse des personnages (La Maison des Atréides, La Maison Harkonnen, La Maison Corrino)
o Dune, la genèse, qui se déroule des siècles avant Dune et explique le background (La Guerre des machines, Le Jihad Butlérien, La Bataille de Corrin)
o Après Dune, une suite de La Maison des Mères (Les Chasseurs de Dune, Le Triomphe de Dune)




lundi 3 septembre 2012


Le Trône de Fer, deuxième
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Le Jeu des Trônes a repris, du moins sur mon disque dur. Malgré quelques ennuis de sous-titres, ça repart en quatrième vitesse grâce au talent proche de la perfection de ses créateurs. Scan du chef d’œuvre en 4 points :

Intelligence des dialogues
Les dialogues sont souvent le parent pauvre du cinéma, cantonné à une fonction utilitaire : où se passe l’action, que pense le personnage, est-il un gentil ou un méchant ? D’où des dialogues le plus souvent plats et très premier degré. Foin de tout cela dans Le Trône de Fer, où l’on pratique l’art de la litote et du non-dit : dans une scène merveilleuse à proximité du Mur, le jeune Jon Snow vient d’apprendre que son hôte n’avait pour descendance que des filles, qu’il conservait jalousement autour de lui. Il s’inquiète auprès d’un autre Garde de Nuit : qu’arrive-t-il aux garçons ? Le silence qui lui répond vaut cent lignes de dialogue.

Et chaque épisode de fournir la réplique qui tue : beaucoup de dialogues sont gratuits, ils ne sont pas là pour décrire l’action, mais pour enrichir les personnages.

Beauté et réalisme des décors
C’était le premier attrait du Trône de Fer, son traitement – enfin ! – réaliste du moyen-âge, de la Fantasy. La déco de la saison 2 enchaîne en beauté, avec les pêcheurs de Pyke, les appartements inondés de soleil de Port Réal, les demeures vikings de ceux qui vivent au-delà du Mur, les idoles en flamme sur la plage de Storm’s end… Seul regret persistant : les barbares Dothraki, toujours trop propres à mon goût.

Personnages de légende, interprétations first class
Les personnages sont déjà le point fort du Trône de Fer, le livre, ils restent indubitablement le cœur de la série. Cette saison 2 semble tourner autour de l’incroyable Tyrion Lannister, en passe de devenir le plus célèbre nain de toute l’histoire du cinéma. Porté par un comédien incandescent (Peter Dinklage) qui dérobe chaque scène, même face à nos chouchous Cersei (Lena Headey) et LittleFinger (Aidan Gillen). Mais au-delà des têtes d’affiches, la moindre prostituée, le pauvre serviteur ou le puissant conseiller, bénéficie d’une véritable caractérisation, avec ses enjeux, sa personnalité, une façon de parler ou un accent spécifique. Ainsi Tyrion Lannister, nain joyeux, hédoniste, baiseur-bouffeur-buveur, sait tout autant se révéler machiavélien et fin politique, mais finit aussi par exposer ses blessures, comme dans un venimeux échange avec sa sœur Cersei.

Pédagogie e-learning
Il y a déjà le générique, devenu culte (une carte médiévale en 3D, qui permet en 30 secondes de situer l’action ; le générique évoluant en fonction de la progression de l’intrigue, d’épisode en épisode, pourquoi n’y avait-on pas pensé avant ?). Mais le souci de pédagogie est constant, à la mesure de cet univers foisonnant (lieux, personnages, religions, alliances, amours). Là où cette pédagogie était pesante (dans Dune*, où chaque phrase semble vouloir apprendre quelque chose au spectateur qui n’en peut mais, ou dans Les Tudors, chaque scène commençait systématiquement par le nom de l’interlocuteur (« Hello your Grace ! » « Hello Sir Cromwell ! », au cas où l’on ne l’aurait pas reconnu), dans Le Trône de Fer , la pédagogie se veut subtile. Elle se glisse dans chaque pore de chaque épisode**. Au détour d’une phrase, on apprend que l’acier valaryen est solide, que Machin a tué le père de Truc à la Bataille de Bidule (ce qui explique cette haine tenace entre les deux familles), que la comète serait le présage du retour des dragons, et que l’hiver va être rigoureux.

Ce dernier sujet est exemplaire dans l’excellence pédagogico-cinématographique du Trône de Fer. Dans cet univers, les étés peuvent durer parfois plusieurs années, et les hivers aussi, amènant famine et destruction. L’angoisse d’un long hiver (« Winter is coming ! ») est LE sujet central du livre. Pourtant, la série a sciemment évité le sujet pendant 12 épisodes (la saison 1 + 2 épisodes de la saison 2). Quand cette thématique apparaît enfin, on comprend que cette thématique va prendre de l’ampleur. Pas la peine d’ennuyer le spectateur avant avec un sujet que l’on n’allait pas traiter, même si des allusions avaient parsemé la saison 1.

C’est cet équilibre parfait, entre le besoin de satisfaire la base hardcore (ceux qui ont lu les 14 tomes) et le souci d’initier le public néophyte qui débarque sur HBO, c’est cette réussite qui signe le chef d’œuvre total qu’est Game of Thrones.

* A venir : la critique absolument opposée du Dune de David Lynch, qui rate la plupart de ces objectifs
** Touche supplémentaire, le site de HBO est très bien fait, avec cartes interactives, arbres généalogiques des maisons de Westeros ; un excellent complément à la série.




vendredi 31 août 2012


Cosmopolis
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -Pour en finir avec ... ]

Comme disait Kubrick, « Mieux vaut adapter un roman de gare qu’un chef d’œuvre… »

David Cronenberg, comme d’autres, a subi les affres de la Valse à Trois Temps. Son œuvre a commencé dans les bas fonds du cinéma d’horreur (Chromosome 3, Scanners). Il y a gagné quelques galons, mais surtout, contrairement à d’autres, cela lui a permis de s’extraire du ghetto gore pour peu à peu, proposer une œuvre plus singulière. Dans cette deuxième phase, il y a gagné une crédibilité critique, même si le trash restait sa marque de fabrique (La Mouche, Faux Semblants). Emergeant sur une plateforme plus consensuelle, il a continué à choquer le bourgeois, mais en proposant une œuvre auteuriste (l’excellent Faux Semblants, l’adaptation ratée du Festin Nu, l’adaptation réussie de Crash)… Mais à force de se retrouver en couverture des Cahiers et de Positif, d’être invité à Cannes, son cinéma s’est embourgeoisé jusqu’à l’insupportable (A History of Violence, Les Promesses de l’Ombre, A Dangerous Method).

Mais comme Luc Besson et Ridley Scott, Cronenberg a un don : pitcher – sur le papier – des sujets a priori irrésistibles au Professore. Donc, malgré tout ce que je sais du déclin irrattrapable du génie canadien, et malgré les avertissement du Kremlin, je vais voir Cosmopolis. Pour une seule et bonne raison : Don De Lillo.

De Lillo est probablement le plus grand écrivain américain vivant de ces quarante dernières années. Une œuvre immense, sûrement une des meilleures descriptions de l’Amérique d’aujourd’hui. Son principal roman, Outremonde, décrit par exemple l’histoire des Etats Unis de 1945 à nos jours, en suivant l’itinéraire d’une balle de baseball. Dans Libra, il « voit » l’attentat de JFK du point de vue de Lee Harvey Oswald. Dans L’homme qui tombe, il évoque les 11 septembre entre deux rescapés. Son œuvre est visionnaire, et a souvent fait croiser fiction et réalité. Ainsi, dans Les Joueurs, De Lillo imagine un attentat au World Trade Center, tout en l’interlaçant avec la spéculation monétaire.

C’est aussi le sujet de Cosmopolis, un livre mineur, mais qui trace le portrait glacial d’un jeune trader milliardaire qui spécule contre le yen. Celui-ci traverse New York en limousine, coincé dans un gigantesque embouteillage, fruit de plusieurs événements chaotiques : un Occupy Wall Street d’avant l’heure (le livre date de 2003), la visite du Président, la mort d’un rappeur célèbre, et un attentat en Corée contre le Président du FMI. La majeure partie de l’intrigue se passe dans la limousine où Eric, le trader, rencontre ses collaborateurs, baise son ex, converse avec son épouse, et se fait faire un examen prostatique.

Que ce livre ait intéressé Cronenberg, on n’en doute pas. Qu’il ait réussi à convaincre quelques producteurs (français), pas étonnant. Qu’il ait embarqué le jeune Pattinson dans cette galère intello, normal, et même point de passage obligé dans la carrière d’un artiste de son âge (voir Shia LaBeouf /Lars von Trier).

Mais c’est à la lecture du script, au montage, que tout ce petit monde aurait du se rendre compte que quelque chose clochait. D’abord, parce que Cronenberg s’est contenté de reprendre tel quel les dialogues du roman (il a seulement transformé le Yen en Yuan et enlevé la scène de tournage). Or le style de De Lillo est abscons, à la limite de la poésie. Les personnages y sautent du coq à l’âne, et l’écrivain se donne rarement la peine d’expliquer où, et quand, se déroule la scène. Ce qui marche en littérature (où le style est tout), devient un atroce verbiage dans le film. Pire, Cronenberg ne coupe rien, ce qui rend chaque scène non seulement incompréhensible, mais interminable.

Enfin, le style Cronenberg a vieilli. Impossible de filmer une limousine comme il le fait dans le premier plan, ou les acteurs face caméra récitant un texte que, visiblement, ils ne comprennent pas, avec des costumes ridicules pour des gens de ce niveau social. La déco est pathétique, le cadrage est inintéressant, les lumières basiques, et les scènes de Limo sont filmées sur un fond bleu. Inacceptable aujourd’hui, quand on sort de Margin Call, filmé avec autant de réalisme que de grâce*, par un réalisateur de pub dont c’est le premier film, alors que Monsieur Cronenberg a quarante ans de carrière.

David Cronenberg est mort en temps qu’artiste, il faut l’accepter.

* Margin Call a couté 3M$, et Cosmopolis 20M$. Cherchez l’erreur.




vendredi 31 août 2012


Le vrai visage de Clint Eastwood
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Les gens -Pour en finir avec ... ]

Clint Eastwood est républicain. Ce n’est pas une tare en soi, beaucoup de gens talentueux à Hollywood le sont : Zack Snyder, Jerry Bruckheimer…

Mais, hier, le grand Clint est monté à la tribune de Tampa Bay pour soutenir Romney-Ryan, probablement le ticket le plus réactionnaire depuis la candidature de Barry Goldwater en 1964. Ces braves gens réclament (en gros) la peine de mort partout et l’avortement nulle part. Clint ne s’est pas contenté de faire une apparition, il s’est fendu d’un discours particulièrement démago, et anti-Obama.

C’est son droit.

Ce qui est cocasse là-dedans, c’est surtout l’admiration sans borne qui règne en France autour d’Eastwood, et tout particulièrement dans la presse de gauche*. A l’instar de Woody Allen (à l’autre bord politique), tout ce que fait le grand Clint est « le nouveau chef d’œuvre de Clint Eastwood » (on notera l’aspect unique du « le », dont la répétition année après année ne cesse de faire sourire).

Bref, Eastwood a fait des bons films, voire des très bons (Un Monde Parfait, Sur la Route de Madison, Million Dollar baby, Mémoires de Nos Pères**). Depuis, il vit sur ce capital de sympathie et enchaîne, il faut bien l’avouer, des nanars (L’Echange, J. Edgar, Gran Torino).

Espérons que le discours droitier de Eastwood Clint fera ouvrir les yeux sur l’œuvre de Clint Eastwood au trio Télérama-Libé-Inrocks.

* dans la même dimension, 24, la série la plus fascisante qui soit recueille aussi l’admiration du même type de presse

**Je ne suis pas un fan d’Impitoyable




jeudi 30 août 2012


Instagram
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Toujours au sommet de la hype, technophile as ever, le Professor s’est ouvert un compte Instagram spécifique pour CineFast. Objectif : blogger sur le cinéma sans tweeter, ce qui n’aurait pas de sens, avouons-le… Car qui voudrait lire la chronique du Gamin au Vélo après en avoir lu 140 signes assassins sur Instagram ou Tweeter ?

J’essaierai donc de blogger « graphiquement » autour du cinéma, et plus sur les à-côtés de la passion cinéphilique que sur les films eux-mêmes.

Quelques échantillons sont déjà en ligne, le pont de L’Homme Tranquille de John Ford, perdu au fin fond du Connamara, le dernier mouillage du Titanic, Margin Call ou Cosmopolis

Pour me suivre donc, cherchez professorludovico sur Instagram (il faut installer l’application sur votre portable, évidemment, mais c’est assez rigolo de toutes façons)