samedi 5 janvier 2013


Salaire des acteurs : mea culpa
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Petite précision due à la lecture du Parisien ce matin. Les aides du CNC sont financées par les recettes des films (une vertu que j’indiquais déjà). Mais le financement public est plus faible que je ne le pensais : 1,7% du budget des films.

Donc mea culpa, ma conclusion est fausse :votre argent sert rarement à financer le salaire de Danny Boon.

Il reste qu’une partie du système reste vicieux : le poids des acteurs dans le montage du film (l’article du Parisien est très éclairant là-dessus), les obligations des chaînes qui les invitent à produire tout et n’importe quoi, et le système de copinage propre à l’organisation même du CNC.

Mais bon, ce n’est pas une raison pour écrire n’importe quoi.




jeudi 3 janvier 2013


Nouvelle partie du Game of Thrones
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

C’est Canal+ qui l’annonce, via une bande annonce : Game of Thrones arrive sur la chaîne cryptée, trois ans après avoir été diffusé sur Orange Cinéma Séries.

Canal+ ne peut que se mordre les doigts d’avoir laissé passer ce produit premium. L’auto-proclamée « chaîne des séries » n’avait pas cru à l’heroic fantasy, fut-elle produite par HBO.

Las, trois ans plus tard, fini les stéréotypes : point de barbares en slip, d’héroïnes dévêtues à quatre pattes devant des dragons libidineux. Entre temps, le Trône de Fer est devenu phénomène de société. Tout le monde, même Télérama, salue la performance en termes élogieux. Game of Thrones est mainstream, et Canal se doit de l’avoir au catalogue.

Une excellente occasion de découvrir (ou de redécouvrir) les intrigues des Stark, des Lannister, des Baratheon, des froids hivers de Winterfell à la chaleur étouffante de Port Real.




mardi 1 janvier 2013


Les Enfants du Paradis
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

J’ai sur une de mes étagères, une photo de mes grands parents maternels. Jeunes. Prise dans les années 20. Sérieux comme des papes, mais pourtant costumé comme pour le carnaval. Elle en Colombine, lui en Cadet Roussel, comme dans Les Enfants du Paradis.

Je me suis fait la réflexion quand j’ai réalisé à quel point Arletty ressemblait à ma grand-mère, ou à sa belle-soeur, « Tata Got ». Même esprit acéré, même petit phrasé ironique. Pourtant, l’Arletty, elle ne devait pas être dans leurs petits papiers, avec ses mœurs légères, ses ennuis à la Libération, ses amours avec un officier allemand. Mais voilà, moi qui me préoccupe des influences de la Génération Professorinette (Lady Gaga, Kirsten Stewart ou Amy Winehouse), je trouve finalement Arletty, l’Amy Winehouse des années 40.

Car bien que le film de Marcel Carné passe trois bonnes heures à clamer le contraire, Arletty n’est pas belle dans Les Enfants du Paradis. Trop vieille pour le rôle (45 ans), elle ne supporte pas la comparaison avec l’incandescente Maria Casares qui joue la femme foldingue de Jean-Louis Barrault. Lui est beau, incroyablement beau, malgré son profil acéré, et la folie qui guette.

Mais la magie des Enfants du Paradis n’est pas là. A vrai dire, elle est intangible cette magie, comme tout tour de passe-passe devrait l’être. Qu’est-ce qui rend ces Enfants magiques ? Impossible à dire. Le film suit une trame très classique, boy meets girl, tout le monde aime Arletty-Garance qui n’aime que Barrault-Baptiste, le Pierrot Mélancolique du Boulevard du Crime. Mais Baptiste est un poète, et, Ian Curtis avant l’heure, laisse passer le Grand Amour. La structure dramaturgique des Enfants est classique (enjeu, climax, résolution)…

Pourquoi alors, affirme-t-on que Les Enfants du Paradis est le plus grand film français de tout les temps ? Il n’y a pas que les français qui le disent, d’ailleurs*. Qu’est-ce qui fait un chef d’œuvre ? C’est simple : rien n’est mauvais dans ces Enfants-là. La perfection à l’état pur. Du premier plan sur Arletty, nue dans un bain, au dernier plan d’Arletty, plus seule que jamais dans sa robe de luxe et son carrosse doré. De l’extrême pauvreté à la richesse la plus opulente, Garance n’aura pas trouvé le bonheur sur le Boulevard du Crime.

Les acteurs sont parfaits, le texte, comme chacun sait, grandiose. Les répliques sont passés dans le domaine public. Les décors sont époustouflants (scène de rues avec des milliers de figurants, reconstitution exacte des théâtres et des costumes de 1830, une préoccupation assez rare dans les années 40)**

Non, le génie des Enfants du paradis, c’est de partir de cette évidence, de cette simplicité pour atteindre au chef d’œuvre. Pitchons l’histoire en deux mots, car elle est simple comme l’amour, pour paraphraser le mime Debureau.

1830, avant la révolution. Le Boulevard du Crime, baptisé ainsi car s’y trouve tout les théâtres qui proposent des pièces policières, ancêtres du cinéma : premier clin d’œil, on y reviendra. Sur le boulevard, une jeune femme en goguette, Garance (Arletty) s’y fait draguer par un jeune acteur séducteur, Frédérick Lemaitre (Pierre Brasseur). Elle le repousse et va vers un autre prétendant, qui n’est autre que Pierre François Lacenaire, anarchiste, assassin et voleur. Accusé par sa faute de complicité de vol, elle est tirée d’affaire par un mime, Baptiste Debureau (Barrault), souffre-douleur d’une grande famille de comédiens. Ils vont s’éprendre l’un de l’autre. Garance est une femme libre, qui prend l’amour quand il vient. Mais Debureau est un poète, un être torturé, qui n’ose pas prendre la femme qui s’offre à lui. Trop tard, Garance est à nouveau accusée de meurtre, et ne se sauve que grâce à son quatrième protecteur, le comte Édouard de Montray.

Deuxième époque, six ans plus tard. La révolution est passée (même si l’on y fait jamais référence dans les Enfants) et les choses ont changé : Pierre François Lacenaire est recherchée par la police, Frédérick Lemaitre est un grand acteur shakespearien, Baptiste Debureau est devenu une star grâce à son art du mime, et Garance est la compagne du comte de Montray, mais ne l’aime pas. Une dernière possibilité va s’offrir aux anciens amants de se retrouver pour une nuit, mais la chance est passée ; Garance repartira seule, dans son carrosse doré.

Le film joue à la perfection de cet axiome de base du cinéma, martelé ensuite par Hitchcok et tous les pontes du scénario : le héros sait ce qui est bon pour lui, mais fait tout le contraire. Le mime Debureau est fou amoureux de Garance, mais ne prend pas la pomme quand celle-ci veut bien être croquée. Les prétendants de Garance (le poète-assassin, le comte, l’acteur) l’aiment, mais elle ne les aime pas. Elle passera pourtant de l’un à l’autre, pour un peu de plaisir, d’amusement, ou de protection.

Entre temps, les répliques de Prévert auront fusé : « Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment, comme nous, d’un aussi grand amour » « Comment vous appelez vous ? Je m’appelle rarement, mais on m’appelle Garance » « Vos gueules, là-haut, on n’entend plus la pantomime ! »

Et Les Enfants du Paradis, tourné pendant la guerre, attendu comme le messie par les fans d’Arletty, la plus grosse star de l’époque, sera un immense succès français, puis international…

Il fait désormais partie du panthéon mondial du cinéma, comme Citizen Kane, Rashomon, La Nuit du Chasseur, pour une raison simple : ces films ne vieillissent pas.

Il ne vous reste qu’à le vérifier…

*Le film, restauré, est d’abord sorti aux Etats Unis avant de ressortir en France au mois de novembre
**Comme on peut s’en apercevoir à l’exposition de la Cinémathèque…




lundi 31 décembre 2012


Le salaire des acteurs
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

Voilà une petite controverse qui aurait pu passer inaperçue, au cœur du trou noir Noël-Jour de l’An. Mais c’est la période des bilans, et Le Parisien a ouvert le bal avec un article sur les tops/flops de l’année, tout en dégonflant quelques baudruches : oui, La Vérité Si Je Mens est 4ème est un succès en nombre d’entrées (4,6M), mais c’est quand même une déception pour ses auteurs, car le film, ayant coûté 25M€, espérait bien plus (le deuxième de la franchise avait fait 7M€).

Car la règle d’or dans ce business, ce n’est pas les entrées (qui reste néanmoins le critère du public et des médias), mais bien le ratio recettes/investissements. Ainsi Paranormal Activity, Le Projet Blair Witch restent des résultats marquants, car pour des budgets minuscules (15 000$ et 60 000 $), ils ont rapportés énormément d’argent (107 M$ et 140M$). Ce qui n’empêche pas, évidemment, d’investir énormément, dans l’espoir de gagner encore plus.

Ce qui nous amène à la controverse du jour : comme le signale cruellement Le Parisien, « Les grosses stars hexagonales n’ont pas fait recette » : ni Adjani (David et Madame Hansen, 100 000 entrées), ni Gad Elmaleh (Le Capital, 400 000), ni Dany Boon, ni le casting all-stars des Seigneurs (2,7M). Et Fabrice Leclerc, de Studio Ciné Live, un magazine peu réputé pour être un histrion de la contre culture, de conclure : « Contrairement aux américains, nombre de réalisateurs français ne bossent pas suffisamment leur scénario » ; encore un qui lit CineFast !

Mais l’assaut le plus sournois ne vient pas des odieux médias, ou des horribles critiques (ces réalisateurs frustrés), non, l’attaque vient de l’intérieur, via une charge destroy dans Le Monde datée du 28 décembre (et aimablement indiqué par l’ami Fulci). Cette charge ne vient pas de n’importe qui : Vincent Maraval, patron de Wild Bunch, un des plus gros distributeurs français The Artist, Le Discours d’un Roi, Le gamin au Vélo, Polisse, Old Boy, La Chambre du Fils, etc.

Maraval parle carrément de « désastre »*. Reprenant le bilan du Parisien, il constate que tous les gros films français se sont plantés cette année. Pire, même les gros succès commerciaux perdent de l’argent. Moralité : les films français sont tout simplement trop chers.

Et d’indiquer la source du mal : les stars françaises, surpayées. Et de balancer des chiffres, qui malgré l’inclination naturelle du Professore, l’ont que même cloué sur son siège : les films français ont le deuxième budget moyen après les USA (bizarre, pour une production peu orientée sur le blockbuster à effets spéciaux). Ensuite, les cachets des acteurs : 3,5M€ pour Dany Boon dans Un Plan Parfait, une somme qui n’est pas couverte par les entrées du film ! et 1M€, pour quelques minutes dans Astérix… Ou Vincent Cassel, qui demande 226 000€ pour Black Swan et 1,5M€ pour Mesrine : dix fois moins de recettes que le film de Darren Aronofsky, cinq fois plus de salaire ! Et de multiplier les exemples avec des stars internationales comme Benicio del Toro, ou Soderbergh, qui gagnent moins que… Marylou Berry ou Philippe Lioret.

Il n’y aurait aucun mal à cela si ces chiffres étaient produit par le marché : Depardieu vaut 2 parce qu’il va rapporter 20. Le Professore, citoyen d’honneur de Los Angeles, California, est évidemment est pour le marché, et n’a jamais trouvé scandaleux le salaire des footballeurs, par exemple. Pourquoi ? parce que le salaire des stars, les primes de match, c’est l’argent des mécènes (le Qatar, Abramovitch, Aulas) ou celui des sponsors. Ils font ce qu’ils veulent de leur argent, parce qu’ils pensent que ça va leur rapporter quelque chose, de l’argent ou de l’image.

Mais là, c’est votre argent qu’il s’agit. Car si ce système existe, c’est dû au fameux fonctionnement du cinéma français. La fameuse exception culturelle dont on nous rebat les oreilles, et qui génère un régime très particulier et extraordinairement déficitaire (l’intermittence : 223 M€ de cotisations pour 1 276 M€ de paiements, et aucun chômage). Mais aussi un système extrêmement vicieux de financement**, via le CNC, Canal+ et les chaînes de TV, ce qu’explique très bien Vincent Maraval : les acteurs célèbres permettent au film de se faire, uniquement sur leur nom. Dès lors, ils disposent d’un droit de vie ou de mort sur le film, qu’ils monnayent à prix d’or. Au final, que le film ait coûté cher ou pas, qu’il ait du succès ou pas, qu’il fasse un bon score ou pas à la télé, ne change rien. Les chaînes sont obligées d’acheter des films et d’en diffuser, donc tout le monde vit bien avec ça.

Sauf le contribuable.

Moi je veux bien financer Arte, même si je la regarde rarement. Mais ça m’embête de financer Dany Boon dans Astérix.

Vraiment.

* A lire également, la réfutation par Jean-Michel Frodon, qui n’est pas n’importe qui non plus, et qui relativise en partie le propose de Maraval, notamment le « désastre ».

** qui a une seule vertu : les gros films (français et étrangers) financent les plus petits




samedi 29 décembre 2012


RIP Gerry Anderson
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens ]

Ex-fan des seventies, où sont tes années folles ? Gerry Anderson n’est plus et ton enfance part en miettes. Gerry Anderson, c’était Les Sentinelles de l’Air, et Cosmos 1999*.

Ah, Cosmos 1999 ! Son générique incroyable (avec ce démarrage à la guitare électrique), Barbara Bain, si élégante ! Martin Landau ! Et Zienia Merton (Sandra), la jolie fille aux cheveux courts ! Bon, les scénarios n’étaient pas terribles, surtout quand on put voir – enfin, sept ans plus tard – la source de tout ce plagiat : Star Trek !

Mais Cosmos 1999, c’était quand même génial, c’était Samedi est à Vous. On regardait « Cosmos », et ensuite, sur nos vélos Motobécane ou Peugeot (avec dérailleur à 15 vitesses), on refaisait refaisait l’épisode : « Aigle Noir à Aigle 1, Alan, serrez à gauche !!! »

Quant aux Sentinelles de l’Air, on touche au chef d’œuvre : des marionnettes incroyablement animées, des vaisseaux spatiaux, des sous-marins, des avions, des décors incroyables, à l’époque ou la Nintendo DS s’appelait « maquette d’avion » ou « train électrique ». J’ai sur mes étagères, un Thunderbird 2 qui trône.

D’une poésie incroyable, ces Sentinelles de l’Air aux couleurs flashy, nous les emmènerons sur notre lit de mort !

Merci, Monsieur Anderson !

* et aussi Poigne de Fer et Séduction !




vendredi 28 décembre 2012


Jack Reacher
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Jack Reacher. Tom Cruise. « Un thriller impitoyable». Adapté d’une série de livre de Lee Child. Vous connaissez Lee Child ? Moi pas. Ça ne m’empêche pas d’avoir une idée, cela étant. Une sorte de daube écrite au kilomètre, un « page turner » façon Mary Higgins Clark, Patricia Cornwell ou Elizabeth George. Avec un cliffhanger par chapitre, des personnages caricaturaux, et un bouquin écrit au manuel de scénario en dix leçons. Bref, qui a envie de voir ça ?

Ben le Professore, quand James Malakansar, diplômé de GCA à l’Université de Louisville, Kentucky lui propose deux heures de débauche au Pathé Wepler.

Et là, bingo ! Big surprise ! 2h de cinéma jouissif, Tom Cruise en antihéros, du divertissement pur et dur. C’est tellement drôle, et tellement accrocheur, qu’on oublie les faiblesses évidentes du bouquin (l’intrigue qui ne déparerait dans la ridicule intrigue d’un récent James Bond, les personnages, taillés à la serpe (le beau brun ordonne, la blonde (Rosamunde Pike) exécute). Mais mon dieu, que c’est bon, un film qui prend le temps d’installer son histoire, et qui implique le spectateur dans l’intrigue, et qui crée des personnages, des vrais ! Que c’est bon, un film qui ne s’intéresse pas à la virtuosité technique, mais s’attache à raconter une histoire ! Que c’est bon, un film ou Tom Cruise ne se prend pas au sérieux !

Un type tire dans la foule. Tue 5 personnes. Banal, en Amérique. Très vite on le retrouve, les preuves sont accablantes. Sauf qu’il refuse de signer ses aveux et demande à voir Jack Reacher. Reacher, c’est un ancien flic de l’armée, qui agit dans l’ombre. Et pour lui, c’est louche. Commence une autre enquête, pour lui et la blonde, l’avocate du présumé tueur.

Le talent de Christopher McQuarrie, le réalisateur-scénariste aux manettes* c’est de vous mettre lentement – mais sûrement – les indices en main. Vous participez à l’enquête, vous vous enthousiasmez pour les méthodes peu conventionnelles de Reacher, vous vous régalez aux répliques cultes, comme celle-ci « Et qu’est-ce que vous allez me faire, si je refuse de vous répondre ? » « Bah, je sais pas… Je te fais visiter l’intérieur d’une ambulance ? »

Bref, on est dans un film des années 70, une sorte d’Inspecteur Harry en plus sexy, et on ressort de la salle avec le sourire aux lèvres…

*capable du pire comme du meilleur : scénario de Usual Suspects, mais aussi de Walkyrie, The tourist, réalisateur de Way of The Gun




mercredi 26 décembre 2012


Les Bêtes du Sud Sauvage
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Quoi de plus gerbant que des intellos qui se la pètent sur la « pauvreté » ou « les pauvres » ? Pour tenter cela, il faut beaucoup de talent (Fellini, Larry Clark) et zéro condescendance (Sur Ecoute, The Corner), ce qui manque gravement à Benh Zeitlin et à ses Bêtes du Sud Sauvage.

Sur cette allégorie pseudo SF de l’ouragan Katerina, matinée de Toto le Héros, Zeitlin se la joue cinéma vérité. Camera portée (en fait, c’est juste moins cher), musique entraînante (le seul aspect positif du film, même si elle sert à guider tes sentiments tout au long du film), image lourdement chargée de sens, et cabotinage hégélien de l’héroïne (6 ans) qui philosophe en voix off : « Chacun perd la chose qui l’a fait » « Tout l’univers dépend du fait que chaque pièce soit bien à sa place »…

Car tout tourne autour de cette héroïne, Hushpuppy, petite fille courageuse qui vit dans un bidonville du Bassin, en Louisiane. Quand vient la grande tempête, Hushpuppy et son père perdent tout. Il faut alors survivre, car, comme l’imagine la petite, les aurochs vont revenir et dévorer l’humanité.

Ce genre de film (la catastrophe vue par un enfant), on en a vu plein. Mais celui-là est particulière puant. Sous des dehors humanistes (montrer les conditions de vie des black and white trash du bayou, Benh Zeitlin fait surtout le voyeur. Qu’elle est belle cette petite fille en slip et en bottes, dans la boue du marais ! Qu’ils sont sympas, ces cajuns qui se pintent toute la journée et mangent des écrevisses au kilo ! Que c’est graphique, la petite fille qui mange de la pâtée pour chiens ! Et si son père la bat, c’est qu’au fond, il l’aime !

Nous voilà au plus profond de notre siège, guettant la trotteuse sur notre montre, quand, enfin, les secours arrivent ! Et l’on se prend à espèrer qu’un nouveau film va commencer. Que la petite fille, découvrant enfin un peu d’attention, de la nourriture et des vêtements propres, va soudain découvrir qu’une autre réalité est possible. Evidemment, c’est tout le contraire. Ce petit monde préfére retourner au bidonville (ce qui n’est pas un scoop en soi). Mais ce qui est gênant, c’est que Benh Zeitlin a l’air d’approuver. « Ces gens sont durs, mais ils sont fiers. Ils ont dans le cœur, … » etc., etc.

Bref, un océan de bêtise, recouvert de la pire fange qui soit : l’intellectualisme. Probablement ce qu’il y a de plus insoutenable dans l’art, au cinéma ou ailleurs.




mercredi 26 décembre 2012


Charade
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

C’est quoi ce truc avec Charade ? Ce buzz multiséculaire autour de Charade, Hepburn, Stanley Donen. On soupçonne la critique des années 60-70 d’avoir fantasmé grave sur le plus jolie fille du monde : Miss Audrey Hepburn, comme d’autres le feront plus tard sur Ali McGraw, Kathleen Turner, Julia Roberts, Scarlett Johansson.

Car Charade est imbitable, pas drôle, avec des rebondissements abscons, et des dialogues (volontairement) absurdes qui devaient faire tordre de rire en 63, mais qui sont horriblement désuets aujourd’hui.

Bref fuyez cette Charade, pas plus fraîche que celles du Père Fouras !




lundi 24 décembre 2012


Cogan : Killing Them Softly
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Il existe peut-être un espoir au cinéma américain, et cet espoir s’appelle Cogan. Un petit film (18M$), sans ambition au box office, ce qui lui permet d’être bourré de talents, et de se permettre toutes les audaces. Aucune trace de marketing dans Killing Them Softly.

Non juste d’incroyable numéros d’acteurs (Pitt, Gandolfini, Liotta, Jenkins, et deux losers splendides (Scoot McNairy (vu dans Monsters) et Ben Mendelsohn)), tous magnifiés par les longs plans séquences qui leur permettent d’exprimer leur incroyable talent.

Derrière une histoire simple, à l’ancienne (deux losers cassent un tripot), la vengeance de la mafia sera terrible, Andrew Dominik (L’Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford) filme rien moins que la déchéance de l’Amérique.

Car plutôt que s’attarder sur les casses, passages à tabac, exécutions (remarquablement filmés, pourtant), Dominik s’intéresse à autre chose : les coulisses. Pas les meurtres, mais les négociations autour de la « prestation ». Combien ça vaut, la vie d’un petit braqueur ? 10 000 ? 15 000 ? Ça dépend de qui le fait. Comment on le fait. Tout ça fait le sel d’un dialogue récurrent entre le Maître Assassin (Brad Pitt) et l’avocat de la Mafia (Richard Jenkins, ressuscité d’entre les morts de Six Feet Under*).

Dominik accorde l’image au propos : ce n’est pas l’Amérique habituelle qu’il filme, mais plutôt ses backyards : banlieues résidentielles pourries, bars louches, parkings déserts, pressing…

Et il y ajoute un incroyable sous-texte : la crise de 2008, et les élections qui suivent, qui infiltrent la bande son. George Bush et Barack Obama, narrateurs en voix off, deviennent le chœur grec de cette déconfiture financière et morale.

* Ce n’est pas un hasard d’ailleurs, que le film soit investi des meilleurs acteurs HBO des années 2000 : Gandolfini, Vincent Curatola (Sopranos), Jenkins (Six Feet Under) : un signe de plus que les séries sont désormais le seul repaire de la maturité (acteurs et scénarios) qui subsiste à Hollywood.




dimanche 23 décembre 2012


Titanic, le téléfilm
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Séries TV ]

C’est drôle à regarder, mais il ne faut pas y passer une heure : Titanic, le téléfilm, passe sur TMC. Quoi d’amusant là-dedans ? Rien, sinon, que cette série B colle (budget et talent en moins) aux traces de son illustre aîné.

Bien sûr, il est difficile de raconter une autre histoire (quoique !) mais là, c’est le décalque pur et simple. Scène après scène, Titanic le téléfilm pompe le découpage, plan pour plan, de Titanic, le film. La scène de l’arrivée des prolos sur le bateau, ou la fuite de la salle à charbon, ou l’embarquement sur les canots de sauvetage : rien ne manque !

A voir pour rire bêtement sous la couette en bouffant des chamallows…