vendredi 14 avril 2017


Les Horizons Perdus
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Comme on le sait, on n’aime pas beaucoup Capra ici. Trop gentillet.

Mais la curiosité américano-cinéphilique emporte tout, et on veut voir Lost Horizon pour une seule raison, pour un seul mot, magique : Shangri-La. Longtemps, on a prononcé ce mot comme une incantation. Comme un enfant dirait « Abracadabra ». Shangri-La… Shangri-La… Shangri-La…

Et puis, peu à peu, on a su, notamment grâce au cinéma. Apprend-on ailleurs, finalement ? Captain Sky et le Monde de Demain. Captain America. Shangri-La, c’est une lamaserie secrète, et imaginaire, au cœur du Tibet. Un endroit où l’on se ressource, on se rédime, et où l’on renait.

Lost Horizon, c’est d’abord un roman de James Hilton, qui connait un gros succès en 1933 et est transformé en film par Frank Capra quatre ans plus tard. Le pitch : un avion avec des Américains ayant chacun leurs problèmes s’écrase dans les montagnes du Tibet. Ils sont recueillis et emmenés dans la cité secrète de Shangri-La.

Là-bas, ils découvrent une sorte de paradis perdu où l’on vit (presque) éternellement et où nos personnages vont soigner blessures de l’âme et du corps. La malade sera soignée, le célibataire trouvera une femme et tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes possibles, comme dirait Candide. Seuls ceux qui ne comprennent pas Shangri-la ne peuvent accéder à ce nirvana, qui, comme disait Gaspard Proust, est le nom indien de la déprime. En deux mots, le film est long, assez mal filmé, pas très bien joué et pontifiant en diable.

Mais l’intérêt est plutôt américanophilique ; cette passion des américains, peuple très chrétien et très occidental s’il en est, pour le mysticisme tibétain. Des récits affabulés de Lobsang Rampa (chomeur dans le civil), Le Troisième œil, etc., au gratin de hollywood (Richard Gere en tête), le Tibet est une sorte d’idéal qui remonte probablement à ce livre et ce film initial. Depuis, des chansons s’en sont emparé (Kashmir de Led Zeppelin, le girlgroup Shangri las et leur Leader of the pack, Camp David, la résidence des présidents US, qui s’est longtemps appelée ainsi, etc.

Tout ça est bien intéressant, mais que ça ne vous oblige pas à voir le film…