lundi 30 juin 2025


Footloose
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

« Been working so hard
I’m punching my card
Eight hours, for what?
Oh, tell me what I got
I’ve got this feeling
That time’s just holding me down
»

En 1984, nous n’avions pas suffisamment porté attention aux paroles de Footloose, la chanson – assez dégueulasse il faut dire – du film éponyme. Oui, nous étions déjà snobs. Ces paroles étaient évocatrices de la teneur du film, que nous découvrons quatre décennies plus tard grâce à la lecture de l’excellente autobiographie de Paul Hirsch, le monteur de Footloose*.

Et la surprise est là, dès les premiers plans de l’Utah, dans le bled où débarque Ren McCormack (le débutant Kevin Bacon) et sa mère. Le grain du film, les premiers dialogues, renseignent le connaisseur : ne serait-on pas dans un film indé caché derrière un film d’exploitation ? En fait, un peu des deux. Footloose est signé Herbert Ross, un bon faiseur de Hollywood, plutôt fin (Funny Lady, Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express, Potins de Femmes…) C’est en même temps une machine de guerre, l’exploitation teen d’une époque, sur le modèle Simpson/Bruckheimer lancé peu de temps auparavant.

Un concept marketing, à vrai dire, incroyablement simpliste vu d’aujourd’hui : au lieu de composer une BO, intégrer la musique de la génération concernée, et vendre les deux à la fois : Breakfast Club, Flashdance, Dirty Dancing… La BO de Footloose, composée de grosses sucreries qui n’ont pas dépassé le vingtième siècle, (sauf le hit éponyme signé Kenny Loggins), sera une des plus grosses ventes de disques de l’époque…

Et si on oublie les scènes de danse totalement artificielles, totalement cucul la praline, mais qui réjouissaient les ados des années 80, le film exsude une profondeur plutôt étonnante. Un désespoir tranquille qui imprègne la petite ville redneck où se situe l’action. A Bomont, Utah, le jeune citadin Ren McCormack (Kevin Bacon) cherche à s’intégrer tout en défendant une grande cause : la liberté de danser (sic). Il est en effet interdit d’écouter du rock’n’roll dans cette ville très religieuse. On interdit des livres à la bibliothèque, et même, on les brûle !

Incarnant ce teenage angst, Willard (Chris Penn), bouseux local, sait qu’il ne fera jamais rien de mieux que le collège, et puis qu’il faudra bosser à la ferme, et porter des sacs de farine à la minoterie. Ren va essayer de le libérer… en lui apprenant des chorégraphies ! Le film finit donc par défendre la danse d’un point de vue philosophique, comme libération des mœurs et émancipation de la jeunesse.

Propos Springsteenien s’il en est…

* Paul Hirsch
Il y a bien longtemps, dans une salle de montage lointaine, très lointaine…
Ed. Carlotta Films