mercredi 19 avril 2017


Les Cavaliers
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Le film de John Ford ne brille pas par son histoire, elle est même un peu confuse. Les Cavaliers prend appui sur une histoire vraie de la Guerre de Sécession, le raid Grierson, pendant le siège de Vicksburg : 1700 cavaliers nordistes traversant le Mississipi sur les centaines de kilomètres pour harceler les lignes de ravitaillement sudistes.

Dans le film, le colonel Marlowe (John Wayne), obtus, vieille école, sévère mais juste, est soudain flanqué de Kendall (William Holden), un médecin-major sarcastique et progressiste. Bientôt en territoire ennemi, nos cavaliers sont hébergés par une riche héritière sudiste (Constance Towers, qui révèle progressivement ses talents de comédienne). Mais l’on découvre qu’elle espionne. Aujourd’hui, on la tuerait sans vergogne mais dans un John Ford on l’emmène avec son esclave noire.

Elles vont donc accompagner le régiment de Cavalerie dans sa chevauchée à travers les territoires sudistes et révéler les caractères de chacun. (Rien de tel qu’une femme pour révéler le vrai caractère de John Wayne). Dans cet étrange trio amoureux, où Wayne et Towers sont raides dingues du camp adverse, facon Roméo & Juliette in Dixieland, William Holden tient la chandelle et arbitre toute l’affaire.

On l’aura compris, c’est un western sans western (les quelques batailles ont pris un bon coup de vieux), un conflit Hawksien sans Howard Hawks, et pourtant, ça marche. Car de cette tragédie plutôt drôle et de cette comédie fondamentalement tragique, il se dégage une irrépressible mélancolie. Celle d’un pays déchiré, cet amour impossible entre le Nord qui a déjà raison et le Sud qui a déjà perdu. Le Sud, dernier rêve d’une noblesse à l’européenne, ce mode de vie élégant et prestigieux auquel les Etats enfin Unis n’accèderont jamais.

Il reste aussi quelques plans splendides, au milieu d’une mise en scène évidemment conventionnelle, comme ce wagon en flammes, ou cette conversation bucolique dans un champ de blé, dans un magnifique contre-jour de fin du monde.